Les évidences impopulaires du marché sont des propositions qui s’opposent aux croyances économiques du plus grand nombre et dont la vérification ne nécessite pourtant ni initiation à la théorie économique, ni connaissance d’études empiriques sophistiquées, mais de prendre simplement en compte ce qui se passe autour de nous.
L’existence d’un ordre spontané fait partie de telles propositions.
Par Hadrien Gournay.
La satisfaction des besoins humains multiples requiert la mise en place de processus productifs complexes. Historiquement, deux modalités principales ont été proposées pour les ordonner : l’ordre spontané et l’ordre construit. Après avoir présenté et décrit les courants philosophiques favorables à chacune d’elles, nous examinerons les arguments relatifs à l’existence d’un ordre spontané.
Les différents principes d’ordonnancement de la société et de l’économie
À une tendance marquée par l’idée que la société doit être organisée par une autorité s’oppose une philosophie favorable au « laissez-faire » et au jeu spontané des forces sociales. Dans la première, le processus de décision est centralisé, que ces décisions soient prises par un comité ou par une personne unique. Dans l’idéal, cette direction détermine dans le détail ce que chacun doit accomplir. Dans la seconde, les règles du jeu qui délimitent les possibilités d’action des acteurs sont fixées au départ mais, si elles sont respectées, toute latitude leur est laissée. Les droits de propriété sont un exemple de telles règles.
Reconnaître que l’économie s’ordonne spontanément revient à affirmer que les affaires peuvent prospérer sans coordination centralisée. Au contraire, la thèse constructiviste fait de cette planification une nécessité absolue.
Les philosophies favorables à la planification sont souvent assimilées au « socialisme ». Cela n’est faux que si l’on donne un sens trop restreint à ce terme en entendant par socialisme la volonté de rendre les revenus égaux et non simplement la préférence pour la gestion administrée de l’économie. Le socialisme peut admettre les inégalités voire les souhaiter plus grandes qu’elles ne seraient dans une économie de marché. Le saint-simonisme ou le fascisme ne rejettent pas par principe les inégalités de revenus mais donnent à la planification un rôle déterminant. À l’inverse, le marxisme est une forme de socialisme dans laquelle la question de la réduction des écarts de revenus est centrale. S’il est possible de souhaiter la planification sans vouloir réduire les inégalités liées aux processus de marché, l’inverse l’est tout autant. Le communisme de Gracchus Babeuf, l’anarcho-communisme de Proudhon n’étaient pas planificateurs.
La conviction que les choses peuvent fonctionner d’elles-mêmes sans qu’aucun organisme précis ne soit chargé de les coordonner a elle aussi une riche histoire en philosophie des idées. Regroupés sous le nom de lumières écossaises, des philosophes écossais du XVIIIème siècle tels Hume, Ferguson et Smith, furent les premiers à réfléchir de façon systématique aux formes d’agencements spontanés des sociétés. Adam Ferguson forgeait le concept de « société civile », toujours utilisé aujourd’hui, par opposition au gouvernement. Le philosophe écossais David Hume s’est entre autre intéressé à la lente formation des coutumes, des lois et des normes en développant la thèse selon laquelle les normes survivaient en raison de leur utilité sociale et non parce qu’elles correspondraient à un quelconque « droit naturel ». Cette philosophie plutôt « conséquentialiste » prépare en partie l’utilitarisme de Bentham mais se sépare de son étroit rationalisme. Enfin, en employant la métaphore de la « main invisible » Adam Smith appliqua l’idée d’un ordre spontané aux phénomènes économiques auxquels elle est cependant loin de se réduire.
Alors que les lumières anglo-écossaises développaient, sans lui donner toujours ce nom, la notion d’ordre spontané, les premiers économistes français adoptaient le principe du « laissez-faire ». Les deux expressions rendent compte de deux approches dans le développement du libéralisme au XVIIIème siècle. Ce qui frappe avant tout, c’est la similitude des programmes. Si les Français invitaient le pouvoir à « laissez-faire », c’est qu’ils avaient confiance en l’émergence d’un ordre spontané assurant la satisfaction des besoins économiques. Ensuite, un examen plus attentif fait apparaitre les différences.
