Le mercredi des Cendres, jour d’entrée en Carême

En ce mercredi 18 février, mercredi des Cendres, les chrétiens du monde entier entrent en carême. Que signifie ce temps du carême pour les catholiques, et comment en marquent-ils le début ?

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messe des cendres credits catho Bordeaux (CC BY-NC-SA 2.0)

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Le mercredi des Cendres, jour d’entrée en Carême

Publié le 18 février 2015
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Par Constance Mas.

messe des cendres credits catho Bordeaux (CC BY-NC-SA 2.0)
messe des cendres credits catho Bordeaux (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Le carême, quarante jours de préparation

Le carême est un temps de préparation à la fête de Pâques, jour le plus joyeux entre tous pour un chrétien puisque célébrant la résurrection du Christ. Il commence le mercredi des Cendres et se termine le samedi saint, c’est-à-dire la veille de Pâques. Le carême est donc un temps pour se préparer à vivre le mystère de la Passion, de la mort et de la résurrection du Christ, en recentrant sa vie sur Dieu par une pratique plus assidue de la prière, le détachement des choses matérielles et une pratique plus sincère de la charité.

Pour cela, l’Église donne quarante jours. Quarante jours comme les quarante ans d’exode du peuple d’Israël à travers le désert, entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise ; également comme le temps passé dans le désert par le Christ avant le début de sa vie publique. Petite subtilité intriguante : la période du mercredi 18 février au samedi 4 avril compte quarante-six jours et non quarante. L’explication est toute simple : on ne compte pas les dimanches, jours de fête quelle que soit la période de l’année car célébrant la résurrection du Christ… celle-là même que l’on se prépare à fêter.

Le Mercredi des Cendres

Le carême est un temps de dépouillement de soi pour revêtir le Christ, et cela se ressent dans la cérémonie du mercredi des Cendres qui marque l’entrée dans le carême : au cours de la messe, les fidèles viennent en procession recevoir un peu de cendres sur le front, signe qu’ils se reconnaissent pécheurs devant Dieu et signe de la fragilité de l’homme. En effet, se couvrir de cendres a une double signification dans la Bible : celle du deuil, et celle de la pénitence.
Ce choix fait également écho à la petitesse de l’homme devant son Créateur : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Pour compléter la symbolique des cendres, une parole est donnée aux pénitents : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».
Les fidèles assistant à la messe des cendres pourront y entendre un passage de l’Évangile de Saint Matthieu (6,1-6 ;16-18) résumant la triple démarche à laquelle ils sont appelés pendant le Carême (aumône, prière, jeûne) et la façon de l’aborder, non pas pour se donner en spectacle, mais intimement et sincèrement dans le secret de leur cÅ“ur.

Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que te donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret (…) Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret (…) Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement du Père qui est présent dans le secret.

Prière, jeûne et partage

Les chrétiens sont appelés à une démarche de conversion qui s’appuie sur trois moyens : la prière, moment de rencontre avec Dieu, le jeûne, exercice de maîtrise de soi face aux désirs matériels, et le partage, pratique manifestant l’amour porté au prochain pour l’amour de Dieu.

La prière est le volet le plus aisé à concevoir, même si sa mise en pratique ne l’est pas. Il s’agit de prier plus, et de prier mieux : plus fidèlement, dans de meilleures dispositions, avec plus de sincérité, plus de disponibilité pour se laisser transformer par cette prière.

L’aumône fait sens, elle aussi, pour les spectateurs curieux du carême, souvent heureux de profiter de ce temps particulier pour participer aux collectes alimentaires du Secours catholique ou aux campagnes de dons des associations caritatives. Pour les chrétiens, ce partage prend une signification particulière, en ce qu’ils y sont appelés par amour de Dieu et oubli de soi. Il s’agit non seulement de donner son argent, mais également de donner son temps, son attention, son amour fraternel, y compris à ceux que l’on oublie ou que l’on ne veut pas voir : les plus pauvres, les plus âgés, mais aussi le beau-frère qui nous ennuie ou le collègue qui nous agace.

Enfin, il y a le jeûne, ou pénitence, simple dans sa définition, mais suscitant parfois l’incompréhension. Les recommandations de l’Église sur ce point étonnent nos contemporains : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Evêques, sera observée chaque vendredi de l’année, à moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité ; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le vendredi de la Passion et de la Mort et de notre Seigneur Jésus Christ. » 1 La précision des jours et des conditions du jeûne étonnent également : sont dispensés du jeûne, les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes.

Pourquoi se priver sur la base du jour du calendrier et de son âge ? Et d’abord, pourquoi se priver ? Le jeûne est pour le chrétien l’apprentissage de la liberté. Liberté de ne pas céder à nos dépendances et de choisir Dieu à la place. Il ne s’agit donc pas uniquement de se priver de viande le vendredi, mais également d’identifier les petites choses qui limitent notre liberté et de s’en détacher,  la paresse, la gourmandise, l’addiction au tabac, à l’alcool, aux réseaux sociaux, aux séries télévisées. Non pas se priver pour se priver, ou se priver de bonnes choses pour se mortifier, mais mettre de côté ce qui a pris une place démesurée, pour toujours et encore se recentrer sur Dieu.

Un temps joyeux

« Quand tu jeûnes, parfume toi la tête et lave toi le visage. » Le chrétien est appelé par cette parole d’Évangile à vivre le temps du carême dans la joie, non pas comme une épreuve d’endurance ou un concours de mortification, mais comme un temps de grâce où se rendre disponible à l’action de Dieu.

Il me reste donc à souhaiter à tous mes frères dans la foi un joyeux et fructueux carême.

Sursum corda !

  1. Can.1251, code de droit canonique
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