Entretien avec un libertarien : Thierry Falissard

Qu’est-ce que le libertarisme ? Entretien avec Thierry Falissard.

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Entretien avec un libertarien : Thierry Falissard

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 mai 2015
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Adrien Faure propose sur son site une série de portraits de libertariens. Contrepoints vous propose de découvrir aujourd’hui l’un d’entre eux, très impliqué dans le combat des idées pour la liberté.

Un article d’Utopies concrètes

Thierry Falissard a 56 ans et vit à Lausanne, dans le canton de Vaud. Adhérent de l’Institut libéral, il travaille comme ingénieur et informaticien le matin et écrivain et métaphysicien à seize heures. Son signe astrologique est Taureau ascendant Cancer et sa couleur préférée est le jaune d’or.

AF. Comment définirais-tu le libertarianisme ?

Je préfère parler de libertarisme que de libertarianisme. C’est la recherche et l’application des principes de base qui conditionnent la possibilité d’une vie en société qui minimise la violence.

Thierry FalissardCette recherche touche à l’éthique, voire à la métaphysique. En effet, il faut une définition de la violence, de l’agression, des agresseurs, du périmètre individuel sujet à agression et qui devrait en être protégé, et donc de ce que devrait être le droit dans une société non-violente. On aboutit à une philosophie du droit découlant de préoccupations éthiques, voire d’une ontologie ou d’une conception de l’homme.

Le droit, sauf à être arbitraire, doit être la traduction d’une éthique intersubjective : pour moi, il s’agit de l’éthique minimale de la non-agression, éthique confirmée par toutes les religions et les morales laïques (éthique de réciprocité, Golden Rule et Silver Rule). Les libertariens mettent au défi quiconque de trouver un autre fondement à une vie en société qui soit non-violente.

Cela remet en question les conceptions positivistes du droit comme construction ou institution héritée du passé, totalement déconnectée de l’éthique, comme le croient certains libéraux. Cela remet aussi en question la nature de la politique et du pouvoir. La démocratie n’en réchappe pas, puisqu’elle consacre la domination d’une majorité sur une minorité, et s’attaque constamment au périmètre individuel et à la sphère privée (y compris en Suisse avec de fréquentes initiatives populaires antilibérales, et une élite politique qui va contre l’intérêt de la population tellement elle est pressée de construire une Suisse identique au reste du monde).

AF. De quel courant du libertarianisme te sens-tu le plus proche et pourquoi ?

Je me sens proche de tous les courants (sauf des conservateurs et des Randiens), sachant qu’ils relèvent tous pour le moment de l’utopie : il n’y a pas aujourd’hui de société anarcho-capitaliste ou panarchique, et encore moins de société minarchique. L’une ou l’autre me conviendrait, mais je n’en vois pas la perspective avant longtemps. Je parle d’utopies car il n’y a pas de formule magique pour empêcher en en anarcapie l’émergence d’un État central, ni pour empêcher en minarchie un État minimal de devenir maximal, comme les États d’aujourd’hui. Ce sont donc des modèles théoriques vers lesquels il faut tendre, mais qui ne seront peut-être jamais réalisés, ou pas avant des siècles. En effet, la pente naturelle de toute société est de céder à cette loi éternelle qu’est la loi du plus fort, et il est impossible d’empêcher le plus fort de s’octroyer la part du lion (d’où tous les avantages dont bénéficie le secteur public dans tous les pays, l’impunité totale des dirigeants, le mépris qu’ils ont pour leurs administrés, leur court-termisme, leur propagande orwellienne, la dette publique qui matérialise leur irresponsabilité). Mais ce qu’il faut incriminer est bien la bêtise du citoyen-électeur, prisonnier de toutes sortes d’illusions, qui croit que la politique est utile et nécessaire : c’est bien là la cause profonde de l’inaptocratie !

AF. Selon toi, le libertarianisme est-il un projet politique ou une éthique de vie ? Ou les deux ?

Le libertarisme est d’abord pour moi un rejet de la politique, ou un projet anti-politique, car c’est une affirmation de la primauté de l’individu sur le collectif. C’est aussi une éthique de vie fondée sur le primat de la volonté individuelle et de la non-agression. Ce n’est pas une éthique complète, elle ne vous empêche pas d’avoir au surplus une éthique personnelle, d’être athée ou croyant, végan ou carnivore, altruiste, égoïste, radin, misanthrope, judéophile, islamophobe, etc.