Le « laissez-faire » correspond à une attitude plus ferme à l’égard du pouvoir qui reçoit l’injonction de ne pas intervenir alors que la pensée écossaise, plus descriptive que prescriptive, est donc moins combative face à l’intervention de l’État. Son objet est avant tout de montrer l’existence d’un ordre social qui ne provient pas de la direction que le pouvoir donne à la société. L’appartenance du gouvernement à l’ordre spontané qu’est la société au sens le plus large qui puisse lui être donné est un autre symptôme de cette plus grande tolérance à l’égard du pouvoir. Enfin, si l’ordre spontané s’oppose à un ordre entièrement construit par un processus de décision centralisé, cependant il ne circonscrit pas très précisément l’action de l’État. Toutefois, le sens de cette analyse peut en partie être inversé. Par la question à laquelle elle répond implicitement (« que doit faire le pouvoir ? »), l’expression  « laissez-faire », même si elle répond « ne faites rien ! », continue de placer, sur un plan intellectuel, le pouvoir au centre de l’analyse sociale. Pour les philosophes écossais, il n’est qu’un élément d’un ensemble. Le philosophe écossais considérait le pouvoir avec plus de philosophie, l’économiste français ou le physiocrate avec une forme de respect, de détermination et de crainte.
Au XXème siècle, le penseur et économiste d’origine autrichienne Friedrich Hayek fut le plus grand théoricien de la notion d’ordre spontané dont il élargit et précisa remarquablement les contours. Il en rétablit la généalogie en saluant l’héritage laissé par les lumières anglo-écossaises. Il montra qu’un ordre spontané était axé sur des règles laissant, une fois leur respect assuré, une large autonomie aux individus. Il insista sur le fait qu’il pouvait contenir des structures obéissant au principe de hiérarchie, comme les entreprises dans une économie de marché, tandis que les ordres construits, même militaires, laissaient toujours une autonomie minimale à l’intermédiaire et à l’exécutant de base, limitée par des règles. Cette autonomie est nécessaire dans la mesure où le directeur ne peut connaitre dans le détail le contexte de l’activité de chaque exécutant. Hayek précisait également que dans une société libérale où l’État exerce les fonctions régaliennes, il est à la fois un élément de l’ordre spontané qu’est la société au sens large (et qui englobe l’État) et en même temps, le surveillant qui assure le bon fonctionnement de la société dans un sens plus restreint (société civile hors de l’État).
Depuis la crise, la confiance dans l’action économique de l’État et le regard sur l’entreprise ont changé en France, comme des sondages l’ont montré. Néanmoins, la facilité avec laquelle les problèmes sont spontanément attribués aux excès du marché sans que le rôle des interventions de l’État ne soit même questionné ne laisse guère de doutes sur les présupposés populaires. Un ordre qui ne serait pas construit, une horloge fonctionnant sans horloger, pour reprendre la métaphore utilisée par Voltaire pour une autre question, semblent une incongruité pour le plus grand nombre. Les philosophies politiques non libérales ont toutes misé sur une direction centrale de la société pour accomplir leur programme.
Quels sont ces arguments favorables à l’ordre spontané, si mal perçus ?
Arguments et objections à l’existence d’un ordre spontané
Malgré la tendance à résoudre chaque problème par une intervention gouvernementale, nous avons sous les yeux mille preuves des bienfaits d’un ordre spontané, ce que les critiques ne peuvent masquer.
- Bienfaits de l’ordre spontané
Que celui qui nie de tels avantages réponde à cette question : comment vivrions-nous si la production des entreprises marchandes disparaissait ? Bien plus, ce n’est pas tant la performance productive du marché qu’il faut souligner mais la complexité du processus productif qu’il met en œuvre sans que cette coordination nécessite de recourir à un mode de décision centralisé.
