Le plus gros poste de la dépense publique française

Comparé aux pays anglo-saxons, la France dépense nettement plus pour payer les retraites. Comment expliquer un tel écart ?

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Seniors Retraités (Crédits Patrick, licence CC-BY-NC-ND 2.0)

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Le plus gros poste de la dépense publique française

Publié le 22 janvier 2015
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Par Dominique d’Emploi 2017

Seniors Retraités (Crédits Patrick, licence Creative Commons)

On sait que la France est l’un des pays dont les taux de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires sont parmi les plus importants, et nettement supérieurs aux taux dans les principales autres économies mondiales. En 2011, la dépense publique atteint en France 56% du PIB contre 45% en Allemagne, 49% au Royaume-Uni et 42% aux États-Unis1. D’où vient un tel écart ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une telle différence ne vient pas tant de notre généreux système d’allocations que de l’ensemble des décisions passées et présentes qui ont fait des retraites françaises le principal poste de dépense publique, loin devant celles que l’on connait chez nos principaux compétiteurs occidentaux.

On constate ainsi que la France dépensait en 2009 près de 14% de son PIB en dépense publique de retraite, contre 11% pour l’Allemagne, 7% pour les États-Unis et 6% pour le Royaume-Uni. On remarque par ailleurs la grande faiblesse des dépenses de retraites privées en France, puisqu’elles y représentent moins de 0,5% du PIB (vraisemblablement pour l’essentiel les retraites PREFON par capitalisation pour les fonctionnaires), contre environ 3% dans les deux pays anglo-saxons :

dépenses de retraites

Le montant total des dépenses de retraites d’un montant de 300 milliards annuels représente donc environ le quart de la dépense publique française2 ou encore 10 fois le montant des allocations chômage versées annuellement3. Il est en fait la raison principale du différentiel français en termes de dépenses sociales publiques.

Comparé aux pays anglo-saxons, ce sont donc 150 milliards de plus dépensés chaque année par la puissance publique pour payer les retraites. Comment expliquer un tel écart ? Outre le fait que les retraites privées sont plus importantes pour environ 50 milliards d’euros dans les pays anglo-saxons, il existe au moins un autre facteur d’explication.

Un des principaux facteurs d’explication de l’écart est la durée de la retraite. Comparé aux trois autres pays occidentaux, les Français passent en moyenne 3 à 4 ans de moins sur le marché du travail et 4 à 7 ans de plus à la retraite. Ceci est cohérent avec les durées de cotisations légales « normales », d’environ 41 ans à l’heure actuelle pour la France, et de 45 ans pour l’Allemagne et le Royaume-Uni (39 ans pour les femmes britanniques).

durée de vie au travail et durée de retraire

Le système étant par répartition, cette situation entraîne une double charge. En effet :

  • les Français cotisent moins longtemps ;
  • mais ils sont plus longtemps à la retraite et donc plus nombreux à devoir être financés.

Conclusion

Notre fort retard en emplois privés est l’un des chiffres que nous rappelons souvent puisque nous avons seulement 19 millions d’emplois privés en France contre 24 et 26 millions à population égale pour nos voisins britanniques et allemands. Par comparaison, il est frappant de constater que notre population de retraités atteint pratiquement le même nombre de personnes, à 18 millions. Ajoutons à cela les 6 millions d’emplois publics, les 3 millions de chômeurs et les 2 millions d’allocataires du RSA, ce sont donc grosso modo 20 millions de personnes qui assurent la subsistance de 30 millions d’autres d’une manière qui a été décidée par la puissance publique (les 15 millions de Français restants étant constitués pour l’essentiel des enfants et des étudiants).

La disproportion d’un tel modèle est héritée d’une succession de décisions politiques passées, prises souvent dans une optique court-termiste et électoraliste. On en voit aujourd’hui les limites puisqu’il a été dévoilé récemment que la complémentaire retraite obligatoire des cadres AGIRC sera, sauf réforme, incapable de payer intégralement les retraites qu’elle doit en 2018.

Ces répartitions demeurent une exception française, elles ne pourront malheureusement pas évoluer rapidement du fait de notre marché du travail atone, mais elles font réfléchir sur les justes proportions qu’il faudrait établir dans le futur – une fois la croissance et l’emploi devenus plus dynamiques – entre le « revenu gagné » et le « revenu donné » par les politiques.


Sur le web.

  1. Données OCDE.
  2. 13,7% du PIB de dépense de retraite publique en 2009 pour un taux de dépense publique de 56,0% cette année-là (donnée Eurostat).
  3. 272 milliards d’euros de pensions de retraite et 30 milliards d’allocations Unedic en 2011.
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  • « les justes proportions qu’il faudrait établir dans le futur – une fois la croissance et l’emploi devenus plus dynamiques »

    C’est bien là le coeur du problème. Vous me faites penser à cet homme qui découvre que la baignoire déborde en rentrant chez lui, et qui déclare : « Dès que je peux y aller sans me mouiller les pieds, je couperai l’eau ! »

    • Carrément, c’est d’ailleurs le coeur de tous nos problemes actuelles. « C’est la crise donc on investi pas », et d’autres phrases tout droit sorti de la bouche des politiques et de certains chefs d’entreprises aussi.

