Le 1er mai, héritage du pétainisme

Si les Français jouissent du 1er mai comme jour chômé, c’est grâce à Pétain.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 1
Philippe Pétain (Image libre de droits, Library of Congress)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le 1er mai, héritage du pétainisme

Publié le 1 mai 2021
- A +

Par Gérard-Michel Thermeau.

Comme chaque année, et aussi vrai que les muguets fleurissent, le 1er mai les syndicats défilent en bon ordre (généralement dispersé) tandis que les salariés profitent de cet « acquis social » qui inaugure un long mois de jours fériés à répétition.

 

Un jour de luttes longtemps violent

Il n’en a pas toujours été ainsi. Le 1er mai a d’abord été un jour de luttes, de revendications et de violences. Les syndicats ouvriers américains avaient lancé l’idée d’un mouvement d’actions ouvrières à l’occasion du début de l’année comptable qui tombait généralement ce jour-là, en 1884. En 1886, grèves et violences marquent le début du mois de mai. Le 3 mai, des grévistes sont tués, et le 4 mai des violences opposent manifestants et forces de l’ordre, une bombe explose, tuant une quinzaine de policiers.

À l’occasion de l’Exposition internationale de 1889, la IIe Internationale propose d’organiser une grande manifestation pour obtenir l’obligation légale de la journée de 8 heures : les Européens décident de s’aligner sur la date fixée par l’American Federation of labor.

Dès le 1er mai 1890, grèves et manifestations vont marquer une journée rien moins que pépère : d’ailleurs dans les grandes villes ouvrières comme Saint-Étienne, les autorités déploient ostensiblement la troupe pour dissuader les ouvriers de manifester. Le 1er mai 1891 à Fourmies, les soldats tirent sur les ouvriers : bilan, dix morts. Si tous les 1er mai ne revêtent pas un caractère aussi violent, nous sommes bien loin des défilés convenus et paresseux de notre époque. La journée de 8 heures étant obtenue un peu partout après la Grande Guerre, ce jour va tendre à perdre son caractère belliqueux.

Voilà ce qu’il en est pour l’origine du 1er mai, mais qui en a fait un jour férié ?

 

La sainte Trinité du 1er mai

Trois noms viennent immédiatement à l’esprit, Sainte Trinité du 1er mai : Lénine, Hitler et Pétain.

L’URSS a été, ce qui n’étonnera personne, le premier pays à honorer les « travailleurs ». L’Allemagne a amélioré cet exemple en 1933, faisant du 1er mai un jour chômé et payé, ce qui n’étonnera que ceux qui ignorent ou feignent d’ignorer la signification du terme nazi qui renvoie au « parti socialiste national des travailleurs allemands », traduction exacte de NSDAP. Ce n’est pas pour rien si les nazis arboraient un drapeau rouge.

Mais d’un autre côté, si les Français jouissent de ce jour chômé, ils ne le doivent ni à Vladimir Ilich ni à Tonton Adolf.

 

Le 1er mai chômé avec Philippe Pétain

Le 1er mai comme jour chômé est l’œuvre du Maréchal, celui à qui nous devons la retraite par répartition, la fête des mères, les comités d’entreprise, la décentralisation, la technocratie, et tant d’autres bienfaits dont la liste serait trop longue à retranscrire.

Philippe Pétain, dont le régime par le biais d’une « Révolution nationale », condamnait les méfaits du capitalisme, s’inscrit plus paradoxalement dans la lignée socialiste. Tourné vers le passé, nostalgique d’une France rurale et artisanale qui était en train de disparaître, le régime de Vichy, avant tout réactionnaire, souhaitait la paix sociale et regardait l’industrialisation d’un Å“il suspicieux.

Le 1er mars 1941, le Maréchal n’avait-il pas dénoncé à Saint-Étienne, ville ouvrière par excellence, l’attitude d’une grande partie du patronat dans son Appel aux Travailleurs :

Votre égoïsme et votre incompréhension de la condition prolétarienne ont été trop souvent les meilleurs auxiliaires du communisme.

La Charte du Travail, annoncée à cette occasion, devait être officialisée au mois d’octobre, s’efforçant d’apporter une satisfaction aux « aspirations légitimes » des ouvriers.

