Contre le libéral-étatisme : Pierre Chappaz débat avec Gaspard Koenig

Ce que souhaitent la plupart des libertariens, ce n’est pas la disparition de l’État, mais une cure d’amaigrissement radicale, couplée à un programme de gymnastique exigeant.

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Liberté (Crédits : Alban Gonzalez, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.

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Contre le libéral-étatisme : Pierre Chappaz débat avec Gaspard Koenig

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 mai 2015
- A +

Par Pierre Chappaz.

Liberté (Crédits : Alban Gonzalez, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.
Liberté (Crédits : Alban Gonzalez, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.

 

La réponse de Gaspard Koenig à mon billet « Identité et liberté, lettre à Gaspard Koenig » me déçoit, mais je ne suis pas surpris, et au contraire, je me sens conforté dans mes positions par la faiblesse de son argumentation. Le débat entre libéraux, qui semble attrister Gaspard Koenig, est utile et légitime.

Le jeune philosophe est le bon client libéral de tous les médias français qui apprécient sa petite musique franchement libertaire sur le plan sociétal et adorablement ambiguë sur le plan économique. La synthèse collectiviste-libertaire plaît toujours autant aux journalistes, qui ont besoin de renouveler leurs invités, on a assez vu Dany Cohn-Bendit.

Un libéral auréolé de son passé de rédacteur des discours de Christine Lagarde qui explique que la solution à la crise c’est de faire défaut sur la dette, c’est nouveau et intéressant ! Personne n’y avait pensé, à part Jean-Luc Mélenchon, et pourtant c’est tellement simple… on oublie, la dette, pfuit !

Koenig explique aussi que « les libéraux défendent depuis une dizaine d’années le revenu universel ». Je considère cette idée comme une énième utopie socialiste, pas comme une idée libérale, dans un pays, la France, où l’État et son dispositif de clientélisme et d’assistanat consomme déjà 57 % de la richesse nationale.

Le philosophe libéral-étatiste véhicule également la vieille antienne sur la disparition du travail du fait des robots. Reparlons-en dans quelques années quand chacun aura enfin constaté que les pays qui subissent le chômage de masse sont les pays mal gérés et étouffés sous le poids de l’État comme la France, l’Italie et l’Espagne.

Koenig aurait mieux fait de ne pas me répondre plutôt que de caricaturer mes positions en me dépeignant comme un partisan des sociétés primitives à la sauce Guaranis d’Amazonie. Ce que souhaitent la plupart des libertariens, ce n’est pas la disparition de l’État, mais une cure d’amaigrissement radicale, couplée à un programme de gymnastique exigeant, pour traiter ce problème d’obésité de l’administration qui étouffe littéralement la société.

Dans un pays comme la France ou le secteur privé, réduit à 43 % de la richesse nationale, ne fait plus aucune croissance depuis des années, l’heure n’est pas à la promotion du jacobinisme libéral, mais à la promotion de la liberté, celle des individus écrasés de taxes et de réglementations, ou assistés tels de grands drogués, et celle des entreprises qui ont tant perdu de leur compétitivité sur les marchés mondiaux.

Revenir d’un État obèse à un État léger, concentré avant tout sur ses fonctions régaliennes, notamment la sécurité intérieure et extérieure, la loi et la justice, c’est le cœur du libéralisme. Cet objectif modeste est pourtant utopiste en France, ou aucun homme ou femme politique ne sera sans doute jamais élu(e) sur un programme à la Margaret Thatcher.

Pour que peut-être un jour cela change, il faut sortir le débat sur le libéralisme de la diabolisation ultralibérale et de la confusion libérale-médiatique.


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  • ´Un amaigrissement de l’Etat’ l’Etat socialiste même amaigri n’en reste pas un Etat socialiste prédateur qui regonflera au premier prétexte venu.

    Il faut changer la définition, la vision, le rôle de l’Etat: lui supprimer toute action de service quelle qu’elle soit et le réduire à un pur rôle de gardien du patrimoine culturel de la Nation et décentraliser et libéraliser completement toutes les formes de services.

    •  » vaste programme …  »

      bon courage !

      • C’est juste l’essence du traité de Lisbonne.

        • Comment est assurée la justice ?

          • Un des sophisme préféré des socialistes est de revendiquer l’indépendance de la justice, qui pour cela doit selon eux dépendre entièrement de l’Etat …

            Une très infime partie de la justice est normative, la grande majorité peut être contractualisée. La justice qui relève du contrat n’a aucune raison d’être Etatique et peut être libéralisée.

            • « Une très infime partie de la justice est normative, la grande majorité peut être contractualisée. La justice qui relève du contrat n’a aucune raison d’être Etatique et peut être libéralisée »
              Des trucs comme ça je vous en pond 20 à la minute, allez y, démontrez nous comment vous « libéralisez la justice » et la rendez ainsi indépendante, les petites phrases creuses, ça va un moment mais, après, il faut étayer… PS : en évitant les sempiternels : Troll, communiste, marxiste, socialiste, étatiste, etc. merci.

              • En privatisant toute la partie civile de la justice. Et en rendant les juges responsables de leurs décisions pour la partie pénale. Ensuite en détachant complètement la justice de l’exécutif, par exemple.

                Enfin j’ai pas la science infuse, donc je dirais en faisant en sorte au maximum d’y faire entrer les règles du marché, afin qu’un tri puisse se faire.

              • En utilisant des entreprises privées pour garantir les contrats. Par exemple, un système de réputation publique (comme sur e-bay) inciterait fortement les contractants à respecter leurs engagements, sous peine d’avoir plus de mal à décrocher des bons contrats à l’avenir. C’est un exemple parmi tant d’autre d’une justice sans Etat. Si vous êtes intéressés, lisez le livre Practical Anarchy de Stefan Molyneux : https://freedomainradio.com/free/#pa
                Je suis en train de le lire et c’est rempli de ce genre de solutions. C’est en anglais mais le style est très simple.

              • @Jeandubois :

                Simple comme bonjour : tout contrat détermine de quelles juridictions il relève.

                • « Simple comme bonjour : tout contrat détermine de quelles juridictions il relève »
                  Ah, premièrement c’est déjà le cas au niveau national et européen, deuxièmement cela ne garanti en rien l’indépendance des juges.

                  • @jeanbois :

                    Non, vous n’avez le choix que du lieu, il n’y a aucune concurrence : vous ne pouvez pas choisir ou noter un juge en fonction de son impartialité, ni avoir de voie de recourt : les juges sont en dehors de la justice, ils ne sont assujettis qu’à leur hiérarchie et à leurs réseaux d’influence desquels dépend leur carrière.

