Transition énergétique : l’excellence énergétique selon Ségolène

La loi sur la transition énergétique poussée par Ségolène Royal servira-t-elle à quelque chose ?

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Ségolène Royal (Crédits : Philippe Grangeaud-PS, CC BY-NC-ND 2.0)

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Transition énergétique : l’excellence énergétique selon Ségolène

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 juillet 2015
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Par Jean-Pierre Riou.

Ségolène Royal (Crédits philippe grangeaud-PS licence Creative Commons)
Ségolène Royal (Crédits philippe grangeaud-PS licence Creative Commons)

Selon Ségolène Royal, la nouvelle loi sur la transition énergétique qui vient d’être adoptée à l’Assemblée « vise à faire de la France le pays de l’excellence environnementale ».

En effet, l’objectif prioritaire de réduction de CO2 vient d’être rappelé par l’Europe, et un battage médiatique sans précédent multiplie les incantations et appels aux consciences et aux religions, sur fond de fin du monde, à moins de six mois de la Conférence de Paris sur le climat.

Pour parvenir à cette « excellence environnementale », la loi concentre étrangement ses efforts sur la réforme de notre parc de production d’électricité.

Si on en croit le dernier rapport EDF R&D, c’est exactement l’inverse qui va se produire. Non pas seulement au niveau national, notre production d’électricité étant déjà décarbonée à 95 % en 2014, mais de façon bien plus grave, l’augmentation de l’intermittence de notre production sera de nature à empêcher nos voisins de remplacer leurs centrales à charbon par des énergies renouvelables. En effet, l’étude EDF R&D, d’une ampleur encore inégalée, grâce à 30 ans de données météo, rend compte des possibilités de diviser par cinq les émissions de CO2 du parc de production électrique européen, et de les faire passer de 350 g CO2/KWh actuels à 75 g CO2/KWh ! À titre de comparaison, et pour souligner ce qu’excellence environnementale peut signifier, rappelons que le parc électrique français n’a émis, en 2014, que 19 millions de tonnes de CO2 (bilan RTE 2014 p 23) pour 540 TWh produits, soit une moyenne de 35 g CO2/KWh !

Selon l’étude EDF, pour espérer parvenir à ce résultat à coût acceptable, une importante réserve de puissance conventionnelle (500 GW) est indispensable afin de sécuriser les variations considérables des énergies renouvelables intermittentes européennes, dont la puissance des éoliennes, notamment, peut varier d’un jour à l’autre entre 40 GW et 170 GW. L’intermittence photovoltaïque étant supérieure encore, puisque sa puissance tombe à zéro chaque soir. L’étude étaye la nécessité d’un développement considérable des interconnexions et d’une part significative d’énergie nucléaire.

Rappelons que le nouveau cadre d’action européen en matière de climat et d’énergie a supprimé le caractère contraignant des objectifs de chaque État en matière d’énergies renouvelables en appelant à une coordination de tous, en fonction de leurs spécificités, pour atteindre l’objectif commun de réduction prioritaire de réduction de CO2.

Comment ne pas comprendre que l’excellence en la matière du parc électrique français le désigne pour sécuriser le remplacement des centrales à charbon de nos voisins par des énergies intermittentes sans alourdir le bilan carbone grâce à sa production nucléaire ? Comment peut-on croire que la déstabilisation programmée de notre réseau par des milliers d’éoliennes est destiné à combattre les émissions de nos centrales thermiques à flamme, qui ne représentent que 5 % de la production totale, avec 27 TWh, charbon, gaz et fioul confondus, pour un total de 540 TWh ?

Tout au contraire, l’intermittence de nos futures éoliennes nous condamne à supporter les émanations toxiques des centrales à charbon allemandes qui, depuis 2011, ont vu leur puissance installée augmenter de 3300 MW (charbon/lignite) malgré, ou plutôt même, à cause des 24 000 MW supplémentaires éolien/photovoltaïque intermittents. Et cela, à production équivalente, sans que le moindre MW nucléaire ait été supprimé pendant cette période.

La loi sur la transition énergétique a eu la sagesse de ne pas réduire la puissance installée de nos centrales nucléaires. Leur production, cependant, est désormais limitée à 50 % de la production totale à horizon 2025 au lieu d’un peu plus de 75 % actuellement. Elles fonctionneront donc de façon chaotique, pour combler les déficiences des futures éoliennes, sans aucun bénéfice environnemental, au lieu du régime régulier pour lequel elles étaient conçues, et qui aurait pu sécuriser la transition allemande ou espagnole.


Sur le web

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  • Qui dit interconnexions dit câbles, qui dit câbles dit cuivre.

    https://www.ifri.org/fr/publications/enotes/notes-de-lifri/reseaux-electriques-transition-energetique-europe

     » Dans la plupart des pays, la transition énergétique passe largement par les sources renouvelables d’électricité, tout particulièrement éolienne et photovoltaïque. Leur développement fait apparaître un double besoin : renforcer les réseaux de distribution d’une part, pour accueillir ces nouvelles productions, accroître les interconnexions d’autre part, afin de pouvoir exporter les volumes excédentaires durant certaines périodes. Ces besoins prendraient un caractère aigu si l’objectif 2030 était confirmé, car la part de l’électricité d’origine renouvelable atteindrait alors 45 %.  »
    …/…
    Enfin, en laissant agir les marchés pour assurer au mieux leur sécurité d’approvisionnement, plusieurs Etats courent le risque d’accroître leur dépendance à l’égard de pays voisins, de perdre une partie de leur outil de production et de subir un moindre choix des sources constituant leur mix électrique. »

    http://www.rte-france.com/uploads/media/pdf_zip/presse/dp2013/2013_04_26_DP_RTE_Sud-Est_Filet_de_securite_PACA_BEI.pdf

    « La section du câble utilisée ici est de 2000 mm² en cuivre émaillé – ce qui permet de faire passer plus de courant dans chaque brin de cuivre.  »

    Les ressources minières attirent les convoitises de grands groupes et ce au détriment des populations locales et de leur environnement.

    https://secure.avaaz.org/fr/stand_with_the_apache_global_loc_dn/?bMupGdb&v=62184

    « Aux membres du Congrès des États-Unis et à la Secrétaire à l’Intérieur Sally Jewell:
    Nous considérons que le récent cavalier législatif compris dans la Loi d’autorisation de la défense nationale, ouvrant la Forêt nationale en Arizona à l’exploitation minière du cuivre sur des terres considérées comme sacrées par les Apaches San Carlos, est un scandale découlant probablement du financement de campagnes par l’industrie minière. Nous demandons le rejet ou l’amendement immédiat de ce texte, ainsi que des excuses aux Apaches locaux dont l’héritage culturel est mis en vente. »

  • Avec Royal Chabichou, on peut être sûrs que la forme (la com) sera privilégiée sur le fond.
    La reine de l’esbroufe peut dans les deux années à venir nous faire passer à côté de l’essentiel.

  • Le but ultime des écologistes n’est pas la réduction du CO2, mais l’arrêt du nucléaire et la décroissance.
    Phase 1: on développe les énergies renouvelables à coup de subventions
    Phase 2: on exige la fermeture de centrales nucléaires
    Phase 3: après les énergies intermittentes, l’intermittence de l’énergie (pour payer moins cher une électricité hors de prix, on vous proposera un contrat avec des périodes « d’effacement ». « coupure » c’est trop brutal, mais le résultat est le même)
    Les écologistes appellent cela  » développement durable »

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