Par Jean-Pierre Chevallier.
Les gens de la Banque de France ne publiaient pas les données des agrégats monétaires (sans donner d’explications) contrairement à ce que faisaient la plupart des pays de la zone euro (ce qui montre leur ignorance totale en matière de monétarisme). Curieusement, ils le font depuis un certain temps et ils les mettent à jour presque normalement maintenant mais les derniers chiffres sont encore publiés avec un mois de retard par rapport à ceux de la BCE !
Les données les plus pertinentes sont les agrégats monétaires M1, M2-M1 et M3-M2 par rapport au PIB (en %). Elles font apparaitre clairement une augmentation totalement anormale de M1 par rapport au PIB à partir de 1998.
Document 1
Ainsi, avant la convergence des monnaies préludant à l’adoption de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro, la structure des agrégats était satisfaisante avec M1 qui représentait 20 à 22% du PIB, comme aux États-Unis.
Cependant, par la suite, M1 est tombé à 16% (par rapport au PIB) aux États-Unis, ce qui montre qu’il n’y a pas eu de création monétaire pendant cette période dans ce pays, mais ce rapport a augmenté en France pour se situer à plus de 40% maintenant, ce qui est le résultat d’une création monétaire létale.
L’adoption de l’euro a laissé se développer sans sanction possible (ou sans frein naturel) une hypertrophie en M1. L’augmentation de M1 s’accélère même : plus 25,7 milliards d’euros en décembre ! C’était au pied du Sapin du Père Noël !
De l’argent non gagné a été distribué en masse depuis des années : près de 550 milliards d’euros se trouvent ainsi indûment dans les poches et sur les comptes courants des Français, ce qui est considérable (un quart du PIB annuel de la France !)…
… alors qu’ils auraient dû se trouver dans les trésoreries des entreprises, c’est-à-dire en M3-M2.
Document 3 :
Il aurait fallu que cette situation évolue comme aux États-Unis, avec une baisse relative de M1 (qui aurait dû tendre vers 16%) et une augmentation relative de M3-M2 (qui aurait dû dépasser les 30%),
Document 4 :
M3-M2 ne représente plus que 10% du PIB alors que cet agrégat aurait dû en représenter le triple si on se réfère à la situation passée et à celle qui prévaut aux États-Unis,
Document 5 :
Dans ce document 5, les lignes en pointillés représentent l’évolution qui aurait dû être celle de M1 et de M3-M2 (par rapport au PIB), à l’image de ce qui en a été aux États-Unis qui sont la référence.
En fait, les salariés, les fonctionnaires et tous ceux qui profitent des divers organismes étatiques se sont accaparé globalement près de 550 milliards d’euros qui auraient dû rester dans les comptes des entreprises qui sont de ce fait à l’agonie.
Pas de bénéfices, pas d’investissements, donc pas de croissance, c’est-à-dire pas de création de richesse ni de création d’emplois. Tout est simple.
M2-M1 n’augmente pas d’une année sur l’autre, ce qui aurait dû se manifester par un bond prodigieux de la croissance car cela aurait signifié que les Français diminuaient leur épargne pour augmenter leurs achats, ce qui aurait dû stimuler la croissance, or il n’en est rien : cette stagnation de M2-M1 signifie que les malheureux Français sont obligés de puiser dans leur épargne pour vivre.
Document 6 :
La situation en France et dans la zone euro est donc maintenant totalement incontrôlable, irrécupérable à cause de l’hypertrophie en M1, respectivement de près de 550 milliards d’euros et de 4 500 milliards. C’est tellement gros que personne ne la voit, à part une exception qui s’exprime…
Comme je l’ai déjà écrit, l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics. Le problème essentiel à résoudre pour refaire partir la croissance sur des bases saines, c’est-à-dire sur de l’argent sain, serait donc de faire éclater cette hypertrophie en M1 (et d’en supprimer les causes, c’est-à-dire de sortir en douleur de l’euro-système), ce qui permettrait donc de mettre fin à la distribution d’argent non gagné, ce qui est difficile à mettre en œuvre auprès du peuple de gauche qui en est le principal bénéficiaire.
Comment se fait-il que les Français, comme les autres malheureux membres de l’eurozone, aient pu tomber dans ce piège grossier tendu par les monétaristes américains qui auront ainsi gagné cette première guerre monétariste mondiale en affaiblissant considérablement et durablement leurs concurrents pour garder leur leadership sur le monde libre ?
M1 ? M2 ? M3 ? Un petit mot d’explication en introduction n’aurait pas été de trop…
Google est votre ami, l’ami.