Comme individualiste radical, j’ai la plus grande méfiance à l’égard de toutes les entités collectives, sources d’oppression. Seules les associations volontaires sont légitimes. Libre à vous de vous définir comme appartenant à telle entité collective (nationale, religieuse, politique…) et d’y voir une partie de votre identité, libre à moi de refuser de faire de même, et de refuser qu’au nom de votre identification à un collectif donné (nation, patrie, congrégation, syndicat…) vous veniez empiéter sur ma liberté et m’imposer votre point de vue.

Certains libéraux se gargarisent avec l’État de droit, les institutions, la séparation des pouvoirs, la légitimité démocratique, le contrôle démocratique, l’indépendance de la justice, etc. Toute cette machinerie dont ils sont très fiers (et qui a sans doute quelques mérites historiquement) n’a pas empêché les États et les institutions (nationales et internationales) de devenir ce qu’ils sont : de terrifiantes machines à broyer l’individu, avec prolifération de la bureaucratie, impunité des irresponsables institutionnels, spoliation généralisée, atteintes continuelles aux libertés et à la propriété. Alors ils préconisent aux mécontents de « voter avec leurs pieds », comme si les États étaient des copropriétés d’où l’on pouvait facilement déménager en cas de désaccord, et comme si ces États étaient les propriétaires ultimes du territoire où ils résident…

Le libertarien conteste les notions d’intérêt général, de biens publics, constructions ad hoc qui servent à justifier l’oppression. Est récusée aussi l’idée de nation, de volonté populaire, de cohésion sociale, de vivre ensemble, de projet commun, de progrès social, sans tomber dans un atomisme social (reproche habituel si facile), puisque le libertarien est en faveur de toute association volontaire.

La tâche du libertarien de mon point de vue n’est pas d’entrer dans le jeu politique normal et de chercher à être élu. Il n’a pas de modèle de société de rechange à proposer, mais il exerce une fonction critique à l’égard de la chose politique, en montrant comment toute action étatique est immorale, car fondée sur le vol, la coercition, les privilèges accordés à quelques-uns aux dépens de tous les autres. En abandonnant la politique politicienne au bénéfice de la philosophie politique et de l’économie politique, il peut ainsi espérer élever le niveau de conscience (désolé d’employer une expression aussi New Age) de la population en dénonçant l’imposture politique. Appliquer la loi du plus fort indépendamment de toute éthique, fût-ce au travers de la démocratie, c’est céder à la facilité : rien ne la justifie, ni la théorie des biens publics, ni la fiction de l’intérêt général.

Au plan collectif, le libertarisme est un abolitionnisme : il suffit en théorie d’abolir les législations liberticides, c’est-à-dire 99 % des lois, alors que la tendance est au contraire à l’empilement législatif, au bénéfice direct des politiciens, juristes, lobbyistes, assistés, groupes de pression et minorités tapageuses, etc., sans parler du capitalisme de connivence qui a pris une ampleur démesurée de nos jours (la PME du coin peut bien crever sous les charges, mais il faut sauver telle grande entreprise ou telle banque au nom de l’intérêt national, ce cache-sexe de la corruption cleptocratique).

Au plan individuel, le libertarien peut rechercher un affranchissement personnel, en usant du droit d’ignorer l’État et du passivisme. Quelques outils existent : on peut quitter la Sécu (en France), utiliser Bitcoin, faire jouer la concurrence à tous les niveaux, pratiquer l’agorisme, la désobéissance civile, etc. mais on est encore loin du compte pour ce qui est des moyens disponibles.

AF. Comment es-tu devenu libertarien ? As-tu toujours été libertarien ? Si non, quelles étaient tes positions politiques antérieures ?

Quand on n’a pas de principe directeur, de philosophie politique, c’est l’émotionnel qui domine, et l’on est pris au piège d’illusions telles que la nation, les acquis sociaux, le progrès social, la justice… C’est ce qui se passe en politique française, où il n’y a plus d’idées, que de l’émotionnel et des querelles de personnes. Le cycle interventionniste a été bien décrit par les libertariens : il y a un problème à résoudre, d’où une intervention étatique, qui créera d’autres problèmes dans une spirale sans fin. Tout cela est absurde, sauf pour les politiciens qui y trouvent leur raison d’être, car « l’art de la politique consiste à masquer la destruction de richesse par l’enfumage des victimes » (corollaire de Nasr Eddin Hodja à la loi de Bitur-Camember).

