Par Marius-Joseph Marchetti.
Le sophisme est beau et facile à comprendre. Preuve que l’économie est bien souvent contre-intuitive. Le revenu national, que nous nommons Y, est composé en partie par une équation (X-M), X étant les exportations et M représentant les importations. Imaginons que l’industrie du textile dans un pays A produise des t-shirts à un prix avoisinant les 30 euros. Soudain le pays A décide de supprimer ses droits de douane sur les produits du pays B. Le pays A se retrouve alors avec des magasins remplis des t-shirt du pays B, de même qualité mais de 10 euros moins chers. Que se passe-t-il ? Ma foi, le premier réflexe serait évidemment : « Voyez donc ces marchandises qui nous assaillent ! Le chômage ne peut qu’augmenter, et, patriotes que nous sommes, nous ne pouvons laisser nos frères subir le désagrément de cette guerre économique ! Fermons-donc les frontières ! » Voilà donc les arguments de ces personnes qui s’estiment les bienfaiteurs de ce monde, alors qu’elles ne sont en réalité que des pourfendeurs.
Mais continuons cet exemple. Ainsi donc, X reste stable, mais M augmente. Il y a donc toutes les raisons de penser que le revenu national s’en trouvera diminué, et que le nombre total d’emplois baissera d’autant. Mais gare cependant à tirer des conclusions hâtives. Le meilleur contre-exemple que nous pourrions invoquer quant à cette diminution du revenu national par la hausse des importations nous a été fourni par Frédéric Bastiat lui-même, et cet argument a été réutilisé maintes fois (comme par exemple par Jacques Rueff et bien d’autres). Imaginons qu’un navire chargé de bouteilles rentre au port. Malencontreusement, le bateau coule, et sa cargaison avec lui. Si on raisonne par les agrégats ci-dessus comme le font bien souvent les économistes et connaisseurs, le fait que ce navire ait coulé a augmenté la richesse nationale car (X-M) est plus élevé suite à l’accident. Mais comme Frédéric Bastiat nous le montre si régulièrement avec toute la finesse qui lui est propre, la destruction est l’antithèse de la richesse. Lorsqu’on parle d’échange et pour nombre d’autres choses, raisonner en termes d’agrégat conduit forcément tôt ou tard à des erreurs.
Prenons la balance des paiements, du point de vue d’un individu. Par définition, la balance des paiements d’un individu A est un tableau à deux colonnes naturellement constitué d’une partie « ressources » (à droite) et d’une partie « emplois » (à gauche). Les deux colonnes ont nécessairement des résultats égaux. Ainsi l’individu possède un compte en banque qui s’élève à 50€ qui représente la totalité de sa partie « ressources ». Prenons une première situation où les T-shirts du pays B ne peuvent pas entrer dans le pays A. La balance des paiements de notre individu est donc constituée de cette manière : son compte « ressources » s’élève à 50€, et sa partie « emplois » est constituée de 20€ en espèces et de 30€ correspondant à l’achat du T-Shirt de l’industrie du pays A. Dans la seconde situation, les espèces de notre individu s’élèvent à 30€ et son T-shirt à 20€. L’individu est plus « riche » dans la seconde situation que dans la première.
En prenant l’exemple d’une balance des paiements d’un individu plutôt que celui de la balance des paiements d’un pays, on évite de faire une erreur de base, nombre d’économistes depuis la révolution marginaliste et d’autres bien avant ont démontré que la valeur d’un bien dépend de son utilité et pas des facteurs de production qu’il intègre. Ainsi un échange librement consenti crée une double valeur, une double richesse, une pour l’acheteur et une pour le vendeur, qu’il soit national ou étranger. L’exemple le plus simple que nous pourrions donner c’est celui de l’individu A possédant 5 euros et souhaitant acheter un pain et que le boulanger vend au prix de 2€. Si les deux souhaitent conclure cet échange, c’est que chacun en retire une utilité. Si ce n’était pas le cas, l’échange n’aurait simplement pas eu lieu. L’individu A achète le pain du boulanger car il retire plus d’utilité à manger le pain qu’à posséder 2€. Interdire à des individus d’un pays A d’acheter des produits du pays B, c’est leur empêcher d’améliorer leurs situations comme ils le souhaitent.
Ainsi, le libre-échange, de même que l’innovation et le progrès technique, entraînent ce que Frédéric Bastiat appelle un déversement dans l’économie. C’est-à-dire que le libre-échange et l’innovation permettent d’économiser du temps et du capital, qui pourront être alloués à des structures plus évolués et à des secteurs de l’économie émergeant de ce surplus de capital. Les individus bénéficient ainsi d’une économie de leur temps et/ou du capital qu’ils allouent, et ils pourront ainsi passer leur temps à faire autre chose, ou travailler le même nombre d’heure pour obtenir un revenu réel qui sera plus élevé, ou en profiter pour accorder plus de temps à leurs loisir, famille, etc. Le libre-échange et la diffusion de l’innovation ont donc le même effet qu’une hausse de l’épargne. Ils permettent d’allouer du temps et des capitaux à des structures économiques toujours évoluées et performantes.
