Cette droite qui assume totalement son antilibéralisme

La droite pinaille sur la loi Macron, mais valide celle sur le renseignement généralisé…

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Cette droite qui assume totalement son antilibéralisme

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 avril 2015
- A +

Par le Parisien libéral.

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Qu’est-ce que le libéralisme ? Le libéralisme est un ensemble de courants de philosophie politique visant à faire reconnaître la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle sur l’autorité du souverain (que ce souverain soit un monarque ou le peuple). Depuis plusieurs siècles maintenant, le libéralisme a instauré la démocratie, fondée notamment sur le principe de séparation des pouvoirs et l’existence de contre-pouvoirs, et a rendu possible le développement d’une économie libre, fondée sur les droits de propriété et la concurrence. Quels que soient leurs nuances et leurs débats, les libéraux s’accorderont tous à dire que la base de tout, c’est l’individu, et le respect de ses droits naturels (la liberté, l’égalité, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression, tous contenus dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen).

Les philosophies étatistes, elles, prônent exactement l’inverse. Elles n’accordent aucune importance à l’individu. Par exemple, pour le socialisme, il n’y a pas d’individus avant tout, il y a d’abord une « société », et pour le national-socialisme, la société doit se confondre avec son État, un peu comme quand on explique que la nation française et l’État français, c’est la même chose.

Depuis 1789, les principes libéraux ont été largement altérés par une progression continue de l’interventionnisme public, dans toutes les sphères, à tous les niveaux. Mais on aurait pu croire que cet interventionnisme ne serait pas défendu par tous et que le jeu de la démocratie permettrait de présenter sur le spectre politique des opinions alternatives au « toujours plus d’État » qui semble si ancré en France. Il n’en est rien.

Les médias disent fréquemment que les différents courants de la droite, y compris le sarkozysme, sont libéraux, et que lorsque le PS s’éloigne de son extrême gauche pour aller vers le vallsisme, il devient « social-libéral ». Mais là encore, il n’en est rien.

Il y a une conséquence fabuleuse au bipartisme qui découle des institutions de la Vème république : les députés se retrouvent à devoir voter contre ce qu’ils pensent. C’est vrai de la gauche, qui se voit obligée de voter des projets de loi en totale contradiction avec le discours du Bourget de François Hollande, par exemple, mais c’est vrai aussi de la droite, qui pinaille sur la loi Macron, mais valide la loi sur le renseignement…

Mais dans le cas de la droite française, il est vrai que les institutions ne sont pas seules en cause. Elles agissent, en ce qui concerne certaines, comme un véritable révélateur de l’antilibéralisme qui anime en réalité l’esprit d’un grand nombre de députés UMP et UDI. Ne parlons même pas du Front National, il est aligné sur son alter ego le Front de Gauche.

Ainsi, existent deux gros projets de loi qui devraient, en ce moment, retenir toute notre attention. Ils semblent un peu plus important que les affaires internes à la famille Le Pen, ou le fait que telle tenniswoman soit enceinte.

  • Le premier de ces projets de lois est le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dit loi Macron).
  • Le second de ces projets de lois est le Projet de loi renseignement.
  • On pourrait ajouter à cette liste le projet de loi santé (dit loi Touraine).

Ces projets de loi n’ont pas la même philosophie, même s’ils émanent tous d’un gouvernement socialiste.

Le rejet de la loi Macron, révélateur de l’antilibéralisme de la droite

Macron souhaite transcrire dans le droit français certaines des conclusions du rapport Attali, celui qui était censé servir de livre de chevet à l’ancien président de la République. Certes, il ne s’agit absolument pas d’un big bang comme aurait pu le faire Margaret Thatcher, mais le Parti Libéral Démocrate aussi bien que Jean-Christophe Fromantin (UDI) l’affirment : c’est un pas dans la bonne direction.

Alors quand on voit des élus de droite et du centre comme Morin-Desailly, Estrosi ou Huygues amender la loi Macron pour « encadrer le moteur de recherche Google », rejeter la privatisation des aéroports régionaux, être plus à gauche que le gouvernement sur le don du sang (comme si sa libéralisation était un danger) et défendre les professions réglementées, on voit bien ce qu’il en est : au delà des postures politiciennes, la droite n’est, à quelques exceptions près (Hervé Mariton, Frédéric Lefebvre), pas vraiment prête à une révolution libérale. Mention spéciale, dans ce contexte, à leur chef qui se déclare maintenant contre les auto-entrepreneurs, pourtant l’une des rares mesures libérales du précédent quinquennat  !

Voila où en est l’UMP : à rejeter une loi qui vise, dans l’ensemble, à commencer à libérer un peu l’économie française de son carcan, elle qui, en dix ans, n’a su ni réformer les professions réglementées, ni supprimer les 35h, ni mettre en concurrence la Sécurité Sociale, ni supprimer le code du travail.

Le soutien de la loi sur le renseignement, révélateur de l’ultra-étatisme de la droite

Le socialiste Jean-Jacques Urvoas, rapporteur du projet de loi renseignement, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, tous deux membres du PS, sont eux dans une tout autre optique qu’Emmanuel Macron. Le but explicite du projet de loi renseignement, un piratage informatique légalisé et généralisé, est de renforcer les moyens d’action des services de renseignement via l’usage d’outils de surveillance, sans l’aval d’un juge, dès lors que cette quête répond « aux intérêts publics suivants » :

  • La sécurité nationale
  • Les intérêts essentiels de la politique étrangère
  • Les intérêts économiques et scientifiques essentiels de la France
  • La prévention du terrorisme
  • La prévention de la reconstitution ou du maintien de groupement dissous
  • La prévention de la criminalité et de la délinquance organisées
  • La prévention des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique

Le principe de base de ce projet de loi est que les « honnêtes gens » n’ont rien à cacher, et qu’il faut sacrifier nos libertés au profit de plus de sécurité.

Ce projet de loi a été dénoncé par un grand nombre d’organisations dont le souci est la protection des droits de l’homme : Amnesty International, la Quadrature du Net, Reporters sans frontières, le Syndicat de la Magistrature (!), la Ligue des droits de l’homme, la CNIL, Charlie Hebdo. Au niveau politique, le Parti Pirate, le Parti Libéral Démocrate, le Parti de Gauche s’opposent aussi à ce projet de loi, mais en revanche, l’UMP, elle, « votera le texte ».

Protéger les libertés civiles, c’est faire de la politique politicienne ? Étrange raisonnement de la part de quelqu’un qui est obligé de téléphoner sous pseudo avec des mobiles prépayés pour parler à son avocat et qui sait, de par son vécu, que l’État use de moyens à la légalité douteuse à des fins politiciennes, notamment en écoutant des conversations entre un avocat et son client.

Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas, même les députés UMP. Et les mêmes qui défendent le projet de loi renseignement aujourd’hui, sont aussi ceux qui vont nous parler de cabinet noir ou d’acharnement du public sur la transparence quand leur vie privée sera étalée demain ?

Y a-t-il une opposition libérale en France aujourd’hui, qui soutiendrait le gouvernement quand il desserrerait le carcan étatique qui enserre l’économie mais le rappellerait à l’ordre quand ce même gouvernement serait tenté par des mesures liberticides ? En dehors de quelques rares députés qui parfois se distinguent à droite, on peut dire que non. L’UMP est totalement alignée sur l’ultra-étatisme de la gauche socialiste, celle qui, comme les conservateurs de droite, rejettent la loi Macron mais soutiennent le projet de loi renseignement. Que la presse cesse donc de parler du supposé (ultra) libéralisme de la droite.

En attendant que le Parti Libéral Démocrate ait des élus au Palais Bourbon, nous semblons enfermés dans un dialogue entre étatistes et dirigistes pour lesquels la libre-concurrence et la séparation des pouvoirs ne sont pas des concepts importants.


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À Lire aussi : La France aveuglée par le socialisme

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  • Tous ces gens se sont endormis sur leur statut privilégié d’élu et n’ont plus aucune colonne vertébrale. Seul compte pour eux le résultat des prochaines élections…

  • En 2004 Xavier Bertrand avait fait des promesses aux Chirurgiens…ELLES N’ONT PAS ÉTÉ TENUES, Après 2007 le rapport Larcher et les plans hôpitaux aboutissent à la loi HSPT anti libérale: NS perdra les élections alors que les 2/3 de médecins avaient voté pour lui en 2007:
    Cette attitude a creusé le sillon de la Loi Santé
    Où étaient les élus de l’opposition lors du vote?93% étaient à la pêche!!
    Je décris cette crise et ce psychodrame dans mon livre:
    CHIRURGIE,chronique d’une mort programmée Ed L’Harmattan: Ch. IV « médecins et politiques’
    Les médecins vont entrer en résistance, certains voter Marion MLP qui s’est opposée, d’autres partiront!
    C sera listes d »attente et médecine à deux vitesses…

  • Il ne faut pas être naïf …

    Marine Le Pen ne se trompe pas quand elle parle de UMPS.

    Quelle meilleure preuve de l’impuissance de nos politiques de droite comme de gauche aux ordres

    • Mouais… Sauf que les solutions du FN sont tout aussi illibérales. La Marine nationaliste ne rêve que de remplacer les usurpateurs actuels, pour usurper le pouvoir à son tour. Voilà qui nous fait une belle jambe !