Je suis donc sorti, bien péniblement car rien ne vous y aide (surtout quand vous êtes un produit des grandes écoles à la française), de toutes les illusions étatistes, sans pour autant tomber dans un utopisme libertarien (pas de Matrice de rechange quand vous êtes sortis de la Matrice). La clé a été pour moi le postulat de la volonté individuelle, et le critère du consentement appliqué à tous les rapports sociaux. La critique libertarienne montre que le roi est nu, qu’on n’a pas besoin de lui, que le mensonge et le vol ne changent pas de nature parce qu’ils ont reçu l’onction politique ou étatique. Le libertarien a pour vocation de devenir le poil à gratter du conformisme politique (y compris libéral).

AF. Quels individus, vivants ou morts, inspirent ton engagement ?

Je me réclame de la philosophie transcendantale (celle qui part du primat de la conscience) et du volontarisme, dans le sillage difficile de Spinoza, Kant, Schelling et Schopenhauer. L’avantage et en même temps le défaut d’une telle philosophie est qu’on se place dans l’intemporel, on néglige un peu les théories évolutionnistes parce qu’on a tendance à penser qu’il n’y a jamais rien de nouveau sous le soleil…

Il me faut citer Max Stirner, qui dénonce l’État comme nouvelle divinité, ancrée davantage dans les têtes qu’établie dans les faits ou légitimée par ses succès. La royauté de droit divin et l’assertion que « tout pouvoir vient de Dieu » ont laissé des traces, on a juste remplacé le roi par la nation, tout cela pour aboutir à une oppression bien pire que sous l’Ancien régime. Il y a encore des gens qui croient que tout ce que fait l’État est bien, puisque cela résulte de la volonté générale ! Ou que l’État a une vision à long terme, qu’il est indispensable pour fournir tel service dit public, voire qu’il est la source de toute civilisation et de tout progrès…

Arthur Schopenhauer, plus connu comme métaphysicien (offrant un trait d’union unique entre Occident et Orient), établit un lien fort entre métaphysique, éthique et politique. La politique n’est plus alors que la façon d’assurer la coexistence des volontés individuelles, en imposant le principe de moindre agression, chaque volonté étant respectable dès qu’elle n’en agresse pas une autre. D’où déjà la critique du paternalisme étatique, tout autant que du collectivisme (que Schopenhauer dénonce chez Hegel de façon prémonitoire !). On aboutit à des positions assez proches de celles de Rand ou Rothbard, en partant de postulats diamétralement opposés (réalisme empirique kantien au lieu du réalisme aristotélicien).

Après cela, les libertariens du XXe siècle, Rothbard, Friedman, Rand, etc., n’ont fait que développer à l’extrême et de façon systématique ce qui était déjà en germe au XIXe siècle, décrit par Bastiat (ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas) ou Molinari (l’État comme producteur monopolistique, très inefficace, de sécurité). Avec le temps, je crois davantage à une société multiculturelle et multi-juridique à la Friedman qu’à une société où régnerait un droit naturel uniforme à la Rothbard.

AF. Quelles sont les 3 valeurs les plus importantes à tes yeux ?

Outre la triade classique liberté, propriété, responsabilité : autonomie, dépassement, lucidité.

AF. Ton livre libertarien préféré ?

C’est peut-être le livre de Pascal Salin, Libéralisme (2000), celui qui m’a le plus efficacement ouvert les yeux. « Encore un livre politique, donc arbitraire, partisan et sectaire » m’étais-je dit en l’ouvrant, plutôt sceptique. Mais non, tout au long du livre on applique une seule logique, la logique de la liberté, et une extraordinaire cohérence s’en dégage ! On est très loin des ouvrages politiques habituels, écrits par les politiciens, leurs nègres ou leurs épigones, où les intentions généreuses cachent sous de belles phrases la coercition et la dictature molle nécessaires pour faire appliquer les idées.

AF. Ta citation libertarienne préférée ?

