Par Henri Dumaine.
L’équivalent de 150 années de prison ! Quarante-sept opposants au chantier de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin ont été condamnés, au mois de janvier dernier, à des peines de prison par la cour de Turin pour des heurts violents avec la police italienne en 2011, rapporte le quotidien La Stampa. Cette ligne qui reliera la France et l’Italie, tant pour le transport de voyageurs que pour le fret ferroviaire, nécessite le percement d’un tunnel de 57 km entre Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, et le superbe Val de Suse, dans le Piémont. Budget estimé du percement du tunnel : 8,5 milliards d’euros.
Depuis le départ, en 1999, ce projet est combattu par les écologistes qui en estiment le coût démesuré par rapport au trafic attendu. Sans compter, côté italien, des accusations selon lesquelles la mafia calabraise s’intéresserait de trop près à ce méga-chantier et aux entreprises qu’il fera travailler. Théoriquement, la ligne devrait fonctionner en 2030.
Dans le centre de la France, la LGV qui doit rapprocher Poitiers et Limoges ne fait pas non plus l’unanimité. Si, en janvier dernier les élus du Limousin se sont félicités de la signature d’une déclaration d’utilité publique, les opposants ont indiqué qu’ils joueraient les empêcheurs de rouler en rond. Parmi eux, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT) a annoncé son intention de déposer un recours auprès du Conseil d’État. Ce projet n’est pas techniquement justifié, estime-t-elle, lui préférant la rénovation de la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse). Voici quelques mois, la Cour des comptes avait estimé que cette LGV, dont le coût dépassera 2 milliards d’euros, ne sera pas rentable…
Plus au sud, les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax font également grincer pas mal de dents. Selon le Collectif des associations de défense de l’environnement (CADE), qui regroupe 43 associations du Pays basque et des Landes, le coût de construction des deux lignes LGV reviendrait à 15 milliards d’euros.
Selon le CADE, le trafic devrait plafonner autour de 30 000 passagers/km entre Bordeaux et Toulouse, un rendement inférieur à celui des autres LGV existantes (68 000 passagers/km). Les opposants au projet ont reçu l’appui du député PS Gilles Savary. L’élu girondin invite les opposants à multiplier les recours, accuse Alstom de soutenir le projet pour faire rouler ses trains, tout en affirmant qu’il faut «désintoxiquer» la France du «tout TGV». Fin mars, la commission chargée de l’enquête publique pour le projet des deux lignes a émis un avis défavorable sur le projet de déclaration d’utilité publique des travaux de ces lignes nouvelles. Le gouvernement dispose d’un délai de 18 mois après la clôture de l’enquête publique pour se prononcer.
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je vous signale que la FNAUT ne fait pas partie des opposants systématiques aux grands projets ferroviaires : si elle est opposée à une LGV Poitiers-Limoges dont l’inutilité est flagrante (en janvier dernier, elle a déposé un recours auprès du Consil d’Etat), elle est par contre favorable à la LGV Bordeaux-Toulouse et au projet de tunnel interfrontalier Lyon-Turin. Dans les deux cas, ce investissements peuvent provoquer des reports massifs de trafics aériens et routiers sur le rail, bénéfiques pour l’environnement.
Pour la ligne Lyon-Turin, si l’avion est à peine plus cher mais met moins de temps, combien de personnes prendront le train ? Personne. Donc rien ne justifie le coût de cette ligne, ni les dégradations qui seront faitesà l’environnement (puisque vous semblez y être attaché).
Pour la ligne Poitiers-Limoges, en voiture il faut compter environ 2h…en grande partie parceque l’Etat préfère privilégier le train à l’aménagement de quelques portions de 2×2 voies permettant aux voitures de doubler les camions qui y roulent en file indienne…la solution des travaux routiers et évidemment bien moins couteuse…mais il faut croire que quelques élus locaux ont des intérêts à voir passer le train plutôt qu’a refaire la route.
en ce qui concerne le Lyon-Turin :
Je fais assez souvent le voyage en voiture pour aller chez des clients italiens, il faut reconnaitre qu’il n’y a pas foule sur l’autoroute,et qu’une bonne partie de ceux que je croise ne vont pas forcément d’un centreville à l’autre.
il ne va pas y avoir grand monde dans ce tgv.
La ligne nouvelle Lyon-Turin est d’abord prévue pour le trafic de fret. Si on se réfère à l’exemple suisse, elle est susceptible d’attirer massivement du trafic qui emprunte aujourd’hui la route sur de longues distances.
Quand on compare les durées des trajets par avion et par TGV, il faut tenir compte du temps nécessaire pour aller d’un centre-ville à l’aéroport ou pour en revenir, et du fait que, dans le train, on peut travailler. Dès aujourd’hui, sans la ligne nouvelle, le TGV Paris-Milan a du succès.
Bonjour M.Sivardiere,
La politique de la ville s’intéresse qu’à la ville avec ses infrastructures et ses coûts faramineux. Les petits habitants des campagnes sont les grands perdants de la politique des transports. Je pense surtout à ceux qui vont travailler chaque jour à la ville et les jeunes qui vont étudier. La Lgv sud Europe atlantique est l’outil qui permet à ceux qui ont perdu leur emploi d’aller travailler à la capitale. Vraiment pas sérieux tout ça lorsque l’on voit le montant de la dette.
C’est quoi, un passager / km ?
Je suis surpris qu’en 2015 on s’intéresse : ENFIN à la rentabilité des trains.