Tragédie grecque : le résultat d’une irresponsabilité budgétaire de longue date

La situation ayant mené à la crise des finances publiques grecques est le résultat d’une longue histoire d’irresponsabilité budgétaire.

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Tragédie grecque : le résultat d’une irresponsabilité budgétaire de longue date

Publié le 15 juillet 2015
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Par Mathieu Bédard
Un article de l’Institut économique de Montréal

imgscan contrepoints 207 Grèce

Dans les discussions sur la crise en Grèce, la question de la responsabilité des Grecs de s’être mis dans cette situation est souvent évacuée. Plusieurs commentateurs pointent même du doigt les créanciers comme étant principalement responsables des malheurs des Grecs, à cause des réformes et restrictions budgétaires qu’ils exigent du gouvernement grec en échange des prêts additionnels que demande celui-ci pour maintenir l’économie du pays à flot.

Cet article vise à rappeler que la tragédie grecque qui se déroule sous nos yeux n’est pas arrivée du jour au lendemain. Bien qu’elle soit surprenante par son ampleur, cette crise est le résultat d’une longue histoire de déficits budgétaires et de choix ruineux en matière de dépenses publiques. Le gouvernement grec vit en effet au-dessus de ses moyens depuis très longtemps.

Des déficits et une dette hors de contrôle

Au cours des 25 dernières années, le gouvernement grec a enregistré un déficit budgétaire moyen équivalent à 9,5% du PIB – soit presque trois fois la moyenne des pays de la zone euro –, avec un sommet à 23,3% en 1990. Le simple trou budgétaire de la Grèce, cette année-là, représentait donc l’équivalent du quart de la richesse produite dans le pays durant toute l’année. Les critères de convergence du Traité de Maastricht, que sont censés respecter les pays qui font partie de la zone euro ou qui souhaitent l’intégrer, limitent les déficits publics à 3% du PIB. Cette limite a été très largement dépassée par la Grèce (voir Figure 1).

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Ces déficits n’étaient pas toujours apparents dans les statistiques nationales, ce qui a permis à la Grèce d’accéder à la zone euro en 2001 même si elle ne satisfaisait pas aux critères. La Grèce a une riche tradition de falsification de ses comptes nationaux. Les gouvernements de toute allégeance cachaient par exemple le poids de leurs dépenses militaires, ou surestimaient les revenus de leur sécurité sociale, chaque fois à coup de centaines de millions d’euros1.

Aujourd’hui, la dette représente plus de 177% du PIB grec2. Les critères de Maastricht stipulent que la dette ne devrait pas dépasser 60% du PIB.

L’économie grecque, avant la crise financière de 2007-2008 et avant que le trou béant de ses finances publiques ne soit révélé en 2009, a connu une forte croissance. Le PIB par habitant a connu une augmentation de 66% en huit ans seulement durant cette période, passant de 13.000 euros à près de 22.000 euros par année. Malgré l’effondrement économique des dernières années, il reste plus élevé aujourd’hui qu’il l’était en 2000 (voir Figure 2).

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Cette forte croissance en partie stimulée artificiellement par l’endettement était insoutenable. Les Grecs paient maintenant le prix des largesses de leurs gouvernements.

D’autres pays d’Europe ont traversé des crises graves et ont su faire les sacrifices nécessaires. La Lettonie, par exemple, a été l’un des pays les plus durement touchés par la crise économique de 2008-2010 et s’en est sortie rapidement en réduisant ses dépenses publiques d’un montant supérieur à 15% de son PIB3.

Les institutions et gouvernements européens, ainsi que le Fonds monétaire international, ne sont pas responsables des choix faits par les Grecs. En revanche, ils sont pleinement responsables de leurs choix de prêter à un État qui n’a jamais eu la volonté de se réformer. Les créanciers institutionnels de la Grèce ont aujourd’hui de la difficulté à trouver une solution à cause de considérations géopolitiques et par crainte de créer un précédent qui serait aussitôt exploité par d’autres pays européens très endettés comme l’Espagne et l’Italie.

