Ubérisons la politique !

À l’heure où uberpop renonce à la France, la France doit se réformer !

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Ubérisons la politique !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 juillet 2015
- A +

Par Serge Federbusch.

Uber credits joakim formo (CC BY-NC-SA 2.0)
Uber credits joakim formo (CC BY-NC-SA 2.0)

Les dirigeants d’Uber, placés en garde à vue et renvoyés au tribunal correctionnel dès septembre prochain avec autant de célérité que s’ils étaient des braqueurs, ont pu mesurer ce qu’il en coûte de s’en prendre au système social-corporatiste français dont François Hollande se veut le garant. Les taxis ont cassé, les taxis ont gagné – du moins temporairement – grâce à la mobilisation de l’État.

La loi Thévenoud, du nom d’un député socialiste atteint de phobie fiscale et administrative et nonobstant toujours en circulation au Palais Bourbon, a entrepris de brider la concurrence et de protéger ces rentiers d’un autre âge. Ils veulent, disent-ils, sauver leur licence, acquise à grand prix. Elles ont pourtant été émises gratuitement à l’origine, ce qu’ils savent tous. Ces autorisations de racolage automobile sur la voie publique ne valent que par leur rationnement corpo-organisé et aussi parce que leurs compteurs n’enregistrent pas définitivement le prix des courses ce qui leur permet de frauder le fisc à grande échelle. Voilà de fameux défenseurs de la morale publique ! Que les activités des chauffeurs d’Uber Pop soient traitées de manière égale au regard des diverses charges et cotisations est logique. Qu’elles soient interdites est un non-sens. Mais le contournement des lignes Maginot anti-concurrentielles par les réseaux sociaux et les services en ligne est inexorable et plus rien ne l’arrêtera. En attendant, le mot d’ordre de boycott des taxis se répand parmi leurs anciens utilisateurs qui se convertissent désormais pour des raisons idéologiques à Uber.

Mais pourquoi l’État et la quasi totalité des politiciens défendent-ils avec autant d’acharnement les taxis contre Uber alors que l’opinion publique est largement acquise à davantage de compétition et de liberté ? C’est que l’État lui-même et ceux qui l’administrent se reconnaissent dans leur mode de fonctionnement verrouillé et protégé des récriminations du bon peuple. Du reste, les révélations sur les frais de taxi d’Agnès Saal ne sont pas si anecdotiques que cela. C’est un mode de transport fréquemment utilisé par la classe dirigeante, dès lors qu’elle n’a pas de voiture de fonction à immédiate disposition.

L’État agit en arbitre entre les groupes et corporations. Ce système de négociation fonde sa légitimité. Il privilégie les plus nombreuses et les plus organisées, les fonctionnaires par exemple. Ou les plus violentes, qui font reculer un pouvoir faible, comme on l’a récemment vu avec les Bonnets rouges. Ainsi, il ne faut pas chercher bien loin l’explication de la faiblesse du gouvernement face aux islamistes : les musulmans sont nombreux et certains d’entre eux sont très agressifs, ils gagnent donc sur les deux tableaux. La laïcité n’est défendue qu’en apparence, du bout des lèvres. Les islamistes radicaux sentent cette faiblesse. Elle les incite à aller de l’avant dans leurs revendications communautaristes et séparatistes.

Dans cette atmosphère délétère, posons donc une question : ne faut-il pas ubériser la politique ?

Le système d’arbitrage par des élus professionnels enkystés dans des circonscriptions serait utilement concurrencé par des formes innovantes de décision collective. On pense d’abord au référendum d’initiative populaire qui pourrait être bien plus largement utilisé qu’aujourd’hui si un système garantissant la sécurité du vote via Internet était mis en place.

Ce serait là un rôle nouveau et légitime de l’État que d’établir et garantir les règles d’une vraie transparence dans ce domaine. Pour ne prendre que les exemples du mariage homosexuel ou du port du voile dans les lieux publics au plan national, ou de la tour Triangle au plan local, les citoyens pourraient être directement décideurs sur des sujets sensibles aujourd’hui livrés au rôle occulte de lobbies qui manipulent élus et opinion grâce aux médias.

De même, pour l’organisation des pouvoirs publics, le maillage des services publics ou les choix en matière d’infrastructures routières, hospitalières ou sécuritaires par exemple, le « big data » permettrait de connaître finement les besoins et les évolutions du mode de vie des citoyens et de décider en conséquence de l’affectation des crédits publics. Le jeu d’influence des élus locaux pour conserver chacun leurs petits hôpitaux, garder leurs commissariats ou promouvoir leurs ronds-points serait utilement remplacé par le traitement de données massives sur la santé publique, la délinquance et la circulation. On implanterait donc les équipements en fonction des besoins objectifs, sans avoir à passer par des élus nombrilistes ni même à instaurer un système de péage souvent lourd et coûteux à mettre en place.