                    • Choix du lieu = concurrence. Mais peu importe, en quoi votre proposition garanti l’indépendance des juges, mieux encore, leur impartialité ? Vous prêtez à la libre concurrence, des vertus qu’elle n’a pas.
                      L’indépendance et l’impartialité sont des chimères, les mêmes que celles poursuivies par les régimes totalitaires qui voudraient faire des hommes des objets parfaits.

                    • Elle ne les garantit pas. Mais elle permet au moins de faire disparaître faute de clients les juges qui ne sont pas impartiaux. C’est déjà un progrès.

                      Il n’est pas nécessaire de remplacer un mauvais système par un système parfait. Il est suffisant de le remplacer par un meilleur système.

                    • En addition de l’excellent commentaire de Moi, la concurrence permet également de mettre en place des recours.

                      Je crois que nous n’avons pas le même definition de garantie : vous pensez a un système sans défaut et qui impose un fonctionnement, je pense a un système qui considère ses défauts et qui respecte la Liberté.

                      Comme vous le dites l’idéal n’existe pas.

  • Vous l’affirmez vous-même : « Le jeune philosophe est le « bon client » libéral de tous les médias français ».
    Pour une fois qu’on en tient un, laissez le donc faire.

    Et essayez plutôt de porter vous aussi nos idéaux politiques dans les médias, ça sera plus utile que de venir le critiquer ici.

    • Désolé, mais je suis d’accord avec Pierre Chappaz, et je pense que Gaspard Koenig, avec de telles interviews, fait plus de mal au libéralisme que tous les socialistes réunis. A l’opposé de la démarche devenue courante où les questions de société sont primordiales et que les règles économiques en découlent, le libéralisme c’est la liberté économique qui va servir à fonder une société d’aisance où les satisfactions individuelles s’ajoutent au lieu de se heurter.

      Malheureusement, un libéral comme Pierre Chappaz a peu de chances d’être invité dans les médias, qui considèrent que les opinions sur le libéralisme économique ne sont pas « bancables ». Par contre, celui qui affirme en gros titre que « Ce qui est frappant dans ces sociétés sans chef et sans État, c’est l’aspect oppressant de la communauté, qui s’exprime via les rites initiatiques, le tatouage, les règles de vie extrêmement strictes » et que « l’État peut jouer un rôle libérateur pour l’individu », là c’est pain béni pour eux, et catastrophique pour nous.

      • Je ne suis pas d’accord, même si Gaspard Koenig a effectivement un libéralisme bien plus édulcoré que certains, il n’en reste pas moins extrémement libéral et la plupart des gens qui fréquentent contreproints se trouveraient surement immensément ravi de pouvoir vivre dans le monde pour lequel il se bat, comparé à celui dans lequel on vit aujourd’hui.

        Je pense que si un libéral veut se faire entendre aujourd’hui par les médias ou l’opinion publique, il a absolument intéret à laisser son pragmatisme chez lui et adoucir un peu son discours pour qu’il puisse entrer dans le cerveau de la plupat des gens.

        Je ne suis pas à 100% d’accord avec Koenig, mais ne pensez pas que le débat du libéralisme dans les médias s’arrete à lui. C’est vraiment seulement provocateur de dire qu’il fait plus de mal au libéralisme que tous les socialistes réunis, ce n’est pas vrai et vous le savez. D’une certaine manière il ouvre un peu la porte à de prochains invités, d’autres idées plus tranchées, mais au moins il permet de dédiaboliser le libéralisme et de le mettre sur la table.

        • Vous voyez, le problème, c’est que je ne me reconnais pas du tout dans le discours de Koenig. Et pourtant je suis conciliant avec ceux qui osent se lancer. Je ne peux pas soutenir son discours sur le revenu universel. Ce n’est pas du tout la seule chose qui me gêne dans son discours, mais même s’il n’y avait que ça, se serait suffisant pour que je le rejette.

          Il y’a des choses sur lesquelles on ne peut pas transiger quand on est libéral.

        • Le problème c’est qu’il faut viser 100%, en sachant qu’on atteindra peut-être que 80%. Koenig en visant 80% nous fera arriver à seulement 60% …. Soyons ambitieux

      • regardant peu la TV , je ne connaissait pas ce  » gaspard …  » je suis donc allé voir sa fiche wikipedia … j’ai lu trois ligne et j’ai tout compris :

        pas étonnant qu’un type pareil soit  » invité  » dans les medias, ou pierre chappaz n’apparaitra jamais : il fait parti du cénacle par son ascendance et ses idées . c’est un libéral sociétal comme on doit en trouver beaucoup aux states , c’est à dire un gauchiste… je suis pret à parier qu’il irait en vacance en mongolie et surtout pas en chine ( ou alors au tibet )

        • Il a invité les électeurs qui s’étaient portés sur lui en 2012 à voter pour la candidate UMP au second tour. Tout est dit : faites confiance à l’UMP, à Attali, au FMI, et à l’état pour défendre le libéralisme.

  • Même si il y a effectivement certaines choses que Gaspard Koenig dit qui ne refletent pas entièrement ma vision, même si je trouve qu’il y a du vrai dans vos propos, il y a selon moi deux points qui me gènent profondément :

    – Je trouve que vous faites exactement la même erreur que ce que vous critiquez chez Koenig. Vous lui reprochez d’avoir une nuance légèrement différente de libéralisme (un poil plus encadré) et vous faites exactement la même chose à propos de l’immigration et des frontières, sous pretexte et fantastique justification que le lbéralisme ne peut pas être simplement théorique et qu’il y a certaines choses qui doivent être encadrées. Vous critiquez son penchant pour le revenu universel, et vous sombrez vous aussi du côté planiste au sein d’une même lettre…

    – Deuxième point, qui a été évoqué chez d’autres commentaires, ainsi que par Gaspard lui même : Vous ne trouvez franchement pas un peu ridicule de tirer dans les pieds d’un « confrère libéral » ? Vous ne pensez donc pas que même politiquement, plusieurs libéraux peuvent avoir des visions légèrement différentes ? Vous ne pensez pas que c’est un oiseau assez rare pour le laisser tranquille et oeuvrer quand même pour un meilleur avenir selon nous tous ?

    Personnellement je trouve presque un peu limite, qu’entre toutes les lettres qu’il vous ai été donné d’écrire, Gaspard Koenig eut été une de vos priorités…

  • l’obésité d’un état n’a aucune importance pour les sans dents…sauf peut être qu’il est plus facile de trouver de la nourriture prémâchée chez un obèse .
    en fait votre inquiétude est que cet obèse meurt sous son poids et adieu tout ces petits fonctionnaires zélés agenouillés a vos pieds pour vous servir.
    bref, vaut il mieux être pauvre en France ou aux USA ? aux USA c’est évident il y a toujours l’espoir de devenir riche pour les plus talentueux..m’enfin , quand on est talentueux , on n’est jamais pauvre sauf par accident !

    • @reactitude :

      pour information un pauvre aux USA, c'(est une personne qui possède sa maison avec la clim et qui a 2 bagnols (certes en mauvais état).