Conclusion

La situation ayant mené à la crise des finances publiques grecques est le résultat d’une longue histoire d’irresponsabilité budgétaire. Des déficits hors de contrôle se sont accumulés au cours des années et cette dette est aujourd’hui probablement devenue trop importante pour être remboursée dans sa totalité. Même en tenant compte du troisième plan d’aide annoncé cette semaine, les Grecs, de même que les contribuables des autres pays européens, devront malheureusement subir les conséquences de cette incurie pendant encore plusieurs années. Un cas extrême qui devrait servir de leçon à tous ceux qui, ailleurs, considèrent que l’endettement n’est pas un problème : si l’on veut véritablement garder le contrôle sur sa destinée, il faut éviter de trop s’endetter.


Sur le web.

  1. Tony Barber, « Greece condemned for falsifying data », Financial Times, 12 janvier 2010 ; Gunther Hanreich, « Eurostat takes issue with former Greek PM on reasons for the revision of economic data », Financial Times, 28 décembre 2004.
  2. The Economist Intelligence Unit, Country data, Public debt, 2014.
  3. Fonds monétaire international, Republic Of Latvia: First Post-Program Monitoring Discussions, IMF Country Report no 12/171, 25 juin 2012, p. 3.
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  • On n’oubliera pas que les comptes ont été falsifiés grâce à une banque privée Goldman Sachs et que 92% des prêts à la Grèce sont partis à des banques ou institutions et que donc l’aide n’est là que pour protéger les créanciers qui ont faits le choix débile de prêter à la Grèce.

    La Grèce aurait dû faire défaut dès les début et les créanciers auraient dû perdre leur argent. Au lieu de ça les Européens vont devoir mettre la main à la poche pour payer les créanciers.

    • 1. « et que 92% des prêts à la Grèce sont partis à des banques ou institutions et que donc l’aide n’est là que pour protéger les créanciers qui ont faits le choix débile de prêter à la Grèce. ».

      Comprends-tu qu’à un moment dans la chaîne la Grèce à bel et bien dépensé cet argent, même si au bout maintenant les prêts servent à rembourser d’autres prêts?

      Faisons simple:

      Temps 1: Je génère 20. j’emprunte 10 je dépense 30 (j’ai une dette de 10).
      Temps 2: Je génère 20, j’emprunte 11, avec cet emprunt je rembourse 10 et paye l’intérêt de 1, je dépense 20 (j’ai une dette de 11).

      On peux se plaindre autant qu’on veut qu’au temps 2 les grecs ont diminué leur dépense de 30%, que les salauds de banquier s’enrichissent sur leur dos avec des intérêts qui les saignent, ou comme tu le fais ici qu’ils ont utilisé une grande partie de l’argent reçu pour rembourser les créanciers et donc qu’ils n’en profitent pas (entendu c’est les banquiers qui en profitent sur leur dos), il y a bien eu un moment, le temps 1, où ils ont effectivement dépensé l’argent.

      Il faut arrêter avec cette idée que les grecs ne profitent pas de cet argent parce qu’ils utilisent les prêts ou aides pour rembourser la dette: ils en ont profité lorsqu’ils l’ont dépensé les années précédentes, en l’occurrence une partie du montant total chaque année pendant deux grosses décennies. Au lieu de te focaliser sur ce qui se passe aujourd’hui, remonte le temps et regarde ce qui se passe à chaque étape.

      2. « et que donc l’aide n’est là que pour protéger les créanciers qui ont faits le choix débile de prêter à la Grèce ».

      Lors de la crise de 2008-2009 les créanciers de la Grèce qui étaient des privés ont accepté une perte d’environ 50% sur leurs créances. En échange, les institutions européennes ont pris la relève. En d’autres termes, comme les grecs étaient toujours en déficit, on a d’une part repris le restant de la dette et d’autre part allongé plus de pognon pour couvrir le déficit et relancer la Grèce, avec ces bonnes vielles méthodes keynesiennes chères aux interventionnistes. Il ne s’agit pas de créanciers au sens classique, il s’agit de l’ensemble des pays qui ont tenté de sauver la Grèce d’un défaut immédiat pour sauver l’euro et éviter la sortie de la Grèce.

      De qui parlons nous? Il s’agit pour une grande part du FESF (fond européen de stabilité financière) voté par les 27 états membres de l’union en 2010 (aussi dans une moindre mesure le FMI et indirectement la BCE). Pour le FESF , il s’agit d’un machin bricolé sur le moment dont l’idée repose sur le fait que les institutions européennes impriment du pognon et le filent à la Grèce sous la forme d’un prêt, dont les montants sont garantis par les pays de l’union. Autrement dit, on a crée de toute pièce un fond avec une chiée de milliards d’euros dedans, le fond comme les euros sortis de nulle part, et ce sont les états qui se sont portés garants en cas de non remboursement. Je le dis d’une autre façon: personne n’a avancé l’argent, on a fait comme s’il avait été là, avec les autres pays servant de garants. Les cocos à Bruxelles se sont dit que la Grèce allait redémarrer, qu’elle allait donc rembourser avec l’accroissement des recettes et une réduction des dépenses et que donc les autres pays n’allaient jamais devoir payer les montants garantis.

