Par Thierry Godefridi.
Le titre s’inspire de celui d’une chronique d’Amid Faljaoui dans le principal magazine d’affaires belge francophone après que son ancien collègue, Johan Van Overtveldt, docteur en économie et aujourd’hui Ministre des Finances dans le gouvernement fédéral belge, se soit fait tancer par un membre d’un autre parti de la majorité pour avoir marqué son inquiétude quant aux effets sur l’épargne des mesures prises par la Banque centrale européenne. Le Ministre a-t-il tort de penser que l’épargnant souffrira du QE (« quantitative easing ») européen et ces mesures serviront-elles à quelque chose ? Un petit tour d’horizon s’impose !
À partir du mois prochain, la Banque centrale européenne rachètera donc des obligations souveraines et autres titres financiers à concurrence de 60 milliards d’euros par mois afin d’atteindre un objectif d’inflation annuelle de 2%. La mutualisation de la dette au niveau de l’« euroland » sera toutefois limitée à 20%, en guise de gage de ce que l’épargne privée d’un État parcimonieux ne serve pas à rembourser les dettes qu’un autre État aurait accumulées en se rendant coupable d’incontinence budgétaire.
Par ces mesures, la BCE entend, semble-t-il, s’attaquer prioritairement à la problématique des dettes publiques et des déséquilibres budgétaires. En effet, non seulement l’inflation négative engendre-t-elle une ponction fiscale absolue moindre mais encore augmente-t-elle le stock de dettes publiques par rapport au PIB puisque ce dernier se contracte. Les autres objectifs consistent à réduire le coût des dettes publiques en exerçant une pression sur les taux d’intérêt et à induire un changement de comportement des acteurs économiques en incitant les banques à prêter au secteur privé, les entreprises à investir et les ménages à dépenser, avec pour effets escomptés une dévaluation de la monnaie commune, une relance de la croissance économique et une diminution du chômage.
Que la baisse des taux d’intérêt rende l’investissement en actions plus attractif et qu’une dévaluation de l’euro soutienne l’économie européenne et renforce l’attrait des actions européennes, cela va de soi et cela signifie l’euthanasie programmée de l’épargne traditionnelle, selon l’expression d’Amid Faljaoui. Il existe une autre victime collatérale des taux zéro : les assureurs. Ne doutons toutefois pas que ces derniers fassent preuve d’une proactivité intense quant à obtenir qu’ils puissent investir une part importante de leurs avoirs dans des actifs financiers soi-disant plus risqués mais en tout cas plus rémunérateurs, en l’occurrence les actions, ce qui offrirait à ces dernières, notons-le, un soutien supplémentaire. En effet, si une baisse des taux d’intérêt engendre des plus-values obligataires, à terme les obligations deviendront des actifs de plus en plus dangereux en ce qu’ils seront de plus en plus exposés à un retour de manivelle, c’est à dire à se déprécier au gré de l’inflation.
Qu’en est-il des effets sur la relance économique et le chômage ? Dans un survol des mesures de la Banque centrale européenne sur le blog de la banque d’affaires et de gestion patrimoniale Degroof, son Chief Economist Étienne de Callataÿ dit ne pouvoir que se réjouir de l’effet immédiat qu’ont eu ces mesures sur les taux d’intérêt et les cours de change mais il avoue ne pas en attendre de miracle « tant la croissance européenne semble être durablement plombée ». « Ce n’est pas le quantitative easing de la banque fédérale qui explique à lui seul la bonne tenue de l’économie américaine et ce n’est pas le quantitative easing de la BCE qui changera radicalement la donne conjoncturelle », ajoute-t-il. La Banque centrale sera-t-elle capable de stimuler à elle seule l’économie par la voie monétaire ou l’économie récessionnaire tombera-t-elle dans une trappe à liquidité, se conformant à l’analyse qu’en fit Keynes dans sa Théorie générale ?
Sans doute Monsieur Draghi a-t-il sauvé l’euro en affirmant haut et clair qu’il le défendrait quoi qu’il en coûte. Certes, le Président de la BCE s’attaque-t-il à présent de manière forte au problème de l’endettement public, gangrène de l’économie européenne. Mais, doutons que cela suffise à relancer l’économie et l’emploi si les gouvernants et les acteurs sociaux ne partagent pas son courage politique. L’avènement de l’euro avait déjà fourni il y a quinze ans une première occasion aux États de remettre de l’ordre dans les budgets : ils l’ont galvaudée. « Nous savons tous ce qu’il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c’est comment être réélus si nous le faisons », avait déclaré un membre éminent de la classe politique européenne. Lui, du moins, a démontré qu’il savait y faire : après que les électeurs luxembourgeois l’eussent remercié, il se fit nommer Président de la Commission européenne.
À moins que le cynisme ne le cède au courage et le machiavélisme au consensus social, il y a fort à parier, en toute logique QE-nésienne, que l’épargnant de base ne soit victime d’un « piège à cons » et ne voie ses liquidités passer à la trappe. Nous ne manquerons pas d’y revenir dans un prochain article.
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Piéges à cons …LOL comme il court il court l’esprit du 11 janvier plus bas chez les supplétifs à Hollande .
Je fais un distingo entre la 1 -sainte croissance des z ‘ économistes et politiciens et l’autre 2-celle des entreprises et là il faut le pluriel car elles sont diverses cad plus élevées ou moins selon les métiers
alors si l’ on ne sait faire la distinction entre 1 et 2 oui il y a un risque de piège à cons mais bon!
le risque existe aussi sur la 2 par exemple quand une usine chimique explose
Le problème n’est pas la dette publique.
C’est la dépense publique.
Explicite et implicite: Quand vous dépensez vos ressources à satisfaire des obligations légales, c’est une dépense publique, puisqu’elle est décidée par l’État et non par vous.
Que la dépense publique diminue fortement et la dette s’effacera en application de l’égalité de Bitur-Camembert: Le pillage diminue la production à la hauteur de son montant, en tendance.
Il faut donc une véritable austérité.