Il y aurait des dizaines de citations toutes aussi valables les unes que les autres…

  « Il ne faut pas que le peuple s’attende à ce que l’État le fasse vivre puisque c’est lui qui fait vivre l’État. » (Frédéric Bastiat)

« Ils veulent être « bergers », ils veulent que nous soyons « troupeau ». Cet arrangement présuppose en eux une supériorité de nature, dont nous avons bien le droit de demander la preuve préalable. » (Frédéric Bastiat)

– « L’État est le maître de mon esprit, il veut que je croie en lui et m’impose un credo, le credo de la légalité. Il exerce sur moi une influence morale, il règne sur mon esprit, il proscrit mon moi pour se substituer à lui comme mon vrai moi. » (Max Stirner)

– « L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. » » (Friedrich Nietzsche)

  « Il n’y a point d’alchimie politique à l’aide de laquelle on puisse transformer des instincts de plomb en une conduite d’or. » (Herbert Spencer)

– « L’État n’est que la muselière dont le but est de rendre inoffensive cette bête carnassière, l’homme, et de faire en sorte qu’il ait l’aspect d’un herbivore. » (Arthur Schopenhauer )

– « Pour un libéral, l’État minimal est le plancher ; pour un libertarien, il est le plafond. » (Patrick Smets)

AF. En tant que libertarien, quelle est ton analyse sur la situation socio-économique et politique en Suisse et en Europe ?

L’Europe est bien avancée sur la route de la servitude hayékienne, et la Suisse, trahie par ses élites, court derrière elle avec quelques années de retard. Comme on pouvait s’y attendre, le problème du surendettement étatique a été réglé partout, non par l’austérité ou la réduction du périmètre étatique, mais par la planche à billets. Tout le monde sait que ça finira très mal (d’où le marasme actuel où cet effondrement de la société est inconsciemment pressenti) mais on ne sait pas quand l’écroulement aura lieu, ni si ce sera uniquement pour des raisons économiques (faillite générale) ou socio-politiques (dictatures nationales ou supranationales, fanatisme nationaliste ou révolutionnaire, expansion du totalitarisme islamique…).

La gangrène étatique s’étend aujourd’hui sur toute la société, et quasiment tous les domaines d’activité sont touchés. Quelques exemples dans des domaines auxquels je m’intéresse. La santé, avec une sécurité sociale de type soviétique en France, et crypto-soviétique en Suisse avec la LAMal, qui interdit de s’assurer hors de Suisse (alors que même en France c’est possible) ! L’enseignement public, à la fois uniformisé dans sa partie obligatoire (promotion des cancres et rabaissement des doués) et prébendaire dans sa partie universitaire, déconnectée de l’économie (avec des matières qui ne servent qu’à faire vivre le professeur qui les enseigne). La science, que l’on aurait pu croire objective et détachée de la politique, est en fait une science étatisée, où prolifèrent les gaspillages et les fromages (changement climatique prétendument d’origine anthropique, projets inutiles et pharaoniques comme ITER, théories-fromages qui ne servent qu’à donner une occupation aux scientifiques, comme la théorie des cordes en physique, sciences dites sociales, etc.).

AF. Envie d’ajouter quelque chose ?

Je rappelle l’existence de mon livre gratuit Faut-il avoir peur du libéralisme ?, qui est une description assez équilibrée du libéralisme, mais qui sera jugée extrémiste si l’on est étatiste, et trop modérée si l’on est libertarien.

Je publie en 2016 un petit livre La pensée bouddhiste (son titre d’origine : « Métaphysique bouddhique » a été jugé trop rebutant par l’éditeur, Almora…) où j’essaie de combattre pas mal d’idées reçues sur cette philosophie, qui est la mienne, au travers du prisme de la philosophie transcendantale occidentale.

Je soutiens l’initiative suisse monnaie-or  (ex « franc-or ») qui vise à mettre en circulation une monnaie parallèle reposant sur l’or. Un des critères permettant de reconnaître un État vraiment libéral (on en cherche toujours !) serait celui d’une liberté monétaire complète (autres critères : non pénalisation des crimes sans victimes ; État géré comme une entreprise ; liberté d’expression absolue).

Enfin, je plaide pour des débats libertariens où l’on éviterait autant que possible des sources de dissension classiques, qui sont de deux sortes : éthiques et métaphysiques. Éthiques : vous avez le droit de soutenir n’importe quelle éthique (conservatrice, écologique, solidariste…) du moment que vous ne cherchez pas à l’imposer à autrui (excepté quand il s’agit de l’éthique minimale de la non-agression). Métaphysiques : vous ne devriez pas utiliser des arguments métaphysiques dans un débat libertarien, qu’il s’agisse de la « loi naturelle », de Dieu, de la providence (Bastiat !), du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau !), de la dignité humaine (Kant !) ou même (plus subtil) du libre arbitre ou d’une quelconque « nature humaine ». De telles hypothèses risquent d’affaiblir votre argumentation (sauf avec ceux qui partagent les mêmes conceptions) et de mettre un terme au débat, ce qui est dommage car on peut parvenir à des conclusions libertariennes identiques à partir de postulats très différents.

