Europe : penser le fédéralisme avec le benchmarking

Pourquoi ne pas penser le fédéralisme avec les outils du benchmarking ?

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Europe : penser le fédéralisme avec le benchmarking

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 août 2015
- A +

Par Jacques Gautron.

light bulbs credits André Mouraux (CC BY 2.0)
light bulbs credits André Mouraux (CC BY 2.0)

Un article publié par le journal libéral L’Opinion sous la signature de Jean-Louis Chambon, président fondateur de l’institut Turgot, m’interpelle sur deux sujets qui me semblent particulièrement concomitants :

  1. Le benchmarking qui permet de bénéficier de ce que d’autres font mieux que nous
  2. Le fédéralisme basé sur le vrai principe de subsidiarité ascendante

 

En effet, Jean-Louis Chambon rappelle que la trêve estivale semble avoir ranimé l’idée de gouvernement économique européen. Il pose le problème en retenant trois conditions : le budget, l’emploi et la fiscalité.

Comme beaucoup d’autres analystes pertinents, il explique en détail pourquoi ces trois conditions ne peuvent être remplies plutôt que de considérer le fameux slogan attribué à Robert Kennedy : « Some men see things as they are and say why. I dream things that never were and say why not ». Pour m’éviter une traduction approximative, je reprendrai les paroles écrites par Gaëtan Roussel dans une chanson interprétée par Vanessa Paradis : « Parfois on regarde les choses telles qu’elles sont en se demandant pourquoi. Parfois, on les regarde telles qu’elles pourraient être en se disant pourquoi pas. »

Et si nous posions le problème autrement ?

Existe-t-il quelque part dans le monde des pays, des États ou des organisations qui ont résolu le problème qui consiste à regrouper des entités sous une même structure, tout en leur laissant autant d’autonomie que nécessaire à atteindre l’efficacité commune ?

De tels exemples existent-ils ? Des pays ou des États peuvent-ils être considérés fonctionnant totalement ou partiellement selon une structure fédérale libérale ? Les budgets, les politiques d’emploi et la fiscalité y sont-ils partagés, en partie ou d’une manière totalement autonome ? Ont-ils une monnaie commune et des fiscalités propres ? Gèrent-ils cependant certaines compétences en commun ? Dans les années 1990 combien d’entreprises super centralisées (big is beautiful !) ont décidé pour leur bien de créer des Business Units indépendantes ? Parmi elles, combien ont parfaitement réussi et sont aujourd’hui constituées de dizaines d’entités indépendantes qui partagent des politiques communes en matière d’investissement, d’innovation ou même de budget global ?

Si, au lieu d’établir la liste de tout ce qui empêche l’Europe de devenir enfin performante, on acceptait, après avoir précisément mesuré tout ce qui nous bloque, d’aller voir et de constater auprès de quelques pays ou quelques entreprises qui ont réussi en pratiquant le principe de subsidiarité. Sauf erreur, aucun État, aucune entreprise, ne méritent d’être considérés comme un exemple parfait à suivre de A à Z, mais les États qui réussissent mieux que nous, les entreprises les plus performantes n’ont-elles rien à nous apprendre ? Voyons dans quels domaines ces organisations « témoin » ont réussi à instituer un système décentralisé efficient et pérenne.

Pour avoir enseigné et pratiqué le benchmarking je sais mieux que personne ce qu’il est facile de reprocher à la méthode.

Non ce n’est pas une recette magique, il faut de l’humilité et beaucoup de pertinence pour la pratiquer jusqu’à en tirer un réel bénéfice. Et le fédéralisme dont on fait dire n’importe quoi serait un nouveau système de centralisation contraignante pour certains, libéral et pourquoi pas libertaire pour d’autres ? Et si c’était le seul chemin pour mettre d’accord d’une part ceux qui veulent que les États gardent une certaine autonomie, les étatistes ou nationalistes ; et d’autre part les partisans d’une Europe politiquement forte et rassemblée !

Conclusion en guise d’appel à mes détracteurs : afin d’accomplir le rêve de Robert Kennedy, tout en rassemblant les forces de pays qui voudraient réaliser un objectif commun de mieux être et de croissance efficiente, sans se fondre dans une bureaucratie dévorante, pratiquons avec humilité le benchmarking et construisons en toute connaissance du principe une Europe fédérale basée sur la subsidiarité ascendante.

Voir les commentaires (5)

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  • Absolument, le benchmarking est responsable du succès des multinationales qui le pratiquent.

    Mais il ne faux malheureusement pas trop compter sur la France pour promouvoir ce modèle qui va a l’encontre du cartésianisme planificateur : le Français adore prétendre avoir raison…

    Tout dans l’esprit Français va à l’encontre du benchmarking, de la délégation, de la confiance, de la responsabilisation.

    • @steph : je ne sais pas si «cartésien» correspond bien à la description de l’esprit français actuel…il me semble qu’un esprit cartésien est avant logique et pragmatique, et nos gouvernants sont plutôt à l’opposé : idéologie et essais de mise en application de théories bancales en dehors de tout pragmatisme !
      Donc, votre phrase devrait plutôt être «socialisme planificateur»….

      Sinon, jamais un vrai fédéralisme ne sera accepté par nos gouvernants, ils veulent une Europe comme une grosse france, qu’ils pourraient pressurer fiscalement au maximum pour entretenir une énorme caste de parasites politiques, prions pour que ce projet n’aboutisse jamais mais c’est loin d’être gagner…

      • Oui aussi

        Mais d’une certaine façon on en revient à la controverse entre Hobbes et Descartes : benchmarker est un peu considérer que les Leviatans ont une âme propre qui les animent, qu’il ne suffit pas de comprendre les rouages de la machine 🙂

  • Trop drole, nos administrations décentralisées en sont deja incapables ou le pratique a l’envers ( repise uniquement des modeles qui ne marche pas, comme la reglementation des loyers…) alors imaginer ces pinioufs capables d’utiliser un outil du grand capital ( deja le mot en anglais, ca leur fait peur…) des mechantes multinationales turbo neo liberales, c’est plus de la SF, c’ de l’heroique-fantaisie…

    Bref, bel homage a Pratchett

    • Quoique, ces zozos sont capables de le transformer en brouzouf à lunettes et d’en faire le sirop-typhon des années 2020 … s’ils arrivent à comprendre comment l’utiliser à leur profit personnel ….

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