Par Benoît Rittaud.
Notre bien-aimée ministre Najat Vallaud-Belkacem avait annoncé la couleur lors de sa victoire en semaine 6 : l’École de la République ne serait pas la dernière en fait de propagande climatique. Notre ministre confirme en empochant cette semaine une fort belle victoire en clôture du championnat de printemps.
Comme chaque année à cette époque, la Ministre de l’Éducation Nationale a publié la circulaire de la rentrée scolaire suivante. Avec ses 8 864 mots, l’édition 2015 est un pensum particulièrement indigeste, battant fièrement le record de 2013 (8 020 mots) et expédiant aux oubliettes le hiatus de 2014 (1 222 mots). Le recours constant aux caractères gras pour appuyer des points très importants que les enseignants devront garder à l’esprit durant chaque minute de l’année scolaire est particulièrement pénible, outre qu’il laisse penser que les profs sont vraiment des abrutis à qui il faut montrer comment lire un texte…
Comme il se doit, cette circulaire parfaitement structurée comporte trois parties : I. Construire une école plus juste pour offrir à chaque élève un parcours de réussite ; II. Garantir l’égalité et développer la citoyenneté ; III. Former et accompagner les équipes éducatives et enseignantes pour la réussite des élèves (ce dernier paragraphe fera certainement ricaner tout membre des « équipes éducatives et enseignantes » concernées).
En habitué de la novlangue en usage, le jury s’est aussitôt précipité sur le chapitre II, et plus précisément son sous-paragraphe 2 intitulé « Renforcer la transmission des valeurs de la République », qui ne pouvait manquer d’aborder le sujet fondamental de notre temps. C’est le cas en conclusion dudit paragraphe (les caractères gras sont de l’original, leur utilité a déjà  été expliquée plus haut) :
« L’éducation au développement durable, par la prise en compte des interdépendances entre l’environnement, dont le climat et la biosphère, la société, l’économie et la culture, est généralisée dans les programmes d’enseignement et les formations, dans les projets des écoles et des établissements scolaires, en s’appuyant sur les partenariats, en particulier territoriaux. C’est dans le cadre de cette éducation transversale que notre ministère se mobilise pour l’accueil, en décembre 2015, de la conférence des Nations unies sur le changement climatique « Paris Climat 2015-COP 21 ». Dans les établissements, des débats sur le changement climatique seront organisés, notamment pendant la Semaine du climat, à partir du 5 octobre. Les établissements scolaires s’inscriront à titre individuel ou en lien avec d’autres établissements dans l’organisation d’un projet pédagogique, de simulations de négociations internationales sur le changement climatique, afin de permettre à la communauté éducative de s’approprier ces enjeux et de participer à la mobilisation citoyenne de l’école contre le changement climatique. »
Il s’agit là d’une simple redite de la propagande climatique institutionnelle que notre estimée ministre avait déjà annoncée sur son blog. Elle prend toutefois un relief nouveau à  l’aune du titre du paragraphe, qui est, rappelons-le, « Renforcer la transmission des valeurs de la République ». Si, si, vous avez bien lu : désormais, la bonne moralité climatique en fait partie ! Voici donc la nouvelle devise qui ornera peut-être bientôt le fronton de nos mairies :
« liberté, égalité, fraternité, pas plus d’deux degrés. »
Autre relief pris par cette belle pièce de bourrage de crâne : le fait que, quelques lignes plus haut, la circulaire de rentrée évoque un « parcours citoyen [visant à ] reconnaître le pluralisme des opinions » et « à développer l’éducation aux médias et à l’information ». En fait, il faut sans doute comprendre qu’être bien éduqué aux médias, c’est lire les pages « Planète » du Monde chaque jour : z’ont pas été vainqueurs de la semaine dernière pour rien, ceux-là , quand même, hein !
Il est rassurant de voir que, au moment où les « équipes éducatives » sont encouragées à être autonomes, à développer des « pratiques pédagogiques différenciées », à proposer des « parcours individualisés » aux élèves, la Ministre n’oublie pas de prévenir les éventuels débordements qu’une telle liberté intellectuelle risquerait d’engendrer. Elle n’hésite donc pas, pour le bien des générations futures comme pour celui des coraux et des ours polaires, à  ordonner le recours à  la propagande la plus outrancière et la plus massive pour le bien de la Cause et la réussite de la reconquête de l’opinion par le Gouvernement en vue des prochaines élections de la conférence Paris Climat 2015, si absolument neutre et désintéressée qu’on n’imagine pas un seul instant les figures apolitiques que sont François Hollande ou Laurent Fabius (président de la conférence et accessoirement ministre des Affaires étrangères) tirer d’un éventuel succès de la COP21 un profit personnel quelconque en terme de prestige.