  • Entretien dirigé par Adrien Faure

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  • Vous serez crédible en libertarien lorsque vous banniriez de votre vocabulaire le mot « nègre » utiliser dans comme dans ce sens  » On est très loin des ouvrages politiques habituels, écrits par les politiciens, leurs nègres ou leurs épigones, ».
    Vive le combat pour la liberté sous toutes ses formes.

    • C’est quoi le problème avec le mot « nègre »?

    • Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.—Albert EINSTEIN

    • Votre commentaire montre votre inculture. Negre est ici utiliser pour désigner les gens qui écrivent des livres au nom d’autres personnes (souvent des hommes politiques). C’est comme cela que l’on appelle ces gens. Il n’y a rien de raciste là dedans

  • Les donneurs de leçons qui veulent réécrire la langue française selon leurs lubies devraient savoir que je n’appartiens pas au PC (politiquement correct).

    https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A8gre_litt%C3%A9raire

    • « Les donneurs de leçons qui veulent réécrire la langue française » s’appellent des intellectuels. Ils essayent de réécrire de penser les choses autrement (du point de vue de la liberté en ce qui me concerne) ils ne sont ni des fatalistes ni de ceux qui trouvent dans l’antériorité le sceau de la vérité. Il ne s’agit pas d’être PC ou pas. Il s’agit de considérer la nature par analogie de ce mot qui rappelle lu noir esclave. En tant que libertarien je trouve dommage que ce mot trouve postérité dans vos écrits.
      Vive le combat pour la liberté sous toutes ses formes!

      • Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.—Albert EINSTEIN

      • @libre, vous n’êtes manifestement pas libre (et encore moins libertarien) pour vous opposer à la liberté d’expression.

      • Nègre: du latin « niger » , couleur noire. Utilisé par Aimé Césaire, Léopold Sédar Sanghor, Marcus Garvey et même… Martin Luther King lui-même dans son combat contre la ségrégation raciale aux USA. Tout ces gens se disaient fièrement de culture nègre, c’est à dure noire, tout bêtement.

        Si par la suite c’est devenu complètement péjoratif et une insulte dans la bouche de blancs racistes, nègre n’est en rien un terme fondamentalement insultant. Ca désigne juste la couleur, et quand en plus vous dénoncez son utilisation dans un sens littéraire sans aucun rapport avec une quelconque connotation raciste, alors votre couplet « snif oin c’est pas libertarien » est juste risible.

        • Contextualisons : « On est très loin des ouvrages politiques habituels, écrits par les politiciens, leurs nègres ou leurs épigones, ». Je ne pense pas qu’ici « nègre »  » désigne juste la couleur » n’est-ce pas @Dr Slump.

          @liw : deux poids deux mesures. vous me reprochez de donner mon point de vue. Vous sacrifiez ainsi ma liberté d’expression sur l’autel de celle de l’auteur. N’est-ce-pas là une position totalitaire?

          •  » Je ne pense pas qu’ici « nègre » » désigne juste la couleur » n’est-ce pas. »
            En effet, il désigne ici autre chose, qui n’est toujours pas raciste, et je le précise bien, relisez-moi: « quand en plus vous dénoncez son utilisation dans un sens littéraire sans aucun rapport….  » FAIL

            « vous me reprochez de donner mon point de vue… »
            Il ne vous reproche en aucun cas de donner votre point de vue. Il vous reproche de vous opposer à la liberté d’expression. Ce en quoi il a tout à fait raison, je vous cite: « En tant que libertarien je trouve dommage que ce mot trouve postérité dans vos écrits. ». Ce qui veut dire qu’en tant que libertarien vous trouvez dommage que quelqu’un utilise librement un terme qui vous déplait (et que de plus vous interprétez de façon erronée). FAIL AGAIN

            Vous essayez de couper les cheveux en quatre, et ne réussissez qu’à vous ridiculiser un peu plus.

            • Il me semble qu’il y’a une différence entre  » je trouve dommage » et « vous n’avez pas le droit ». L’auteur à le droit d’utiliser le mot « nègre » et moi de trouver dommage son utilisation. Donc @ Dr Slumps soyez cohérent et ne me faites pas un procès de m’opposer à la liberté d’expression.

