Consentement, ou le sentiment d’être pris pour un con

Le consentement est censé fonder la légitimité de l’État, mais il n’existe aucun moyen de ne pas le donner, si ce n’est par la rébellion.

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Consentement, ou le sentiment d’être pris pour un con

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 avril 2015
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Dans un système politique, requérir le consentement des citoyens pose en théorie une limite au despotisme. Avant, le souverain faisait ce qu’il voulait, et les autres faisaient aussi ce que lui voulait ; désormais, il faudra qu’ils soient d’accord. Enfin, sur le papier. Dans les faits, le consentement est une fiction, au même titre que le contrat social.

En matière fiscale, le consentement est un postulat : les contribuables sont considérés comme consentant à l’impôt, quel qu’en soit le montant et quoi qu’il finance, et sans que la question leur soit posée. Il n’y a pas de rubrique dédiée au consentement sur la déclaration d’impôts, et si son dû n’arrive pas, l’État viendra directement se servir. D’accord ou pas d’accord, il faut payer.

En matière de représentation démocratique, tout est consentement : on peut être d’accord, ou être d’accord. Comme le montrait un article de Reason faisant référence à Spencer :

« Disons qu’un citoyen vote et que son candidat est élu. On comprend donc que l’électeur a donné son blanc-seing à son représentant. Et s’il avait voté pour le perdant ? Eh bien, alors, « en prenant part à une telle élection, il a tacitement accepté de se plier à la décision de la majorité. » Et s’il s’est abstenu ? « Mais alors, il ne peut pas légitimement se plaindre… dans la mesure où il n’a émis aucune protestation. » Spencer résume : « Curieusement, il semblerait qu’il donne son consentement quelle que soit la manière dont il agit – qu’il dise oui, qu’il dise non, ou qu’il ne fasse rien ! Étrange doctrine que celle-là ». »

Récemment, l’idée de rendre le vote obligatoire refait surface. Cela revient à obliger les citoyens à choisir entre la peste et le choléra pour ensuite affirmer qu’ils ont volontairement contracté l’une ou l’autre maladie. Concrètement, le consentement n’existe que si son absence est possible. Mais d’accord ou pas d’accord, il faut obéir.

Mis bout à bout, cela revient à dire que les citoyens sont censés appliquer des lois et payer des impôts qu’ils n’ont jamais acceptés, votés par des représentants qu’ils n’ont pas toujours choisis, sans aucun recours. L’État est en théorie au service des citoyens ; mais dans les faits, ils sont à sa merci.

Alors qu’il n’existe aucune possibilité de dire « Non », ce mot, « Merci », disparaît. La solidarité forcée n’a plus rien d’un don, les comportements imposés n’ont plus rien de vertueux. Il en ira désormais de même du don d’organes : celui-ci deviendra un simple prélèvement. Les élus ont en effet adopté une nouvelle position sur le consentement : ne pas explicitement refuser, c’est accepter. Et pour refuser explicitement, il faut passer par l’État. Outre le fichage des récalcitrants au prélèvement, le don disparaît, et la volonté du défunt ou de ses proches est remplacée par une formalité administrative.

De même, les députés ont examiné cette semaine le projet de loi sur le renseignement : désormais, les données de connexion seront systématiquement analysées. Les données (ou métadonnées, cela revient pratiquement au même) de tous les citoyens passeront par les algorithmes de l’État, faisant fi de la vie privée et de la présomption d’innocence. Pour identifier des suspects, on tentera de les identifier par le data crunching généralisé des données de connexion des honnêtes gens. D’accord ? Pas d’accord ? Cela ne change rien. Alors que l’État se prévaut de protéger les données personnelles via des lois et commissions, il va, lui, les collecter, les soumettre à ses algorithmes, les passer au crible. À aucun moment, on ne demandera plus leur avis aux citoyens.

La surveillance n’est pas un outil de lutte contre le terrorisme. Elle est présentée comme telle, justifiée comme telle, mais ce n’est pas le cas.

