Par Jean Senié et Louis Nayberg.
Loin d’avoir toujours succombé au charme du sémillant premier ministre italien, il n’en demeure pas moins que les récents chiffres publiés par l’Istat, croissance de 0.3% du PIB au premier trimestre et perspective de croissance pour le second trimestre, montrent que la volonté réformatrice n’est pas dénuée d’efficacité. C’est l’occasion, cette fois davantage justifiée par les résultats, de revenir sur les réalisations italiennes récentes.
Une lueur d’espoir dans une situation économique peu reluisante
Depuis la fin des années 1990, l’économie italienne rencontre d’importantes difficultés structurelles, tant du point de vue de la performance économique stricto sensu que d’indicateurs tels que l’éducation ou le logement1. Ceci s’est traduit par une lente croissance du PIB par habitant, une quasi-stagnation des gains de productivité et une hausse continue de la dette publique. En outre, les coûts salariaux unitaires ont fortement augmenté au cours des années 2000 (plus que ceux de la France), ce qui a contribué à dégrader la compétitivité des entreprises et à accroître le chômage structurel. Autrement dit, la croissance potentielle italienne s’est graduellement détériorée depuis les années 1990, diminuant d’autant les perspectives d’amélioration du niveau de vie général2.
À ces fragilités structurelles, s’est ajoutée une piètre résilience de l’économie italienne au choc de la crise financière puis économique de la fin des années 2000, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Les marchés des biens et services et du travail étant particulièrement rigides, l’économie n’a pu s’adapter aisément aux politiques de rigueur prises globalement au niveau européen, entraînant la plus longue récession que l’Italie ait connue depuis 1945.
Néanmoins, aidée par une conjoncture plus favorable : stabilisation des politiques budgétaires au niveau européen, baisse du prix du pétrole, assouplissement quantitatif de la BCE et baisse de l’euro, l’Italie semble profiter d’une modeste reprise. Pour l’Istat, la raison principale en revient à la consommation intérieure.
À côté de ces chiffres encourageants, il y a aussi une indéniable victoire de Matteo Renzi sur le plan de la lutte contre le chômage. Si les chiffres restent élevés (13% de chômeurs) la réforme du travail commence à fonctionner. Ainsi, plusieurs mesures ont été adoptées : baisse du nombre de contrats, promotion de l’apprentissage, accords nationaux interprofessionnels. Enfin, il faut aussi mentionner les tentatives de réduire les dépenses publiques en diminuant les dépenses de fonctionnement et le poids de la fonction publique. Il faut aussi mentionner, bien qu’extrêmement timide, une tentative de libéralisation de certains secteurs, par exemple en laissant aux commerçants une plus grande liberté dans leurs horaires d’ouverture et de fermeture. L’ensemble de ces réformes, si elles sont appliquées rapidement et de façon complète, devraient améliorer la croissance potentielle par habitant de 0,6% sur la prochaine décennie, selon l’OCDE.
Des réformes politiques et institutionnelles tous azimuts
Matteo Renzi a depuis son arrivée au pouvoir en février 2014, entamé un programme ambitieux de réformes. En mai 2015, il faisait voter une importante réforme électorale, destinée à assurer des majorités stables, réforme fondamentale pour les Italiens ulcérés par l’instabilité électorale de ces dernières années. D’ailleurs, il n’entend pas s’arrêter à la réforme des modes de scrutin puisqu’il a annoncé à l’Exposition universelle de Milan sa volonté de poursuivre les réformes institutionnelles et de moralisation de la vie politique3.
Dans un autre domaine, il s’est récemment illustré par sa capacité à faire adopter une réforme scolaire de grande envergure. Si là aussi cette dernière a rencontré de nombreuses oppositions et a donné lieu à des contestations – sans préjuger ici du bien-fondé de la réforme – il est clair que cette confrontation, tout du moins pour le moment, se termine par une victoire politique de Renzi. Il est ainsi évident qu’un des chantiers importants de son mandat voit un début de réalisation.
Un effet Renzi ?
Comme le fait remarquer Charles Wyplosz dans un article du site FigaroVox, si l’on résumait début mai le trajet accompli, on pourrait dire que Matteo Renzi n’a en soi réalisé que deux réformes mais qu’elles imposent le respect par leur caractère crucial. Les deux « masses de granit » sont la réforme institutionnelle et la réforme du marché du travail. L’économiste en tire trois leçons :
–         «  les réformes partielles sont aussi difficiles politiquement que les vraies réformes abouties »
–         « la réforme du marché du travail ne peut pas être soumise à l’acceptation des syndicats »
–         «  il faut protéger les employés qui peuvent être licenciés en leur donnant les moyens de se relancer, pas les emplois qui doivent évoluer en fonction des circonstances. »
Si le jugement peut paraître trop enthousiaste et incomplet – il met en effet de côté l’importante réforme scolaire ainsi que certaines réformes de moindre ampleur – il insiste à juste titre sur le caractère systémique de l’action de Renzi. Pour les Italiens, s’il est encore trop tôt pour se réjouir, les récents chiffres de la consommation des ménages montrent que la confiance est revenue, tout du moins pour une part importante de la population.