Nul doute que ces séances de bourrage de crâne, débats et autres projets pédagogico-politico-climatiques, déjà mis sur les rails que l’on sait par le brillantissime Bruno Latour (qui, pour cela, a obtenu deux beaux accessits les deux dernières semaines, 22 et 23) constituent des priorités absolues sur des apprentissages obsolètes et très surfaits tels que la lecture, le calcul, ou encore le raisonnement. Rien ne saurait arrêter la « mobilisation citoyenne de l’école contre le changement climatique » qui nous mène vers de beaux lendemains qui chantent.
Les accessits de la semaine
Lorsque François Hollande a brillamment rapproché la lutte contre le dérèglement changement drame climatique de la Résistance française lors de la Seconde guerre mondiale, il ne pensait pas que, outre une indiscutable victoire en semaine 22, son idée d’instrumentaliser l’histoire ferait à ce point école. Reprise sans délai par Bruno Latour en semaine 23 (qui, lui, évoquait la Révolution), elle vient d’être réutilisée à nouveau, cette fois par Ségolène Royal, à l’occasion de la remontée de l’Hermione (le navire de La Fayette) dans les eaux du Potomac. Le Figaro, un journal assez peu connu pour servir la soupe à Ségo, ne s’est curieusement pas donné la peine de commenter plus avant ce passage qu’il nous livre :
« Nous, nous avons une planète à sauver »
« Ségolène Royal, elle, parle de son émotion d’assister à l’aboutissement d’un projet qu’elle soutient «depuis 10 ans». Elle aussi appelle à méditer «la leçon de La Fayette quand il dit pourquoi pas et montre que tout est possible, que cela dépend de nous». «Cette conviction lui a permis de sauver une révolution, nous, nous avons une planète à sauver», lance-t-elle, en allusion à la mission de la France à la conférence climat de décembre. »
En cette semaine 24 avait lieu la millionième conférence préparatoire très importante (ou bien était-ce une « étape cruciale » ?) qui s’est conclue par le fiasco habituel par des déclarations volontaristes qui, comme toujours, ne déboucheront sur rien de concret « achoppent hélas toujours sur la question du financement ». C’était à Bonn. Libération s’y est collé pour déplorer l’impuissance des politiques et valoriser la volonté farouche, courageuse, loyale, visionnaire, désintéressée, indomptable, vaillante et sans faille des militants de base du climat. Ceux-ci n’ont pas fait le déplacement pour rien : pensez, ils avaient des pancartes déroulant la liste des catastrophes selon le nombre de degrés d’augmentation de la température globale. Et bien sûr, il s’agit d’une « aggravation exponentielle des catastrophes », un propos appuyé plus loin par une savante invocation au « non-linéaire » :
« D’autant que les scientifiques ont montré que les dommages n’augmentaient pas de façon linéaire avec la hausse des températures, mais de manière exponentielle. »
Cela donne donc une nouvelle fois l’occasion de faire un peu de pub (à qui la faute si l’exponentielle est partout ?).
L’article de Libération reprend complaisamment la délicieuse idée de donner des noms de climatosceptiques à des cyclones, désigne « les pays pétroliers » comme les méchants, fait une énième retape pour le dernier… comment dire… « livre » de Pascal Canfin, ainsi que celui d’Amy Dahan et Stefan Aykut… bref, de la belle ouvrage. Petite innovation : selon le « climatologue Bill Hare » interrogé par Libération, l’humanité dispose pour de bon d’un thermostat pour régler la température de la Terre. On peut même la faire baisser, apparemment :
« Selon Bill Hare, «il est techniquement impossible de rester en dessous de 1,5°C. Par contre, on peut les dépasser, puis y revenir d’ici 2100». »
De quoi on s’inquiète, je vous le demande…
Le dernier accessit de la semaine est pour la CCCCCNUCCCCCC (la Convention-Cadre Collective, Collégiale et Consensuelle des Nations Unies qui Croient au Changement Climatique Catastrophique Coûteux et Casse-pieds)… Heu pardon, la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), qui vient de s’offrir ce qu’on appelle, dans le jargon propagandiste communicationnel, un « chiffre d’appel », c’est-à -dire le résultat d’une étude très sérieuse faite dans les règles de l’art. La preuve que c’est du sérieux : il s’agissait d’une enquête d’opinion pour déterminer la proportion de « citoyens du monde » qui se sentent concernés par le sujet du terrible-climat-qui-fait-peur. Allez, le chiffre : 80%. Du béton. Pour l’obtenir, Novethic (le « média expert de l’économie responsable ») nous explique la méthodologie en toute candeur :
« Une centaine de participants de tous horizons, préalablement informés des enjeux, sont réunis pour une journée autour de tablées animées par des modérateurs, puis sont interrogés sur les enjeux du réchauffement et des négociations s’y rapportant. »
Et dire qu’il est est quand même resté 20% de réfractaires à l’issue de l’interrogatoire du sondage…
Alerte info : mercredi a lieu, toute la journée sur MM&M, l’élection, ouverte à tous, du champion de printemps du climathon !