      Manque de bol, comme l’union européenne c’est pas l’agence tout risques d’Hannibal Smith, le plan ne s’est pas déroulé sans accroc. La Grèce n’est pas repartie grâce à la magie keynesienne, au contraire le PIB s’est contracté et la dette a augmenté au point que la Grèce est au bout de ce qu’elle arrive à payer.

      La question qui vient de se poser, c’est de savoir si les pays qui ont donné les garanties (à la louche pour la France de mémoire c’est environ 40 à 50 milliards) devaient passer à la caisse de façon à ce que la Grèce puisse continuer à vivre au dessus de ses moyens jusqu’au prochain tour ou si la Grèce devait aller vers la misère tout de suite. Tsipras ayant perdu son bluff, c’est la deuxième option qui est l’issue de la partie de poker qui vient de se dérouler.

      Pour 80 à 90% de la dette grecque, les créanciers dont tu parles coco, ce sont les contribuables des autres pays, contribuables qui n’ont rien décidé du tout (on a décidé pour eux à Bruxelles, au FMI et à la BCE). C’est eux qui doivent payer par leur impôt ces montants en cas de déficit de la Grèce.

      En conclusion, les créanciers privés n’ont pas été vraiment sauvés comme tu dis, ils ont perdu près de la moitié de leur argent. Les politiciens n’ont pas eu peur de les sacrifier en partie pour sauver le système. Les créanciers ont finalement accepté le deal, parce qu’ils récupéraient la moitié, ce qui est mieux que rien. Bruxelles était contente, puisqu’elle évitait le défaut de payement de la Grèce (on pouvait donc repartir de plus belle comme si de rien n’était), même si techniquement c’était ce qui s’était passé.

      En conséquence, les créanciers d’aujourd’hui c’est massivement les contribuables des autres états, l’Allemagne en tête pour le plus gros montant. Et miantenant par contre les politiciens sont plus réticents à annuler une partie de la dette qu’en 2009, quand ce furent des privés qui sont passés à la caisse. S’ils cèdent ils vont devoir expliquer à leurs électeurs qu’il va falloir augmenter leurs impôts ou réduire leurs services publics pour financer les grecs. C’est pas très porteur quand on veut se faire élire.

      • Très beau résumé de l’histoire.
        Les états, la france en premier ne veut pas de grexit pour continuer à vivre à crédit.

      • Excellent résumé. +1000 et même bien plus…

      • Je pense que la Grèce aurait dû faire défaut, que l’Europe n’aurait jamais dû aider la Grèce pour que les créanciers récupèrent leur argent. Des obligations ne sont pas une garantie.

        • « Je pense que la Grèce aurait dû faire défaut, que l’Europe n’aurait jamais dû aider la Grèce pour que les créanciers récupèrent leur argent. Des obligations ne sont pas une garantie. »

          Là coco, tu dévies des points précis que je te conteste et pars sur autre chose.

          J’en déduis que tu as implicitement compris que tu as perdu le débat sur ces points.

          • Je répondrai plus tard mais j’aime bien le commentaire genre « j’ai gagné, c’est moi le plus fort », ça fait trés école maternelle

            • « Je répondrai plus tard mais j’aime bien le commentaire genre « j’ai gagné, c’est moi le plus fort », ça fait trés école maternelle ».

              Pure attaque ad personam.

              Sur le fond, tu as quelque chose à dire?

    • « On n’oubliera pas que les comptes ont été falsifiés grâce à une banque privée Goldman Sachs »

      Donc, parce que le criminel avait un complice, on peut lui pardonner et faire tout peser sur le complice…

      • Non mais l’article est quand même assez orienté anti-état lors que les banksters participent à ce drame

        • On ne dénonce jamais assez les Etats obèses, non pas par orientation idéologique contrairement aux socialistes, mais par souci d’objectivité. Dans l’affaire, certains banquiers ont un statut intermédiaire, complices des Obèses certes, mais sous contrainte du monopole monétaire imposé en dépit du bon sens. Au lieu de perdre votre temps avec les seconds couteaux, intéressez-vous aux responsables du problème, les Etats obèses. Ah oui, mais voilà, ces quelques banquiers complices ne sont pas les seuls à profiter grassement de la fiction par laquelle chacun s’efforce de vivre aux dépens des autres.

