La roulette russe, la foudre et le faible risque des gaz de schiste

Quel risque le gaz de schiste fait-il courir à l’eau potable ? Une étude américaine apporte une réponse scientifique qui ne plait pas à tout le monde…

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the russian roulette way credits zedorwin via Flickr ((CC BY-NC 2.0)

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La roulette russe, la foudre et le faible risque des gaz de schiste

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 juin 2015
- A +

Par Youri Chassin, depuis le Canada.

the russian roulette way credits zedorwin via Flickr ((CC BY-NC 2.0)
the russian roulette way credits zedorwin via Flickr ((CC BY-NC 2.0)

Durant votre vie, vous prendrez de nombreuses décisions risquées, et pas juste celles d’investir dans une maison ou d’acheter des fonds de placement. Vous conduirez votre auto, vous prendrez l’avion et vous sortirez faire un tour au dépanneur durant un orage. Bref, vous accepterez certains niveaux de risque dans certaines circonstances.

L’Environmental Protection Agency (EPA) américaine vient tout juste de publier une étude préliminaire attendue décrivant les impacts de la fracturation hydraulique sur les ressources en eaux potables. Cette synthèse de la littérature scientifique et des données disponibles conclut que le nombre de cas où la fracturation hydraulique a eu un impact sur l’eau potable est faible comparativement au nombre de puits fracturés et qu’il n’y a aucune indication de l’existence d’un mécanisme général de transmission établissant un lien entre la fracturation hydraulique et la qualité de l’eau.

Des groupes écologistes québécois n’apprécient pas les résultats de cette étude environnementale, la plus exhaustive à ce jour sur la fracturation hydraulique. Ils affirment qu’elle ne prouve en rien que les forages sont sans risque pour l’environnement.

gaz de schiste ségolène royal rené le honzecEn fait, on pourrait longuement élaborer sur le fait que la science ne peut pas prouver l’absence de risque. Elle peut simplement dire qu’un risque est très peu probable. Comme on ne peut pas dire que tous les corbeaux sont noirs, mais qu’il est très probable qu’un corbeau tiré au hasard soit noir. Mais certains vont même plus loin en affirmant qu’aller de l’avant avec l’exploitation de gaz au Québec reviendrait à « jouer à la roulette russe avec l’eau potable ».

Jouer à la roulette russe. En voilà une hyperbole révélatrice ! Cela démontre bien le ton alarmiste dont font usage les groupes environnementalistes radicaux, comme Greenpeace. Mais la figure de style a aussi l’avantage de comparer deux événements « risqués », même si les conséquences sont très différentes, c’est-à-dire la mort pour l’un et boire de l’eau embouteillée pour l’autre. Il s’agit en effet d’un bon terrain de comparaison.

Pour l’illustrer, voici une liste comparant les probabilités de réalisation de certains événements « risqués », dont le nombre de fuites aux puits liées à l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta en 2014, que nous avons compilées pour une récente publication :

Événement Probabilité de réalisation
Se tirer une balle dans la tête en jouant à la roulette russe 1 sur 6
Se retrouver dans un accident d’auto cette année 1 sur 16
Mourir d’un accident d’auto dans sa vie 1 sur 82
Souffrir d’une crise cardiaque cette année 1 sur 250
Incidents affectant l’eau reliés à la fracturation hydraulique dans le nord-est des États-Unis entre 2008 et 2012 1 sur 289
Domicile qui prend en feu cette année 1 sur 300
Déversements liées à la fracturation hydraulique qui atteignent les eaux souterraines selon l’étude de l’EPA 1 sur 500
Fuites aux puits reliées à l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta en 2014 (avec ou sans impacts environnementaux) 1 sur 2857
Être frappé par la foudre dans sa vie 1 sur 3000

 
Que ce soit pour l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta ou pour l’exploitation du gaz de schiste au moyen de la fracturation hydraulique dans le nord-est des États-Unis, aucune fuite liée à un cours d’eau n’a eu d’impact négatif sur la santé humaine.

Il est évident que la fracturation hydraulique comporte un risque, que ce soit pour la contamination de l’eau potable, les émissions de méthane ou les secousses sismiques. Le risque zéro n’existe pas. Cependant, à la lumière des données disponibles à ce jour, il serait plus honnête de comparer les risques associés à la fracturation hydraulique à ceux de se faire frapper par la foudre, plutôt qu’à ceux associés à la roulette russe.

Sur le web

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  • Le co-fondateur de Greenpeace, Dr. Patrick Moore, s’est récemment distancié de cette organisation,

    http://news.heartland.org/newspaper-article/2015/03/20/why-i-am-climate-change-skeptic,

    où il dit e.a. que « (…) the optimum level of carbon dioxide for plant growth, given enough water and nutrients, is about 1,500 parts per million, nearly four times higher than today // le niveau optimal de CO2 pour la croissance des plantes, étant donné par ailleurs un niveau suffisant d’eau et de substrats nourrissants, est d’environ 1500 ppm, à peu près 4 fois le niveau actuel ».

    Personnellement j’avais déjà fait remarquer quelque part que « l’ ordovicium tardif fut une époque de glaciation et ce, avec un niveau en CO2 de > 4000 ppm ».

  • c’est drôle que les mêmes environnementalistes oublient tout ces grands principes de « risque zéro » quand ils s’agit de planter leurs immondes éoliennes partout

  • MDR !!!!

    Vous trouverez toujours un « expert » pour soutenir les thèses les plus invraisemblables surtout si vous le payez bien et que vous lui promettez un petit strapontin dans un ministère …

    Mais j’ai depuis longtemps appris à me méfier des théories de ces pseudos experts surtout et en particulier quand ils sont à la botte d’un système politique.

    Seule l’expérience et les résultats à long terme permettent de valider une thèse d’expert auto-proclamé.
    Les vrais scientifiques, eux, restent dans la discrétion sans se laisser acheter …..

  • J’ignore si la probabilité de réalisation indiquée ici est juste ou non. Toutefois, il ne faut pas considérer un risque uniquement sur ce paramètre. Il faut aussi le juger selon l’impact de la réalisation de l’évènement. Ainsi, se tirer une balle dans la tête implique 1 mort. Un seul et soit même. Chacun juge donc pour lui même. Mais si la fracturation réalisée a un impact environnemental, conduisant à la transformation en désert de milliers de km carré (j’invente pour illustrer), alors cette probabilité peut être jugée à raison comme encore beaucoup trop élevée. D’autant qu’elle implique ici non plus une seule et unique personne, mais tout une population.

    • …comme c’est le cas en la province de Groningen aux Pays-Bas où l’exploitation du gaz naturel provoque des tremblements de terre: « De afgelopen jaren is het aantal aardbevingen in de provincie Groningen exponentieel toegenomen // les années écoulées ont vu croître d’une façon exponentielle le nombre de tremblements de terre » (NewScientist, version néerlandaise, nov. 2013)

  • On a, par exemple, une malchance sur x d’avoir un accident de circulation

    Mais on peut en mourir à 100 % quand ça arrive

    Il est vrai que rien que sortir naturellement ou non du ventre de sa mère, c’est déjà courir un gros risque 🙂

  • la France préfère jouer à la roulette Belge(roulette avec 6 balles dans le barillet)…et se tirer des balles dans le pied
    Lisez la suite dans mon livre Chirurgie chronique d’une mort programmée p199
    Editions L’Harmattan

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