Par Erwan Le Noan.
Un article du site Trop Libre
Quand Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, a présenté son projet de loi « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », plusieurs ont ricané sous cape : le texte n’était certes pas « la loi du siècle » pour reprendre les propos de François Hollande mais de là à en être réduite au traitement des transports en bus en province…
Ils avaient tort ! La loi n’est pas encore entrée en vigueur – elle n’est pas même formellement adoptée par le Sénat –, et voici pourtant qu’elle produit déjà certains effets ! Preuve s’il en faut que des plus petites mesures peuvent naître quelques grands effets.
La loi Macron prévoit de libéraliser le transport en bus, lequel est très réglementé. La presse l’a répété régulièrement : jusqu’à aujourd’hui, il n’est pas possible de faire un trajet Paris-Clermont-Ferrand en autocar. Seuls les trajets internationaux sont permis. Emmanuel Macron veut changer cela pour que le nombre de passagers passe de 110 000 en 2013 à plus de 5 millions dans les années à venir (en Grande Bretagne, la libéralisation qui s’est faite au début des années 1980 a fait croître de 50 % le trafic, avant qu’il ne se stabilise).
Selon un groupe d’économistes indépendants mandatés par le gouvernement et dirigés par Anne Perrot, ancienne vice-présidente de l’Autorité de la concurrence, cette réforme des autocars pourrait conduire à une création de 22 000 emplois nets et à une baisse sensible des prix pour le consommateur. Ce n’est pas totalement une surprise : l’Autorité de la concurrence avait déjà plaidé en ce sens en 2014.
Au-delà de ces chiffres qui, pour honorables qu’ils sont, ne sont pas impressionnants quand on se souvient qu’il y a plusieurs millions de chômeurs en France, la libéralisation du transport par autocar s’inscrit dans une révolution du secteur du transport de voyageurs, profondément concurrentielle.
Cette semaine, Air France a annoncé développer une nouvelle offre autour de sa bannière « Hop ! », pour densifier sa présence sur le réseau national et ainsi gagner des parts de marché en France. Le directeur de Hop ! a été très clair : cette démarche s’inscrit dans une riposte « vis-à -vis du maillage territorial […], le train, et les autocars qui arrivent ». Car, sans qu’il soit besoin de revenir sur l’exemple du développement fulgurant du low cost (il faut lire ici et là les analyses d’Emmanuel Combe à ce sujet pour la Fondation pour l’innovation politique) c’est bien tout le secteur du transport qui bouge ! Les initiatives prolifèrent : la concurrence stimule l’innovation et la recherche de solutions nouvelles, au bénéfice des consommateurs.
Du côté de la SNCF, si l’inquiétude est toute relative face à l’initiative d’Air France, la vigilance est de mise en raison des offres alternatives au rail qui se développent rapidement. Depuis plusieurs années la compagnie ferroviaire a bien compris qu’elle devait renouveler sa stratégie : en 2013, elle lançait par exemple Ouigo, les TGV low cost pour attirer et conserver ses clients. Le concurrent dans le viseur de l’entreprise nationale est le covoiturage (et particulièrement Blablacar) dont le succès expliquerait en partie la baisse du trafic sur les TGV.
Le secteur du transport de voyageurs est en pleine mutation
De nouvelles opportunités à moindre coût s’offrent aux consommateurs, ouvrant une palette de choix et de gammes toujours plus large : le covoiturage, les voitures de location ou d’emprunt (comme Autolib à Paris), le low-cost aérien – sans parler de Uber et autres ! Ce bouillonnement de création pousse les acteurs traditionnels à se révolutionner (Air France, SNCF, taxis etc.) : ils proposent des services nouveaux, des prestations rénovées. Bref, c’est toute la façon de penser la mobilité qui est bouleversée !
Tout cela est permis par la stimulation du marché, portée par internet qui permet aux consommateurs de comparer facilement les prix et qui facilite la mise en relation de l’offre et de la demande. Le smartphone est le nouveau GPS du voyageur. Il est aussi le meilleur ami de son portefeuille.
Dans les années 1970-1980, le secteur du transport de marchandise avait fait sa révolution. Le brillant livre The Box l’a montré : cette mutation était permise notamment par l’invention du conteneur. Le monde en a été bouleversé, cette invention géniale facilitant la mondialisation. En France, il faut se rappeler que jusqu’en 1986 le transport routier de marchandises de plus de 150 kilomètres était soumis à autorisation administrative (pour ne pas concurrencer le rail). Sa libéralisation a fait croître le secteur, augmenter l’emploi, chuter les prix. Gageons qu’il en ira de même et de façon décuplée grâce aux nouvelles technologies, pour le transport de voyageurs !