Peu à peu, les nouvelles techniques ébranlent les vieux systèmes. La périphérie est touchée, le cœur suivra.

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  • Vivement! Nous avons tous besoin de retourner vivre dans le present…

  • Êtes-vous sûr que le compteur des taxis permet dissimuler le montant des courses ? Je n’avais jamais entendu cette information.

  • Ce qui m’avait frappé lors de la précédente mandature ça avait été les pressions sur Papandréou après qu’il ait dit organiser un référendum. Notre président de la république d’alors en tête.
    « Un référendum en démocratie ? (Pour le moins s’agissant de la Grèce, quoique ?) vous n’y songez pas ! »
    Et l’intense soulagement après que Papandréou y ait (courageusement) renoncé.

    On voit le même scénario avec un président et un gouvernement de l’autre bord ( ?). Exception faite du Ministre des Finances acceptant du bout des lèvres la consultation du peuple.

    Bon je veux bien que le peuple Français ne soit pas spécialement facile à driver et qu’il faille être sévèrement burné pour le diriger. Je ne dis pas que c’est facile mais certains y sont arrivés.

    Cette répugnance hystérique des dirigeants politiques français à utiliser le référendum est perturbante, révélatrice et contre démocratique (Bien sur ils dorment tous avec le bouquin de Bernays sous leur oreiller).

    J’adore cette idée de « référendum d’initiative populaire », à défaut c’est bien mieux que ces ridicules pétitions pour ou contre ceci ou cela.

    Je propose de commencer immédiatement avec comme première question (de la semaine, on ferait une votation par semaine, pour se détendre) « voulez vous des référendums réguliers ? »

  • Notez la condition de réussite de la proposition de l' »si un système garantissant la sécurité du vote via Internet était mis en place. »

    Désolé, mais moi, j’aime bien les bulletins en papier, qu’on peut compter, ou recompter si possible. C’est lent, on peut frauder, mais au moins la fraude reste détectable, et on peut lutter contre. Ne serait-ce qu’en acceptant d’être scrutateur.

    En ligne, surtout vu les pouvoirs que s’arrogent les gouvernants, tout est manipulable.

    • « C’est lent, on peut frauder, mais au moins la fraude reste détectable, et on peut lutter contre. Ne serait-ce qu’en acceptant d’être scrutateur. En ligne, surtout vu les pouvoirs que s’arrogent les gouvernants, tout est manipulable. »

      => C’est faire abstraction des nouveaux systèmes numériques qui se mettent actuellement en place : si on peut appliquer le principe de distribution monétaire via du p2p sécurisé pour une ‘monnaie’ (bitcoin), il est sûrement possible de faire de même avec un système de votation pour des référendum..

      Autant je vous rejoins sur l’opacité des système de vote électronique pouvant exister actuellement dans d’autres pays (code fermé, sécurisation minime), autant je ne serai pas aussi catégorique quand à l’impossibilité de créer un système aussi sécurisé que le vote papier (mais il faudrait une réelle volonté politique et une acceptation de leur part de « perdre » le contrôle en lui même du système de votation, ce qui n’est pas prêt d’arriver).

  • Je ne crois pas trop dans les vertus des referenda d’initiative populaire.
    Le peuple est trop facile à manipuler surtout sous la houlette d’une presse aux ordres.

    Le problème est plutôt dans la perte de courage d’une classe dirigeante qui se borne désormais à céder aux groupes de pression qui possèdent la plus grande capacité de nuisance.
    Au lieu d’utiliser la force publique lorsque c’est nécessaire.

    Contre cette carence morale et intellectuelle aux plus hauts niveaux, je ne vois pas de solution.
    Peut-être ne confier le pouvoir qu’à ceux qui n’en veulent pas?

  • Sans pluralisme et sans débat, il ne peut y avoir de démocratie, même avec le droit de vote, même avec la liberté d’expression. Il faut donc se donner les moyens d’un vrai pluralisme en supprimant tous les liens entre le pouvoir et les médias (y compris la niche fiscale des journalistes). L’AFP étant très à gauche, favoriser la création d’une agence de presse alternative. Pour le long terme, supprimer le monopole de l’Éducation Nationale. Je suis sûre qe les lecteurs de Contrepoints ont plein d’autres idées!

  • La différence entre France et USA.

    Le ministère de l’intérieur Français, porte plainte contre la Sté Californienne, pour atteinte au droit Français : le pauvre ne peut que s’en prendre à la Branche Française.

    Le procureur Américain : porte plainte contre la FIFA : tous les membres suspectés sont arrêtés et quelque soit l’endroit du monde.

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