      Comparez avec un pauvre en France …

      Pourquoi une telle différence ? car on ne parle que de pauvreté relative, qui est un schéma de pensée parfaitement socialiste, alors qu’il faudrait parler de pauvreté absolue.

      • choisir entre pauvreté absolue et relative dépend de la richesse du pays , au Bangladesh on ne parlera pas de pauvreté relative.. mais d’absolue pauvreté quelque soit le système politique

        • @reactitude : parler de pauvreté relative ou absolu dépend donc de la richesse de votre voisin et des différence avec vous ?

          Si mon voisin et moi crevons de faim, alors je suis pauvre.

          Si mon voisin est milliardaire et moi seulement millionnaire, alors je suis pauvre ?!?

          Voilà où mène leraisonnement quand on parle de pauvreté relative.

          Si relativité, alors il y aura toujours de la pauvreté, sauf si égalitarisme matériel. Or, égalitarime matériel ne peut être possible que dans la pauvreté absolu.

          Vouloir prendre comme référence la pauvreté relative est l’affaire de jaloux et d’envieux, qui finiront par rendre misérable tout le monde.

  • L’état démocratique, par nature, ne petu pas être efficace et dérivera toujours vers de l’autoritarisme, duclientélisme et de la gabegie.

    Ces défauts ont été soulignés par Tocqueville au 19 ième sicèle, et sont inhérents à la nature humaine (cf Friedman dans « la liberté de choix » pour expliquer pourquoi un état ne peut être efficace).

    Vouloir un état minimum, c’est impossible,l es 2 mots sont antagonistes.

    qaund au revenu universel, cela ne peut être une revendication libérale, car cela signifie l’esclavage de ceux qui produisent par ceux qui ne produisent pas.

    Ayn Rand avait déjà tout dit sur ce sujet :

    Dans la mesure où les choses dont l’homme a besoin pour survivre doivent être produites, et où la nature ne garantit le succès d’aucune entreprise humaine, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de garantie d’une sécurité économique. L’employeur qui vous donne un emploi n’a aucune garantie que son entreprise va rester en activité, que ses clients vont continuer à acheter ses produits ou services. Les clients n’ont aucune garantie qu’ils auront toujours la capacité et l’envie d’échanger avec lui, aucune garantie de ce que leurs besoins, choix et revenus seront dans le futur. Si vous vous retirez dans une ferme autonome, vous n’avez aucune garantie vous protégeant des conséquences d’une inondation ou d’un ouragan sur vos terres et vos cultures. Si vous laissez tout aux mains du gouvernement et lui donnez tout pouvoir pour planifier l’économie dans son ensemble, cela ne garantira aucunement votre sécurité économique, mais garantira l’abaissement de la nation entière à un niveau de pauvreté misérable – le résultat pratique que toutes les économies totalitaires, communistes ou fascistes, ont démontré.
    Moralement, la promesse d’un impossible « droit » à la stabilité économique est une infâme tentative d’abrogation du concept de droits. Elle ne peut signifier et ne signifie qu’une seule chose : la promesse de réduire en esclavage tous les hommes qui produisent au bénéfice de ceux qui ne travaillent pas. « Si certains hommes ont le droit de bénéficier des fruits du travail des autres, cela signifie que ces autres sont privés de droits et condamnés à travailler en esclaves. »

    • +1
      Pour moi, le libéralisme doit résulter d’une paix des braves entre l’état et les individus, certainement pas d’une confiance réciproque que chacun défendrait les intérêts de l’autre.

    • le principe du revenu universelle est intéressant sur plusieurs points :

      1- il supprime à l’état toute intrusion dans la vie privée des citoyens, nécessaire pour définir qui mérite une aide, qui ne la mérite pas
      2- il allège considérablement l’appareil administratif : gestion, distribution, contrôle… et particulièrement peu efficient.
      3- il favorise le travail sur l’assistanat
      4- il rend potentiellement acceptable (grâce à la lisibilité, l’égalitarisme, etc..) pour les citoyens cette rupture avec l’état obèse et infantilisant.

      Le revenu universelle n’est pas une mesure équitable… je ne le vois que comme un outils pour rendre acceptable la responsabilisation des citoyens.

      • Le revenu universel est possède une caractéristique socialiste majeure : personne ne se préoccupe jamais de savoir comment il pourrait être financé.

        • « Le revenu universel possède une caractéristique socialiste majeure : personne ne se préoccupe jamais de savoir comment il pourrait être financé. »

          Pour confirmer la règle en y faisant exception, Gaspar Koenig semble examiner rapidement la question dans son livre.

          Il écrit en effet que

          « Quelqu’un ne percevant aucun revenu touchera donc directement 1 000, tandis qu’un individu aisé redevable de 10 000 d’impôts n’en paiera plus que 9 000. Entre les deux, toutes les situations peuvent être calculées de manière simple, transparente et automatique. Ainsi, le système est par définition à l’équilibre : la société autofinance son propre filet de sécurité. L’intervention du politique se réduit à déterminer le niveau de l’impôt négatif. »

          Et là, peut-être est-ce dû à mon manque de familiarité avec ce sujet, mais je dois avouer que je comprends rien à son raisonnement. Il semble dire que le « revenu universel » ne poserait pas de problème de financement (« le système est par définition à l’équilibre »)…

          Plus généralement, l’idée de « revenu universel » me semble ingénieuse mais, en définitive, extrêmement pernicieuse.

          On peut lui adresser les critiques suivantes (que je tire principalement d’un article de Rothbard) :

          1° Il est indispensable que le fait de vivre de la charité publique soit vu avec réprobation et soit considéré comme une honte. Or, prétendre « garantir » un revenu, en faire un « droit » pour les citoyens, ne peut qu’affaiblir ce réflexe culturel hostile.

          Comme le notait Rothbard, « the only thing that makes our present welfare system even tolerable is precisely its inefficiency, precisely the fact that in order to get on the dole one has to push one’s way through an unpleasant and chaotic tangle of welfare bureaucracy. The Friedman scheme would make the dole automatic, and thereby give everyone an automatic claim upon production. […] Second, the supply of welfare clients is inversely proportional to another vitally important factor: the cultural or value disincentive of going on welfare. If this disincentive is strong, if, for example, an individual or group strongly believes that it is evil to go on welfare, they will not do it, period. If, on the other hand, they do not care about the stigma of welfare, or, worse yet, they regard welfare payments as their right […] then the number of people on welfare will increase astronomically, as has happened in recent years ».

          2° Le « revenu universel » ne peut pas être réellement « universel ». Il doit au mieux limité aux ressortissants de l’Etat qui le verse. En effet, il est à l’évidence impossible de garantir un revenu minimum aux 7 milliards d’habitants de notre planète. Cela implique qu’il faille mettre en oeuvre une politique d’immigration restrictive. Je n’ai pas vérifié, mais je doute que Gaspar Koenig ait envisagé cet aspect de la question.