      L’impuissance des politiciens se résume simplement : ils appliquent indifféremment le même programme foncièrement illibéral, peu importe leur étiquette politique. Le FN n’est pas différent. Seuls changent les boucs émissaires pour abuser les gogos.

  • La droite française n’a jamais été libérale. Il n’y a aucune surprise dans ces prises de postions

    • Pas exactement, elle a une composante libérale qui a toujours été muselée et institutionnellement incapable de nouer d’autres alliances. L’UMP n’est pas libérale mais pour les mêmes raisons politiciennes et historiques, l’UDI ne l’est pas plus, hélas.

      • Exact, depuis 1981 la destruction de la composante libérale de la droite a été l’objectif principal du PS qui avait dès cette époque senti le vent venir. Le procès en dénigrement de Thatcher et Reagan a été hallucinant.

        « Car aucune femme sur la planète
        Ne sera jamais plus con que son frère
        Ni plus fière, ni plus malhonnête
        A part peut-être Madame Thatcher »

        Et je passe sur les monopoles du cÅ“ur, sauvons la planète et autres SOS racismes … depuis cette époque, libéral est devenu une insulte.

  • La loi Macron libérale, mais on croit rêver

    – Travail dominical : augmentation des salaires
    – Bus : les TER sont financés par les Régions : c’est de la pure centralisation jacobine
    – Profession réglementées : remplacer des libéraux par des fonctionnaires
    – Actes de justice : Réglementation des honoraires
    – Notaires : Réglementation renforcée
    – Permis de conduire : remplacement des examinateurs par des fonctionnaires
    – Tribunal de Commerce : remplacement des juges libéraux par des fonctionnaires
    – Prud’homme : remplacement des avocats par des syndicalistes
    – Cessions d’actif : programme de nationalisation partielle : les actifs libérés devant être utilisés pour donner la minorité de blocage de l’Etat dans des entreprises stratégiques.

    Mais ouvrez les yeux et arrêtez de croire tout ce que les socialistes racontent : cette loi est à 100% socialiste : il n’y a pas une seule mesure libérale dedans.

    • totalement d’accord pour dire que la loi Macron fait la part belle à l’étatisme, en gage donnés à la gauche.

      c’est justement aux députés, en théorie, à amender ses dispositions qui ne conviennent pas dans le sens d’une libéralisation de l’économie, pour la rendre cohérente.

      • Franchement, je ne sais pas ce qu’il y a à amender : cette loi est juste une totale escroquerie à destination de Bruxelles : dans le contenu, c’est le pire pas en arrière vers l’Etatisme pur et dur (à mettre au même niveau que le programme commun de 81) et dans la façade, c’est soit disant libéral.

        ‘On va libéraliser les professions réglementées’ … grands sourires béats et Ohhhh sonores de Bruxelles (suivis par les ‘libéraux’ de tout bord, y compris sur CP) …. on regarde le texte : ‘On va remplacer les professions libérales réglementées par des fonctionnaires’ (et virer toutes ces infâmes professions libérales qui gagnent de l’argent sur le dos de l’Etat …)

        Le truc qui m’a le plus halluciné est le remplacement des avocats aux prud’hommes par des syndicalistes … pourquoi pas des commissaires politiques tant qu’on y est ?

        Quand je pense que nombres de chroniqueurs et de blogueurs sur CP font un procès en sorcellerie à NC et à l’UMP qui dénoncent cette escroquerie … on croit rêver !

        ‘Par derrière, c’est 50 balles moins cher ….’

        Mais réveillez-vous !

  • @huger: bien d’accord.
    Le problème français numéro 1 c’est le nombre excessif d’élus et le pantouflage.
    @stephane boulot:
    c’est certain que cette loi fourre tout est loin d’être libérale. Peut être par ex l’autorisation des transports par car ou encore la délivrance des verres optiques par l’opticien (en cours d’examen) ?

  • A relire l’article, je trouve complètement délirant de citer en référence le rapport Attali dans CP, l’auteur en autre de « Karl Marx ou l’esprit du monde » une des plus belle tentative de holdup que je n’ai jamais lu, à couper le souffle : d’après Attali, Marx serait le plus grand chantre du libéralisme et le plus grand adversaire de l’Etat Hégélien … on croit rêver !

    (à croire qu’il n’a jamais lu une bribe du Manifeste du Parti Communiste)

  • Il est bon de bien rappeler les choses en effet 🙂
    L’UMP n’est généralement pas libérale, donc ce n’est pas elle qui sauvera l’économie, encore moins le FN..

  • Il n’y a rien à attendre de l’UMP mais tout de même, on pourra compter le nombre de voix libérales lors des primaires UMP (où je l’espère, un libéral se présentera).

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