Composants de la masse monétaire
Pendant une longue période, la monnaie était exprimée en fonction d’une certaine quantité de métaux précieux, l’or, l’argent, c’est le bimétallisme ou le monométallisme. En théorie, la masse monétaire était égale aux réserves métalliques dans les coffres des banques centrales. Ce système a définitivement disparu le 15 août 1971 quand les États-Unis ont abandonné la convertibilité-or de leur monnaie qui, depuis les Accords de Bretton Woods, servait de référence mondiale et de devise de réserve pour les banques centrales.
Les composantes de la masse monétaire sont des agrégats. Les agrégats monétaires sont des indicateurs statistiques regroupant dans des ensembles homogènes les moyens de paiement détenus par les agents d’un territoire donné. Il y a plusieurs niveaux d’agrégats statistiques dans la masse monétaire, selon le degré de liquidité.
M0 appelée aussi base monétaire ou monnaie centrale représente l’ensemble des engagements monétaires d’une banque centrale (pièces et billets en circulation, avoirs en monnaie scripturale comptabilisée par la banque centrale).
M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue (515 000 000 000 € de billets et de pièces en l’an 2000 dans la zone euro).
M2 correspond à M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d’un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois (par exemple, pour la France, le livret jeune ou le CODEVI, les livrets A et bleu, le compte d’épargne logement, le livret d’épargne populaire…).
M3 correspond à M2 plus les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM monétaire, certificat de dépôt, créance inférieure ou égale à deux ans).
M4 correspond à M3 plus les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_mon%C3%A9taire#Composants_de_la_masse_mon.C3.A9taire
Mais connaissant ces définitions, j’ai bien du mal à associer aussi directement que l’auteur de cet article, l’association entre « les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM monétaire, certificat de dépôt, créance inférieure ou égale à deux ans). », c’est à dire M3-M2, et « les trésoreries des entreprises ».
En quoi la sortie de l’Euro mettrait fin à la distribution d’argent non gagné ? Il faudrait encore que le gouvernement aligne tous les droits du public sur le privé, supprime tous les emplois publics inutiles, arrête de distribuer de l’argent sans retour (comme le RSA à vie…). Le FN ou le front de gauche ne feront pas ça plus que les autres partis.
Par exemple en mettant fin à l’illusion de la solidité des créances publiques françaises, gagées par les Allemands. Immédiatement, la sortie de l’euro fera fuir l’essentiel des sources de financement provenant des marchés. Pour compenser, le pouvoir aura recours à l’impression monétaire locale, comme le promettent déjà les partis favorables à la sortie. Alors la valeur relative de la nouvelle monnaie s’effondrera, vidant les comptes courants, non de leurs billets virtuels, mais de leur pouvoir d’achat réel. Au lieu de maigrir, l’Etat obèse est ainsi fait qu’il préfèrera d’abord ruiner les Français. Investissez dans une brouette !
Ceci dit, maintenant que l’euro est lui-même engagé dans une dévaluation sans fin à la suite de la trahison du QE, autant revenir au franc tout de suite. Ca ne changera rien à la fin de l’histoire mais au moins, nous ne serons plus associés à plus impécunieux que nous.
Investissez dans une brouette !
Tout à fait. D’ailleurs, sans rire, j’en ai déjà une.
Il est aussi très pertinent de comparer la fRance à la Grèce, les différences sont peu importantes.
Je n’ai pas l’impression d’avoir cet argent en ma possession, ni de l’avoir vu passer. Se pourrait-il que ces ressources aient été gâchées? Ou détournées?
Je le croise tous les matins, quand je passe devant la cité administrative de ma ville, devant la caisse d’allocations familiales, devant celle d’assurances sociales, l’hôpital public, l’école et l’université taggées, la gare et son panneau des trains annulés ou devant le bar-PMU où fument les bénéficiaires du RSA.
Votre argent est en M4 = poche de l’état.
Excellent ! 😉
Et là pas de doute : M4 est en très forte croissance, continue.
pas d’affolement , ce ne sont que des courbes , en analysant du marc de café on peut aussi prédire l’avenir , noir pour vous , rose pour certains , incolore pour moi car il est impossible de savoir de quoi sera fait l’avenir , je peux gagner au loto ou hériter d’un oncle d’Amérique 😉
Pour mieux comprendre (en visuel) :
http://www.m-lasserre.com/educpop/dossiermonnaie/6lesagregatsmonetaires.htm
Les données de Chevalier montrent clairement des anomalies. Mais ses explications sont sans doute trop tranchées.
Ainsi, la hausse stupéfiante de M1 depuis 2008. L’anomalie est évidente. Car dans le même temps… la France était en récession ou stagnation.