          • « Et là, peut-être est-ce dû à mon manque de familiarité avec ce sujet, mais je dois avouer que je comprends rien à son raisonnement. Il semble dire que le « revenu universel » ne poserait pas de problème de financement (« le système est par définition à l’équilibre »)… »

            C’est que le système n’est pas du tout à l’équilibre. Je vous fait le calcul, avec l’exemple donné. Supposons pour les besoins de la démonstration qu’un comité perçoit les impôts et verse le revenu universel.

            Sans revenu universel, le citoyen A ne touche rien, et le citoyen B paye 10 000€. Le comité dispose donc de 10 000€.

            Maintenant, on introduit le revenu universel comme précisé par Mr Koenig, on s’attend à aoir un équilibre, comme il le défend. Autrement dit, l’opération devrait être blanche du point de vue du comité, c’est à dire qu’à la fin, le comité devrait disposer de 10 000€.

            Or:

            Le citoyen A perçoit 1 000€ du comité, et le citoyen B verse 9 000€. Donc le comité reçoit 9 000€ et verse 1 000€.

            Pour moi, 9 000-1 000 ne sont pas égaux à 10 000. A la fin, le comité dispose de 9 000-1 000=8 000€. Le système n’est pas du tout à l’équilibre.

            Je me demande sur quelles mathématiques Mr Keonig se base.

            Mr Keonig ne réponds donc pas à la seule question qui importe: qui finance?

            • « Le système n’est pas du tout à l’équilibre.

              Je me demande sur quelles mathématiques Mr Keonig se base.

              Mr Keonig ne réponds donc pas à la seule question qui importe: qui finance?« .

              Merci pour votre réponse. C’est bien ce que j’avais cru comprendre, mais ça me paraît tellement absurde que je persiste à me demander si j’ai bien saisi son raisonnement.

              • Au lieu que chaque citoyen paye une flat taxe de 5% (par exemple), les citoyens vont payer une flat tax de 5% basée sur le revenu moins une valeur (par exemple 1000)

                Si A gagne 0, il paiera (touchera) (0-1000)*5% = -50
                Si B gagne 1 000, il paiera (1000-1000) * 5% = 0
                Si C gagne 10 000, il paiera (10 000 – 1 000) * 5% = 450

                Donc en gros c’est payé par la diminution / redistribution de l’impôt : si la population ne compte que A B et C, l’impôt récolté est de 400, alors que si il n’y a qu’une flat tax de 5% sans impôt négatif, l’impôt récolté est de 600.

                • Merci pour votre réponse, mais je ne vois pas en quoi elle résout le problème.

                  Votre exemple fait apparaître un déficit de 200. Le système de « revenu universel », contrairement à ce que semble affirmer GK, ne s’auto-finance donc pas. Il constitue bien une charge nette. D’où la question du financement.

                  Vous dites « c’est payé par la diminution / redistribution de l’impôt« . Comment une diminution d’impôt pourrait payer quoi que ce soit ? Par l’effet Laffer ? Ca me semble bien hasardeux…

                  D’autant plus hasardeux, à la vérité, que ce dispositif aura pour effet mécanique, en garantissant un revenu médiocre mais pérenne, d’inciter nombre de paresseux à cesser tout travail – ou tout au moins à prendre de longues périodes de vacances, à entrer tardivement dans la vie active, à rester au foyer, etc. – et à vivre de impôt des autres. Et je ne mentionne pas l’effet sur l’immigration.

                  A cet égard, GK se fait des illusions quand il écrit que le revenu universel « ne décourage pas l’activité, puisque les sommes touchées sous forme d’impôt négatif décroissent de manière parfaitement linéaire avec l’augmentation des revenus« .

                  Ce dispositif découragerait moins le travail que ne le ferait un dispositif similaire affecté d’un effet de seuil, mais il le découragerait tout de même, et fort significativement.

                  • Laissons de coté pour l’instant la discussion sur la redistribution.

                    Le principal avantage de l’impôt négatif est d’être un système de redistribution qui ne décourage pas l’activité : dans mon exemple, si quelqu’un gagne zéro, le fait de gagner 1000 en travaillant, ne lui supprime pas d’aide ou d’allocation qui viendrait en supplément, mais la diminue : le plus la personne travaille, le plus son revenu augmente.

                    Ce qui n’est pas le cas avec les aides ‘plafonnées’ qui disparaissent dès que la personne travaille et gagne plus d’un certaine somme.

                    Là où je ne suis pas d’accord avec vous est quand vous dites que tout système de redistribution décourage le travail : l’absence totale de revenu décourage bien plus le travail en mettant les gens dans une précarité qui les empêche de retrouver du travail et dans une certaine mesure de travailler.

                    Tout est une question de seuil.

                    • « Tout est une question de seuil ».

                      L’absence d’effet de seuil est une question importante, mais ce ne peut être toute la question.

                      Je conçois également que l’effet que vous mentionnez dans votre avant-dernier paragraphe puisse théoriquement se produire, mais je doute vraiment qu’il ait une quelconque importance pratique. Même si tel était le cas, cela ne justifierait pas l’octroi d’une pension à vie.

                      En définitive, ces deux effets positifs – l’absence de seuil et, éventuellement, le « coup de pouce » aux personnes dans une extrême précarité– seront très vraisemblablement contrebalancés par l’afflux de personnes décidant de vivre sur le dos du contribuable.

                      Comme le note d’ailleurs G. Koenig, « Les vrais pauvres, dont deux tiers ne demandent pas le RSA (Revenu de solidarité active, sorte de minimum de survie), pour cause de questionnaires trop complexes et intrusifs, de réclamation d’indus arbitraire de la part de l’Administration, ou de honte du déclassement ». Réciproquement, si vous enlevez toute contrainte administrative et présentez les aides publiques comme un « droit », alors, comme le souligne Rothbard, la masse des demandeurs explosera.

                      Vivre médiocrement sans travail ni contrainte est un rêve pour bien des gens.

                      J’aurais bien aimé à cet égard que GP précise clairement que le système qu’il préconise est incompatible avec une politique de libre immigration.

                      Mais revenons à nos moutons : Pourriez-vous donner un sens à la phrase de l’auteur citée ci-avant, à savoir : « Ainsi, le système est par définition à l’équilibre : la société autofinance son propre filet de sécurité » ?

                    • L’impôt négatif ne rentre pas dans les dépenses de l’Etat, mais dans les recettes : il diminue les recettes. C’est une vision comptable assez simpliste, je suis d’accord, mais le montant est ‘calculable’ et permet ainsi la mise en équilibre du système et son financement : un simple calcul basé sur les revenus des gens permet de simuler le montant de l’impôt négatif et d’en définir l’assiette.

