Par Patrick Aulnas.
Le politique joue apparemment un rôle majeur dans le cours de notre existence et dans l’histoire humaine. L’histoire du XXe siècle en fournit mille exemples.
La révolution bolchevique a transformé de fond en comble la société russe, le fascisme et le nazisme ont conduit à la guerre et à l’extermination de six millions de juifs, la décolonisation a fait émerger un nombre important de nouveaux États. La vie individuelle d’un être humain peut ainsi rencontrer l’histoire et s’en trouver bouleversée. La littérature utilise abondamment ce thème : que l’on songe simplement au docteur Jivago de Boris Pasternak. On pourrait ainsi penser que le destin des Hommes est configuré par le politique, que le pouvoir politique construit le devenir historique en fonction de ses projets.
Mais il n’en est rien. Notre devenir historique résulte d’une multitude d’initiatives individuelles, certaines d’entre elles pouvant avoir un impact majeur car elles constituent des innovations de portée historique.
Le long terme historique et l’individu
Il suffit de changer d’échelle temporelle pour comprendre le caractère accessoire du facteur politique. Si, au lieu de se focaliser sur l’histoire d’un État ou même d’une civilisation, le regard s’éloigne et observe l’humanité depuis ses origines, il apparaît immédiatement que les péripéties politiques n’ont que peu d’impact sur notre devenir à long terme.
Pourquoi les Hommes passent-ils du Paléolithique au Néolithique entre –10 000 et –5000 dans certaines zones géographiques ?
Parce que certains d’entre eux ont commencé à faire des expériences de culture des céréales ou d’élevage, que ces expériences ont suscité l’intérêt de leurs contemporains et qu’au fil des générations, un nouveau mode de vie est apparu. Cette révolution agricole n’a rien à voir avec le politique au sens très large, c’est-à-dire avec les individus dominants des groupes humains paléolithiques qui proposaient par exemple de migrer d’un lieu vers un autre, ou d’entrer en conflit avec un autre groupe. C’est l’intelligence de quelques individus, n’appartenant vraisemblablement pas au cercle des chefs, qui a permis les innovations déterminant le devenir historique. On peut en dire de même de l’évolution ultérieure pendant le Néolithique, avec l’utilisation progressive des métaux (bronze, cuivre, fer) améliorant considérablement l’outillage agricole. Faire progresser les techniques agricoles, c’est permettre aux Hommes de mieux se nourrir et d’éviter les famines, et c’est beaucoup plus important que de déclencher une guerre pour accaparer provisoirement un territoire.
La Renaissance est culturelle, pas politique
Une étape majeure de l’évolution historique occidentale se situe entre le XIVe et le XVIe siècle. Des hommes prennent alors conscience qu’ils n’appartiennent plus au Moyen Âge. Il s’agit d’intellectuels comme le poète italien Pétrarque qui prône la redécouverte des auteurs anciens en respectant le texte original grec ou latin. Ces hommes s’aperçoivent que la longue période qui commence au Ve siècle, lorsque s’effondre l’Empire romain d’Occident, arrive à son terme. On appellera Renaissance ce vaste mouvement culturel qui conduit à notre modernité.
Mais qui joue un rôle majeur à cette époque ? Ce sont des philosophes, des humanistes (Érasme, Thomas More), des artistes (Léonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël), des scientifiques (Copernic, Galilée, Francis Bacon), des explorateurs (Vasco de Gama, Christophe Colomb). Sans doute, le pouvoir politique de l’époque peut parfois encourager ces initiatives individuelles. De nombreux membres de la famille Médicis commanditeront de grands artistes et encourageront des humanistes. Mais les Médicis représentent un des cas particuliers de grandes familles patriciennes italiennes ouvertes à la pensée et aux innovations artistiques et techniques. D’une manière générale, le pouvoir politique est surtout un frein à la créativité car il privilégie une vision traditionnelle de l’avenir.