          Si vous voulez un jour être crédible dans votre dénonciation des banquiers complices, vous devez également dénoncer les autres rentiers de l’Obèse parasitant l’économie, fonctionnaires non régaliens, retraités de la répartition, multiples subventionnés sociaux…

    • « que donc l’aide n’est là que pour protéger les créanciers qui ont faits le choix débile de prêter à la Grèce. »

      Et ils ont prêtés pourquoi sinon parce que la Grèce avait officiellement la qualité d’un pays sérieux par le fait qu’elle a été admise dans l’euro ?

      Sinon, si vous achetez une voiture à un garagiste et qu’elle tombe en panne après 10 km, ce ne sera pas la responsabilité du garagiste, mais la votre ?

      • Quand le taux d’intérêt est à 7-8% cela veut dire que l’état n’est pas si sérieux. Encore une fois une obligation n’est pas une garantie, si la Grèce fait défaut je ne vais pas pleurer sur les créanciers.

        • « Quand le taux d’intérêt est à 7-8% cela veut dire que l’état n’est pas si sérieux. »

          Ton problème c’est que tu avances des taux qui ne correspondent pas aux deux décennies durant lesquelles le problème a été généré.

          Au début des années 90, les taux grecs ont commencé à diminuer drastiquement pour atteindre au moment de l’entrée de la Grèce dans l’euro le même niveau que celui des pays « sérieux » comme tu dis. En fait il y a eu convergence des taux par anticipation de l’entrée de la Grèce dans l’euro.

          Va voir ici le graphique sur l’historique des taux d’intérêts des obligations d’état à 10 ans (tu as le même phénomène sur tous les types d’obligations d’état) et reviens nous dire si à partir de 1999 moment de l’entrée de la Grèce dans l’euro jusqu’en 2008 moment de la crise les taux sont radicalement différents entre la Grèce et les autres pays comme l’Allemagne.

          http://www.theatlantic.com/business/archive/2011/12/the-most-important-graphs-of-2011/250240/

          Conclusion? Ton argument des taux plus élevés à 7-8% c’est un mauvais argument.

          Au moment où les taux ont commencé à baisser, l’emprunt devenant plus facile et surtout moins coûteux, la Grèce en a profité par clientélisme pour emprunter à tour de bras, et avec le pognon nommer des fonctionnaires, augmenter les subventions et la distribution de pognon « gratuit » de façon démesurée, etc.

          Quand ensuite parce que le problème survient en 2009 et que le taux diverge et crève le plancher, il est erroné de citer ce taux pour prétendre que les créanciers devaient savoir que c’était risqué en raison de ces taux. Au moment où les prêts ont été contractés par les privés les taux étaient minimes parce que précisément ceux-ci dépendaient de l’ensemble de la zone euro.

          Si avec ton taux de 7-8% tu parles des prêts contractés après 2009, relis mon commentaire précédent, ce ne sont pas des privés, entre 80% et 90% de la dette c’est des garanties fournies par les états et les institutions européennes et les débiteurs garants c’est les citoyens de ces pays qui eu n’ont pas eu droit au chapitre lors de la décision.

          D’autres commentaires?

          • Addendum: la Grèce entre en 2001 dans l’euro, mais ça ne change rien au raisonnement, c’est un détail, ce qui importe c’est l’anticipation que cela a impliqué et le résultat sur les taux d’intérêts durant les années 90.

          • http://www.les-crises.fr/dette-de-la-grece/#!prettyPhoto

            Il suffit de voir que le début de l’endettement de la Grèce est la financiarisation de la dette comme en France d’ailleurs. C’est à ce moment là que les intérêts ont augmenté. Les banksters et autres ont trouvé un moyen de récupérer une rente en jouant sur le populisme des gouvernements.

            • 1. Ton graphique c’est la dette est en pourcentage du PIB. C’est trompeur parce que si le PIB est à X dans les années 80 mais à trois fois X dans les années 90, la même augmentation brute de dette en une année à l’air complètement aplatie dans les années 90 et donne l’impression d’une augmentation fulgurante dans les années 80.