                      L’idée est de remplacer toutes les allocations (RSA, chômage, retraite …) par un impôt négatif, ce qui permet un filet de sécurité minimal et supprime tout les cumuls. Libre ensuite aux gens de cotiser par eux même pour une retraite, une mutuelle, une assurance invalidité etc… dans ce cas, il n’y aura pas de cumul, mais une prise en charge libérale.

                      Le système évite le cumul et le remplacement. Une assurance invalidité par exemple n’entre pas en conflit avec l’impôt négatif : pour revenir à mon exemple : une personne A sans assurance aura 50, une personne avec assurance sera dans le cas B par exemple.

                      Autre avantage : cela ne se cumule pas ni n’entre en conflit avec les assurance privées, donc cela encourage les gens à mettre en place des assurances privées qui sont cumulable et qui se substituent avec l’impôt négatif sans effet de seuil : toute assurance, même minime apporte quelque chose.

                      Option 1 : le filet de sécurité qui me donne à peine de quoi vivre – Option 2 : je choisi une assurance privée qui me protège efficacement – Option 3 : les entreprises proposent des assurances privées pour attirer leurs employés.

                      Sinon, comme le système est basé sur l’impôt, il concerne toute personne assujettie à l’impôt, c’est à dire à la Nation : la participation à l’impôt étant liée avec l’appartenance à la Nation. Ce qui permet d’envisager des cohabitations de Nations dans le cadre d’un Etat fédéral et règle le problème d’immigration : celle-ci étant liée à l’accord de la Nation (ce n’est pas parce que je veut devenir membre de la Nation Sioux ou Tsigane que je le deviens) un immigré qui garde sa nationalité ne bénéfice pas de l’impôt négatif.

                    • « L’impôt négatif ne rentre pas dans les dépenses de l’Etat, mais dans les recettes : il diminue les recettes ».

                      Si, précisément, le revenu universel crée (aussi) des dépenses supplémentaires : tous les nouveaux allocataires qui, payant moins qu’ils ne reçoivent, sont des créanciers nets de l’Etat. C’est là tout le problème. A l’inverse, la diminution des recettes est à mes yeux un effet positif.

                      « C’est une vision comptable assez simpliste, je suis d’accord, mais le montant est ‘calculable’ et permet ainsi la mise en équilibre du système et son financement : un simple calcul basé sur les revenus des gens permet de simuler le montant de l’impôt négatif et d’en définir l’assiette ».

                      Mais l’on pourrait en dire tout autant de l’IRPP (voire, au sens large, de tout impôt). A condition de connaître le revenu des gens, le montant en est calculable et permet ainsi la mise en équilibre du système… Ce qui n’empêche pas que, en pratique, le budget ne soit jamais en équilibre (que ce soit dû à un manque de volonté ou à la difficulté pratique de calculer les recettes et dépenses à l’avance).

                      A l’évidence, G. Koenig avait autre chose en tête quand il écrivait que « le système est par définition à l’équilibre ». Il semblait considérer que la question du financement ne se posait pas du tout. Or, bien au contraire, c’est une considération essentielle. J’espère que l’auteur s’abstiendra de balayer la question d’un revers de main la prochaine fois qu’il abordera le sujet (Gaspard, si tu nous lis…).

                      « Le système évite le cumul et le remplacement. Une assurance invalidité par exemple n’entre pas en conflit avec l’impôt négatif : pour revenir à mon exemple : une personne A sans assurance aura 50, une personne avec assurance sera dans le cas B par exemple.

                      Autre avantage : cela ne se cumule pas ni n’entre en conflit avec les assurance privées, donc cela encourage les gens à mettre en place des assurances privées qui sont cumulable et qui se substituent avec l’impôt négatif sans effet de seuil : toute assurance, même minime apporte quelque chose ».

                      Ce sont en effet des avantages de ce dispositif par rapport au système actuel d’aides « sociales ».

                      « Sinon, comme le système est basé sur l’impôt, il concerne toute personne assujettie à l’impôt, c’est à dire à la Nation : la participation à l’impôt étant liée avec l’appartenance à la Nation ».

                      Heu… Sauf grosse erreur de ma part, il n’y a pas actuellement de lien entre la nation et l’impôt. Un étranger qui effectue des opérations imposables en France paie les impôts français. Et je ne crois pas que G. Koenig ait l’intention de changer ce principe (cela serait difficilement compatible avec son penchant « internationaliste »). En tout cas, il n’a rien écrit de tel dans son livre. Cela dit, je n’aurais rien contre.

                    • @SophJur :

                      Je comprend vos remarques, je suis moi même assez dubitatif sur certains points, en particulier le manque de garde fous qui empêcherait le système de se ‘perfectionner’ (avec toute l’ironie nécessaire à ce qualificatif)

                      Cependant, il me semble aller dans le bon sens et offrir une meilleur solution que les piles de cadeaux qui dans les faits profitent bien plus à ceux qui savent les activer qu’à ceux qui en ont le plus besoin. Ce mécanisme a le bénéfice d’être super simple et générique et surtout d’empêcher les effets cumulatifs.

                      Je pense que la phrase ‘le système est à l’équilibre’ veut simplement dire que si le système n’est pas à l’équilibre, cela se voit, ce qui n’est pas le cas actuellement : bien malin qui peut dire si le déficit public est lié aux aides sociales, au salaire des fonctionnaires, à l’arme nucléaire ou à la longueur des queues de vaches …

                      Cette confusion entretenant les diagnostiques les plus farfelus et les populismes les plus ridicules.

                      (Ceci dit la simple suppression du Trésor public, c’est à dire la séparation des comptabilités et de la fin de la caution d’Etat par la main mise des actifs et de l’épargne privés, permet bien plus simplement de résoudre ce problème, ainsi que le problème de la dette publique …)

      •  » il favorise le travail sur l’assistanat …  »

        ha bon ? j’ai connu pas mal de gens qui foutaient rien au RSA et disait :  » je met de l’argent de coté …  »

        avec le revenu  » universel  » , il vont boire du champagne tout les samedi soir, comme pour l’élection de mittrand !

    • Un état minimum est peut-être impossible, mais vouloir s’en approcher est tout de même utile. Il y’a des états qui sont plus minimum que d’autres.

  • C’est toujours la même idée centrale aux collectivismes de toutes sortes et qu’on retrouve malencontreusement chez certains porte-paroles (?) de la doctrine libérale :

    Le vol est légitime et il est juste de bafouer la morale.

  • Ces polémiques sont ridicules. « Libéral-étatiste »… On se croirait à l’extrême-gauche ou à l’extrême-droite, où tous les petits partis et groupuscules passent leur temps à se tirer dans les pates et à se traiter de social-traitres pour des divergences négligeables au nom de l’égo, de l’intransigeance sur les principes et de la conviction d’être le seul vrai représentant de son église.

