Par Baptiste Créteur.
Une laïcité bulldozer
Le candidat Hollande voulait devenir le président du rassemblement. Il s’est donc attelé à lutter contre le racisme et l’antisémitisme et promouvoir les valeurs de la république et, pour cela, il a déployé une certaine vision de la laïcité qui réduit l’espace public à la neutralité, et oblige tous ceux qui passent par lui à se défaire de tout signe religieux.
On ne peut l’accuser d’avoir initié cette vision, mais il l’a indéniablement rendue plus dangereuse car plus opaque. Désormais, ce n’est pas le voile intégral, caractérisé par une dissimulation du visage, mais tout signe vaguement religieux : une jupe longue devient ainsi un symbole religieux si elle s’inscrit dans une démarche de prosélytisme, et devient dès lors interdite au lycée. La ministre de l’Éducation du président Hollande a d’ailleurs jugé que la direction avait fait preuve de discernement, puisque des critères objectifs ne suffisent plus pour délimiter l’ostentatoire.
Les statues de dictateurs sont toujours bienvenues sur les places de nos villes, et l’argent public peut toujours être utilisé pour les financer, tout comme le nom d’édiles corrompus peut devenir celui de nos rues. Mais un pape, lui, ne peut laisser sa place dans l’histoire ; en tout cas, pas dans l’espace public. La statue de Jean-Paul II, ornée d’une grande croix, devra être déplacée : trop ostentatoire. La religion, ce n’est décidément pas assez laïc.
La laïcité n’est pas nécessairement une mauvaise chose ; séparer l’Église (ou quelque religion d’ailleurs) de l’État permet d’en objectiver la fonction. Malheureusement, ce n’est pas le cas : la liberté d’expression sous Hollande est plus sacrée que Mahomet mais moins que les génocides.
Une liberté d’expression à géométrie variable
Suite aux attentats, François Hollande réaffirmait la liberté d’expression, et que les Français ne doivent pas céder aux terroristes. Mais, dans les faits, il n’a rien fait pour la renforcer ou la protéger, alimentant les frustrations.
La liberté d’expression, c’est bien, mais pas trop. Qu’on balance sur d’anciens présidents, qu’on caricature des prophètes, passe encore ; mais qu’on tienne des propos racistes, ou qu’on remette en question un génocide, et rien ne va plus.
Le racisme, pour le Premier ministre Ayrault, n’est pas une opinion mais un délit. Les deux ne sont pourtant pas irréconciliables ; il suffit de réunir les deux mots dans une expression, un « délit d’opinion », qui devient une notion à part entière. Mais cela reviendrait à dire qu’il existe des délits d’opinion, et que le racisme, en tant qu’opinion, peut tomber sous le coup de la liberté d’expression. Il suffit donc de lui enlever le statut d’opinion pour le faire cesser.
On le voit bien, interdire le racisme, ça marche. C’est pour ça que la mesure vaut aussi pour la remise en question de certains génocides, notamment la Shoah et le génocide arménien. Il y a des mémoires et des choses sacrées que l’on peut salir, et d’autres non. C’est comme ça. Et on voit bien comment, en affirmant la liberté d’expression dans certains cas et pas dans d’autres, le président du rassemblement entretient des frustrations.
S’il a laissé passer l’occasion de réaffirmer la liberté d’expression, le Président Hollande a néanmoins saisi l’occasion présentée par Charlie pour renforcer la surveillance.
Une surveillance tous azimuts
Car si la laïcité devient de plus en plus restrictive et invasive, si la liberté d’expression est d’autant moins protégée qu’elle est à géométrie variable, la surveillance vit un réel essor. Désormais, les données personnelles de tous les citoyens seront systématiquement analysées, passées au crible d’algorithmes conçus par les services de renseignement. La France reconnait et s’inspire trop rarement des bonnes pratiques internationales, mais force est de constater que le gouvernement se dote des meilleurs moyens de contrôler et surveiller la population.
Personne ne saura de quelle façon les données sont traitées, ce qu’il en est fait, comment elles sont interprétées. Personne ne saura quels critères feront entrer quels citoyens dans la catégorie « à surveiller ». Et c’est sans doute de ce point de vue que les libertés ont le plus reculé.
Outre la loi, la façon dont elle a été promulguée a de quoi inquiéter. La loi sur le renseignement ne fait qu’entériner et légaliser des pratiques existantes. Charlie n’était pas tant un moyen de regagner en popularité qu’une justification à la surveillance généralisée.