Quant à l’innovation, il est également faux d’imaginer qu’elle puisse générer du chômage. La création d’une innovation et son incorporation dans les processus de production entraînent en première analyse des suppressions d’emplois. C’est ce qu’on voit. En réalité, l’innovation, par le déversement qu’elle occasionne, emporte nombre d’emplois d’un secteur obsolète à un secteur plus développé. C’est ce qu’on ne voit pas. L’innovation, en libérant du temps, et en libérant des facteurs de productions, permet la baisse générale des prix (à masse monétaire en circulation constante) et le développement d’activités plus productives.
Nombre de corporatistes (car c’est bien le seul nom qu’ils méritent, avec celui de monopolistes) répondront que, par exemple, les VTC et Uber leur volent leurs emplois, qu’ils subissent une concurrence sauvage et qu’ils finiront par disparaître si on laisse faire ! Mais ils ne volent pas d’emplois, ils créent le leur, et les usagers choisissent naturellement les solutions qui permettent d’améliorer leur bien-être. Méchant consommateur ! Mais poussons donc le raisonnement à l’extrême. Car quitte à avoir des « principes », autant ne pas faire dans la demi-mesure. Si les VTC et Uber détruisent les emplois des chauffeurs de taxi, combien d’emplois la création de l’automobile a-t-elle détruit ? Combien d’emplois la création de l’ampoule électrique a-t-elle supprimé chez les fabricants de lampes à huile et de bougies ? Frédéric Bastiat en avait fait une démonstration satirique pour montrer l’absurdité de ce type d’argument dans sa pétition des fabricants de chandelles. Que souhaitaient donc ces marchands ? L’interdiction des fenêtres, car le soleil était néfaste à leur activité.
Créer des emplois n’est pas difficile. Mais c’est de la valeur qu’il faut créer pour améliorer le bien-être de l’humanité.
[Modération : orthographe et syntaxe svp !, faites un effort]
Le textile est un tres mauvais exemple puisque d’ une part la qualite a fortement baisse ( je suis un consommateur attentif et il y a dix lorsque j’achetais des chemises dans des grandes enseignes elles vieillissaient encore bien, desormais au bout de deux ans le tissu de mediocre qualite se dechire et ceci pour le meme prix ) Meme dans le haut de gamme de la mode ( enquete du Figaro ) les vetements de luxe contienne des produits toxiques qui vont irriter la peau de ces dames fortunees Dans ces pays Bangladesh Chine en autre, la pollution due aux versements des teintes directements dans les lacs ou rivieres commencent a poser de serieux problemes D’autres part au Bangladesh les quelques mille ouvriers ayant perdu la vie ne sont qu’un epiphenome puisque la vie n’a pas le meme prix suivant les latitudes Meme probleme redondant en fin d’annee avec ces reportarges sur ces jouets qui envahissent les rayons Empoisonnez vos gamin avec ces produits bas de gamme et ne venez pas geindre Moi si je decide en France d’ouvrir un usine je devrais respecter des normes ecologiques et les vernis par exemple sur les jouets devront etre exempt de tout produit toxique Desormais les produits electroniques en Europe doivent avoir etre conforme a la directive ROSH C’est tres simple a comprendre cela s’appelle les couts compares ( etudes de Maurice Allais economiste ayant recu le prix Nobel ). Quant aux T Shirt le prix de sortie d’atelier doit etre de l’ordre de quelques euros Sur les rayons en France il coute quelques dixaines d’ euros Nous ne vendons que de la plus value et dans le luxe les marches peuvent etre delirante L’auteur devrait se renseigner sur le libre echange idem pour l’alimentaire l’affaire des germes bio produit en Egypte pollue par la bacterie fecale Echerichia coli en Allemagne ( il y eut des morts )
en gros , il faut interdire les produits chinois ?
Non, c’est au consommateur de décider, néanmoins la plus grande transparence ne ferait pas de mal, parce qu’avec une pièce achetée quelques euros et revendu des dizaines, sachant que personne ne vient saisir l’occasion de casser les prix pour piquer des parts de marché aux autres, il y a un problème de concurrence quelque part. (Sans doute une entente.)
ben si ça détruit des emplois…. mais ça en crée…
la question est d’abord morale..au nom de quoi j’ai le droit de limiter des gens d’échanger ce qui leur plait?
intérêt collectif me répondrez vous…
et qu’est ce que l’intérêt collectif?
ben c’est celui qui fait que sur un radeau…on tue un type pour le bouffer..c’est humain..mais pas très moral.
A mon sens, c’est une erreur de faire reposer la non limitation des libertés sur une forme ou une autre d’efficience économique sociale ou autre, le collectiviste a à a disposition suffisamment d’observables sociales, ou économiques globales dont certaines sont effectivement meilleures dans la situation d’entraves pour convaincre les gens…. l’exemple le plus banal est les inégalités des richesses…
c ‘est une imposture de la macroéconomie.
en général , sur le radeau, on mange d’abord le type qui vient de mourir …
si vous le dites…
si c’était aussi simple que ça , on aurait aucun problème et serions tous immensément riches !
sauf que l’innovation devient destructrice d’emplois lorsque les consommateurs sont comblés avant d’avoir des besoins et les moyens de les satisfaire ..la société des loisirs rêvée devient un enfer pour les non élus
Je suis d’accord avec vous sur les limites épistémologiques des indicateurs comme le PIB ou le RNB. Deux exemples : une société dans laquelle chaque individu produit en auto-suffisance tous les biens qu’il consomme, le PIB sera nul. Une société similaire, sauf que l’individu A achète ces biens à B pour 10 unités monétaires, B achète à C pour 10, etc et Z achète à A pour 10. Le PIB sera de 260 alors que la production sera exactement la même que dans l’autre pays ! Aucune richesse supplémentaire n’aura été créée. L’autre exemple qui rejoint le vôtre, c’est celui de l’accident de voiture. Cet accident de voiture ne fera pas diminuer la valeur du PIB au contraire il le fera augmenter puisqu’il conduira à faire travailler un garagiste, des assurances, des médecins voire les pompes funèbres.
Par contre, je suis en désaccord avec vous à propos de votre exemple sur les T-shirts importés, ou plutôt je suis en accord partiel. Ce que vous dites est entièrement juste lorsque vous utilisez un tableau emploi-ressources. Mais pour être juste, il conviendrait de ne pas se contenter d’un consommateur de T-shirts mais prendre en compte également le producteur autochtone de T-shirts. Dans le cas d’une économie « protectionniste », ce que vous dites pour le consommateur (C ) est juste. Ressource 50 Emploi 30 pour le T-shirt et 20 en espèce. Pour le Producteur (P), son tableau emploi ressource sera ainsi : Ressource 30 emploi 30 en espèce. Dans le cas de T-shirt importés, pour (C), là encore je reprends ce que vous écrivez : Ressources 50 Emploi 20 pour le T-shirt et 30 en espèces. Pour (P) ressource 0 et emploi 0. Si on fait le bilan, dans l’économie « protectionniste » (C) dispose d’un T-shirt, de 20 u.m. en espèces et (P) dispose de 30 u.m. Dans une économie non protecitonniste, (C ) dipose toujours d’un T-shirt, de 30 u.m mais P ne dispose de rien. Peut-on dire que la société formée par (C) et (P) est plus « riche » dans la seconde situation ? C’est tout le problème de l’économie, le passage du local ou global ou du micro au macro. Bien souvent ce qui est vrai pour un individu ne l’est plus lorsqu’on passe au global. C’est raison pour invalider l’individualisme méthodologique, son impossibilité à mettre en évidence des phénomènes émergents.
Quant à l’innovation, même si on admet votre proposition sur le « redéploiement » d’emplois, ce processus prend du temps puisque les qualifications des anciens emplois ne sont pas nécessairement facilement adaptables aux qualifications nécessaires aux nouveaux emplois. Dire que « tôt ou tard » les emplois supprimés seront compensés par la création de nouveaux emplois c’est finalement éluder le problème. L’enjeu ici c’est précisément de savoir comment faire pour arriver à ce résultat le plus tôt possible.
Dans une économie non protecitonniste, (C ) dipose toujours d’un T-shirt, de 30 u.m mais P ne dispose de rien.
Puisque P a les poches vides dans une économie non protectionniste, ce qu’il faudrait faire, c’est entourer le pays de barbelés et d’un mur en béton de 4 m de haut comme à Berlin… et ainsi ne plus rien échanger avec ses voisins car il n’y a pas de raison qu’ils soient désavantagés ❓
Quand on sait ce que valent les murs, et qu’ils sont fait pour que l’on emprunte un passage non protégé…
Maginot, mur de l’Atlantique, mur de Berlin-Est, Mélila, … aucun n’est éternel et n’a servit longtemps
vous faites des progrès. Un commentaire de plus de 5 lignes !
Je vous fais remarquer que je ne fais que montrer que le raisonnement qui s’applique à un individu ne s’applique pas nécessairement au niveau du groupe. C’est sans doute trop élaboré pour vous (puisque vous êtes au RDP (ras des pâquerettes) ) mais je ne pense pas la même chose de l’auteur de l’article bien plus brillant que vous.