Les lois antiterroristes américaines ont été promulguées après le 11 Septembre, et il a été découvert récemment qu’elles faisaient régulièrement l’objet d’abus ; que beaucoup pouvaient y avoir accès, que cela soit pertinent à leur mission ou non ; et qu’ils en profitaient pour suivre les conversations romantiques voire érotiques des soldats déployés à l’étranger avec leurs conjoints restés au pays, et celles du citoyen lambda. Les agents du renseignement américain abusent clairement du pouvoir qui leur a été confié – ou plutôt, qu’ils se sont arrogés. Les lois ont été promulguées après le 11 septembre, mais la surveillance a commencé avant. Avant les années 2000 et la « guerre contre le terrorisme » ; dès 1992, dans le cadre de la « guerre contre la drogue ». Avant les attentats, les téléphones des Américains étaient déjà surveillés. Ces deux « guerres » ont servi de justification à des pouvoirs étendus, et depuis largement et gravement abusés.

rené le honzec big brotherLes Américains ne sont pas les seuls dans ce cas. En France, les données personnelles sont déjà surveillées depuis 2007 au moins, sans aucun contrôle ni par les citoyens, ni même par leurs prétendus représentants. À croire que l’État a, lui, des choses à cacher : il a des secrets pour les citoyens, mais eux ne devraient avoir aucun secret pour lui.

À l’origine garant des droits individuels, l’État s’est progressivement imposé comme régulateur puis gestionnaire de tout ce qui est commun. Et le périmètre de ce qui est commun n’a fait que grossir. Les infrastructures, la santé et la solidarité, l’éducation, la culture… Les notions ont évolué : alors qu’on garantissait avant la sûreté des individus contre une atteinte avérée, il s’agit désormais de garantir la sécurité collective contre des risques et menaces parfois hypothétiques.

Et c’est ce qui, inéluctablement, survient, à partir du moment où on accepte de subordonner l’individu au collectif, de subordonner la volonté individuelle à une chimérique volonté générale, de subordonner les droits inaliénables à des droits « acquis » (ou « donnés », selon le point de vue). Le collectif et l’État ont intérêt à faire de tout ce qui est privé une chose commune puis une chose publique, et c’est précisément ce qu’ils font.

Il n’y a pas de solution simple pour reconquérir les libertés individuelles, pour reprendre ce que l’on aurait jamais dû perdre. En théorie, le droit de résistance à l’oppression est garanti par l’État – en pratique, il est le seul à pouvoir opprimer. On ne peut opprimer que par la force, et il est le détenteur du monopole de la violence légale.

La France prend une inquiétante trajectoire. Le consentement des citoyens est négligé. Les libertés individuelles se réduisent comme peau de chagrin en l’absence de défenseurs. En serez-vous un ?

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  • Merci. Quand on voit que même sur CP des auteurs se sont mis à analyser les faits dévoilés par des écoutes avant même de se poser la question de la légitimité de ces écoutes… Qui pour défendre quoi ?

  • La France ? Non. Les Français, qui quoi que vous en disiez consentent plus ou moins explicitement à tout cela puisqu’ils ne se rebellent pas. Même sur Contrepoints, souvenez-vous du peu de soutien aux Bonnets Rouges…

    • La rébellion dans la tête produit des soupirs inexprimables que Dieu entend et exauce quand c’est selon sa volonté et donc selon sa parole.
      La rébellion dans la rue produit souvent des victimes de répression. Monsieur MichelO, conseilleur de son état, tirez le premier.

      • Je vous faisais justement remarquer que ceux qui se plaignaient le plus fort ont été les premiers à lâcher les Bonnets Rouges. J’ai la tête près du bonnet, mais pas au point de me lancer inconsidérément.