En seulement trois ans, le Président Hollande a su utiliser la surveillance d’adversaires politiques à son profit et la généraliser à l’ensemble de la population. Il a renforcé le caractère clivant des religions en leur imposant un repli qui rend tout dialogue impossible. Et il a défendu la liberté d’expression uniquement comme liberté d’être en accord avec des valeurs de la république dont il se veut le garant. Quelle que soit la liberté individuelle à laquelle on s’intéresse (liberté de culte, d’opinion et d’expression ; vie privée), elle aura en seulement trois ans été piétinée avec la légèreté et la grâce qui caractérisent notre cher président.
86 députés ont voté contre. Net progrès par rapport aux lois limitant la liberté d’expression et instaurant le politiquement correct (Pleven, Gayssot….) qui au fil du temps, ont recueilli l’unanimité.
Lu ce commentaire sur un autre site ce jour : « presque le même quota qu’au moment du vote des pleins pouvoirs à feu M. le Maréchal Pétain…. »
Heureusement qu’à cette époque, l’Etat n’avait pas les moyens de surveillance, d’espionnage etc…La résistance patriotique n’aurait pas pu s’organiser.
quand on met tout le monde sur écoute , sans trier le bon grain de l’ivraie , ça s’appelle de la dictature ; une dictature camoufflée sous » la lutte contre le térrorisme » , mais une dictature quand même ; et ce n’est qu’un début ;
C’est justement parce que tout le monde « est sur écoute » qu’on peut trier le bon grain de l’ivraie. Comment voulez vous trier les patates d’un sac de pommes de terres sans les regarder toutes mais seulement en disant qu’on ne va prendre que les bonnes sans regarder dans le sac ? Soyons logiques !
Serions nous des patates ❓ Je pensais que nous étions des bananes … ❗
Au fond avoir la patate ou la banane, quelle différence ❓
Si on me trace, je vais changer de méthode …
çà c’est vraiment inconscient comme avis.
Qui va décider des écoutes, et qui va contrôler ceux qui décident ces écoutes? Qui va gérer le fichage des écoutes?
Personne.
A si, un certain cabinet de l’Elysée, celui qui transmet des « tuyaux » aux journalistes du Monde et les accompagne au Ministère de la Justice.
C’est ça, votre conception de la démocratie, KGb et STASI?
La Stasi par dévolution c’est le must hollandais .. Pas sur que çà lui porte chance au poulet rôti de l’élysée.LOL
Commentaire révélant votre ignorance du sujet. Il est statistiquement impossible d’obtenir des résultats pour prévenir le terrorisme en procédant ainsi. Le renseignement, c’est d’abord l’intelligence.
Et des électeurs disent amen à ces gens là. Consternant. Ils se complaisent à condamner le racisme chez l’autre, mais quand il s’agit du petit dictateur en eux qui s’évertue à imposer sa bonne parole et surtout sa pensée, tout est normal. Aucun débat sur ce sujet. Dormez bien les moutons, vous pouvez d’ores et déjà rêver à nouveau de liberté.
+1000 !
Aucun parti ne propose une alternative rendant les citoyens libres et responsables.
il ne faut pas se stresser 60 millions de francais sur ecoute ,ok ;mais impossible d analyser ,en plus on peut les embeter en tapant des mots cible comme djihad ,kalach, daesh ect on peut faire peter les ordis !!!
« impossible à analyser »
Ou pas, il suffira de taper votre nom le jour où vous aurez fait chier un quelconque politicien/fonctionnaire/ami du pouvoir.
Faux.
Vous n’imaginez pas la puissance de ces ordinateurs pour contextualiser, pour décortiquer le sens d’une conversation téléphonique, pour reconnaitre le timbre de voix d’une personne en particulier, etc..
Personne n’écoute des bandes magnétiques avec un casque sur les oreilles .. 🙂
Attendez une minute, des statues de Lénine et Mao à Montpellier ??? Et on laisse faire ??? Surtout Mao quoi, le gars a fait tuer des millions de ses compatriotes !
Mais,cher lecteur, vous semblez ignorer (sauf votre respect) que la règle intangible des socialauds est « le deux poids, deux mesures « ….