La révolution industrielle ne doit rien à la politique
Lorsque débute la révolution industrielle, ce sont encore des individus créatifs et entreprenants qui imaginent l’avenir : les dirigeants des manufactures, les penseurs de l’économie, les chercheurs. En choisissant des exemples dans l’histoire de France, on peut se poser quelques questions iconoclastes. La Révolution française de 1789 a-t-elle joué un rôle essentiel ? Les absurdes guerres de conquête napoléoniennes ont-elles eu la moindre importance durable ? Les réponses sont évidemment négatives, car de nombreux autres pays ont connu des péripéties politiques radicalement différentes pour aboutir aujourd’hui à un mode de vie et à un niveau de vie similaires aux nôtres. Le siècle des Lumières et ses philosophes ont préparé culturellement une évolution profonde de la société, mais sa mise en œuvre est le fait d’innombrables initiatives individuelles qui se manifestent dans le système de production et la recherche scientifique. En France, les politiques n’ont fait que caricaturer une pensée orientée vers la liberté pour aboutir finalement à la dictature de Robespierre puis à celle de Napoléon Ier.
Sciences, techniques et économie déterminent l’avenir
Lénine, Staline, Hitler, Mussolini et tous les psychopathes assoiffés de pouvoir ont évidemment moins d’importance que Louis Pasteur, Alexander Flemming et même que mère Teresa ou que l’abbé Pierre. Les premiers auront exercé un temps leur capacité de nuisance en assassinant des millions d’Hommes, mais il ne restera rien d’eux dans quelques siècles. Les seconds ont permis à des centaines de millions d’êtres humains de se soigner et de guérir, ou sont venus donner un exemple d’élévation morale tout à fait hors du commun. Ils resteront dans nos mémoires, car leur action se prolonge encore.
Quant aux leaders politiques des démocraties, qui ont le bon goût – justice leur soit rendue — de nous éviter le goulag, ils sont très vite oubliés. Demandez à des Français pris au hasard de vous citer un président du Conseil de la Troisième République. Vous n’obtiendrez que très peu de réponses, et la plupart de vos interlocuteurs ignoreront ce qu’est un président du Conseil. Leur action est d’ailleurs un échec cuisant puisqu’elle aboutit au second conflit mondial. La gauche prétendra que l’instauration des congés payés et de la semaine de 40 heures en 1936 par Léon Blum est une avancée sociale considérable. Certes, mais tous les pays développés ont connu, à peu de choses près, la même évolution sociale. Celle-ci provient donc davantage de la croissance économique et du progrès technique, qui améliorent la productivité, que du facteur politique. Autrement dit, en détournant le credo marxiste selon lequel les infrastructures économiques déterminent les superstructures juridiques, on pourrait affirmer que le progrès du capitalisme détermine le progrès social. Notons au passage que si la pensée marxiste dévalorise le politique par rapport à l’économique, la praxis marxiste lui accorde un rôle majeur. L’action ne s’embarrasse pas de subtilités doctrinales.
La révolution technologique actuelle et la réticence des politiques
La révolution technologique qui débute à la fin du XXe siècle (technologies de l’information et de la communication, biotechnologies, sciences cognitives et leur synthèse en NBIC) se diffuse dans la société par l’action d’entrepreneurs qui ont le sens de l’histoire et qui comprennent bien avant le monde politique les bouleversements que peuvent induire certaines innovations techniques. Ce sont bien les Bill Gates, Steve Jobs, Steve Wozniak, Larry Page, Sergueï Brin, Jeff Bezos qui ont créé les entreprises configurant la communication planétaire contemporaine.
Mais ces grands noms ne représentent que les réussites économiques majeures. Ce sont en réalité des millions d’initiatives individuelles qui, en se concurrençant et en se conjuguant, ont fait émerger l’écosystème numérique dans lequel nous vivons. L’attitude des politiques a été suiviste, réticente ou normativiste. Que de sottises n’avons-nous pas entendu ces dernières années à propos du livre numérique ou de la presse en ligne ! C’est la peur de voir disparaître les secteurs traditionnels de l’édition ou de l’imprimerie qui domine chez les politiques, pas du tout une vision de l’avenir s’appuyant sur les fabuleuses potentialités de la révolution technologique en cours.
Les petits subterfuges des politiciens
En France, des ministres à l’esprit étriqué n’ont eu de cesse de chercher à s’opposer à Google ou Amazon par de petits subterfuges règlementaires sans avenir et facilement contournés. Aurélie Filippetti a été la risée du monde entier en interdisant la gratuité des frais d’expédition à Amazon par une acrobatie juridique. Elle a raté sa pirouette : Amazon a obtempéré avec des frais de… un centime. On pourrait en dire autant des ministres du Budget en ce qui concerne l’optimisation fiscale, pratique tout à fait légale consistant à mettre les États en concurrence pour réduire la charge fiscale.
La vision du futur semble déterminée chez ces politiques par une idéologie qui ne correspond en rien au monde actuel. Ils agissent donc, pitoyablement, en vue de construire une société conforme au dogme. En vain, bien entendu : tout ce monde de la politique à l’ancienne sera supplanté par les Hommes libres et leur prodigieuse créativité. Ce sont les individus qui dessinent peu à peu l’avenir par leur capacité de réflexion, d’expérimentation et d’innovation. Le futur constitue toujours une surprise, et ne se décrète pas. Il est absurde de prétendre construire la société de demain à partir d’une réflexion sur le présent conduisant à des prescriptions éthiques et politiques préétablies et intangibles. Car les Hommes sont incorrigibles : ils feront toujours prévaloir leur liberté. L’intelligence, leur spécificité, ne se conçoit que dans la liberté. Le charme de la vie, c’est l’ouverture vers l’avenir conçu comme une aventure de la liberté individuelle.
Merci pour ce beau rappel du profond plutôt que du bruyant. Le capitalisme pratiqué au quotidien ne fait guère de tapage médiatique, contrairement à ses ennemis. C’est sa faiblesse parfois, mais plus sûrement sa force, une forme d’invisibilité qui le rend peu atteignable en profondeur par tous les malandrins de la terre. Et il avance et fait avancer la race humaine ainsi, malgré toutes les atteintes qu’il subit, et dont la plupart des politicens bureaucrates et corporatistes l’accusent presque toujours d’être responsable, afin de détourner les yeux de la masse de leur évidente culpabilité.
A ce sujet je ne saurais trop conseillé le dernier livre de Pascal Salin « Revenir au capitalisme, pour éviter les crises »
Cela me fait toujours doucement rigoler ces gens qui,défendant l’individualisme forcené affirment sans rire qu’ ils se sont » fait tout seul »…
Quid du système éducatif qui leur a fait bénéficier de siècles de découvertes…
Quid des infrastructures sociales et collectives(routes,trains,avions,postes,Télécoms, monnaie, etc) qui leur ont permis d’être en lien…
Quid des organisations nationales et internationales qui leur ont permis de construire des projets collectifs…
On peut continuer longtemps,mais tout ça a un dénominateur commun: la POLITIQUE qui comme son nom l’indique organise la vie de la cité .
Ce n’est pas parce que les politiciens se trompent souvent que la politique n’est plus légitime.
Personne n’est une île, évidemment, mais n’oubliez pas que ceux qui ont fait ces découvertes, fabriqué ces infrastructures, participé à ces institutions étaient motivés d’abord par la recherche de leur propre prospérité au service de leurs intérêts personnels (et, oui, des valeurs charitables font partie de ces intérêts individuels). La monnaie, la route, l’avion, le courrier ne sont pas des innovations politiques.
L’etat détourne, change les faits, modifie la réalité. Il taxe, bloque, gêne, freine, légifère.
Et vous nous dites qu’ils sont utiles ?!
Quand l’Etat a t’il produit une richesse pour la dernière fois ? Jamais !
Quand l’Etat a t’il offert des services et une meilleure qualité de vie ? Jamais !
Quand l’Etat a t’il écouté le peuple pour mieux répondre aux besoins ? Uniquement pour le vote !
L’Etat ne sert à rien, il se sert lui meme sur le dos des esclaves. Quand l’un râle, l’on l’enferme, l’on le condamne, l’on l’humilie.
L’Etat est un gros parasite mou et informe, il mange les murs de la maison comme une mérule de Bretagne.
L’Etat aime le sombre, l’humide, mais il a quand même besoin d’un rayon de lumière.
Je souhaite que la lumière du privé s’eteigne pour faire s’etouffer cette abomination.
En gros vous venez nous dire que l’humanité est une création politique ? C’est la société que vous décrivez ici.
Haddock,
Vous confondez étatisme et humanisme, comme tous les collectivistes. C’est l’état au service des citoyens qui n’a quasiment jamais existé dans la sphère publique à cause de politiciens et fonctionnaires quasi intégralement collectivistes, c’est à dire soucieux de dominer les autres sous le prétexte de prendre soin d’eux.
Cet état moderne émerge peu à peu grâce aux idées libérales, alors même que leur application reste très cantonnées au domaine marchand, et encore. Lisez Hayek, lisez Von Mises, lisez Rothbard, et vous découvrirez une conception supérieure de l’état et de la politique que celle du modèle socialiste dont vous êtes le énième petit soldat formaté, comme presque tout français.
bonjour Haddock, cela dépend de ce que les gens qui disent s’êtres faits tout seuls ,entendent affirmer par là . Partant comme vous l’indiquez ,tout un chacun à pu bénéficier des systèmes éducatifs ,des infrastructures ;sauf que je trouve normal qu’il en soit ainsi car tout ceci existe grâce au travail et au patrimoine élaboré par nos ancêtres ,dont les miens depuis plusieurs siècles ,ainsi que probablement les vôtres .Je souhaite dire par là que j’ai eu la chance d’hériter de gens qui ,pour la plupart étaient de très modestes conditions ,devinrent au bout du bout ; instits -ingénieurs- artisans -directeurs d’entreprises etc…Il n’en reste pas mois que pour accéder à certaines situations ,à un moment où à l’autre il faut travailler ,passer des concours , peut-être chuter puis recommencer ;ce doit-être cela dont les gens parlent .
@Haddock : commentaire étatique habituel.
Nous vivons dans une société parce que la spécialisation du travail nous permet d’améliorer nos conditions de vie par l’échange.
Mon éducation, ma nourriture, je l’ai payé par l’échange mutuel profitable, je ne dois rien à personne de plus.
Que l’état s’immisce dans la vie économique pour fournir un service de mauvaise qualité en situation de monopole ne fait pas de nous ses débiteurs.
C’est cette spécialisation qui permet à l’individu d’innover, mais l’innovation est toujours individuelle, une idée collective, cela n’existe pas.
Ce que Haddock nous dit, c’est que route, trains, avions, postes, monnaies, j’en passe et des meilleures, ceux qui innovent ne pourraient le faire. Comme aujourd’hui l’état a constitué des monopoles ou quasi monopoles sur ces biens et services, il a l’impression que sans l’état il n’y aurait pas d’innovation.
Comme si ces biens ou services eux-mêmes ne pouvaient pas exister sans l’état! On est mort de rire. Ce que Haddock néglige c’est que tous ces biens peuvent exister sans l’état, le privé peut les fournir. La preuve, c’est que routes, trains, avions, postes, etc, ont été des services privés avant d’être accaparés part l’état.
Et oui Haddock, les routes initialement ce sont des privés qui les construisaient, le chemin de fer idem, etc.
Ce n’est donc pas l’état qui est indispensable, avec ou sans lui, ce sont les biens et services précédents qui sont essentiels à l’apparition de biens et services ultérieurs. Pourquoi? Parce que les biens et services comme la route, le train, l’avion, etc constituent l’équivalent d’accumulation de capital qui facilite les échanges et améliore la productivité.
De penser que ces bien et services n’existeraient pas sans l’état et l’impôt obligatoire qui l’entretien, c’est comme de croire qu’il n’y aurait pas de récolte de coton dans les états américains du sud en 1860 sans les esclaves.
Nous sommes face à un schéma assez classique.
Etape 1: un individu invente un bien ou un service.
Etape 2: le bien ou le service se développe et les échanges se multiplient.
Etape 3: l’état y voyant soit une source de revenu soit un danger, il légifère et ponctionne ce qui rend l’activité impossible ou pas rentable.
Etape 4: l’activité périclite et au prétexte que le marché est défaillant, l’état commence à fournir le service lui-même
Etape 5: l’état constitue un monopole. Parfois le bien ou le service étant jugé d’importance stratégique pour l’état on passe directement à l’état 5 sans passer par les étapes 3 et 4.
Etape 6: le temps passe et les gens oublient que le bien ou le service était jadis fourni par le privé.
Etape 7: Des étatistes viennent finalement fièrement nous dire que l’innovation suivante n’est pas possible sans l’état, puisque c’est lui qui fourni les biens et services indispensables à l’apparition de l’innovation.
Et hop on repart pour un tour, l’argument de l’étape 7 justifiant encore plus qu’avec le nouveau bien ou service on débute l’étape 3.
D’autres remarques?
Votre raisonnement est tellement partisan qu’ il en devient absurde.
Évidemment que ce sont des individus qui sont à la manoeuvre…et alors !
Avez vous une idée de ce qu’ est la tour de Babel ?
Ce sont des privés qui ont provoqué une catastrophe en fabriquant en Grande Bretagne des trains trop larges pour rouler sur des voies que d’autres privés avaient fabriquées…ce que je veux dire c’est que sans une mise en commun,une planification,une rationalisation on assiste soit au désordre généralisé soit pire au « chacun pour soi » qui débouche sur la violence.
Je me fous complètement que l’on appelle ça « état » ou système autogestionnaire du moment que chacun peut bénéficier du travail et des recherches des autres sans que celui-ci ne soit confisqué par une multinationale qui va le monnayer…même s’il s’agit d’un médicament contre le sida…
‘confisqué par une multinationale’
Doxa des petits soldats du marxisme.
L’insulte ne remplace pas l’intelligence…
…rien à secouer du marxisme, par contre que les multinationales bousillent la planète pour engraisser vos amis capitalistes en n’investissant que dans les médocs « rentables » ça ça vous dérange pas !
Je pense que Patrick Aulnas ne va pas assez loin ou plutôt ne pousse pas la démonstration assez loin, au risque d’être récupéré par les idéologues libéraux ou socialistes : ce ne sont ni des hommes politiques, ni des génies (libéraux ou pas) qui écrivent l’histoire.
Chacun a entendu parler de l’effet papillon (comment le battement d’aile d’un papillon provoque une tornade à l’autre bout de la planète). Chacun connaît la division cellulaire (comment une cellule en se divisant et se re-divisant parvient à former un organisme composé de milliards de cellules). Pourquoi en serait-il autrement des idées et donc de la culture humaine :
– une idée se propage lentement par des échanges 2 à 2 (comme pour les cellules), la propagation est extrêmement lente au début mais exponentielle, ce qui fait qu’elle finit par devenir universelle sans qu’on voit venir le changement et chacun peut avoir l’impression d’en être la source.
– les interactions sont infiniment complexes (comme pour l’effet papillon) et il est hors de notre portée de prévoir les effets majeurs à long terme d’une action minime.
Ainsi va le monde à mon avis : il n’est pas dirigé ni dirigeable. Au mieux on peut essayer de canaliser les mouvements pour prévenir les catastrophes (comme on canalise les cours d’eau qui ont tendance à déborder). Aucun individu en particulier n’est à l’origine d’une évolution : il ne fait que développer et mettre en avant une idée ambiante qu’il a lui même reçue, et c’est par pur hasard qu’il connaîtra la réussite et sera singularisé à posteriori.
Cette approche de la réalité relativise l’importance des politiciens qui ne sont que des récupérateurs – et plus grave, pensent souvent organiser le monde. Et elle donne tout son sens au libéralisme : un individu n’a d’importance que pour lui même, mais personne ne peut prendre en charge son destin à sa place (parce que les autres s’en fichent et n’en ont pas le pouvoir)
J’ai lu récemment un livre intitulé « Knowledge and power » (de George Gilder) qui met ces questions en perspective à partir de la connaissance acquise dans le contexte des technologies de l’information.
Dans une organisation, l’information (l’innovation) surgit inopinément et n’est pas déterministe.
L’organisation ne peut pas la prévoir ou la contrôler, mais elle peut favoriser sa dissémination par sa stabilité.
En effet le signal pour être perçu de ses destinataires a besoin d’un canal sans bruit.
L’attelage conservatisme-libéralisme n’est donc pas du tout paradoxal, il est le seul possible.
Il faut un droit fondé sur la loi naturelle et une monnaie stable pour que le marché fonctionne.
Le socialisme avec sa création monétaire, son incontinence législative et ses réformes sociétales noie l’information économique sous une cacophonie incohérente et stupide.
Le pouvoir économique ne doit pas être centralisé mais diffus, car telle est l’information.
J’ai toujours été effaré par la constance des politiques à répéter inlassablement les mêmes erreurs qui ont produites les mêmes échecs. Le personnel politique n’a jamais rien apporté à la humanité, il est conservateur et conformiste. Seuls quelques rares politiques ont changés de paradigme dans l’histoire et ont apportés ou plutôt ont laissés se réaliser les avancées dont l’humanité avait besoin.
Tout le reste du temps, c’est à dire à vue de nez 95% du temps, les hommes politiques n’ont que reproduit ce que d’autres on fait avant eux.
Ce ne sont pas des erreurs, ça marche très bien pour leurs intérêts personnels.
Ce qui revient au même. Soit on a à faire à des incapables/incompétents et ils reproduisent les mêmes erreurs, soit on a à faire au margoulin de base (l’immense majorité) et ils reproduisent les mêmes détournements qui sont des erreurs pour l’humanité.
Finalement la communication c’est simple,… 🙂
Pour aller (eh oui !) dans votre sens, je crois malheureusement que l’histoire nous apprend que capitalisme (ou libéralisme) et étatisme sont les deux faces d’une même pièce idéologique et ne se sont fait la guerre que pour sauver la face…
…au delà de la querelle théorique, je pense que ,quel que soit le choix du système, ce qui fait la différence c’est la capacité de celui ci d’organiser des aller retour permanents entre les intérêts particuliers et les intérêts collectifs.
La différence entre un « libéral libertariste » et un « humaniste libertaire » c’est qu’ il y en a un qui ne pense qu’aux intérêts de sa « famille » quand l’autre tente de faire progresser la société humaine
Il est exact que tous les progrès sociaux en Occident résultent exclusivement de progrès de la connaissance totalement indépendants de l’État.
Le meilleur exemple est celui du statut de la femme: Si elle est moins qu’autrefois astreinte aux tâches ménagères, c’est qu’elle procrée trois ou quatre fois moins et survit aux accouchements. Des progrès médicaux qui ont été obtenus hors de l’État, à une époque où la santé n’était pas nationalisée.
C’est aussi que le temps consacré aux tâches ménagères est drastiquement divisé par l’électroménager ou l’industrie textile; et enfin que le temps de vie soustrait à la procréation peut être consacré à la plupart des activités, les machines ayant rendu la force physique largement superflue. Le rôle de la femme et de l’homme dans la famille se sont donc rapprochés dans les faits.
C’est donc bien l’évolution des nécessités et non pas la lutte des esprits supérieurs (socialistes) contre les inférieurs (libéraux) qui explique l’évolution du statut de la femme en occident.
Et cette évolution est le produit de la liberté, et du capitalisme qui en est un des corollaires, tel que décrite par Frédéric Bastiat: De plus en plus de capital, donc de plus en plus de communauté (ou de gratuité).
« L’intendance suivra », disait le général le plus haut de France.
C’est sans doute pour cela qu’il ne reste rien de lui de palpable dans notre vie économique, sauf la nostalgie d’une certaine hauteur de vue.