Si jamais le caractère non seulement férié, mais aussi chômé, du 1er mai était un jour remis en question, nul doute que tout le ban et l’arrière ban de la gauche et de l’extrême gauche n’hésiteraient pas à descendre dans la rue pour chanter « Maréchal nous voilà ! »

Après tout, la gauche a bien manifesté autrefois pour défendre la loi du comte Alfred de Falloux.

Cet article a été publié une première fois le 1er mai 2016.

À lire aussi : Le cadavre de Pétain bouge encore

Voir les commentaires (42)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (42)
  • Il n’est pas inutile de rappeler que le 1er mai fut, auparavant, le jour de la fête du père de Jésus, la St Joseph.

  • @ gerald il est sur qu’a cette periode le proletariat ouvrier esperait une vie meilleure dans l’au dela Merci a l’auteur de nous rappeler l origine de cette fete en l’occurence les USA ou la milice privee tirait sur les ouvriers lors de la naissance du capitalisme afin de mater la rebellion

  • Petain c’est pas mal inspiré d’un autre aussi : Franco, il a été ambassadeur là-bas.

  • Pourquoi l’auteur de cet article ne parle pas du fait que :  » Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée.  » ?

    Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_du_Travail#En_France

    J’attend une réponse claire et précise.

    • Il est écrit dans l’article jour férié c’est à dire fête nationale : ce n’est pas synonyme de jour chômé, jour où on ne travaille pas sans être nécessairement payé. Toute une éducation à refaire.

  • Vous omettez (volontairement ?) de signaler à vos lecteurs que la fête pétainiste du 1er Mai a été supprimée à la libération. C’est en 1947, qu’il est réintroduit comme jour chômé et payé, et en 1948 qu’il est déclaré officiellement férié. Autrement dit, en toute rigueur, ce n’est pas à Pétain qu’on doit aujourd’hui le caractère férié du 1er Mai, mais au gouvernement et au parlement d’après-guerre.

  • Un jour pour les travailleurs, c’est formidable.
    On célèbre les patrons à longueur d’année, alors ça fait plaisir aux ouvriers et c’est bien.

    • Ou avez-vous vu qu’on célèbre les patrons à longueur d’année ? J’avais plutôt l’impression que la tendance depuis longtemps était de les faire passer pour des voyous, des exploiteurs, des escrocs, d’horribles personnages qui ne pensent qu’à l’argent et à détruire la planète.

  • il est tjs bon de rappeller aux gauchistes que les acquis sociaux viennent surtout du régime de Pétain. lisez sur ce sujet:« L’héritage de Vichy: Ces 100 mesures toujours en vigueur « de l’historienne Cécile Desprairies

  • « Je tiens les promesses, même celles des autres, lorsque ces promesses sont fondées sur la Justice »

    « Devant la faillite universelle de l’économie libérale, presque tous les peuples se sont engagés dans la voie d’une économie nouvelle. Nous devons nous y engager à notre tour et, par notre énergie et notre foi, regagner le temps perdu. Deux principes essentiels nous guideront : l’économie doit être organisée et contrôlée. La coordination par l’État des activités privées doit briser la puissance des trusts et leur pouvoir de corruption. Bien loin donc de brider l’initiative individuelle, l’économie doit la libérer de ses entraves actuelles en la subordonnant à l’intérêt national. La monnaie doit être au service de l’économie, elle doit permettre le plein essor de la production, dans la stabilité des prix et des salaires. »

    Philippe Pétain.

    Mais le vieux maréchal était un méchant d’extrême drouate.

  • Cherchez donc qui était conseiller de Pétain ?
     » Le secrétaire général de la CGT !

  • Quand j’étais petit je me demandais pourquoi on ne travaillait pas le jour de la fête du travail. Car normalement quand on fête quelque chose on y consacre justement son temps…

  • Le gouvernement provisoire installé sur le « territoire continental » à partir d’août 1944 entérina un très grand nombre « d’actes dits loi du régime appelé Etat Français » et ceci pour plusieurs raisons.
    La première est évidente. La III° république disparue en 1940 laissait des ruines administratives et le nouveau régime qui la remplaçait du légiférer tous azimuts pour reconstruire ce qui pouvait être sauvé, dans le contexte d’un pays dont plus de la moitié était occupé et, dans certaines parties, annexées ou en voie d’annexion. La structure administrative précédente avait été très abîmée et il fallait la reconstruire pour gérer la vie quotidienne des français dans tous les domaines.