Que d’optimisme ! Faites donc confiance au législateur pour trouver des règles plus subtiles pour limiter la croissance du transport par autocar. La SNCF ne peut être abandonnée en rase campagne, seuls ses voyageurs le peuvent.
En attendant ça commence a être concret 2 aller retour Paris Toulouse chaque jour je viens de faire un petit test 66 euros l’aller pour deux personnes (Duree 8H30), la même date SNCF le meilleur prix 120 euros (Duree 5h30) en gros sur cette journée du 30 avril SNCF est au double du prix et je n’ai pas fait dans l’autre sens a savoir chercher le meilleur prix chez Megabus. N’ayant pas eu le choix pendant des années un peu comme France Telecom a une époque nous nous sommes fait plumer pendant des années, je ne pleurerai donc pas sur le sort de la SNCF, pourvu que les autoroutes tiennent le coup car si elles reviennent dans le girons de l’etat j’ose pas imaginer les greves pour obtenir des avantages en tout genre et du coup avoir la double peine, des péages qui auront baissé dans un premier temps puis qui dans un deuxième temps reviendront au même prix avec un service complétement dégradé puisque la recette n’ira quasiment plus que pour la nouvelle masse salariale (L’état ferait mieux par exemple pour les autoroutes d’imposer les revetements anti-projection par le biais d’une norme par exemple (c’est top pour la sécurité), mettre une cotisation sociale sur les cabines automatique de péage) ce serait déjà pas mal.
Le temps que nos dirigeants pondent de nouvelles lois, elles sont déjà dépassées par le perpétuel renouvellement des offres des entreprises. Un état qui ne se remet pas en question est un frein et un obstacle à l’épanouissement.
c’est le problème de cette loi fourre-tout : on ne peut pas toujours être contre….
Je ne comprends pas : l’article est laudateur sur la personne de Macron : sa photo, sa loi aurait révolutionné le transport européen en exagérant à peine… Mais en même temps, il insinue que la loi ne fait que suivre le mouvement général dans les transports.
Il faut choisir : Soit « la loi de la libération des bus en province a provoqué » une révolution, soit « elle s’inscrit dans la révolution en cours » !
Est que l’état libéralise l’économie quand il ne fait que limer les aspérités d’une réglementation dont l’esprit perdure ? Si l’auteur pense que les idéologues étatistes ou socialistes seront convaincus devant leurs effets bénéfiques, il se trompe. Ils penseront simplement qu’ils sera bientôt temps de corriger les choses…
« Limer les aspérités de la réglementation », la plupart des gens appelle ça libéraliser.
Dans la situation actuelle, faire la fine bouche ?
Pour aller bosser à la ville, le bus c’est bien. Encore faut il faire une pub locale dans ce sens.
Des chauffeurs de bus, il en faut et puis cela permettra de dimensionner le transport de voyageurs en zone courte pour les scolaires, les étudiants et celles et ceux qui travaillent zone urbaine. Moins de bagnoles sur les rocades, sur les routes. C’est super chouette !
Oui la libéralisation du transport par bus est une avancée. Elle est partielle et encore très encadrée mais c’est tout de même un progrès. Par expérience sur le trajet Grenoble Nice le réseau de bus existant est infiniment supérieur au train: un seul changement, horaires plus stables, correspondance garantie à Sisteron, tarif dérisoire (subventionné par les Régions).
Aujourd’hui le transport par bus est réparti entre les communes ou intercommunalités, les départements et les régions. Chaque collectivité locale gère ses lignes sur son territoire avec ses horaires et sa politique tarifaire. Chacun dans son coin bien entendu. La qualité de service dans la région est déplorable avec des bus bondés aux heures de pointe et plus aucun bus après 19h30.
Les tarifs étant lourdement subventionnés, il est financièrement impossible qu’un concurrent s’installe. Si la loi Macron améliore la situation de ce point de vue cela ne peut que bénéficier aux consommateurs.
A la vue du mini-CV de l’auteur de ce texte, ce monsieur semble n’avoir jamais travaillé dans une entreprise du secteur concurrentiel. Cela lui donne sans doute toute l’autorité nécessaire pour parler de concurrence.
Dommage que les grincheux institutionnels de Contrepoints n’aient pas eu l’honnêteté de mettre un bon point, cela les aurait rendus plus crédible.
C’est la porte ouverte aux travailleurs détachés. Attention à la concurrence venue de l’Est.