    Gardez donc votre radicalisme pour le jour où le pays comptera ne serait-ce que 5% de libertariens. En attendant les libéraux modérés poussent dans la bonne direction.

    • Absolument, et il est largement plus raisonnable d’essayer de changer le rôle de l’Etat que de faire des plans sur la comète pour corriger ses défauts.

    • Je suis bien d’accord, ces débats sont ridicules.

      « Gardez donc votre radicalisme pour le jour où le pays comptera ne serait-ce que 5% de libertariens. En attendant les libéraux modérés poussent dans la bonne direction. »

      J’ajouterai moi, « gardez votre soucis du détails pour le jour où ce pays sera partagé entre libertarianisme et liberal-étatisme »
      Comme si les libéraux pouvaient se « permettre » de pinailler aujourd’hui sur l’idéologie parfaite aux vues de ce qu’on vit dans ce pays depuis la Veme république.

  • TAFDA avec monsieur chappaz … le sociétal , on s’en fou : chacun fait ce qu’il veut chez lui , et les punks sentent mauvais !

    par contre , l’amaigrissement de l’obèse mixeodémateux , là , il y a du travail … comme disaient ceux qui fumaient au lycée , quand le prof de gym les obligeait à faire des tours de stade :

     » on crache nos clopes ! « 

  • J’ai laissé aujourd’hui sur mon blog ce billet qui décrit la tyrannie qu’exerce l’Etat sur les citoyens qui ont élu les politiciens et sont réduits à l’esclavage tout en étant donc complices de l’Etat et consentants de leur asservissement :
    https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/05/07/la-tyrannie-des-gouvernements-des-fonctionnaires-et-des-banquiers-le-point-de-vue-destienne-de-la-boetie/

  • Bonjour Contrepoints, vous avez utilisé une version brouillon de mon article, il manque un passage essentiel:

    Le « jacobinisme libéral » (est) en réalité totalitaire. Non, Gaspard Koenig, il n’est point besoin d’une « centralisation puissante pour émanciper l’individu de ses tutelles ». Les Etats décentralisés comme la Suisse, pays de la démocratie directe, du gouvernement modeste, assurent bien mieux la liberté de l’individu. On lit aussi dans le livre récent de Koenig qu’il veut l’interdiction de l’enseignement privé, « une réforme brutale, (qui) entrainera des résistances, que l’Etat jacobin devra briser sans état d’âme ». L’homme a du style, mais comment peut-on écrire des choses pareilles?

    • Voila ce que certains ici décrivent comme des points de détails. Autant balancer tout de suite le libéralisme et choper le bouquin de Marx, quand on suit Koenig.

  • G. Koenig c’est celui qui squatte tous les plateaux de TV ; il a profité que Jérôme Guedj soit complètement sonné par l’énorme déroute du PS dans son département…
    J’en avait marre d’allumer la TV ou de lire un journal ou d’écouter la radio et Guedj par ci Guedj par là…
    Maintenant c’est Koenig : c’est mieux

  • Combien d’électeur le libéralisme rassemble-t-il ? Quelle part d’audience pour les émissions radio-TV libérale en France ? Au fait sur quelle fréquence régler son poste ? Chacun connait les réponses. Le libéralisme est hyper marginal dans la politique et les medias français. Pire, sur la toile la galaxie FN et consort est plus visible que la galaxie libérale !

    Il y a donc un pb de méthode chez les libéraux français. Je vois le militant libéral – ou libertarien – comme un commercial, ou un vrp, et les quelques institutions ou medias libéraux comme des entreprises dans le champ politique, qui cherchent à promouvoir les idées de liberté, notamment économique mais pas que.

    Dans cette optique il est dérisoire de vouloir rassembler les libéraux, c’est le peuple qu’il faut convaincre. Puisqu’on ne connaît pas d’avance la bonne, méthode, une saine concurrence – autre valeur libérale- est indispensable entre les différentes entreprises du libéralisme en action. Le marché est segmenté : pro ou anti évolution des moeurs, pro ou anti migrations, pro ou anti solidarité, jacobins ou fédéralistes… Le débat, la polémique fait le buzz, tout vaut mieux que le silence, l’oubli, la résignation.

  • Inventer le monde de demain à la mode socialiste, libérale ou écologiste n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. C’est l’attitude universelle des enfants gâtés qui refusent de terminer ce qu’ils font, de mettre de l’ordre dans leurs affaires, de reconnaître leurs erreurs et de les corriger : construire toujours plus mais sans jamais finaliser, compenser la médiocrité des résultats présents par de nouveaux buts, se lancer perpétuellement dans une voie nouvelle, de nouvelles études en laissant tomber les anciennes.

    Mais ce dont on a besoin, c’est de reconnaître les erreurs que l’on a faites, d’alléger ce qui est trop lourd, de cesser les gabegies, de huiler une machine économique totalement grippée par les règlements stupides, contre-productifs ou inapplicables.

    Je n’ai donc qu’une chose à dire à tous ces philosophes qui « pensent » sans cesse le monde de demain : « Range d’abord ta chambre !!! ».

  • La loi sur le renseignement est très éclairante : De l’aveu même des politiques ayant exercé des responsabilités ministérielles, de flics et de juges, cette loi devrait – je cite – donner un cadre légal à des pratiques qui ont cours..

    Ha bon, déjà on apprend qu’au nom de certaines causes – certes très graves et menaçant l’intégrité physique des citoyens français – on violait déjà l’état de droit. La menace étant très grave qui peut croire que sous la pression, les services de renseignements n’outrepasseront-ils pas ce nouveau cadre juridique?

    On voit bien que l’état est un léviathan qui ne cherche qu’à grossir et étendre son emprise sur les individus. Il faut luter en permanence contre ça ne serait-ce qu’il y a très régulièrement (tout le temps depuis 40 ans France) des gens qui se font élire avec justement comme programme d’étendre les champs d’action de l’état.

    Le débat entre libéraux est nécessaire et utile mais il ne faut pas perdre de vue que dans pays qui a fait le 3/4 du chemin pour sombrer dans le communisme, faire la chasse aux vrais ou faux libertariens c’est plus que dérisoire.

  • Je suis malheureusement PEU surpris du grand nombre d’intervenants qui n’hésitent pas à réclamer une véritable « immunité intellectuelle » pour Gaspar Koenig. L’intéressé en a d’ailleurs plus ou moins donné l’exemple dans son interview au Figaro.

    Les libéraux analysent, discutent et critiquent en permanence les thèses de Mises, Hayek, Rothbard et consorts. C’est la moindre des choses chez des gens passionnés par les idées. La communauté libérale est une communauté vivante – il n’y pas, ou de ne devrait pas y avoir, de crime de lèse-majesté chez nous. C’est d’ailleurs ainsi que la science avance : par la confrontation des arguments.

