Syndicalisme : et si on essayait la liberté ?

Pourquoi les syndicats sont facteurs de blocage et non de changement.

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manifestation-syndicats crédit photo : marcovdz via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

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Syndicalisme : et si on essayait la liberté ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 juillet 2015
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Par Cécile Philippe
Un article de l’Institut Économique Molinari

manifestation syndicats marcovdz (CC BY-NC-ND 2.0)
manifestation-syndicats crédit photo : marcovdz via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

Pour la troisième année consécutive, l’Institut économique Molinari a participé, en tant que membre du Conseil scientifique, à l’organisation du forum économique à Nancy. Initialement appelé forum Economic Ideas du fait de sa dimension européenne, il a été rebaptisé ÉcoRévolutions par Le Point qui porte dorénavant l’événement. Cette reprise s’est avérée extrêmement riche tant du point de vue de l’implication et de la gentillesse de leurs équipes (conseil scientifique, modérateurs, choix des intervenants) que du point de vue de la visibilité du forum. Au final, j’ai pris un réel plaisir à écouter le jour J, les différentes personnes qui s’exprimaient sur le sujet que nous avions choisi, à savoir Si on essayait la liberté ?

Le thème de la journée était particulièrement bien choisi puisque la veille, on assistait au bras de fer entre les chauffeurs de taxis et les chauffeurs, d’une part, de voitures de transport avec chauffeur (VTC), et d’autre part, d’Uber. Semée d’incidents, cette manifestation est exemplaire d’un dilemme présent dans de très nombreux secteurs : faut-il essayer la liberté et donc la concurrence ou faut-il au contraire continuer à protéger les uns au détriment des autres ?

Si cette question se pose pour le transport, elle se pose aussi, et pour ne citer qu’eux, dans les cas de la retraite, de la santé, du marché du travail, du syndicalisme, etc. Car si la liberté a été essayée en France, cela fait bien longtemps que nous n’en connaissons plus le goût ni l’odeur. En effet, l’État à force de croître à tort et à travers, à force d’intervenir pour un oui ou pour un non, a empêché les autres institutions concurrentes de jouer leur rôle et les individus d’exprimer leurs choix, d’être en contrôle de leur vie.

Sans qu’on s’en rende vraiment compte, plus on avançait dans le 20ème siècle et plus déclinaient le pouvoir et l’indépendance d’institutions comme les coopératives fondées sur l’autogestion, les entreprises, les familles, les syndicats, en passant par les associations sans but lucratif ou autres mutuelles.

Liberté syndicale ?

Ce phénomène est sans doute l’un des maux les plus profonds de notre société et en dédiant un panel à la liberté d’entreprise et à la liberté syndicale, le forum de Nancy a permis de lui donner la place qu’il mérite. En particulier, la venue de Lech Walesa a immédiatement placé au cœur du débat l’importance du syndicalisme puisqu’en l’occurrence, le syndicat Solidarnosc qu’il a créé a joué un rôle crucial dans la libération de la Pologne.

Si celui-ci a permis un tel envol des libertés sociales et économiques dans ce pays, comment en France en sommes-nous arrivés à considérer avec raison nos syndicats comme des acteurs de blocage plutôt que comme des acteurs du changement. Comment en sommes-nous arrivés à un système qui condamne le patron de Bricorama à payer une amende de plus de 37 millions d’euros à Force ouvrière pour avoir ouvert ses magasins le dimanche avec l’accord de ses salariés ?

Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, Jean-Claude Bourrelier, PDG du groupe Bricorama, Philippe Lambrecht, secrétaire général de la Fédération des entreprises de Belgique et François Lenglet, éditorialiste au Point participaient au panel mené avec humour par la journaliste du Point Béatrice Parrino.

Monsieur Bourrelier a su nous toucher en tenant un discours intelligent et mesuré et en comparant sa situation à celle de Bernard Thibault qui comme lui, a commencé à travailler comme ouvrier à l’âge de 15 ans. Puis leurs chemins ont divergé dans la mesure où, argumente le PDG, Bernard Thibaut fut un temps « l’homme le plus puissant de France », alors que lui-même n’avait plus le contrôle de ce qui se passait au sein de sa propre entreprise.