    La seconde est moins évidente mais elle explique très bien pourquoi, après examen minutieux, le gouvernement provisoire décida de valider les lois de Vichy.
    Une nouvelle génération d’administrateurs jeunes, sous-préfets et administrateurs civils, arrivait aux commandes à la fin des années Trente. Une bonne partie de cette génération, celle qui était en métropole, travailla pour Vichy et rédigea les décrets de l’Etat Français ainsi que les règlements d’application qui allait avec. Elle y mit ses idées modernistes. L’autre partie, celle travaillant dans l’Empire, avait les mêmes idées mais se retrouva dans la France Combattante lorsque l’Empire Français, territoire après territoire, reprit les armes fin 1942. Ceux là formèrent les cadres du gouvernement d’Alger qui revint en métropole en 1944.
    Ces jeunes administrateurs du Gouvernement provisoire évaluèrent alors le travail fourni par leurs collègues de promotion restés en métropole pendant les quatre années où les gouvernements Darlan puis Laval administrèrent le pays. Comme ils appartenaient à la même génération, les nouveaux arrivés ne trouvèrent rien à redire au travail de leurs prédécesseurs et validèrent donc les textes de Vichy plutôt que de les refaire pour dire la même chose.

    Seules les lois contraires à l’esprit républicain furent non pas abrogées (ce qui aurait validé la légitimité « du régime appelé Etat Français ») mais annulées purement et simplement. La plupart des autres furent repris et validés par le gouvernement provisoire.
    Ces lois de Vichy (les actes dits lois …) se retrouvent donc dans les textes anciens de nos ministères et certaines administration, telle la Police Nationale, sont une création de Vichy (1941, 1942, 1943).

    • ok donc la propagande anti pétainiste mériterait d’être revue et être plus objective !!!! Mais nos cégétistes s’en foutent royalement de défiler grâce à Pétain !!!!!

  • Mais qui donc a invente le jour ferie, un jour où les patrons sont obligés de remunerer leurs salaries pour qu’ils restent chez eux ?
    Meme histoire que pour les congés payés,meme mensonge.
    Mais macron et d’autres sont arrivés ,on travaillera certains jours feries et le patron..paiera l’etat ,ses salariês travailleront a 100% pour l’etat ,trop cool la vie en socialie.

  • Je m’en fou, je travail tous les 1er mai, c’est paye double, ca circule mieux pour aller au boulot.

  • La fête des mères, « Travail, Famille, … « . Un Sacré bonhomme ce « Pé-u-tain » …
    Mis en place pour servir Hitler, par une assemblée de Goche …
    C’est pas pour rien qu’en ce moment Martinez Héritier du Déserteur et traitre Maurice Thorez, défilent avec les casseurs « Black-Blocs » et les pilleurs de banlieues.

  • «  » » » »
    Philippe Pétain, dont le régime par le biais d’une « Révolution nationale », condamnait les méfaits du capitalisme, s’inscrit plus paradoxalement dans la lignée socialiste. Tourné vers le passé, nostalgique d’une France rurale et artisanale qui était en train de disparaître, le régime de Vichy, avant tout réactionnaire, souhaitait la paix sociale et regardait d’un œil suspicieux l’industrialisation.
    «  » » » »

    Partie intéressante.

    Cependant, dans ce contexte, je me demande s’il faut résumer son régime à un vieillard de 90ans ! Ce n’était pas Napoléon. Et je ne pense pas que l’Etat d’alors était tant tourné vers le passé. Pour le soit-disant « Oeil suspicieux sur l’industrialisation », la France était sous le joug allemand et ses rapines. Parler d’un pays rural et artisanal, alors qu’il y eut la formidable explosion des capacités industrielles françaises pendant la première guerre mondiale, et dont Pétain n’a pu qu’être témoin intéressé, est incompatible avec l’interprétation libérale et partisane de cet article.

    L’aviation, les moyens de transport, les chars, l’interconnexion des moyens d’observations et de combat : Tout ce la s’est développé durant l’effort de la 1ère guerre mondiale et n’aurait pas été possible sans les industriels de l’époque : Renault, Citroën, …

    L’auteur a dû rester sur la vision de la 3ème république dont un ministre a affirmé que « les transports émasculaient les troupes » !