Cette complexité se concrétise dans le principe de division du travail dont on peut donner trois degrés de manifestation. Le premier degré concerne la consommation finale. Il est relatif au fait que chacun exerce un métier pour lequel il possède un avantage comparatif et préfère acheter auprès d’autres plutôt que de fabriquer ou faire lui-même ce qui ne provient pas de son métier. Le deuxième degré, plus en amont du processus productif, concerne la subdivision des tâches dans la fabrication d’un même bien ou service destiné à la consommation finale. Cette division des tâches peut être interne aux entreprises ou décrire la répartition des rôles existant entre elles. Prosaïquement, des entreprises sont spécialisées dans la fabrication des outils qui permettront au menuisier de faire son métier. Il se trouve ainsi que certaines entreprises ou individus se trouvent plus ou moins proches de la consommation finale dans le processus productif. Le troisième degré est issu de l’observation que les entreprises ou individus peuvent être plus ou moins en amont ou en aval selon le bien ou service destiné à la consommation finale considéré. Pour un bien A, l’entreprise A1 sera en aval de l’entreprise B1 qui sera en revanche en aval de A1 dans le processus de fabrication du bien B. Chaque entreprise n’est pas un monde à part fabriquant son propre produit indépendamment de ce qui se fabrique ailleurs. L’économie forme ainsi un éco-système dont les composantes sont en interaction permanente. Quelle administration est chargée de la coordination des activités liées au troisième degré de division du travail ?
La démonstration la plus éloquente des mérites d’un ordre spontané fut donnée en 1958 par  le président de la chambre de commerce de Los Angeles par une fable « moi, le crayon » qui illustrait à travers un objet d’une simplicité rudimentaire en apparence (un modeste crayon de papier) la complexité et l’efficience des processus de marché.
- Critiques formulées à l’encontre de la notion
Deux critiques peuvent être faites à ces remarques relatives à l’ordre spontané du marché.
La première critique est qu’une économie entièrement planifiée, substituant le contrôle étatique au jeu de l’ordre spontané pour les activités en relevant actuellement, apporterait de meilleurs résultats. La seconde critique est que certaines interventions publiques sont les conditions de cet ordre spontané. En fonction des écoles, ces interventions peuvent être : les activités régaliennes intérieures (police, justice) et extérieures (armée, diplomatie) selon les libéraux classiques, la monnaie (courant monétariste), la réglementation de la concurrence et la fourniture d’infrastructures nécessaires là où la concurrence privée ne fonctionne pas (courant néo-classique), les politiques de relance (courant Keynésien).
À ces deux critiques, il existe là encore deux manières de répondre.
La manière douce est basée sur l’art de l’esquive, la manière forte sur la confrontation directe.  La manière douce est plus sûre de ses résultats, mais moins ambitieuse dans ses objectifs. La manière douce consiste à admettre le point soulevé par la critique ou à ne pas le discuter mais à répondre que cela ne contredit pas le fait que l’économie puisse en partie s’ordonner spontanément. En somme, elle consiste à dire que la critique est hors sujet au regard de la modestie de la thèse avancée. La manière forte consiste à contredire directement les deux critiques. Formuler une réponse forte à ces deux objections nous entrainerait hors de notre sujet limité à des propositions incontestables. Contentons-nous d’ajouter que selon nous des recherches empiriques et historiques montreraient rapidement que laisser une grande place aux processus spontanés est la solution optimale ou au moins qu’il n’est pas prouvé que réduire fortement l’intervention publique conduirait au chaos économique. En quoi consiste la réponse douce aux deux critiques formulées plus haut ?
Même si une économie planifiée se révélait plus productive, cela ne contredirait pas l’efficience des économies actuelles où le marché joue un rôle important. Une telle assertion implique de déterminer l’efficacité d’une politique économique dans l’absolu et hors de toute comparaison avec un autre système. Un tel critère peut-être formulé : un système de division du travail est efficace à partir du moment où il assure aux individus des moyens de subsistance supérieurs à ceux dont ils profiteraient s’ils avaient recours à l’autosuffisance, c’est-à -dire à la consommation de ce qu’ils ont eux-mêmes produit. Il est vrai qu’un critère aussi peu ambitieux est peu exploitable. En revanche, nous pouvons dire de façon presque tautologique que les économies modernes où le marché tient un rôle important suffisent à produire la masse de biens … qui caractérisent les économies modernes. Et ce n’est pas rien ! Contrairement au principe qui consiste à voir systématiquement le verre à moitié vide, l’idée est ici de montrer tout ce qu’a pu accomplir une économie où le marché joue un grand rôle.
Le cas des interventions nécessaires au bon fonctionnement de l’économie est plus difficile. L’idée importante est que ce caractère de nécessité ne signifie pas que le fonctionnement du système puisse se réduire à ces interventions. Prenons l’exemple du corps humain et d’une personne bénéficiant d’une dialyse rénale. Sans ce soin, la personne qui le reçoit serait condamnée par la désagrégation complète de son organisme qui suivrait l’insuffisance rénale. Ainsi, la dialyse assure une fonction vitale sans laquelle les autres organes ne peuvent accomplir leurs fonctions. Cela ne justifie pas pour autant d’ « artificialiser » le corps du patient en faisant passer la dialyse de condition nécessaire à condition suffisante de son fonctionnement. La dialyse n’explique pas les conditions complexes de l’interaction des autres organes entre eux. D’ailleurs, le statut de la dialyse par rapport aux autres organes peut être retourné : elle ne jouerait pas son rôle si les autres organes n’assuraient pas eux-mêmes leurs fonctions. Ces remarques sont applicables à l’économie. Les interventions publiques indispensables à sa bonne marche ne remettent pas en cause l’existence d’un ordre spontané au moins partiel. L’intervention est la condition du fonctionnement des autres fonctions mais elle ne suffit pas à en expliquer ni le fonctionnement, ni les interactions.  À part l’intervention, l’économie s’organise spontanément.
Conclusion
Certes,  la réponse douce opposée aux deux objections ne suffit pas à faire des choix politiques parce qu’elle ne dit pas quelle est la meilleure répartition économique des principes de hiérarchie et d’autonomie individuelle. Elle se contente de mettre en évidence l’efficacité de l’ordre spontané, sans la comparer avec d’autres possibilités.  Néanmoins, elle est une étape indispensable dans la réflexion car la comparaison des systèmes n’est possible que si l’on a d’abord correctement mesuré les mérites de chacun. Elle donne même un indice qui a une influence dans la manière dont la question est traitée. Si l’ordre spontané fonctionne au moins pour une grande partie de l’économie, pouvez-vous l’exclure d’autorité d’autres domaines ? Êtes-vous certains de faire mieux en y substituant l’autorité là où il fonctionne aujourd’hui ?
excellent article, merci.
Concis et efficace.
Mais le capitalisme de connivence qui cherche toujours la rente remet en cause « spontanément » l’ordre spontané ? Alors qui doit/peut agir ?
La problématique de l’ordre spontané est intellectuellement très intéressante mais se heurte à plusieurs obstacles logiques et empiriques.
1. Il est impossible d’affirmer que l’existence d’un Etat, d’une autorité centrale organisant la société, planifiant n’est pas le résultat d’un ordre spontané. Nozick montre d’ailleurs que l’existence d’un Etat ultra-minimal en est la conséquence. Rien ne permet de dire que l’existence d’un Etat plus que minimal n’en soit pas la conséquence non plus (Nozick montre simplement que ce n’est pas légitime). On a d’ailleurs du mal à voir comment l’existence de nos Etats modernes serait la conséquence d’un ordre construit sauf à tomber dans une théorie du complot.
2. Etant donné l’état présent de nos sociétés, vouloir qu’existe un « laissez-faire » nécessite justement un interventionnisme. C’est agir pour modifier la société présente, la transformer pour qu’elle entre des canons prédéfinis par une pensée ou une idéologie. Cela entre donc dans ce que vous nommez avec maladresse, mais c’est aux premiers auteurs qu’en incombe la faute, « constructivisme ».
3. Point théorique fondamental. L’efficience du marché suppose l’existence de ce que les économistes appellent « une autorité centrale » ou encore « un dictateur » bienveillant ! On peut lire cela dans le manuel d’économie bien connu pour les étudiants, le Mas-Collel. Cette proposition est à rapprocher de la multiplicité des optima de Pareto. En effet, un optimum de Pareto est un équilibre, une situation si, pour laquelle on augmente le bien-être d’un individu, on diminue celui d’un autre. Une situation où un individu possède 99% de la richesse produite et les autres se partagent le 1%, peut-être un optimum de Pareto ! Bien entendu, on a du mal à imaginer que cela soit une situation d’efficience économique. Pour que ce soit le cas, il conviendrait d’envisager une redistribution (le dictateur bienveillant !).
4. Empiriquement, pour que le marché, l’ordre spontané soit efficient, il faut une situation de concurrence pure et parfaite. Pour que cela soit le cas, ou en tout cas qu’on l’approxime, il est nécessaire qu’existe une autorité contrôlant la réalité de la concurrence, vérifiant qu’il n’y est pas d’ententes entre entreprises.
L’existence des Etats, ancienne et diverse, implique sans doute une forme de spontanéité. La question est de savoir quels périmètre et forme on lui souhaite.
Un Etat limité à ses fonctions régaliennes n’empêche en rien le laissez-faire… Sauf à être interventionniste.
Le marché est le seul efficient dans le sens où il garantit à ceux qui le veulent et peuvent (la majorité) la possibilité de se construire une vie, un confort, une sécurité… Aucun libéral sensé ne dira que l’ordre spontané assurera le bonheur pour tous. Il s’agit là d’un rêve, d’une utopie, d’un mensonge que seules les idéologies religieuses ou non peuvent promettre de réaliser.
Mythe du jeu à somme nulle, idem mythe du partage du gâteau du travail: Poubelle.
Pas besoin de lois contre la concurrence tant qu’aucun marché n’est fermé à ladite concurrence.
Un Etat même limité à ses fonctions régaliennes empêche le laissez-faire car il a besoin de financement pour pouvoir exercer ses fonctions et donc un système d’imposition, donc un interventionnisme économique. Un système de laissez-faire devrait laisser chaque individu libre de souscrire à une police privée, une « agence de protection ». Mais cela soulève un grand nombre de questions éthiques et pratiques.
L’efficience du marché par rapport à une planification, c’est justement de permettre, selon ses défenseurs, de maximiser le bonheur, le bien-être de tous. Or pour ce faire, il doit exister cette « autorité centrale bienveillante ». C’est à cette conclusion que conduit une analyse rigoureuse du fonctionnement du marché (d’un point de vue théorique bien entendu).
Un marché peut ne pas être fermé à la concurrence, à partir du moment où les entreprises s’entendent entre elles, l’hypothèse de concurrence libre et non faussée sur laquelle repose toutes les « bonnes » propriétés du marché n’existeront plus (puisqu’on sera dans une situation équivalente à un monopole).
Comment on fait pour placer un « donc » entre système d’imposition pour payer des ambassadeurs, des magistrats, des policiers et des militaires et interventionnisme économique? En quoi le flic qui assurerait ma sécurité se mêlerait de mes affaires?…
Après vous partez vers L’anarcho-capitalisme, pourquoi pas mais c’est un autre sujet.
Du moment où vous écrivez « planification », il n’y a plus de marché… Vous êtes certain qu’on parle de la même chose?
Le marché libre est le plus efficace pour permettre à chacun de chercher le bonheur à sa façon. Il n’y a pas d’objectif d’optimisation, rien que dans l’idée il y a quelque chose qui ressemblerait à du volontarisme et on s’éloignerait de fait de la philosophie libérale.
