Bruxelles : le corporatisme des taxis face à Uber

Les tensions entre Uber et taxis se sont accentuées depuis que les autorités bruxelloises ont prévu d’accorder un cadre légal à la société américaine.

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Bruxelles : le corporatisme des taxis face à Uber

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 avril 2015
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La guerre menée par les groupements de taxis traditionnels contre Uber continue. Un peu partout, ils tentent de faire interdire l’application qui les soumet à une rude concurrence. À Bruxelles, les tensions ont atteint un nouveau sommet après l’arrivée de véhicules Uber à l’aéroport de Zaventem. Analyse.

Par Alice Perrin.

Uber credits joakim formo (CC BY-NC-SA 2.0)
Uber credits joakim formo (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Après Paris et Genève, Bruxelles. Dans la capitale belge, les taxis battent le pavé, dénonçant le rôle joué par le nouvel arrivé en ville : la société américaine Uber – à la fois groupe multinational et réseau de proximité qui a largement ouvert le marché du travail – accusée de court-circuiter le secteur traditionnel des taxis et le sacrifier sur l’autel de la concurrence déloyale par ses détracteurs. Les tensions se sont accentuées depuis que les autorités bruxelloises ont prévu d’accorder un cadre légal à la société américaine. Début mars, à Bruxelles, plus de 600 chauffeurs de taxi avaient manifesté contre Uber avec leur véhicule, bloquant le centre de la ville pendant plusieurs heures.

Au cÅ“ur du débat, certaines branches de la société californienne. Uber propose notamment le service UberPOP qui met en relation des passagers et des conducteurs qui ne sont pas des chauffeurs professionnels via une application pour smartphone. La compagnie américaine assure proposer une technologie et ne pas être une société de transports, ce que contestent ses détracteurs – parfois avec tant de virulence que la situation dérape. Ces derniers mois, d’après la police bruxelloise, se sont multipliées les agressions de chauffeurs Uber par un groupe se faisant passer pour des clients, dont au moins un chauffeur de taxi.

Les tensions ont été vivement relancées après l’arrivée de véhicules Uber à l’aéroport de Zaventem, dans la périphérie bruxelloise. Les taxis officiels qui opèrent à cet aéroport sont soumis à un régime particulier. Depuis 1974, en effet, la licence d’exploitation accordée par une commune permet à un taxi de charger un client dans cette dite commune et de le déposer « n’importe où sur le territoire du Benelux ».  Mais ils ne peuvent pas prendre des clients dans les communes pour  lesquelles ils n’ont pas d’autorisation, à moins que le client en ai fait la demande. Ainsi un taxi bruxellois peut transporter un client jusqu’à l’aéroport de Zaventem, mais il doit revenir à vide, sauf s’il a une licence dédiée à cet aéroport – la commune de Zaventem en délivre 200 seulement – ou si un client l’a appelé explicitement pour ce service.

Et c’est là que l’attitude du GTL (le Groupement National des Entreprises Taxis) qui pointe Uber du doigt, est en réalité assez hypocrite. D’un point de vue légal, les chauffeurs Uber, qui ne peuvent se voir octroyer une licence sont, eux, explicitement et spécifiquement appelés du fait de l’application, ce qui les autorise théoriquement à exercer. De plus, l’interdiction de charger en dehors de sa zone d’activité – et tout particulièrement à Zaventem – est systématiquement et quotidiennement violée par un grand nombre de taxis. La plupart des exploitants ne respectent pas les conventions et les chauffeurs bruxellois, sous-payés, vont arrondir leur fin de mois à l’aéroport. Plus généralement les fraudes se produisent partout. Des contrôles effectués en région bruxelloise prennent régulièrement en défaut des taxis flamands chargeant à Bruxelles. La demande des taxis est donc totalement absurde, puisqu’ils exigent de la concurrence qu’elle respecte une loi qu’ils contestent et mettent eux-mêmes à mal.

Du côté de la population, le vent semble clairement souffler en faveur d’Uber. En février, une pétition de soutien mise en ligne par Uber à Genève comptabilisait plus de 13 000 signatures, soit plus de 5 fois l’objectif initial. Force est de constater que le groupe bénéficie d’un soutien populaire assez global là où il est implanté, et même dans certaines villes qui ont déployé des ponts d’or pour que la société s’y installe, notamment en Allemagne. La compagnie agit aussi sur le terrain légal. Elle a contre-attaqué en déposant des plaintes  contre la France, l’Allemagne et l’Espagne auprès de l’Union européenne (UE). Uber fait valoir que les efforts déployés par les gouvernements de ces pays pour enrayer son activité sont contraires aux dispositions communautaires sur la libre concurrence.

Cette crise montre bien que le modèle corporatiste du transport bruxellois est dépassé et souvent  injuste dans l’allocation des licences et la location des véhicules. Pourtant peu de chauffeurs souhaitent collaborer avec Uber, ce que ce dernier propose pourtant. « On ne travaille pas avec une organisation illégale », répondent certains. Un argument qui pourrait bien se retrouver rapidement obsolète alors que Bruxelles est en voie de créer un cadre légal autour d’Uber, et plus généralement de la mobilité partagée.

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  • Encore un problème pris par le mauvais bout.

    Les taxis de Bruxelles sont littéralement rançonnés par les pouvoirs publics, et sont considérés non comme des facteurs essentiels de mobilité, mais comme des gadgets pour riches.

    Ce n’est pas Uber qu’il faut plomber, mais bien aux taxis qu’il faut accorder la liberté indispensable à leur travail, en supprimant le corporatisme, les patentes, et autres manoeuvres rapaces qui en rend le prix finall trop onéreux.