              Conséquence: Impossible de tirer de cette courbe la conclusion que tu tires.

              Corrige par le PIB ou montre le graphique de la dette brute. Tu verras que le gros du problème démarre vers la fin des années 90.

              Je ne nie pas que l’apparition d’outils financiers supplémentaires à permis à la Grèce d’emprunter, mais de la même façon c’est surtout l’apparition des taux bas qui ont permis de le faire massivement.

              2. Pour l’exercice, admettons que tu aies raison en disant que le gros du problème de la dette commence avec la financiarisation, il reste un problème majeur dans ton raisonnement. Tu raisonnes comme si la financiarisation était la cause et que donc les banquiers ou la finance étaient les responsables en ayant soudainement attrapés les grecs dans leurs filets.

              Quand les outils bancaires se développent coco, cela ouvre des possibilités d’emprunts. C’est pas les banquiers qui sont des salauds et qui auraient coincés les grecs, c’est les grecs qui ont profité d’outils disponibles pour emprunter plus que de raison.

              Si un restaurant à gogo ouvre à côté de chez Paul et que Paul en profite pour aller tous les jours se goinfrer de gras grâce à cette nouvelle opportunité, si dans la foulée au bout de quelques années il fait une crise cardiaque en raison de son régime alimentaire excessif, qui est coupable le restaurant ou Paul? Ton raisonnement consiste à dire que le restaurant est responsable parce que Paul a commencé à mal manger le jour en allant au restaurant depuis le jour où il a ouvert. Ma réponse consiste à te dire que le responsable c’est Paul qui a exagéré en faisant le choix de manger massivement dans le nouveau restaurant. Celui-ci n’a fait qu’offrir une nouvelle opportunité à Paul dans ses choix alimentaires.

              De la même façon que le restaurant n’a pas forcé Paul à venir avec un pistolet posé sur sa tempe, mais que c’est Paul qui a de lui-même choisi de manger dans le restaurant en se goinfrant de gras tous les jours, les banquiers en proposant des produits n’ont pas forcé la Grèce.

              On peut multiplier les exemples du même genre pour voir que ton raisonnement causal est ridicule: si je vais tous les jours boire un litre de bière dans un bistrot, et que soudainement un jour il y a sur la carte aussi des alcools forts, si j’opte pour boire tous les jours un litre de whisky, lorsque la cirrhose du foie survient oserais-tu prétendre que c’est le tenancier du bistrot qui est responsable plutôt que moi?

              Ce n’est pas parce que soudainement il y a de nouvelles opportunités d’emprunts parce que de nouveaux outils apparaissent, que si un pays opte en toute liberté pour utiliser à l’excès ces outils et se suicider avec c’est celui qui les offre qui est responsable plutôt que le pays qui a pris librement la décision de le faire.

              Dis-voir Fred, en admettant que Contrepoint t’offre la possibilité de lire des articles et de mettre des messages sur les forums, si par hasard parce que tu passes une partie de ta journée dessus ton revenu baissait ou ton employeur te virais, tu viendrais dire que c’est contrepoint qui est responsable?

              Ton raisonnement causal ubuesque c’est le même que celui qui conduit certains politiciens à vouloir condamner pour l’accident de la route le restaurateur qui a vendu la bouteille d’alcool ou le garagiste qui a vendu la voiture.

              3. Tu dis: « Les banksters et autres ont trouvé un moyen de récupérer une rente en jouant sur le populisme des gouvernements ».

              Je note qu’en réalité tu commences à être d’accord avec moi et à contredire ta propre position. Dans ta phrase s’il y a toujours les banquiers comme responsables, tu commences à admettre que le populisme des gouvernements joue un rôle dans le problème. Cela revient à dire que le restaurateur à trouver un moyen de faire de l’argent en jouant sur la faiblesse de Paul.

              La position vers laquelle tu t’approches, la mienne, c’est celle qui consiste à dire que la présence des banquiers c’est concomitant, le but de leur travail c’est de faire de l’argent par des échanges volontaires, exactement comme le restaurateur. La vraie cause, c’est le populisme des gouvernements successifs qui ont joué au Père-Nöel pour se faire élire et les grecs qui ont voté pour les cadeaux financés par la dette, de même que le responsable de son état c’est Paul.

              Prend les données brutes et tu verras que ça prend l’ascenseur quand les taux rejoignent ceux de l’Allemagne: parce que très simplement quand tu peux emprunter à un taux très bas tu empruntes plus.

              4. Après avoir fermé les tiroirs, revenons à ton argument des taux à 7-8% puisque c’est de cela qu’il s’agit, maintenant je comprends que tu parles des années 80. Peux-tu nous dire dans les années 80 quels étaient les taux de l’ensemble des pays?

              Je te pose la question d’une autre façon: quand un taux pour un pays isolé est à 8% et que tous les autres sont à 1%, ton argument fait sens: celui qui prête sait qu’il prend un risque et prête à un mauvais débiteur. Mais quid de ton argument dans une situation ou tous les autres sont à un niveau, certes plus bas, mais assez proche?

              Toi tu raisonnes implicitement comme si depuis le début des années 80 les taux Allemands, japonais, français ou Suisses étaient entre 0 et 1%. Va voir les taux réels au début des années 80 de ces pays et de la Grèce et vient nous dire si la différence correspond à ton implicite et ne laisse aucun doute sur le fait que la Grèce était un très mauvais débiteur en comparaison aux autres sur cette base……..

              Aujourd’hui 7-8% te semble astronomique et donc signe d’un très mauvais débiteur, parce que tu t’es habitué à des intérêts très bas et à une inflation très basse. Or, au sortir des années septante, des taux entre 4 et 8% comme des inflations à des niveaux comparables n’étaient pas l’exception, c’était la norme. Ca réduit drastiquement la portée de ce que tu dis avec ton taux de 7-8%.

              Bon et bien je crois qu’on a fait le tour.

              • Désolé mais justement étant en pourcentage du PIB la courbe permet de voir directement l’endettement par rapport à la richesse créée dans le pays. Alors qu’elle n’était que de 25% en 1980 elle fut de 100% en 1990 ce qui devient insoutenable, c’est d’ailleurs pour ça que l’endettement défini dans Maastrich limite à 60%.

                « Je ne nie pas que l’apparition d’outils financiers supplémentaires à permis à la Grèce d’emprunter, mais de la même façon c’est surtout l’apparition des taux bas qui ont permis de le faire massivement. »

                Les années 80 montre que ce n’est pas le cas.

                « Je note qu’en réalité tu commences à être d’accord avec moi et à contredire ta propre position. »

                Toujours ce besoin d’avoir raison. J’ai répondu à un article trés biaisé sur le cas Grec, c’est vous qui avait émis l’hypothèse que je pensais que les états n’avaient aucune responsabilité dans la situation actuelle.

                Puisque vous aimez les analogies. La dette est une drogue, les états sont les drogués et les banques les dealers. Les deux sont responsables de la situation actuelle. Les états ne devraient pas être obligés d’emprunter sur les marché, s’ils veulent imprimer et donc créer de l’inflation ils devraient pouvoir le faire.

                Sur les taux à 7-8% pour les autres pays on voit que ça a eu les mêmes conséquences à savoir un endettement massif. La dette française explose depuis que l’état ne peut plus vraiment se financer auprès de la banque de France.

                Aprés on est d’accord que les états sont aussi responsables d’avoir succombés à la facilité et la gabegie. Mais négliger la responsabilité du système financier est négliger une grosse partie du problème.

                • On voit surtout que l’endettement de la Grèce s’est accéléré sous la gestion du PASOK. Le PASOK (parti socialiste grec) est arrivé au pouvoir dans les années 80, c’est ce parti qui a mis en place le système clientéliste et qui a commencé à financer ce système grâce à un endettement massif.
                  Quand les politiciens grecs endettent leur pays, ils connaissent le taux d’intérêt (rien ne les oblige à le faire).
                  La Grèce a fait de nombreux défauts de paiement dans son histoire, l’état grec a passé la moitié de son histoire en faillite. Autrement dit, prêter à la Grèce est risqué alors cela n’a rien d’étonnant que le taux d’intérêt soit si élevé en grèce. Plus un débiteur est risqué , plus les taux d’intérêts sont élevés.

    • « et que 92% des prêts à la Grèce sont partis à des banques ou institutions et que donc l’aide n’est là que pour protéger les créanciers qui ont faits le choix débile de prêter à la Grèce. »

      Sachant que la dette a été renouvelée, le fait de dire que le budget a servi au remboursement des créanciers ou parler du poids du service de la dette n’a aucun intérêt… Seule la charge de la dette a quelque chose de significatif. Et actuellement, elle pèse que 4% du PIB, ce qui est plus léger que jamais.