Tous les exemples qui pourraient étayer vos propos sur la concurrence faussée relèveront de situations typiques du capitalisme de connivence et des oligarchies avec restrictions, barrières à l’entrée et autres joyeusetés.
Quant à d’éventuelles lois, on n’évitera jamais les psychodrames ridicules comme le débat sur « faut-il/peut-on laisser un boulanger travailler autant qu’il le souhaite? ».
Cadre régalien, point. Le jour où on essaye, ça fera beaucoup de mal à beaucoup de monde mais on retrouvera un peu de justice.
Axopl, je ne discuterai pas votre point 1, cela nécessiterait des considérations de sciences et philosophie politiques relativement pointues. Le point 2, lui, est une querelle sémantique, probablement même un quaternio terminorum, et je le laisserai de côté aussi pour m’intéresser aux deux autres, ceux qui ont réellement de la substance (même si vous y inversez la théorie et l’empirisme).
Point 3, l’efficience du marché ne nécessite en rien l’existence d’une autorité centrale. Peut-être avez-vous appris l’économie dans un manuel de Samuelson ou un de ses semblables, mais la seule autorité nécessaire pour un marché est une autorité juridique. Or, cette autorité n’a globalement pas besoin d’être centralisée (en tout cas pas pour le droit commercial). Les exemples du contraire pullulent (Common Law, droit hébraïque, Lex Mercatoria…) et leur omission montre une certaine ignorance de la part de vos théoriciens (peut-être délibérée).
Point 4, la concurrence pure et parfaite n’existe pas et n’a jamais existé, parce qu’elle n’a aucune réalité substantielle. Les marchés peuvent être optimalement efficients sans autorité de la concurrence, pour un nombre immense de raisons (un « marché » ca a des contours flous, les produits sont en partie substituables, la potentialité même de nouveaux entrants influence un marché, les autorités de la concurrence ne sont pas neutres…).
Point 3. Je parle bien de l’efficience théorique du marché. Cette efficience théorique nécessite, entre autres hypothèses (dont je ne discute pas mais qui sont elles également irréalistes) l’existence d’un dictateur bienveillant. Je suis navré, mais c’est là où nous mène l’analyse rigoureuse du fonctionnement du marché idéal, parfait. Après vous pouvez estimer qu’un tel marché parfait n’existe pas, mais dans ce cas, les conclusions sur son efficience (maximalisation des profits, bien-être maximal, etc) ne sont même plus valables.
Point 4. Que répondre à votre propos ? Ce ne sont que des affirmations gratuites. Les seules preuves de l’efficience d’un marché nécessitent l’hypothèse de concurrence pure et parfaite donc….
En affirmant qu’un monde où existe une concurrence pure et parfaite n’existe pas, vous acceptez donc l’idée que les propriétés d’efficience du marché ne sont pas valables car elles reposent là -dessus. C’est un point sur lequel je suis entièrement d’accord ! !
Axopl, je ne sais pas où vous avez pris ces drôles de définitions, mais ça ne doit pas être dans un bon livre d’économie. Ces hypothèses sont non nécessaires à la conclusion, et pire elles embrouillent les esprits faibles.
Je ne crois pas qu’elles aient été utilisées une seule fois dans un traité d’économie sérieux, comme Human Action de L v Mises par exemple. Revenez quand vous aurez lu un livre d’économie de cette qualité.
alinéa 4
…et pour autant que l’autorité de régulation dont la fonction n’est que de faire respecter les règles de concurrence loyales, n’intervienne pas, en utilisant la force coercitive de l’Etat, pour laisser se développer voire accompagner, un capitalisme de connivence…Et qui sera en charge d’effectuer ce contrôle là ? le système oligarchique actuel? Evidemment non! alors comment?
le marché a des imperfections mais comparer le marché à un état parfait est erroné. l’état a aussi des imperfections. or si on étudie les imperfections du marché et les imperfections de l’état on se rend compte que le marché a moins d’imperfections que l’état. c’est pour cela qu’il faut un état limité.