  • Pour l’impôt, le juste a encore de l’espoir : ce jour-là ça va cogner sec !
    « Le butin du puissant lui sera-t-il enlevé? Et la capture faite sur le juste échappera-t-elle? –
    Oui, dit l’Éternel, la capture du puissant lui sera enlevée, Et le butin du tyran lui échappera; Je combattrai tes ennemis, Et je sauverai tes fils.
    Je ferai manger à tes oppresseurs leur propre chair; Ils s’enivreront de leur sang comme du moût; Et toute chair saura que je suis l’Éternel, ton sauveur, Ton rédempteur, le puissant de Jacob. » (Esaïe 49 :24-26)

  • il est plus prudent de vivre modeste de vendre ses biens si l on est riche ,terrain.apparts .,villas est ,de convertit ses € en monnaies solides et de louer un bon coffre dans les pays enneiges ….!!

  • La trajectoire est inquiétante, en effet.

  • Dans l’esprit de Spencer, je dirais: on s’inquiète à tort du peu d’espoir d’amélioration sociale réelle que nous laissent les structures tyranniques dans lesquelles on vit… Il faut bien se dire que les tyrans et leur sbires ont encore moins d’espoir d’amélioration !

    Les tyrans et autres gouverneurs imbéciles vivent en fait dans la même horreur existentielle que les victimes « consentantes » de leur interventionnisme arbitraire. Ils sont déchus, meurent et se font assassiner avec la même fréquence que les gouvernants libéraux de qualité (voire plus souvent?) Le fait de faire cuire des grenouilles en portant doucement leur milieu ambiant à ébullition, celui d’inspirer la terreur ne leur donnent pas VRAIMENT de satisfaction car se faisant, ces faits soulignent d’autant plus une autre réalité imparable: avec quelle absurde facilité chacun, même le tyran, peut – sans s’en rendre compte – devenir la grenouille victime des gouts de quelque autre pouvoir supérieur et impitoyable. Le mode de vie autocratique qu’ils choisissent n’a rien de désirable objectivement outre la satisfaction de désirs subjectifs grossiers et immédiats.

    • C’est sûr : ayant déjà tous les privilèges, les profiteurs du système ont beaucoup moins d’espoir d’améliorer encore leur situation. Trop dur !

  • Il n’existe pas un registre national du refus de l’impôt !

    http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F20088.xhtml

    • Il existe pourtant un bureau des réclamation au Fisc et un tribunal administratif qui est chargé d’enregistrer les plaintes contre les impôts. Il en a des tonnes de ma part et en novembre 2015, il pourra commencer à s’apercevoir qu’il aurait dû recevoir les mécontents avec plus d’égards.

  • Un tribunal administratif avec des juges payés par les impôts pour donner leur avis sur des différents avec… les impôts ! Vous ne voyez pas comme un problème de conflit d’intérêt ?

  • Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Art. 14. : « Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. »

    • les impôts locaux par exemple violent 2 lois constitutionnelles mais les tribunaux n’en ont cure. Il faudra payer pour tout cela :
       » Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable; elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. » (art.13. Déclaration de 1789)
      « La loi est votée par le Parlement. La loi fixe les règles concernant… l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute nature. » (Art. 34 de la Constitution de 1958)

      « Nul ne peut être contraint à faire ce que la loi n’ordonne pas. » (Art 5 des ddl)

      • Vous voudriez que les Parlementaires votent la taxe d’enlèvement des ordures ménagères de votre commune ?

        • Ce n’est pas moi qui le veut mais la Constitution. Ce n’est pas moi non plus qui veut à certains endroits rouler à 70 alors qu’un conducteur pourrait rouler bien plus vite à sa main, mais on se prend un beugnet parce que parait-il c’est la loi. Eh bien dura lex sed lex pour la Constitution aussi, je devrais même dire pour la Constitution d’abord.

    • Les représentants visés par l’art. 14 existent, ce sont les députés et sénateurs. Vous trouvez qu’il n’y a pas assez d’élus ?

  • Ca va coincer. L’Etat justifie l’impôt par la “justice sociale”, la “redistribution”: +57% de la richesse produite.

