Par Pascal Perrineau.
Trois ans après son arrivée au pouvoir la gauche semble épuisée, divisée et sans ressort. Sa fragmentation semble inéluctable et son avenir décliner au pluriel.
Épuisée car l’exercice prolongé du pouvoir semble l’avoir minée que ce soit au plan local ou au plan national. Les élections municipales de 2014 puis les élections départementales de 2015 ont fait voler en éclats un socialisme local solidement établi depuis des décennies et la gauche, toutes tendances confondues, a été ramenée largement sous le seuil des 40% de suffrages exprimés (38,8% aux municipales et 36,8% aux départementales). Quant à la gauche présidentielle et gouvernementale, elle bat des records d’impopularité. Seule la figure du Premier ministre semble échapper au jeu de massacre. Avec 35% de confiance, il est l’unique figure de gauche à dépasser la barre des 30%.
La confiance que les Français font au Président de la République « pour résoudre les problèmes qui se posent en France actuellement » atteint 16% et se situe à 14 points en dessous de celle investie en Nicolas Sarkozy trois ans après le début de son mandat, à 16 points en dessous de celle dont bénéficiait Jacques Chirac en 2005 ou encore à 24 points en dessous de celle qui soutenait François Mitterrand en 1984. La situation est donc bien critique pour l’actuel locataire de l’Élysée : la confiance n’atteint 25% dans aucune catégorie, de sexe, d’âge ou de position socio-professionnelle. Elle est même alarmante dans certaines catégories : les 25-34 ans (11%), les commerçants, artisans et chefs d’entreprise (11%) et les ouvriers (12%). Au sein même de ses « soutiens naturels », François Hollande est minoritaire : 42% des électeurs de gauche lui accordent leur confiance contre 57% qui lui refusent. Si le Président de la République veut se représenter, le handicap à remonter est lourd non seulement sur le terrain des indicateurs économiques et sociaux mais aussi sur celui des indicateurs de popularité. Or, la candidature à l’élection présidentielle est soumise, parmi d’autres contraintes, à une « contrainte de popularité ». Depuis juin 2012, le Président a perdu 39 points : la chute est vertigineuse et rend difficile le travail de reconquête de l’opinion. L’effondrement n’est pas seulement personnel mais s’inscrit dans un mouvement général d’affaissement des gauches.
En mai 2015, aucun ministre du gouvernement, si ce n’est Ségolène Royal, ne dépasse la barre des 25% en termes de cote d’avenir. Indépendamment d’un Premier ministre qui résiste aux grands vents de l’impopularité, aucun ministre même dans les fonctions régaliennes les plus fortes ne parvient à exister fortement dans l’opinion. À cet égard, Manuel Valls apparaît relativement comme un homme seul, coincé entre un Président impopulaire et un gouvernement atone. La même désillusion touche les partis de gauche au premier rang desquels figure le Parti socialiste.
Depuis juin 2012, toutes les composantes de la gauche – sans exception – ont connu une érosion parfois très sensible. Au cœur de la gauche, le Parti socialiste s’est littéralement effondré (- 27 points de bonnes opinions) sans que les partis de la « gauche de la gauche » ne récupèrent  –tout au contraire- les fruits de la désillusion : le Parti communiste a perdu 13 points, le Parti de gauche 14 alors que la contestation radicale du Nouveau parti anticapitaliste qui ne faisait déjà pas beaucoup recette s’étiole et que la « différence » écologiste peine à convaincre.
La gauche est profondément divisée et très éloignée de la dynamique de rassemblement qui avait porté François Hollande à l’Élysée en mai 2012. L’apparition d’une fronde interne au groupe socialiste qui ne cesse de s’exprimer sur le terrain législatif depuis deux ans, l’entrée en dissidence des Verts qui ont quitté avec fracas le gouvernement de gauche en avril 2014, le départ de ministres socialistes frondeurs (Benoît Hamon, Aurélie Filipetti, Arnaud Montebourg) du gouvernement en août 2014, la quasi-opposition du Parti communiste dont une partie des députés n’a pas hésité à voter la motion de censure déposée par la droite en février dernier, enfin, le « Hollande bashing » auquel s’est remis avec ardeur Jean-Luc Mélenchon, sont autant de signaux du profond délabrement d’une gauche qui n’est bien sûr ni unie, ni même plurielle, mais éclatée.