              Article très intéressant tout comme le livre Faut-il avoir peur du libéralisme ? http://www.institutcoppet.org/2012/12/02/faut-il-avoir-peur-du-liberalisme-par-thierry-falissard-2012/

              • On parle là de nuances. Mais c’est sans trop de nuances que vous dites: « Vous serez crédible en libertarien lorsque vous banniriez de votre vocabulaire le mot « nègre »  »

                Vous lui suggérez donc de bannir un mot qui vous déplait de son vocabulaire, et de plus dans le but « d’être crédible en libertarien », selon votre idée des mots qu’un libertarien devrait utiliser ou non. Ce qui n’est pas très libertaire, avouons-le…

                Vous ne le forcez pas à abandonner l’emploi de ce mot, bien sûr: vous n’en avez pas le pouvoir! Mais si vous en aviez le pouvoir, ne seriez vous pas tenté de forcer les gens, juste un tout petit peu, à ne pas employer ce genre de mots qui vous déplaisent? C’est comme ça que ça commence, ça dérive en l’installation du politiquement correct, en lois discriminantes, en destruction du sens des mots, puis en l’établissement d’une oppression idéologique diffuse, comme celle que l’on observe en France.

                Vous serez libertaire lorsque vous laisserez un raciste libre d’appeler les noirs « nègres », pour plutôt leur opposer des arguments qui prouveront qu’ils ont des raisonnements étroits et erronés. Laissez les gens dire ce qu’ils pensent, mais ne les laissez pas attenter à la liberté qui que ce soit.

                • @Dr Slump lorsque vous me citez faites un effort de ne pas me censurer. Je n’ai jamais dis comme vous me le faites dire « « Vous serez crédible en libertarien lorsque vous banniriez de votre vocabulaire le mot « nègre » ». C’est de la malhonnêteté intellectuelle.
                  Moi j’ai plutôt dis : »Vous serez crédible en libertarien lorsque vous banniriez de votre vocabulaire le mot « nègre » utiliser comme dans ce sens » On est très loin des ouvrages politiques habituels, écrits par les politiciens, leurs nègres ou leurs épigones, ». » Votre méthode est de sortir ma pensée de son contexte pour la pervertir a votre guise.
                  Pour être définitivement clair je m’accorde avec vous selon votre propre analyse en disant que je : « « suggère » donc de bannir un mot qui « me » déplait de son vocabulaire » . Comme vous le dites bien c’est de la suggestion. Il en fait ce qu’il vœux jusque la il n’y a pas d’agression ni coercition.
                  « Mais si vous en aviez le pouvoir, ne seriez vous pas tenté de forcer les gens, juste un tout petit peu, à ne pas employer ce genre de mots qui vous déplaisent? » c’est au conditionnel, c’est une hypothèse c’est votre droit d’opinion c’est subjectif. N’ y perdons pas de temps car ca affaiblit votre argumentation.
                  « On parle là de nuances » vous m’avez pas compris. J’ironise lorsque je dis :  » Il me semble qu’il y’a une différence entre » je trouve dommage » et « vous n’avez pas le droit » le fossé entre les deux est bien sûr abyssale.
                  Soyez conséquent et admettez que j’ai le droit de suggérer à l’auteur de ne pas pérenniser le mot nègre lorsque celui-ci par analogie à la couleur noir de certaine personnes renvoie à esclave à la servitude, à une absence de liberté (y compris pour dire « les gens qui écrivent des livres au nom d’autres personnes (souvent des hommes politiques) »comme ici dans ce texte.
                  Quand faites-vous de ma liberté d’opinion et d’expression même lorsqu’elles vont à l’encontre de votre prophète ici l’auteur.
                  Repensons la liberté sous toutes ces formes, soyons conséquent. La liberté de chacun est la liberté de tous.

                  • Pour la énième fois, nègre n’est absolument pas utilisé ici dans un sens raciste ou dans une volonté de rappeler l’esclavage des noirs, c’est vous seul qui en faites un rappel, comme on dit, c’est la première poule qui chante qui a pondu l’oeuf.

                    « Que faites-vous de ma liberté d’opinion et d’expression… » Et qu’en faites-vous de la MIENNE, même lorsqu’elles vont à l’encontre de votre sainteté libertaire?

                    Et puis baste, accrochez-vous à votre politiquement correct hors de propos, si cela flatte votre amour-propre de libertaire illusoire.

      • « Vive le combat pour la liberté sous toutes ses formes! » Oui, y compris celle d’employer le mot nègre.