    Mais curieusement, lorsqu’un certain Gaspar Koenig entre dans l’arène, présente des analyses personnelles sur des plateaux télé, intervient dans le débat d’idée, il faudrait brusquement se coudre la bouche. La libre discussion est alors disqualifiée sous le nom de « polémique » ou de « micro-débat entre libéraux ».

    On aime ou on n’aime pas les critiques de Pierre Chappaz, mais dénier par principe à ce dernier le droit de critiquer les analyses de Koenig est totalement déplacé. Ses critiques sont bonnes ou mauvaises, mais elles doivent être appréciées sur le fond, sur leurs propres mérites – tout comme les thèses de G. Koenig.

    Eh quoi ! Les libéraux seraient-ils tenus de souscrire par avance et les yeux fermés à tout ce qui est présenté à la télé sous l’étiquette « libérale » ?

    Par ailleurs, il y a un malentendu. On ne reproche pas à Gaspar Koenig sa modération. Gaspar Koenig est un radical – sinon il ne demanderait pas la fin de la Sécu. Le problème est que son radicalisme est fort peu de cohérent. Il va souvent dans le mauvais sens. D’où l’étiquette, parfaitement justifiée dans son oxymore, de « libéral-étatiste ».

    Par exemple lorsque Koenig soutient que l’Etat aurait pour mission de sevrer les enfants des liens qui les ancrent dans « telle ou telle tradition », ce n’est pas du « libéralisme modéré ». C’est du radicalisme, mais du radicalisme étatiste.

    Un autre reproche parfaitement justifié que l’on peut faire à Koenig est de dénaturer les positions des autres (des véritables ?) écoles de libéralisme (car, bien-sûr, lui a le droit de critiquer les autres libéraux, même si la réciproque n’est pas vraie).

    • Globalement d’accord. Comme dirait Jean-Marc Daniel sur BFMB « je ferais 3 remarques » (j’arrête là la comparaison tant je ne prétends pas avoir ne serait-ce qu’un % de sa culture) :

      1/ Gaspard Koenig n’est pas intouchable, la preuve. Critiquer ses position n’équivaut nullement les jeter aux orties, j’apprécie globalement ses passages médias.
      2/ Ne soyons pas aussi sectaires que ceux qui agitent des idées que nous combattons. Que ce soit ici ou sur les réseaux sociaux, des libertariens (souvent venus de gauche, des verts) s’en prennent aux libéraux-conservateurs pour dire qu’ils dévoient les idées libérales. Il me voient probablement comme un conservateur (bien que je soutiens la privatisation des saletés communistes ou autoritaires du CNR de 1945) mais pour ceux qui ont mon age, combien d’entre eux qui votaient pour la première fois en 2002 ont crié sur tous les toits et à un entourage réticent qu’il allait voter Madelin? Je serais amusé de voir.
      3/ Un reproche que je ferais à Gaspard c’est de tellement insister sur des citations d’auteurs libéraux de préférence français pour montrer qu’une tradition libérale s’est perdue en France et que trop de clichés circulent sur le sujet. Il a du coup un ton trop professoral qui risque d’ennuyer alors que bien évidemment en économie ou sur les sujets touchant à l’organisation de la société, la pensée libérale est souvent contre-intuitive surtout après 40 années d’éducation nationale véhiculant des idéologies égalitaristes et de déresponsabilisation de l’individu.

      Et comme je ne peux pas être à la hauteur de Jean-Marc Daniel, je ferais une quatrième remarque…
      4/ J’ai vu passé sur contrepoints des articles qui plaidaient, certes brillamment, en faveur de mesures progressistes. Voir mon point 2/. Les grands auteurs cités sur le commentaire auquel je réponds n’ayant pas réfléchi sur ces questions, avancées technologiques depuis, je me pose cette question: Quelle est la limite exacte de la pensée libérale? Les libertariens un tantinet progressistes proposent de légaliser la GPA donc un mode de vie en reprochant aux plus conservateurs de se mêler du mode de vie. Paradoxe subtile…

      cdlt

  • [Modération : pas d’insultes où bannissement immédiat]

    Voici le magnifique strawman dont se sert Gaspar Koenig pour justifier la mise au rencart de la conception traditionnelle de la liberté (à savoir la liberté « négative », celle qui était axée sur le respect de la vie privée) pour y substituer son concept [modéré] d’ « autonomie » : il considère que le droit de propriété serait (ou mènerait à) un refus de s’insérer dans la vie sociale et un désir d’autarcie.

    « Pire encore, la liberté négative n’existe qu’imparfaitement. L’interaction sociale a toujours-déjà commencé. La propriété suppose un échange. Ne fût-ce que pour penser, il faut avoir accepté un langage commun. Les cercles de la liberté ne sont donc guère étanches ; si l’on veut les affermir, il faut les rétrécir. L’idéal d’une liberté négative absolue conduit à l’ascétisme : si l’on ne veut dépendre de personne [on ne veut pas dépendre de fonctionnaires, mais on dépend bien-sûr de son boucher, de son boulanger, etc. !!!], si l’on ne supporte pas que ses choix doivent s’accommoder des contraintes de la société [Qui le conteste ? Certainement pas les libéraux ! Respecter le droit de propriété d’autrui est une contrainte !], alors il faut pousser l’autodétermination jusqu’à sa conséquence extrême : l’autosuffisance [Ben voyons]. Eliminer les désirs de l’individu pour échapper à la contingence du groupe. S’abstraire du contrat pour ne plus obéir qu’à soi-même [Le contrat serait antilibéral ?]. Cette liberté hautaine dans laquelle le stoïque se retire, cette autarcie quasi impossible, est-elle autre chose qu’un fantasme [c’est un fantasme de G. Koenig, qu’il prête à tort aux libéraux], qui ne peut s’accomplir qu’avec la mort, libération ultime ? […] Inversement, la liberté positive correspond à une volonté d’appréhender rationnellement le tout social [tout comme les libéraux classiques ! v. infra], à un effort de compréhension sans lequel l’idée d’autodétermination semble vaine. » (Koenig).

    Circulez, il n’y a plus rien à voir. La liberté est morte, vive l’autonomie.

    Or, ce que Koenig saurait s’il avait vraiment lu Mises ou Hayek (ou s’il avait compris Bastiat), le droit de propriété est au contraire la pierre angulaire de la coopération sociale. Le droit de propriété est une indépendance juridique, mais certainement pas une indépendance économique. Les libéraux sont à la fois des fanatiques du droit de propriété et des enthousiastes de la coopération sociale – et ce, sans contradiction aucune.

    Imputer aux libéraux classiques et aux libertariens une volonté « d’auto-détermination » (autre que juridique) est absurde.

