Si le Québec subventionnait moins de projets énergétiques non rentables, tout en laissant cours au développement de ses ressources – notamment pétrolières –, les contribuables québécois, tout comme l’État, seraient beaucoup plus riches, montre l’IEDM dans un Point sur les choix énergétiques du Québec.
Dans ce contexte, l’ouverture que semble démontrer le gouvernement au développement des ressources pétrolières est une occasion de réexaminer certains des choix énergétiques du Québec, selon les auteurs. Et ce, afin de déterminer quelles politiques pourraient enrichir, plutôt qu’appauvrir, les contribuables québécois. Youri Chassin, co-auteur de la publication, explique :
« Le Québec abonde en ressources énergétiques, notamment l’hydroélectricité, mais les gouvernements successifs se sont trop souvent servi de la politique énergétique pour soutenir de coûteux projets réputés favorables à l’environnement, mais qui ont très peu d’impact. En même temps, les efforts en vue de développer les réserves pétrolières de la province ont essuyé retards et obstacles réglementaires, en plus de l’opposition de groupes militants »
Il ne s’agit pas ici de soutenir que tous ces choix énergétiques ont nécessairement été mauvais, ajoute-t-il, mais bien de souligner que ces décisions ont un coût, et que les Québécois doivent en être mieux informés.
Par exemple, l’IEDM a calculé qu’Hydro-Québec verse l’équivalent de 695 millions de dollars par année en subvention indirecte au secteur de l’énergie éolienne. Ceci équivaut à environ 200 $ par ménage québécois, pour produire une minuscule portion de l’énergie de la province. Quant au programme d’électrification des transports personnels qui offre, entre autres, une subvention pouvant atteindre 8000 $ à l’achat d’un véhicule entièrement électrique ou hybride rechargeable, il a coûté environ 22 millions de dollars en 2014 – un montant appelé à augmenter au cours des prochaines années. Une étude de l’IEDM de novembre 2014 mettait pourtant en lumière le faible impact d’une telle mesure en termes de réduction des gaz à effet de serre.
« En revanche, les projets d’exploitation pétrolière n’ont pas à être subventionnés, il suffit de les autoriser », dit Bradley Doucet, coauteur du Point, qui souligne que des entreprises privées sont intéressées à développer les ressources pétrolières du Québec dans des régions comme celle de Gaspé et sur l’île d’Anticosti, dont le potentiel est estimé à plus de 40 milliards de barils de pétrole.
Même à 50 $ le baril, l’exploitation de ce pétrole injecterait un minimum de 160 millions de dollars de redevances annuelles dans le trésor québécois sur une période de 30 ans. Dans un scénario plus réaliste, on peut estimer les redevances à environ 978 millions par année. En combinant les économies qu’entraîneraient l’abolition de subventions et les redevances générées par l’exploitation de nouvelles ressources pétrolières, cela représenterait 1,7 milliard de dollars de plus et par année pour le trésor québécois. Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM, fait remarquer :
« En privilégiant des sources d’approvisionnement énergétique rentables et abondantes, non seulement les contribuables n’auraient pas à payer pour des initiatives qui ont souvent pour unique objectif de marquer des points politiques, mais en plus, l’État aurait plus de marge de manœuvre pour équilibrer son budget. J’invite notamment tous ceux qui s’opposent aux mesures d’“austérité” à réfléchir sérieusement à ceci »
Le Point sur les choix énergétiques du Québec est signé par Youri Chassin, directeur de la recherche à l’IEDM, et Bradley Doucet, réviseur et analyste de politiques à l’IEDM. Cette publication est disponible sur le site de l’IEM.
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Toujours les mêmes hypothèses en arrière-plan, les mêmes paradigmes et les mêmes blocages.
On parle du prix du pétrole. On parle d’abord d’un prix soumis à un « marché » qui transige en devises fiduciaires à cours forcé. Ce seul détail apporte une nuance énorme à la notion même de « prix du pétrole ». Mais faisons-en fi, car il y a d’autres problèmes.
Donc supposons que le pétrole se transige dans un marché de devises à cours libre. Manifestement, le coût du pétrole « au marché » ne peut à lui seul représenter son coût réel, puisque la géopolitique du pétrole à elle seule présente un coût immense. En effet, au coût du pétrole au « marché » (qui n’a rien de libre), il faut ajouter des éléments importants directement liés au coût du pétrole: une part des taxes que vous payez, la destruction d’autres sources de revenus à long terme et des échanges non réalisés.
Concernant les taxes, il s’agit des dépenses des États pour les opérations diplomatiques, les opérations secrètes, les renversements de gouvernements et éventuellement les opérations d’occupation militaire dans les pays producteurs de pétrole.
Concernant la destruction de sources de revenus, on parle évidemment d’épuiser en 30 ou 50 ans des réserves d’énergie fossiles en échange d’un grand profit rapide, au risque d’endommager d’autres sources de revenus lents (ressources naturelles renouvelables: faune, biodiversité, etc..) mais qui fonctionnent depuis des milliers d’années. À long terme, le calcul est sujet à une valuation contingente. Comme la « propriété publique » permet au gouvernemaman d’esquiver le fait que, dans un pays libre, le territoire est la propriété privée des citoyens, il suffit de jouer une mascarade médiatique en guise de valuation contingente pour éviter d’avoir à définir clairement les droits de propriété individuels.
Concernant les échanges non réalisés, on parle des embargots et des sanctions économiques liées à l’influence du marché du pétrole sur les politiques internationales. Ce sont des enjeux qui se jouent sur la scène internationale, et le « prix du pétrole » au niveau d’une province de colonisés y est complètement soumis, sans aucune influence possible.
Si on aditionne tout ces coûts au coût du pétrole, si le pétrole était réellement échangé dans un marché purement libre, son coût serait énormément plus élevé.
La prestidigitation ultime des maîtres du pétrole est d’avoir réussi à forcer l’utilisation de devises fiduciaires pour réaliser les échanges, permettant alors à ceux qui contrôlent les presses à billets de créer la plus grance machine de planification centralisée que l’histoire ait connu.