    Alors, oui, la situation économique « de Vichy » était très « réactionnaire », mais pour le reste, la France était dans une situation de réaction post crise économique des années 30 qui se serait produite, Pétain et régime de Vichy ou non.

    • Vous oubliez juste que cette victoire acquise grâce à la conjonction blindés et aviation n’a pas été comprise par l’État major de l’armée française, seul de Gaulle l’avait correctement posée, de ce fait Pétain n’était pas franchement en mesure d’évaluer l’apport de l’industrie…
      Par ailleurs, il faisait beaucoup de propagande, savoir ce qu’il pensait réellement n’est pas des plus simple…

  • Il est utile de rappeler que c’est une assemblée de gauche, celle du Front Populaire, qui a voté les pleins pouvoirs au maréchal…

    • Le 18 juin 1940, les communistes négociaient avec les Allemands la reparution de l’Humanité pendant que des membres de l’Action française entraient en résistance contre l’occupant.

    • Pas ce qui est aujourd’hui l' »Assemblée nationale », mais une assemblée qui réunissant Chambre des députés et Sénat. Et seuls certains députés avaient été élus sous la bannière du Front populaire.
      Et c’était les pleins pouvoirs seulement pour rédiger une nouvelle constitution, mais Pétain a trahi le mandat qui lui avait été donné. Bon, les votants auraient peut-être dû se méfier…

    • Ineptie déjà proposée plus haut, refaire ainsi l’histoire est proprement malhonnête !

  • Pétain est la matrice du collectivisme français. Quand un journaliste rappelle au Lider Alcoolo qu’il défend l’héritage du régime de Vichy, il prend la mouche.

  • Au lieu d’ergoter sur l’origine des bienfaits du chômage de ce jour il serait peut-être plus intéressant et original de se souvenir que Pétain ne souhaitait ni socialisme ni capitalisme et je ne sais pas pourquoi çà me rappelle quelque chose !!! ni droite ni gauche tiens çà y ressemble ( Macron Pétainiste ???? )

  • Je ne connaissais pas l’histoire du 1er mai, merci pour toutes ces précisions ! C’est d’autant plus hilarant, que les syndicats d’extrême gauche poursuivent un héritage d’hommes « d’extrême droite » ! 😀

    • Ce sont bien Libération et la CGT qui ont suppplié les Français de voter pour le « libéral » Macron pour empêcher Le Pen d’être élue.

      Sur les 50 taxes créées par Fillon, combien ont été abrogées par Culbuto ? Juste pour rire.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le lourd bilan humain du « socialisme réel » n’a visiblement servi à rien. Les vieux débris d’extrême gauche mêlant leurs voix aux tendres générations « insoumises » et « antifa » n’en démordent pas. Octobre 1917 fut un moment radieux. Le mythe révolutionnaire continue d’exercer sa fascination même s’il rayonne sur un cercle plus restreint qu’autrefois.

Mais au fond que s’est-il passé le 25 octobre 1917 ? Peu de choses, si on considère les événements en eux-mêmes, d’une squelettique indigence. Mais ces péripéties, médiocres en soi, dev... Poursuivre la lecture

Né en 1905, disparu en 1983, Raymond Aron a méthodiquement analysé les mutations des sociétés modernes en leur consacrant plus de trente livres. Pendant plus de trente ans il est descendu presque quotidiennement dans l’arène pour participer aux grands combats qui dans le bruit et la fureur de l’histoire ont divisé le monde au temps de la guerre froide.

Éditorialiste commentant à chaud l’actualité (au Figaro puis à l’Express) en même temps qu’universitaire, il a toujours veillé à intégrer ses jugements ponctuels dans une vision du monde... Poursuivre la lecture

Par Benjamin Williams.

La Seconde Guerre mondiale a été l'une des périodes les plus catastrophiques de l'histoire de l'humanité, marquée par une violence, un génocide et une destruction sans précédent.

Pourtant, alors que le récit de la guerre est dominé par les puissances de l'Axe et les puissances alliées occidentales, le rôle de l'Union soviétique, en particulier sous la direction de Joseph Staline, dans le soutien indirect à la campagne de terreur et de conquête de l'Allemagne nazie, est souvent passé sous silence. S'appuyan... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles