Par Dominique d’Emploi 2017
Une étude de l’OCDE milite pour davantage de politiques publiques en faveur de la redistribution, au prétexte que l’augmentation des inégalités de revenu freinerait la croissance économique des pays. Un article du Wall Street Journal révèle pourtant que cette corrélation est biaisée par les méthodes statistiques utilisées et, en fait, inverses de la réalité.
D’après l’OCDE dans l’étude In it together, Why less inequality benefits all, la hausse des inégalités de revenus entre 1990 et 2010 au sein de ses pays membres a été fortement préjudiciable à la croissance, entrainant une perte cumulée sur cette période de 4,7% de PIB en moyenne. En ne s’occupant pas de réduire les inégalités, les pays sont ainsi coupables de freiner la croissance économique. Afin de remédier à cette situation, l’OCDE propose des politiques étatiques de redistribution via une augmentation de la fiscalité sur les riches particuliers et les entreprises multinationales.
Pourtant si l’on examine les chiffres dans le détail et en prenant des périodes différentes de celles utilisées par l’OCDE, on arrive à des chiffres qui démontrent exactement l’inverse : entre 2011 et 2013, les cinq pays les plus inégalitaires de l’OCDE – Israël, États-Unis, Turquie, Mexique et Chili – ont au contraire, selon le FMI, connu une croissance économique cinq fois plus forte que les autres pays. Le Chili, qui a eu le taux de croissance le plus fort cette dernière décennie, est aussi le pays le plus inégalitaire de l’OCDE, avec un coefficient de GINI de 0,51.
La deuxième affirmation de l’OCDE, selon laquelle « la redistribution est, au pire, neutre pour l’économie », est également particulièrement suspecte, s’appuyant sur une méthodologie douteuse. Elle se concentre sur l’impact de la redistribution du revenu disponible2 sur la croissance, sans regarder l’effet ni des impôts indirects comme la TVA, ni des transferts en nature comme l’éducation, la santé, et le logement.
Ils constituent pourtant une part considérable de la redistribution, il est donc beaucoup plus honnête, pour juger de l’effet de la redistribution sur la croissance, de regarder l’ensemble des dépenses publiques de fourniture de biens, de services, d’aides et de prestations sociales. Or, de 1995 à 2012, on constate bien que les pays qui ont augmenté leur part de dépenses publiques dans le PIB ont connu des croissances économiques de 30% inférieures aux pays qui ont au contraire choisi de la réduire, soit 1,9% de croissance moyenne contre 2,5%.
Après cette analyse, il fait donc peu de doute de l’orientation idéologique des chercheurs de l’OCDE, qui n’hésitent pas à choisir les méthodologies qui vont dans le sens de leur croyance. Sur le fond du sujet, on peut par ailleurs se demander si l’inégalité, plutôt qu’un frein à la croissance, n’en est pas d’abord la conséquence. Les changements technologiques produisent en effet des plus grands gagnants et des plus grands perdants. Et s’il est vrai que les pays européens sont bien plus égalitaires que les États-Unis, ils sont également beaucoup moins innovants comme le montre le fait que l’Europe a été incapable de créer une entreprise d’internet valant plus de 10 milliards de dollars pendant que les États-Unis en produisaient 6.
Le travail de l’OCDE ne serait-il pas plus productif à étudier comment créer de la richesse dans le futur plutôt que sa redistribution dans le passé ?
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- Le coefficient de GINI mesure la distribution des revenus, 0 représente l’égalité complète et 1 représente une société où une seule personne détient l’ensemble du revenu. La France a par exemple un coefficient de GINI de 0,29. ↩
- Après impôts sur le revenu et transferts monétaires vers les plus pauvres. ↩
Enfin une approche sur le trucage des chiffres…
“les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques.” du très célèbre :
Henry Du Pré Labouchère : formidable journaliste et politicien Anglais (cette phrase est attribuée en France à Mark Twain !).
Comme d’habitude, tout organe de statistiques, études, diffusion public devient par la force des choses dépendant soit du pouvoir politique, soit d’une idéologie quelconque.
Ces organismes n’ont aucune culture de l’indépendance, et deviennent des offices de propagande.La France est particulièrement gâtée en la matière.
“comment créer de la richesse dans le futur” ? Comme d’autres institutions internationales, l’OCDE est étreinte par les thèses socialo-keynésiennes. Dirigée par un séide de l’Internationale Socialiste depuis presque une décennie, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Tant qu’elle ne bénéficiera pas d’un renouvellement en profondeur de ses effectifs, l’institution internationale demeurera intellectuellement impuissante à percevoir les origines collectivistes de la dégénérescence lente mais continue des économies de ses membres et, par conséquent, incapable de décrire les solutions nécessaires. Elle se contentera d’observer la stagnation et bientôt la récession généralisée, qu’elle inventera séculaire pour se donner bonne conscience et dissimuler son incompétence, et préconisera encore plus de remèdes tantôt vains, tantôt nuisibles. De temps en temps heureusement, quelques économistes en son sein produisent avec courage des études non conformes à la doxa socialiste, rares bouffées d’air pur dans l’air vicié par la bêtise idéologique. Il suffit de parcourir la page d’accueil du site de l’OCDE pour constater l’ampleur des dégâts.