      C’est aussi cette manie d’établir des programmes politiques sur des moyennes globalisante, au lieu de faire du cas par cas… quand j’entend « le marché reprend » ou son opposé « c’est la crise » ca ne veut rien dire, des PME fonctionnaient super bien avant, et fonctionnent mal pendant…. il n’y a pas de « marché unique » il y a pleins d’entreprises différentes. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans tout, dans l’éducation, si la moyenne générale du pays va bien, tout va bien, on change rien et son contraire, alors qu’on a un des systemes les moins égalitaires, ou il y a de très mauvais et de très bons élèves…

      • Les patrons dans ce cas ont bien raison.
        C’est la crise, les taux sont artificiellement bas, si on investit on risque fortement le « malinvestissement », donc on attend.
        Hayek avait raison contre Keynes sur les crises (et le reste) et les gens, hors incitations lourdes de l’État, s’en rendent compte : ils évitent de faire des bêtises, si possible.

        L’Etat aussi à bien raison… Ce n’est pas sa place d’investir (sinon il ne devrait pas y avoir d’impôts du tout).

        Par contre réformer, libérer, déréguler, responsabiliser… ça oui, il faudrait le faire tout de suite et pas attendre.

  • Commençons par repousser d’au moins 6 ans l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires ( ils ne se sont pas trop fatigués!) et ramenons le montant de leur retraite par rapport à leur dernier salaire au même niveau que dans le privé. Supprimons les mesures absurdes comme celle qui permet à des étrangers n’ayant jamais cotisé en France de venir passer leur retraite en étant payés par nous!

  • Ne faut il pas aussi revoir le principe et les modalités de la pension de réversion: celui-ci avait un sens lorsque les femmes ne travaillaient pas mais les temps ont changé.

    • et baisser aussi les pensions versées. par exemple, chaque année, revaloriser le montant des pensions de 2 % de moins que l’inflation. ainsi, si l’inflation de l’année est de 0,4 %, les pensions baissent de 1,6 %.
      ce sont aux familles de soutenir leurs grands parents, pas aux grands parents d’aider les parents à payer le permis de conduire des enfants.
      c’est à nous de le faire. ou préfère t’on attendre encore 2 ou 3 ans, que ça soit le fmi qui nous impose de baisser d’un coup de 15 % les retraites ?

      • Le systeme par repartition est un des problemes majeur, ce n’est ni a moi, ni a mes enfants de payer la retraites de mes parents, mais a mes parents de le faire. C’est la seule méthode qui prend en compte le vieillissement des populations, les changements politiques, les choix personnels,…
        Mais bon, pour le faire, il faudrait hélas, sacrifier une à deux générations, ou bien taxer 4/5 générations.

        • oui, dans l’absolu, c’est à chacun de se faire sa retraite.
          mais concrètement, pour ceux qui sont déjà retraités, ou proches de la retraite, c’est trop tard, ils ne l’ont pas fait, ou insuffisamment.
          comme ça ne doit pas être aux générations suivantes de le faire, il faut donc leur baisser leurs pensions petit à petit. si ils n’ont plus assez, ils doivent être soutenus par leurs propres enfants, pas par les enfants des autres. si ils ont su élever correctement leurs propres enfants, leur inculquer des valeurs, ils ne seront pas démunis. sinon, ben ils payent le fait de n’avoir pas élevé leurs enfants dans la droiture.

    • Cela a été fait pour le rivé, pas pour les fonctionnaires, ni les régimes spéciaux

  • Vaste programme que celui des retraites ou toute réforme fera hurler dans la rue; Pourtant, il faut absolument réformer si l’on ne veut pas voir les retraités qui ont travaillé bien plus que les « tape sur clavier »d’aujourd’hui,finir a la rue et crever de faim. LA seule solution est de faire cette réforme dans la justice et la première des justices est de ramener tous les retraités au même régime,avec le même mode de calcul(25 meilleures années 50% ou 6 dernier mois et 75 %, les mêmes durées de cotisation(un conducteur de tgv est bien moins fatigué qu’un chauffeur routier, pourtant c’est ce dernier qui est le plus mal traité)Pour un président qui prône la justice sociale ,voila le premier maillon a faire avant tout; Ensuite,les Français comprendront les efforts a faire pour sauver nos retraites et y adhèreront sans difficultés

    • Il faut ajouter que ceux qui cotisent n’ont aucune garantie de la toucher. Le jour où une Loi permettra de connaitre le montant des cotisations versé durant la vie, chacun dècouvrira que le capital accumulé n’existe plus et seulement les interets sont versés. On peut dire qu’en France les cotisations retraites sont des impots dèguisés.

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