      • « Intellectuel » c’est une blague…
        En quoi ces censeurs médiatiques sont-ils intellectuels ? Ils ont parfois des professions intellectuelles. Mais plein d’autres gens aussi. Qui ne sont pas d’accord avec eux. Et à qui ils veulent refuser la parole.

        Mais surtout, ce qui devrait faire fuir le libéral, libertarien ou autre c’est qu’ils sont constructivistes. Ils veulent à tout prix construire un homme, une société, des relations conformes à leurs souhaits. Ils ne veulent pas être libres, ils veulent que les autres le soient… (enfin, c’est ce qu’ils prétendent). Et c’est déjà là le début de la route de la servitude.

        Laissez faire, laissez passer !

  • Difficile de se faire une opinion puisqu’on pas réellement une expérience pratique du libertarisme au plan national, le mieux serait de l’essayer mais les gens ont trop peur vu qu’on connait la cupidité des hommes d’affaires.
    Mais est elle plus grande que celle du gouvernement ?

    Nous travaillons en réalité 6 mois gratuit pour le gouvernent pour payer taxes et impôts dans un marché où les prix sont biaisés, si le libertarisme veut percer il doit prouver que plus d’argent restera dans le porte monnaie du consommateur, que les prix soit plus raisonnable et surtout qu’il ne dérive pas au fil des années comme c’est le cas du libéralisme ou de la politique….

  • Article très intéressant et enrichissant. Bravo!

  •  » une éthique de vie fondée sur le primat de la volonté individuelle »

    Jusqu’à présent je n’ai rencontré personne ayant réussi à naître du fait se sa volonté individuelle.

    • On ne peut nier cela en effet. Mais jusqu’à présent je n’ai rencontré aucun adolescent qui n’ait envie de s’affranchir de la tutelle de leurs parents. Et les « vieux garçons » ou les « vieilles filles » qui continuent à un âge mûr de dépendre de leur parents sont loin d’être heureux.

      • Par ailleurs Je n’ai jamais rencontré aucune personne ayant décidé de naître pauvre.

        • Ne mélangez pas tout. Naître pauvre, ou dans un pays pauvre, naître handicapé, naître avec un don génial, ce sont des déterminismes. Mais vous naissez par nature libre de vivre avec ces déterminismes comme vous l’entendez. Et par ailleurs naître riche peut être une malédiction pour certains. Tout dépend de ce que vous en faites.

  • « (…) vous ne devriez pas utiliser des arguments métaphysiques dans un débat libertarien, qu’il s’agisse de la ‘loi naturelle’, de Dieu, de la providence (Bastiat !), du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau !), de la dignité humaine (Kant !) ou même (plus subtil) du libre arbitre ou d’une quelconque ‘nature humaine’  »

    voilà qui m’enchante à une époque où une frange non négligeable du public — même français — semble avoir oublié le conseil de Gide « croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent » [dans “Ainsi soit-Il, ou Les jeux sont faits” (1952)].

    Il est intéressant — et ici je m’adresse en particulier aux « bouffeurs de curés » — de constater que ce mot de Gide trouve son origine (sinon directe du moins par filiation) chez un cardinal de l’Eglise romaine, à savoir mon compatriote Nicolaus Cusanus, né tout comme moi sur les rives de la Moselle allemande: « (…) auf jede mögliche Frage über Gott muss also allererst geantwortet werden, dass sie eine ungeeignete ist // à toute possible question sur Dieu il faut d’abord répondre qu’elle est non-idoine (ne vaut rien) », dans: « De docta ignorantia » p. 175 de l’édition Marix, Wiesbaden 2012. Qui plus est, ce même Cusanus est sans doute à la base (encore une fois: sinon directe du moins par filiation) de « l’idée de Dieu » chez Spinoza.

    En effet:

    « …alles ist Substanz; auch das Denken, der Geist, ist Teil dieser Substanz; auch Gott gehört dazu, mehr noch, Gott IST die Substanz // tout est substance; la pensée elle aussi et l’esprit lui aussi sont substance; qui plus est, Dieu EST la substance ». Ce qui entre nous soit dit, semblait en apparence confirmer les vues des athéistes, puisqu’ils purent se croire brillamment soutenus par Spinoza qui aurait donc « supprimé Dieu » — tout en oubliant, petit détail, que cette même doctrine spinoziste avait également « supprimé la matière » [« (…) dies Unverständnis brachte aber mit sich dass die Atheisten sich ‘grandios’ bestätigt sahen weil – ihrem Verständnis zufolge – Spinoza Gott de facto ‘abschafft’ (dass seine Lehre auch die Materie ‘abschafft’ ist den Allermeisten gar nicht erst aufgefallen », dans: DIE BRÜCKE, Forum für antirassistische Politik und Kultur nr 161, p.78 ]

    cela se se retrouve donc bel et bien chez Cusanus, encore une fois dans « De docta ignorantia » p. 111: „(…) und der Geist ist nicht getrennt, nicht trennbar von den Dingen (mens non est separata a rebus aut separabilis) // et l’esprit n’est séparé ni séparable des choses ».

    Ce n’est toutefois et probablement pas un hasard que Cusanus, bien que cardinal, n’ait jamais été canonisé ni même béatifié. En effet, il contredit plusieurs dogmes de l’Eglise. Bien que, à la réflexion, un théologue aussi connu que Karl Rahner (dont je possède « Von der Not und dem Segen des Gebets ») ait pu écrire que « Dogmen sind wie Laternenpfähle: sie beleuchten deinen Weg, aber nur Betrunkene klammern sich daran fest // les dogmes, c’est comme les lampadaires: ils illuminent ton chemin, mais seuls les ivrognes s’y accrochent ».

  •  » État géré comme une entreprise »

    La durée de vie d’une entreprise est bien moindre que celle d’un etat… Ce monsieur veut vraiment que les pays fassent faillite ou soient rachetés tous les 10 ans ?

    • « État géré comme une entreprise » n’est, dans le contexte, qu’UN des critères à retenir; par « géré comme une entreprise » j’entends par ailleurs ce que ma grand-mère résumait en ces quelques mots: « Sparen, sparen, sparen! (épargner, épargner, épargner!) ».

      Evidemment au moment même qu’elle disait cela, cette « politique » de l’entreprise familiale — qui occupait quand-même avant-guerre, une trentaine de personnes — avait été menée ad absurdum. Mais non de la faute du grand-père: après 1945, les 13 millions de réfugiés qui refluaient en Allemagne de l’Ouest devaient être logés et nourris et ce, dans un pays complètement en ruines. C’est pourquoi le gouvernement imposa un « Lastenausgleich » (litt. « compensation des charges ») qui demandait donc aux « riches » une contribution adéquate. Dans le cas de mes grand-parents, il s’agissait de 80.000 marks (150 marks était un bon salaire mensuel), ce que la firme ne pouvait plus surmonter, surtout après les pertes sèches encourues par les bombardements (puis aussi par les vols, le stock ne pouvant être gardé convenablement).

      Je suis d’accord avec l’auteur quant à la « (bonne) gestion d’entreprise ».

    • Evidemment que les entreprises font plus souvent faillite, elles ne lèvent pas l’impôt!

    • Bah, à part l’État fédéral US, et la Grande Bretagne (et encore) il n’y a pas beaucoup d’États si vieux que ça…
      La 5eme république est plus jeune que bon nombre d’entreprises du CAC40… Et par contre, il y a aussi un nombre non négligeable d’entreprises anciennes.

      Pourtant, l’entreprise ne peut pas s’imposer par la force, au contraire des États.

  • Je ne comprends pas le dernier paragraphe. M. Falissard y dit « je plaide pour des débats libertariens où l’on éviterait autant que possible des sources de dissension classiques, qui sont de deux sortes : éthiques et métaphysiques. »

    Pourtant, n’est-ce pas dans la métaphysique ou l’éthique qu’il faut fonder le principe de non violence ou en amont, de l’autonomie de la volonté ? C’est d’ailleurs ce que M. Falissard semble penser puisqu’il commence son interview (3ème phrase) par : « Cette recherche [des principes d’une société minimisant la violence] touche à l’éthique, voire à la métaphysique. »

    Est-ce à dire que les arguments économiques, ce qui marche le mieux pour la prospérité, sont les seuls à même de convaincre les non libertariens (ce qui peut-être vrai) ?

  • Même si il est louable de vouloir minimiser la violence, il est parfaitement métaphysique de s’interroger sur sa prévalence hélas et là on part dans les fameux débats qu’on voudrait éviter. Il ne sert à rien de se boucher les yeux.
    A moins que l’on ne soit effectivement dans un dolorisme à rebours de ses intérêts, mais assumé pour un bien indéfini, ou une croyance supérieure. Sinon bien sur tout le reste de qui est décrit ici est vrai pour moi, bravo d’y donner une forme aussi « cool », la liberté en a besoin.

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