Les oppositions ne sont pas seulement sur les personnes, le style ou la stratégie mais sur le fond de la politique menée au plan économique et social. Les débats sur l’Europe, la réforme des retraites, le financement de la Sécurité sociale, le pacte de stabilité, le budget 2015 ou encore la loi Macron ont été autant d’occasions réitérées de mesurer l’ampleur de la contestation. Au fond, jamais dans l’histoire des oppositions entre socialisme gouvernemental et socialisme militant, le fossé n’a été aussi grand. La gauche française a attendu, plus que d’autres en Europe, pour envoyer les premiers signaux du social-libéralisme. L’accueil de ce nouveau cours idéologique de la gauche a provoqué le réveil d’une tradition qui continue à croire dans les vertus d’une politique de relance de la demande au travers d’un engagement fort de l’État et dénonce les effets pervers d’une politique de l’offre trop favorable aux entreprises. Jusqu’au cœur du parti au pouvoir, le débat et l’affrontement battent leur plein. À quelques semaines du Congrès de Poitiers du Parti socialiste (5-7 juin 2015), la motion « À gauche, pour gagner » présentée par nombre de députés frondeurs dénonce « l’étau ordo-libéral » qui enserre l’économie de la zone euro, les « engagements oubliés de 2012 » et la nécessité de se démarquer des « politiques de rigueur ». La critique est vive et la gauche est même accusée de « singer la droite ». Cela veut-il dire que se dessine à la gauche du Parti socialiste et du gouvernement une alternative qui constituerait un nouveau ressort pour la gauche française ?
Contrairement au cas grec ou à la situation espagnole où la crise de la gauche a ouvert un espace pour le retour de gauches de contestation, tel n’est pas le cas en France. La gauche est sans ressort que ce soit au plan interne où « l’effet 11 janvier » n’a duré que quelques semaines ou sur son flanc gauche où les partis et les leaders représentatifs de cette mouvance font de moins en moins recette. En effet, l’embellie de la « gauche républicaine » n’a rien changé à la spirale du déclin et, quatre mois après les événements de janvier, les divers membres de l’exécutif socialiste se retrouvent dans la même situation de désamour qui était la leur en décembre 2014. Quant aux leaders de la contestation de gauche, qu’ils agissent à l’intérieur du PS ou en dehors, leur érosion est inéluctable et de même ampleur que celle qui a saisi les leaders de la « gauche de gouvernement ».
L’horizon pour la gauche est sombre et il ne lui reste plus qu’à compter, non pas sur ses propres forces, mais sur une force extérieure, celle d’une conjoncture économique qui neutraliserait ses échecs, ou encore sur une faiblesse externe, celle de ses adversaires UMP et FN empêtrés dans des difficultés internes.
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je me suis souvent demandé si hollande aurait été élu face à une autre personne que sarkozy en 2012 ; combien d’électeur ont voté pour le ps non par conviction mais pour virer sarkozy ? that is the question ; quand au désamour des français pour le ps , il est tout à fait compréhensible ; tout les jours , ce pays descend une marche qui nous mènera vers un mur ;
S’ils avaient voulu voter contre Sarkozy, ils auraient voté blanc ou se seraient abstenu. Faut arrêter de nier la réalité.
Surtout qu’une bonne partie des opposants de Hollande le sont parce qu’il mène une « politique ultra-libérale »
En quoi ce constat va-t-il changer quelque chose. Il est là jusqu’en 2017 et ce gouvernement s’empresse d’imposer des mesures d’égalitarismes les plus stupides comme tout gouvernement qui perd les pédales cherche à imposer ses vues quitte à détruire le pays qu’il gouverne.
Maintenant, il reste à espérer qu’en 2017, les réactions idiotes du type antisarkozisme ne se reproduiront pas et que l’on ne verra plus cette bande de gougnafiers pour très longtemps.
Au vu du marasme politique français et du choix donné à l’électeur lors de la prochaine présidentielle (nous allons tout droit vers un Hollande – Sarkosi bis ); il faudra attendre 5 ans de plus avant peut-être de voir éclore de nouveaux visages et une génération plus audacieuse qui essaiera de balayer une haute administration qui pourrie le fonctionnement de l’état….C’est pas gagné….
Pourrit ….pardon !!!! A ce collège unique….
Les citoyens partisans du libéralisme n’ont plus de parti présentant un candidat, sont séparés en tendances diverses, mais ils forment une force électorale d’appoint, qui peut être environ située à 8 ou 10%.
Ces citoyens, déçus par sa politique, n’ont pas voulu voter Sarkozy et se sont abstenus.
Résultat: Hollande.
J’en connais même qui, conscients, disaient: mettons un socialiste, et après quelques années les Français vont se retourner. Ils pensaient que le chemin vers le libéralisme passe par le socialisme!
Quant à la gauche, elle accuse Hollande de libéralisme, pour dévaluer le sens de ce mot, et se prémunir de lendemains qui ne lui conviennent pas.
Nous sommes en pleine confusion, et c’est là le résultat du bi-partisme obligatoire au second tour.
Bien plus que cela : une grande partie de ceux qui votent encore à droite votent pour le libéralisme économique et de ceux qui votent à gauche pour le libéralisme sociétal.
Ce pays est profondément libéral, mais coupé en deux par le mythe Rousseauiste depuis 1789. Mythe qui s’est amplifié par toutes les doctrines délirantes du XIX° et XX° : marxisme, existentialisme athée, rationalisme, matérialisme, populismes en tout genre. : incapable d’accepter la réalité qu’il considère comme un défi à la raison.
bonjour , Sigmund,j’ai bien peur que vous n’ayez raison ,et que nous nous retrouvions avec les 2 mêmes en bout de course ,ce faute de discernement et d’un certain courage de la part d’électeurs encore englués dans la propagande médiatique qui sévit en France .