Vous préférez digresser sur des questions idéologiques. Dommage pour vous, je ne fais pas dans l’idéologie mais dans la rigueur scientifique et intellectuelle mais comme vous êtes RDP, cela ne peut que vous dépasser.
Cordialement.
Bonjour brasty
En tout cas vous c’est plutôt un pb de cheville.
Cordialement itou
Dommage pour vous, sincèrement. En tout cas, j’ai du viser juste, puisque vous réagissez ❗
Vous donnez toujours dans la finesse « scientifique », avec le marteau et la faucille là ou le scalpel et le microscope seraient utiles. C’est que qui fait que vous êtes à coté de la plaque en permanence. Si votre raisonnement est partiellement vrai, c’est qu’il n’est pas juste.
Puisque vous vous trouvez brillant, je vous laisse trouver ou cela pêche
Personne ne PEUT produire en auto-suffisance l’ordinateur que vous utilisez pour poster ce commentaire.
Tout cela ne change rien pour la France, elle cumule la double peine
le bateu coule et fonce droit dans le mur..
le bateau fonce sur l’iceberg , ou sur le récif , mais rarement dans le mur …
l’innovation » tutelle » les emplois ?
prenons l’exemple de l’arrivée du train au 19ième siècle : dans la première période du train , le nombre de diligences augmente ! si !
pourquoi ? parce que les lignes et donc les gares étant encore peu nombreuses, les diligences servent à les approvisionner. les conducteurs de diligences profitent en partie du regain d’activité que procure cette innovation décisive qu’est le train … tchou , tchou !
et c’est là qu’intervient alain decaux : » à la fin du siècle, quand le train passe partout , le nombre de diligences approche du zéro … »
mais le train tue la production de pêche de ville ( les fameux pèchers conduit en espalier, cultivés au sud d’un mur dans la proche banlieue de paris. car il devient extrèmement facile et peu onéreux d’en faire venir du val de loire ou même de la vallée du rhone… de même, la pisciculture des étangs de la dombes amorce son déclin : les lyonnais préfèrent désormais le poisson de la mer méditerranée : on assèche les étangs !
le problème n’est pas le train , mais le train train …
Voilà une bien belle leçon de mathématiques…
Un peu théorique à mon sens,ou comment avec les chiffres faire une chose complexe une chose simple.
De quelle innovation par exemple parle t’on pour les vtc?
Les vtc ont simplement bénéficié de l’effet d’un changement de réglementation.
Si vous vendiez légalement des cigarettes sur internet,pourrions nous considérer que vous êtes innovants?
Je vous rejoins sur le fait qu’il n’y’a pas de destruction d’emploi sur le long terme,cependant les victimes de ces mutations sont bien réelles,et ces victimes n’ont que faire de vos « formules ».
Une leçon de mathématiques… bof…
Il aurait été plus utile de montrer que le protectionnisme est un impôt pour le consommateur final (10E ici pour le tee-shirt) et qu’il empêche l’innovation : si le protectionnisme me garantit de vendre mes tee-shirts, pourquoi vouloir innover pour faire baisser son coût ?
A un moment ou un autre le protectionnisme est rattrapé par l’innovation et quand la mer se retire on voit ceux qui se baignaient tout nu.
Bastiat… Rueff…
Ca serait pas mal d’avoir des références un peu plus actuelles et la citation de papiers empiriques prouvant le propos.
Ah, merde y’en a pas.
Il faut vraiment être aveugle pour ne pas se rendre compte que le libre-échangisme mondial par la concurrence étrangère et les délocalisations d’entreprise qu’il entraîne détruit notre économie et nos emplois. Une économie forte est une économie diversifiée et non spécialisée. Les faits, les chiffres et l’histoire donnent tort à l’auteur de cet article. Tout le monde peut constater que ce sont les nations qui protègent leurs intérêts vitaux par une protection douanière qui sont les plus prospères et dont le taux de chômage est moindre que les autres (Japon, Brésil, Corée du Sud, Argentine, etc.)
Entretien avec Jean-Louis Caccomo sur l’innovation et la théorie autrichienne: http://www.quebecoislibre.org/15/150515-2.html
Le problème avec le T-shirt à 20€, c’est que le type qui produit le T-shirt à 30€ qui ne se vend plus n’a plus de boulot, et donc il n’a plus les 50€ pour acheter des T-shirt.
C’est tout de même compliqué de baser une politique en considérant que la richesse d’un pays c’est Exportations-Importations. Tous les pays ne peuvent pas exporter plus qu’ils n’importent.
C’est donc penser le système économique comme quelque chose de naturellement déséquilibré. Bref un rapport dominants/dominés.