    L’argent va manquer et la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde va coincer: pourquoi devrais-je continuer partager le fruit de mon salaire pour des gens qui ne veulent plus rien partager avec moi ? Une frange importante de la société, d’origine étrangère, affiche sa sécession par ses coutumes (nourriture, vêtements, rites religieux, langue, etc…). Cela crée des tensions, du ressentiment.

    L’Etat est coincé: s’il continue avec l’égalitarisme forcé il crée ces ressentiments avec des risques de violence intercommunautaire.
    S’il laisse les communautés organiser leur charité il perd le pouvoir de se servir en tapant dans la caisse.

    C’est comme cela que j’interprète le durcissement policier, l’anti-racisme, le “républicanisme” et les tensions avec les mouvements catholiques: l’Etat va continuer la redistribution, pour se servir, en risquant de plonger le pays dans la violence.

    • Imaginez que vous êtes dans la cage aux fauves avec un sceau rempli d’escalopes bien juteuses. Tant que vous balancez des escalopes tout va bien. Mais quand le sceau est vide …

  • Z’êtes pas très Charlie vous, attention.

  • Oui j’en suis un même si il faut prendre les armes…

  • Ces politiciens qui souhaitent le  » vote obligatoire  » veulent en réalité mais ils se gardent de le dire ainsi  » l’ élection obligatoire  » le vote blanc ne les intéresse pas ils souhaitent que nous exerçons notre pouvoir pour élire donc mandater la personne qu’ on préfère peu importe qu’ elle obtienne 4 % ou 51 l’ élue de son coeur , pas forcément la vainqueur ….
    Ce qui est cocasse est que ces politiciens veulent obliger les gens à perdre leur petit pouvoir démocratique puisque après l’ avoir donné il ne vous sera pas rendu … jusqu à la prochaine élection !

  • Le consentement forcé, un oxymore en général utilisé pour éviter de parler de viol…

  • Pareil en matière de répression routière où tous se gardent bien de nous demander si nous sommes d’accord sur ces sanctions sans nuances. Et plus décourageant le peu de citoyens à protester, et même seulement à lire un livre comme « Radars et justes sanctions » et poster un avis.
    Tous semblent résignés, sans espoir, sans idées.

    http://www.monbestseller.com/manuscrit/radars-et-justes-sanctions-texte-integral?page=1#comment-13049

  • Un très bon papier, merci

  • Pour certaines vaccinations, la France et quelques pays se dispensent de l’hypothèse d’un consentement alors que ces traitements s’adressent à des individus a priori sains pour leur provoquer une maladie présumée atténuée et maîtrisée contre un risque généralement marginal, pour ne pas dire nul… Pourtant à côté de cela s’étalent de grands textes sur l’inviolabilité du corps humain et le consentement éclairé préalable à tout acte médical (loi Kouchner notamment).

  • Le vrai problème est que nous ne savons pas défendre la liberté sans contrevenir à cette même liberté.
    Nous sommes bien obligés d’accepter un cadrage et un contrôle du respect du cadrage pour éviter de nous retrouver sous le joug de prétendus libertaires qui sont de véritables dangereux assassins.

  • Mais quittez la France bordel ! Fini les histoires de patriotisme ou de je ne sais quoi. Vous êtes sur le Titanic et vous vous dites qu’il serait dommage de prendre le large à cause du beau lustre dans la salle de réception. Il suffit de voir qui attend patiemment depuis près de 30 ans l’effondrement de ce système pour le reprendre : les communistes (ou gauche radicale si vous préférez) et le FN. Ce n’est pas un candidat avec des idées radicalement innovatrices et libérales qui reprendra le bateau, si encore un tel candidat avait commencé à militer il y a 15 ans … Beaucoup de libéraux se disent que la révolution française s’est faite avec moins de 1% de la population et la révolution américaine avec 4%. Mais les libéraux ne surpasseront jamais les socialistes, le FN, les musulmans, l’armée ou même les monarchistes … Donc à moins que tous ceux là laissent gentiment les libéraux prendre le pouvoir, rien ne s’améliorera. Quittez la France avant qu’un mur physique ou législatif vous en empêche !

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