Le débat qui s’est engagé entre les différents panélistes fut passionnant. En effet, il a parfaitement illustré l’impossibilité en France d’avoir un dialogue social de qualité, facilitant la négociation plutôt que le conflit.

Si la liberté syndicale est essentielle, c’est notamment parce que les syndicats sont en situation de contribuer au bon fonctionnement de l’entreprise et par conséquent de la société dans son ensemble. Or, les syndicats en France sont devenus des syndicats politiques plutôt que des syndicats de service. Quand on se penche sur l’histoire du syndicalisme en France, on constate qu’il n’en fut pas toujours ainsi et qu’il fut un temps où il était réellement au service de ses membres quand il les aidait à mettre en place les premières protections sociales. Un vrai dialogue social pourrait sans doute réémerger en France si les syndicats s’appuyaient sur une réelle représentativité, un financement par leurs adhérents et une offre de services destinée et réservée à ces derniers.

La question syndicale mérite un débat acharné si on veut redonner aux syndicats le rôle essentiel et constructif qu’ils doivent jouer au sein de la société. La question plus large de la liberté se pose dans de nombreux autres domaines où l’étatisation progressive des relations contractuelles a généré plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. Il est opportun de se demander s’il n’est pas temps d’essayer ou réessayer la liberté.

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  • S’intéresser au syndicalisme est en effet utile si l’on veut promouvoir les libertés économiques.

    Des charges indues pèsent en effet sur le travail des gens modestes. Entre eux et le client de leur travail pèsent : la TVA, les charges sociales (salariales+ patronales), la charge fiscale de entreprise.

    Un vrai syndicat des travailleurs pauvres – appauvris par l’Etat – contesterait :
    – le taux de TVA (quel service public en regard ? )
    – le montant et l’affectation à la Sécu (ou au RSI) des charges sociales
    – le taux de fiscalité sur l’entreprise, sur l’entrepreneur et sur l’investisseur qui toutes raréfient l’emploi, donc aggravent le sort des gens modestes.

    Deux principes devraient guider ce syndicalisme :
    – un commandement biblique  » tu n’envieras pas la maison de ton prochain »
    – confronter au réel les politiques publiques : les pays libres qui permettent de s’enrichir légalement, ne laissent-ils pas plus d’opportunités aux pauvres d’améliorer leur sort par eux-même ?

    Les gens modestes de ce pays bénéficient-ils des dépenses publiques ?
    D’une part le « système social français » vit aussi pour lui même : logement social, sécurité sociale, administration sociale, politiciens.
    D’autre part, par construction, notre système nataliste, au départ voulu pour la natalité française, a été étendu à l’ensemble des migrants. Il y a donc substitution des publics cibles par le différentiel de natalité.

    Sans accord du peuple. Mais si on change le sens du mot mariage, on peut bien changer le sens du mot peuple !

    • « des gens modestes »
      Le peuple croit que la liberté va leur retirer leur emploi. Ce qui, pour certains nombre n’est pas faux, mais la peur paralyse tout le monde donc on vote toujours pour ceux qui protègent leur pré carré au détriment même de leur propre liberté.
      Ce pays est foutu !

  • Et si l’ état arrêtait de subventionner les syndicats??? Sans doute deviendraient ils plus responsables non ????

  • peut-être devrait-on commencer en France par lutter contre la répression syndicale au sein des entreprises. Là ce serait lutter pratiquement pour la liberté des individus.

  • Les syndicats devraient être exclus de la politique
    Comme l’avait bien fait remarquer François de Closet, lès permanents n’ont jamais travaillé de leur vie,souvent par incapacité personnelle et ce sont eux qui ont la prétention de donner leur avis sur tout

  • Un patron de PME que j’ai croisé m’a donné un jour un avis assez exotique: la solution pour en terminer avec les blocages et les magouilles syndicales serait tout simplement d’obliger tous les salariés à adhérer à un syndicat. Les bubons communistes finiraient effectivement par se diluer comme une goutte de vinaigre dans un verre d’eau, et on pourrait peut-être enfin avoir des syndicats à l’écoute des entreprises et des salariés, et pas des agendas politiques.

  • la france crève des syndicats

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