    Qu’on en juge :

     Sur le fait que la « volonté d’appréhender rationnellement le tout social » constituait déjà, bien avant « liberté positive », le centre d’intérêt des libéraux :

    « L’individualisme méthodologique, loin de contester la signification de tels ensembles collectifs, considère comme l’une de ses tâches principales de décrire leur naissance et leur disparition, leurs structures changeantes et leur fonctionnement » (Mises).

     Sur le fait que le droit de propriété est la base de la coopération sociale :

    « La philosophie communément appelée individualisme est une philosophie de coopération sociale et d’intensification croissante des relations sociales complexes. » (Mises)

    « Le but du libéralisme est une constitution politique qui assure le fonctionnement sans heurts de la coopération sociale et l’intensification progressive des relations sociales mutuelles. » (Mises)

    « [L]a conscience des intérêts capitalistes individuels dans le cadre d’un ordre juridique garantissant la liberté et la propriété suffi[t] à assurer la collaboration harmonieuse des différentes activités conformément aux buts de la coopération sociale » (Mises, dans le cadre d’une réfutation des thèses solidaristes).

     Sur la combinaison de l’indépendance juridique (droit de propriété) et de la dépendance économique :

    « La coopération sociale, en régime de propriété privée des moyens de production, signifie que dans le cadre du marché l’individu n’a pas à obéir et servir un suzerain. Dans la mesure où il donne quelque chose ou rend un service à autrui, il le fait de son propre gré en vue de recevoir en retour et d’être servi par les bénéficiaires. Il échange des biens et des services, il ne fournit pas de corvées ni ne paie de tribut. Il n’est assurément pas indépendant. Il dépend des autres membres de la société. Mais leur dépendance est mutuelle. L’acheteur dépend du vendeur, et le vendeur de l’acheteur. » (Mises)

  • ce qui me dérange chez Gaspard Koenig c’est surtout le fait qu’il défende un jacobinisme libéral ce qui n’a aucun sens, le jacobinisme est une idéologie antilibérale. perso, je le soutiens même si je ne suis pas totalement d’accord avec lui (il est trop modéré mais bon c’est tjs mieux que rien). cependant, je pense qu’il devrait arrêter de parler de jacobinisme libérale.
    défendre la répudiation de dette est tout à fait acceptable d’un point de vue libéral: http://www.contrepoints.org/2013/09/01/137162-repudier-dette-publique
    quand aux revenus universels même si je ne suis pas d’accord avec cette idée, il y a pas mal de libéraux qui la défendent (et c’est leurs droits).
    on ne peut pas comparer Dany Cohn-Bendit( un gauchiste) avec Koenig

  • Le livre de Gaspard Koenig porte le sous-titre de « Combat pour l’autonomie ».

    Ce concept d’ « autonomie » est essentiel dans la pensée de l’auteur. Il a vocation à se substituer à la notion, traditionnellement défendue par les libéraux, de « liberté négative » (notion fondée sur le droit de propriété).

    Koenig définit de la façon suivante le concept d’ « autonomie » qu’il promeut :

    « L’autonomie devient alors la capacité de l’individu à effectuer ses propres choix, ce qui inclut sans s’y limiter la conception kantienne. Tous les mots comptent : « capacité » suppose que l’individu se voit conférer les moyens de décider par lui-même ; « effectuer » implique un rapport entre le choix et sa réalisation ; « propres choix » présume la possibilité de la différenciation et de la multiplicité. »

    Je vais essayer de montrer que cette notion est dépourvue de sens.

    L’idée de laisser à un individu la capacité « d’effectuer ses propres choix » est a priori compatible avec le libéralisme traditionnel. C’en est même une des principales revendications.

    Cependant, toute la question est : quels sont les « propres choix » d’un individu ? Comment déterminer le domaine des questions qui relèvent de son choix ? Comment départager ce qui relève du choix de M. X de ce qui relève du choix de M. Y ?

    Il est essentiel de pouvoir apporter une réponse objective à cette question, sinon les choix des individus seront voués à se télescoper.

    Le libéralisme classique et le libertarianisme ont une réponse toute prête. Tout individu peut faire librement ses choix sur sa propre personne et sur les choses dont il est propriétaire.

    Comme le rappelait par exemple Röpke, la propriété « signifie [notamment] que la sphère individuelle de décision et de responsabilité est, comme les juristes nous l’ont appris, délimitée par rapport à celles des autres individus ».

    Par exemple, si j’ai de l’argent sur mon compte en banque, je peux décider de le conserver ou de le dépenser pour aller faire un voyage aux Bahamas.

    C’est mon « propre choix ». Je peux choisir librement l’usage que je fais des moyens dont je suis le légitime propriétaire.

    Ainsi, pour que la notion de « capacité à faire ses propres choix » ait un sens, il faut que la sphère de choix de chaque individu – la gamme de moyens dont il a le libre l’usage – ait été préalablement définie.

    A l’inverse, dans le système de Gaspard Koenig, l’on commence par laisser l’individu faire « ses » choix (lesquels ? ses choix sur quoi ?), et ensuite l’Etat lui procure les moyens de les satisfaire.

    Dans ce système, la notion de « propre » choix est donc dépourvue de substance, puisqu’aucun principe – si ce n’est l’arbitraire des hommes de l’Etat – ne permet de déterminer préalablement la gamme de moyens sur lesquels un individu donné peut exercer ses choix.

    La philosophie de Gaspard Koenig conduit en définitive à conférer à des tiers le droit de faire des choix sur ce qui ne leur appartenait pas. La « capacité de choix » est pervertie, retournée dans un sens interventionniste.

  • Amaigrissement de l’Etat qu’on ne souhaite pas vraiment voir disparaître ?

    Hum… pourquoi pas, à condition qu’il soit en concurrence avec d’autres et qu’on puisse (sans avoir à déménager, renoncer à sa vie et ses biens, ni même payer de « taxe libératoire) le quitter pour soit « rien » soit un autre Etat qui rendrait mieux les services qu’il peut rendre (police, justice, défense).

    Le problème comme le faisait remarquer Rothbard c’est qu’on l’amaigrit mais que par nature même il se remet aussitôt à grossir et que souvent l’amaigrissement pousse à une boulimie plus forte encore dès que la pression se relâche.

  • Sinon, ce qui m’embête chez Koening c’est qu’il se présente (et qu’on le présente) comme philosophe libéral.

    Il a parfois des cotés libéraux. Il a certainement étudié la philosophie. Mais il n’entrave que dalle à la philosophie libérale. Il y a donc abus de langage. Tant et si bien qu’il croit en être quand il en dément les fondements mêmes à chaque phrase.

    Sinon, il ne serait pas désagréable, le garçon… la grande majorité des « intellectuels publics » est bien pire que lui, tant sur l’anti-libérté, anti-propriété, que sur la faible capacité à penser et dire sa pensée.
    Ça ne fait pas de lui un philosophe libéral.

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