    Comment ? Que tous lles taxis renvoient leur carte, et s’inscrivent chez Uber !

    Là, on verra la Région se calmer 🙂

    • rigolez pas, je suis taxi en France et j’avais pensé enlever le lumineux et le taximetre le weekend pour arrondir les fin de mois, mais devant la férocité des collègues et même des pouvoirs publics j’ai laissé tombé, comme vous dites c’est pas tant qu’ Uber exerce qu’on lui reproche, c’est que les chauffeurs ne sont soumis à aucunes réglementations que ce soit au niveau du service ou du matériel, alors que nous on croule littéralement sous les réglementations et les contrôles, chez nous les boers veillent et je ne m’aviserais pas de prendre en charge un client qui ne m’a pas commandé à un aéroport, les collègue/concurrents seraient les premier à balancer de toutes façons, et je les comprends….
      le problème c’est que j’ai payé une licence la peau des C***** et les deux bras et si demain tout est libéralisé qui va me rembourser cette perte sèche?

      • Donc que proposez-vous ? D’un côté vous prônez la libéra(lisa)tion du métier et la dérégulation, mais de l’autre vous craignez la perte du capital investi dans la licence.
        Parce sans médiation, le point de vue libéral c’est : La licence est gratuite, si vous l’avez achetée chère vous avez spéculez et vous devez donc assumer vos propres risques.

        La mutualisation de la perte est impensable : Pour la capitale, il y a 17 137 licences à 235 000€ pour 2.268 millions d’habitants de Paris, ça fait une perte sèche de 1 775,5€ par habitant (donc en comptant les foyers non-imposables, les enfants…).
        Si on l’étend à toute l’île de France on arrive quand même à 904€ par foyer fiscal imposable, c’est colossal !

        • spéculer mdr! c’est sur que si j’avais eu le choix de ne pas acheter je ne l’aurais pas fait! mais renseignez vous un peu et vous comprendrez que des fois on a pas le choix, c’est le genre de choses ou on m’aurais dit:  » tu veux bosser petit? bah tu raques! sinon pôle emploi c’est las bas! »
          « spéculer » j’hésite entre rire et pleurer…. les licences gratuites ça existe mais c’est à la tête du client et je n’avais pas le bras assez long.
          ah refaire c’est évident que je préférerais « spéculer » sur quelque chose qui rapporte, ah oui au fait, toutes les licences de taxi ne rapportent pas plus à la revente pour info, en province l’intérêt est limité sur ce genre de produit et juste récupérer sa mise est déjà une fin en soit, 99% de CA en travaillant pour la Sécu, avec les temps qui courent et le serrage de boulons de la site Sécu, les acheteur ne se bousculent pas au portillon vu les chiffres d’affaire . 🙂

          donc libéraliser oui, m’asseoir sur ma « spéculation » ( re mdr, appelez ça gabelle ou dîme si vous voulez à la rigueur) obligatoire dont j’ai du m’acquitter bah non désolé, pas demandé à devoir payer ça pour bosser.
          bonne soirée

        • Je ne suis pas trop d’accord avec votre point de vue « libéral ». Pour moi, le point de vue libéral est que les taxis ont signé un contrat implicite avec l’état, contrat qui les met dans une situation intenable aujourd’hui qu’on se rend compte que c’était un système débile. L’urgence est de construire une solution de transition vers une liberté quasi-complète (je dis quasi, parce que la force publique n’est peut-être pas inutile afin d’éviter les arnaques dans un métier où le client peut trop facilement se transformer en pigeon). Une solution à l’italienne, où chaque détenteur de licence peut en vendre une ou plusieurs autres à son profit, permettrait une réduction en douceur du prix des licences (et si on avait commencé il y 5 ans comme le préconisaient certains, le problème serait aujourd’hui bien moins aigu). Si on accompagnait ça d’une réduction drastique des obligations pour les taxis, il n’y aurait sans doute pas de grosses pertes. Mais il faudra bien admettre que l’état et les taxis devront faire des efforts, et ni l’un ni les autres n’ont la coutume de le faire.

  • Et si je proposais mes services comme rédacteur d’articles pour un site Web ou pour un quotidien ? Je pourrais créer un site qui met en relation des écrivains et des demandeurs d’articles. Tout cela sans payer de cotisation. Même principe qu’Uber mais pour la rédaction d’article. Le journaliste qui a écrit cet article se poserait peut-être un peu plus de question. Et si on créait cela pour tout les métiers, finalement plus d’ONSS à payer, plus de charges patronales … Tiens, cela s’apparente finalement à du travail au noir …

    • La « journaliste » qui a écrit cet article n’est pas payée puisque c’est un travail bénévole. Donc elle ne se pose pas trop de questions sur le sujet.
      Quand au travail sans « charges sociales », ça s’apparente plutôt à ce que les libéraux préconisent, c’est à dire le travail libre, la rémunération libre, et la liberté d’assurance.

  • Il faudra penser, bientôt, aussi a dereglementer le monopole du parlement européen sur régi arbitrairement le devenir des activitees des uns et des autres sans se soucier de leurs devenir ! Tout ceci en ne respectant pas les US et coutumes ancestraux qui font aussi des différentes nations europeenes leurs identités a travers leurs particularités et leurs charmes . Que serai la France sans ces taxis râleurs ? Que sera demain la france avec une libéralisation outrancière de ses transports de voyageurs? Pour ma part demain je vais faire du taxi pop et je m exonererai de toutes charges qui permette a mes enfants d aller a l école et a mes vieux parents d être hospitaliser ! Et vive la libéralisation …! Vous êtes des utopistes messieurs les dirigeants de Bruxelles !

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