Pour autant, les effets des réformes sont aujourd’hui débattus en Italie. Comme en France, la conjoncture économique favorable a aussi incité à la reprise. Par ailleurs, cette dernière reste encore fort modeste. Si on se réfère à l’indicateur, forcément imparfait, des agences de notation, la situation économique reste encore tangente. Ainsi, il faut encore attendre les premières études économiques qui permettent d’évaluer les politiques de réformes mises en place par Renzi.Â
Le coup politique : la possibilité d’une troisième voie italienne
Il faut par ailleurs se garder de toute démonstration intempestive d’enthousiasme car ces réformes ont un coup politique élevé. Ainsi, les dernières élections régionales du 31 mai – des élections locales (régionales et municipales) partielles se sont tenues dans sept régions (la Vénétie, la Ligurie, la Toscane, les Marches, l’Ombrie, la Campanie et les Pouilles) et dans environ 750 municipalités – se sont soldées par un bilan mitigé pour le PD, le parti de Matteo Renzi, et par une poussée relative du Movimento Cinque Stella et de la Lega. Bilan contrasté qui n’est pas pour arranger le premier ministre qui espérait qu’une franche victoire vienne conforter sa politique de réformes. Sans être une victoire à la Pyrrhus, il s’agit d’une « défaite en trompe-l’œil », même si Renzi a réaffirmé qu’elle n’aurait pas de conséquence sur l’action du gouvernement.
Un autre problème se révèle éclairé d’une lumière encore plus crue par le début de reprises. Il s’agit des inégalités territoriales entre le Nord et le Sud car celles-ci vont en s’accroissant4. Le mezzogiorno connaît toujours une situation délicate. Un chiffre parle par lui-même : sur les 943 000 Italiens qui ont perdu leur emploi, 70% venaient du Sud de l’Italie. Or cette situation n’a pas, pour le moment, reçu de solution adéquate.
Ainsi si l’Italie apparaît comme un laboratoire convaincant quant à la volonté réformatrice, il est toutefois trop tôt pour se livrer à une évaluation de celle-ci. À cet égard, il est intéressant de comparer la situation italienne à celle de l’Espagne, qui a effectué des réformes structurelles plus profondes et qui connaît une reprise bien plus significative5.
- OECD Economic Surveys ITALY, February 2015 ↩
- IMF, ITALY: Concluding Statement of the 2015 Article IV Mission, May 18, 2015 ↩
- http://www.lesechos.fr/monde/europe/02148365841-italicum-une-reforme-electorale-a-larrache-pour-matteo-renzi-1116688.php ; http://www.lefigaro.fr/international/2015/05/07/01003-20150507ARTFIG00370-en-italie-renzi-reforme-les-institutions.php ↩
- http://www.economist.com/news/finance-and-economics/21651261-north-limps-ahead-south-swoons-tale-two-economies ; OECD Economic Surveys ITALY, February 2015 ↩
- Notons tout de même que la récession espagnole avait été plus importante ce qui a pu constituer une incitation à réformer d’autant plus pressante. ↩
Il veut sortir son « PLAN B », contre l’immigration incontrôlée.. L’Europe tremble.. Attendons !
n Italie, il y a les Mafia et l’Etat. Quand on vit en Italie, on dènonce en ce moment que les élus seraient bien les complices, voir les organisateurs de la spoliation de l’argent public, de l’exploitation de l’immigration, Cherchez en France une presse une TV qui chaque jour annonceraient scandales après scandales de la malhonnété de l’Etat bien au delà des Mafia! Les retraités se font proprement volés une part de leur cotisations tandis que plus de 10 millions d’italiens sont a moins de 600E /mois. On parle d’argent public qui ne serait qu’en fait des prévisions , jamais mise à jour afin de faire des investissements avec de l’argent virtuel et enrichir des élus sur les dessous de table. Renzi est le chef d’un parti politique baigné dans des scandales mafieux qui devrait faire sauter n’importe quel Prèsident du Conseil qui à ce jour n’est toujours pas èlu par les italiens et dont le parti n’a mème pas la majorité. Um rèformateur mise en place de l’étranger qui fait monter les extremistes modérès comme durs pour demander sa demission Subito!
« (…) moralisation de la vie politique »
— on croit rêver.
« (…) when a throng of Muslims threw a dozen Christians overboard a migrant ship traveling from Libya to Italy, Prime Minister Matteo Renzi missed the opportunity to label it as such. Standing next to President Obama at their joint news conference Friday, Renzi dismissed it as a one-off event and said, ‘The problem is not a problem of (a) clash of religions.’ — While the prime minister plunged his head into the sand, Italian authorities arrested and charged the Muslim migrants with ‘multiple aggravated murder motivated by religious hate,’ according to the BBC // lorsqu’une bande de musulmans poussait une douzaine de chrétiens par-dessus bord d’un bateau de migrants allant de Libye vers l’Italie, le premier ministre M. Renzi ratait l’occasion d’appeler un chat un chat. Se trouvant à côté d’Obama lors de leur conférence de presse conjointe de vendredi, Renzi minimisait l’événement comme événement singulier et isolé en disant ‘le problème n’est pas un problème de clash de religions’. — Pendant que le premier ministre plobgeait sa tête dans le sable, les autorités italiennes arrêtaient les migrants mahométans et les mirent en accusation pour ‘de multiples assassinats aggravés par leur motivation de haine religieuse’.  »
Contrairement aux politiciens italiens qui pratiquent le ‘political correct’ comme tous leurs collègues européens, la justice italienne, elle, ne se fait pas faute d’appliquer la constitution. On le sait depuis « le cas Antonio Di Pietro » à tout le moins, cf Gigi Moncalvo, « Di Pietro, Il giudice terremoto, l’uomo della speranza », Paoline, Milano 1992, en particulier pp13 sq
« (…) when a throng of Muslims (etc) », cela se trouve dans
http://www.usatoday.com/story/opinion/2015/04/21/christians-religious-persecution-migrant-ship-italy-column/26083829/