  • Bien sûr qu’ils profitent, et qu’ils profiteront
    http://www.wikiblues.net/node/479

  • Tout cela illustre l’aspect idéologique qui a,depuis 25 ans, présidé à l’édification de l’Empire Européen .
    Et, devinez quoi…. les élites corrompues ont fait bombance et le peuple paye l’addition.

  • La solidarité ne veut a aucun cas dire irresponsabilité. Ce n’est pas parce que les allemands payeront, que certain pays, ici particulièrement la Grèce devra vivre dans la gabegie. J’ai même entendu quelques voix demander, le boycott des produits allemands. Les gens qui tiennent ces genres de propos sont pour moi des mabouls, car les produits allemands sont parmi les meilleurs au monde sur leurs créneaux. Ils veulent qu’on achète du indien ou, du chinois? Soyons réalistes, le temps ou on disait, l’Allemagne payera, ou, qu’il était un géant économique mais un nain politique est révolu. La Grèce aujourd’hui et, la France demain doivent assumer
    irresponsabilités budgétaires.

  • Je me fais l’avocat du diable; mais vous montrez dans vos deux graphiques depuis 2008 :

    – Un déficit qui augmente par rapport au PIB
    et
    – Un PIB qui diminue

    Pourquoi ne pas proposer le déficit réel en euro, pour estimer s’il baisse ou s’il grimpe?

    • Je vous remercie de votre question. L’étude devant tenir sur deux pages, j’ai été extrêmement limité dans les graphiques que je pouvais y inclure. Ce qui m’intéressait ici c’était ce qui a ultimement mené aux problèmes actuels de la Grèce, c’est-à-dire une grave irresponsabilité budgétaire se perpétuant depuis très longtemps. Mais il pourrait en effet être intéressant d’essayer de quantifier l’ampleur des efforts faits depuis 2009.

  • La crise Grecque est profonde. http://carnegieeurope.eu/strategiceurope/?fa=58826&mkt_tok=3RkMMJWWfF9wsRonvKXNZKXonjHpfsX67OkoWq6g38431UFwdcjKPmjr1YIGRcR0aPyQAgobGp5I5FEIQ7XYTLB2t60MWA%3D%3D
    Les problèmes grecs sont culturelles, les problèmes actuelles de la Grèce remonte à sa création en tant qu’état moderne. Je vous conseille de lire la Grèce contemporaine d’Edmond About (texte qui date de 1854). L’état grec moderne a passé la moitié de son histoire en faillite.

  • Comment évacuer THE question : qui a prêté à la Grèce et sous quelle garantie ?
    Réponses : les banques européènnes (celles qui ne prêtent pas aux PME) et sous garantie de l’euro (donc de la BCE).

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Voilà un message que certains ne voudront jamais entendre... Et pourtant s'il y a une chose que l'Histoire nous enseigne, c'est que la réalité est intangible. On peut la nier, on peut en faire le tour, mais ça ne changera rien. Ça ne fera que repousser le moment où chacun devra ouvrir les yeux et la regarder en face.

Posons d'abord les bases de cette réflexion : une nation est faite de citoyens, et c'est l'énergie de chaque citoyen, son travail, sa créativité, son ambition, qui créent l'énergie du pays. Les anciens pays de l'Est, pour ... Poursuivre la lecture

La dérive du budget de l’État français en 2024 est l’aboutissement d’une évolution historique : l’immixtion de la puissance publique dans tous les domaines de la vie. Le politique est partout, conformément à la formule simpliste de la gauche radicale depuis environ un siècle : « tout est politique ».

La liberté individuelle ne peut que s’amenuiser si le pouvoir politique réglemente toute action sociale. Le risque ultime est donc la disparition de la démocratie libérale, caractérisée par la place importante qu’elle accorde aux initiativ... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

En janvier dernier, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait la fin du « quoi qu’il en coûte ».

L’examen parlementaire en cours des projets de loi de finances de fin de gestion pour 2023, et de loi de finances pour 2024 montrent à l’inverse que, loin d’être fini, le « quoi qu’il en coûte » se poursuit. Et ce en dépit d’un goulet d’étranglement appelé à se resserrer du fait de l’aggravation de la charge de la dette dans les prochai... Poursuivre la lecture

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