Les candidats sont les vainqueurs des semaines de 13 à 24. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue à l’issue du vote, un second tour opposera le lendemain les deux premiers. Pour préparer votre vote, ne manquez pas de réviser les réalisations de nos compétiteurs : semaine 13, semaine 14, semaine 15, semaine 16, semaine 17, semaine 18, semaine 19, semaine 20, semaine 21, semaine 22, semaine 23 (… et semaine 24, où vous vous trouvez présentement).
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Je pense que Ségolène Royal avec sa volonté de protéger la planète en cessant de manger du nutella, et bien entendu en encourageant chacun à faire ce geste, lui même (pour sauver la planète quand même !), va remporter haut la main le Climathon de la semaine prochaine.
Je crois quelle remporte haut la main la palme pour l’année entière ! Cette histoire de Nutella symbolise à elle seule ce qu’est (ou est devenu) l’écologie :
– un mélange de tout et n’importe quoi : qualité de vie, pollution, risques technologiques, santé, nutrition, pseudo-science climatique, boboisme naturophile, buzz, politique …
– un mépris total et coupable pour les pays pauvres (qui ne vivent que grâce à l’huile de palme dans ce cas précis),
– un racket des ONG, des lobby et de Greenpeace en particulier qui s’est en fait « arrangé » avec Nutella et lui a accordé une label (une indulgence !). Mme Ex a d’ailleurs du s’excuser (et expliquer que c’était une plaisanterie et la faute du présentateur ?!?
– la déchéance de nos institutions politiques refuge de crétins (pas un pour rattraper l’autre).
Ils sont complètement tarés ces « écologistes » de la dernière heure pétris de certitudes absolues ……
Alors j’y vais de mon conseil:
la respiration humaine a pour objet d’apporter de l’oxygène aux organisme et de rejeter dans l’atmosphère du CO2
Conclusion qui s’impose: abordable à la compréhension d’un énarque moyen français pas trop taré ….
Interdire (puisque interdire est le maitre mot de ce gouvernement), interdire aux citoyens de ce pays de respirer !!!!!! et miracle des miracles beaucoup moins de CO2 ce qui nous évitera de mourir bouillis ou rôtis puisque nous serons morts d’asphyxie ….
Franz Kafka n’est pas mort !!!
@ Marc
+ 1000
Mais « un énarque moyen français pas trop taré… », c’est pas forcément facile à trouver !
S’ils sont pas trop tarés, ils sont partis loin…
Malheureusement si.
A son époque, la bureaucratie austro-hongroise et plus tard tchécoslovaque, était incommensurablement bête, mais encre, porte-plumes et liasses de papiers étaient d’une inefficience et surtout d’une lenteur à faire pleurer.
Tandis qu’actuellement – – – je m’arrête et je me répète: Malheureusement si.
Je ferai court : du vent, tout ça !
Je conseille une lecture fort instructive :
http://www.manicore.com/~pascalrene/documentation/serre/ouvrages/calembredaines.html
Comme quoi même des scientifiques brillants comme ce professeur de mathématiques peuvent se fourvoyer…
Le changement climatique un complot gouvernemental donc? Si c’était le cas, il seraient allé bien plus loin. Au contraire, les scientifiques du GIEC tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps sans que les politiques ne les entendent. Ce qu’ils disent, des promesses sur les engagements climatiques, qui comme le reste, ne sont que des propos démagogues qui restent sans suite, une façade de beau parleur vide de tous acte.
Commençons véritablement à nous occuper de la contrainte énergie-climat, et sans les écolo, je suis d’accord, car eux non plus n’ont rien compris…….