Nous venons , une fois de plus, d’en avoir la démonstration flagrante à travers les réactions des histrions du gouvernement au sujet des déclarations de notre ami Robert Ménard…Par contre lorsque M.Lang a évalué la population carcérale de religion musulmane à 60%, aucun écho ou critique venant de ces mêmes clowns.
Qu’il est commis des maladresses,qu’il se trompe,… pourquoi pas. Toute analyse est bonne à prendre.
Mais surtout de la part d’un objectiviste comment accepter des phrases qui sont de purs arguments d’autorité comme …. « En seulement trois ans, le Président Hollande a su utiliser la surveillance d’adversaires politiques à son profit et la généraliser à l’ensemble de la population. Il a renforcé le caractère clivant des religions en leur imposant un repli qui rend tout dialogue impossible ». Cela nuit au débat.
D’une manière générale, soyons modestes: c’est dans l’expression d’un doute et non dans une vérité assénée qu’on amène les « moutons » comme j’ai vu dans d’autres commentaires, à devenir des êtres pensants et à faire progresser les idées de l’humanité.
Qu’il ait commis !!! (ah la vitesse !)
La phrase que vous citez n’est en rien un argument d’autorité, c’est la conclusion d’un article qui pointe un certain nombre de faits.
Liste de faits à laquelle on pourrait rajouter, par exemple, la mise en garde à vue pour port de sweat shirts « la manif pour tous » ou encore l’interdiction »préventive » de spectacles.
Quelle que soit l’opinion qu’on ait, il s’agit ici du rétablissement du délit d’opinion.
On peut discuter tant qu’on veut des intentions, chercher à savoir s’il s’agit de maladresses ou d’une volonté délibérée. Mais les faits, eux, sont difficilement contestables.
Lequel délit d’opinion fut (pour ceux qui n’ont pas vécu à cette époque) supprimé sous Napoléon III…
Dès qu’il s’agit d’avoir moins d’avantages, moins de cash, ou plus d’effort à produire pour une contrepartie moindre, les « êtres pensants » cessent d’écouter votre discours et persistent à s’abreuver en douces promesses auprès des médias pour ne pas dire la télévision. Ils préfèrent se distraire de télé-réalité plutôt que de se questionner sur la réalité colportée par ce média et les autres en général.
C’est bien simple, si ce n’est pas le Messie qui descend sur Terre ou une personne providentielle charismatique ou opportuniste qui viendrait pour les guider, ils ne bougeront pas. Atlas Shrugged restera une utopie car ils auront tous plutôt lu ou vu Germinal et la résignation qui recouvre la graine de révolte à la fin de l’histoire.
Nous sommes dans un cercle vicieux. Les politiques font leurs affaires et les citoyens laissent faire. Ce n’est pas à coup de bisounours qu’on va améliorer cet état, il faut un soubresaut pour sortir de l’ornière boueuse dans laquelle on se complait. Et si cela doit être la ruine et bien les dés pipés sont déjà jetés.
En fait c’est pas trois ans c’est trente ans. Mais il est vrai que les trois dernières en valent dix.
Le site les Crises publie la listes des 438 Charlie qui ont voté pour que vous soyez sous surveillance et le carré des derniers démocrates qui ont voté contre (pour ceux que ça intéresse…)
Le recul a commencé avec son prédécesseur, pourquoi ne pas en parler ?
Parce que « Moi Président » lui fait cirer les pneus ❗
Le recul a commencé bien avant. Citons déjà les fameuses lois type Gayssot et compagnie, les lois anti discriminatoires diverses et variées, la mise sous tutelle de la presse et bien d’autres.
@ Alain
C’est quand même étrange que plus de trois ans après l’élection de Hollande, ses soutiens renvoient toujours à Sarkozy pour le dédouaner de tout et ni’importe quoi.
Et Roi Heenok a raison : le recul est antérieur, cf. loi Gayssot entre autres.
Pour en revenir à Hollande, ce qui vraiment pose problème, c’est qu’il a été élu, entre autres, sur la promesse d’une République exemplaire, notamment en matière de justice.
Et les faits sont vraiment accablants.
Plus généralement, les atteintes à la liberté individuelle que souligne l’article auraient fait hurler la presse, les intello, les « artistes engagés » et autres si un gouvernement de droite avait pris de telles mesures.
Mais quand la gauche est au pouvoir toutes ces belles consciences se taisent.
Et ça, franchement, c’est insupportable !