Mais les explications de ce mouvement peuvent être nombreuses.
-peur : les français épargneraient davantage : donc les dépôts à vue augmenteraient, mais… ca devrait aller davantage sur M2 (livrets par exemple)
Les entreprises, ayant peur aussi, n’investirait plus, et garderait leur cash
-l’état, grâce à l’endettement, distribue du cash.
Ne pas oublier qu’à coups de 80 milliards de déficit budgétaire par an (financé par de la dette), ça finit par s’accumuler, et ça doit forcément par écume se retrouver sur des comptes en banques (M1 donc)
Mais aussi :
-les entreprises et les particuliers s’endettent massivement (sur du long terme donc, ce qui se retrouve dans M3-M2)…. parce que confiance ? ou parce que boucher des trous ?
etc.
Bref, comme le commentaire précédent je serais moins tranché que Chevalier : ainsi M3-M2 ce n’est pas UNIQUEMENT les entreprises.
Les entreprises ont des comptes à vue (M1), et les particuliers ont des produits financiers long (livrets etc.) c’est à dire M2 ou plus longs encore (M3).
Pour synthétiser :
-la démarche « masse monétaire » de Chevalier est simple, éprouvé et bonne… pour montrer les anomalies de notre économie
-mais les explications des mouvements sont plus complexes, et sans doute multiples
-au final, les deux indicateurs qui me semblent le plus pertinent c’est M1 et M3.
Il faudrait des graphes en valeurs, et % d’évolution. Et ensuite, des ratios par rapport au PIB.
(Rappel : mais méfions nous toujours du PIB… c’est un indicateur ultra synthétique, donc facilement manipulable.)
Effectivement, les agrégats monétaires ont quelque chose d’artificiel qui ne favorise pas les comparaisons internationales. En outre, on n’oublie pas que la Fed ne publie plus M3 depuis longtemps.
Affirmer que tout va bien aux USA tandis que l’Europe serait mal en point est ainsi largement infondé. La réalité, c’est qu’il y a beaucoup trop de monnaie des deux côtés de l’Atlantique et chacun va devoir en payer le prix, tôt ou tard. L’atout unique des USA, c’est qu’ils peuvent, pour quelque temps encore, refiler en douce une partie de leur inflation au reste du monde. « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème » reste la norme internationale.
Il y a un autre argument qui démonte de manière absolue la « recovery » des USA…. les taux au plancher depuis 2008 !
Et c’est là où le piège se referme : la FED est coincée. A force de l’annoncer depuis des ANNEES… Elle va devoir augmenter ses taux.
Ce qui explique la très forte hausse du dollar.
C’est donc un nouveau cycle qui s’ouvre : l’Europe se FEDérise, avec QE, chute de sa monnaie… Ca va nous booster pendant 1 ou 2 ans. « Booster » ici est à comprendre en compensation d’une récession… Il ne faut donc pas imaginer qu’on va avoir des taux de croissance importants. On surnagera. Bouchera le gros du trou.
De son côté les USA… jouiront de leur monnaie forte (rachat d’actifs bradés worldwide), mais cela mettra à mal leur économie nationale, et ils rentreront dans la prochaine récession, en position de faiblesse : forte monnaie, et taux très bas. Revolver sans cartouches.
On recommencera à parler de… QE… Et hop, ce sera un nouveau tour de table vers le bas.
En fait : c’est bien d’une course générale vers le zéro, dans laquelle chaque « bloc » joue une carte, à tour de rôle.
Avec en boum final, l’explosion de l’ahurissante bulle obligataire… de taille mondiale cette fois.
A côté, 2008 sera un un très bon souvenir…
Malheureusement quand ça viendra (et ça risque d’arriver très vite), la France risque d’être l’un des pays les plus touché .
Il y a tellement de gens qui vivent au crochet de l’état (trop de fonctionnaire, de personne au rsa, de retraite beaucoup trop élevé par rapport aux cotisations, d’allocations exorbitantes, … ) que ça risque de faire très très mal !
Sans compter qu’on est plutôt faiblard niveau entreprise et que les investisseurs ont une image plutôt négative de la France (certain nous traitent même de communiste) …
Tout cela m’annonce rien qui vaille .
J’ai rencontré de la main d’oeuvre marocaine travaillant en France qui disait que les français préféraient les études au travail des champs.
Une personne hawaïenne était très étonnée du comportement des français. Elle disait qu’ils avaient une apparence de bourgeois et qu’en matière de soins, ils s’intéressaient plus aux drogues. Non me disait elle, je n’ai jamais pu m’adapter à la mode européenne.