Les prisons : on en parle ?

Quand parlera-t-on de l’état déplorable des prisons françaises ?

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Les prisons : on en parle ?

Publié le 11 août 2015
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Par Le Parisien Libéral.

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Il y a un sujet sur lequel la classe politique évite généralement de se prononcer, c’est l’état des prisons françaises.

Or, il est honteux.

Prenez, par exemple, le sujet que l’Observatoire international des prisons (OIP) a porté en référé, mercredi 29 juillet, devant le Conseil d’État : a-t-il fait l’objet d’une journée de polémique au même titre que les performances de Chris Froome ou les photos d’Aurélie Filippetti et Arnaud Montebourg ? Non. Et la classe politique ne s’est pas vraiment emparée du sujet. Pourtant, elle devrait.

 

Les chiffres

Il n’y a globalement jamais eu autant de monde en prison en France. Les statistiques sont formelles, il n’y a pas eu de rupture majeure entre le très décrié tandem Bernard Cazeneuve – Christiane Taubira et leurs prédécesseurs UMP : plus de 0,1 % de la population du pays séjourne en prison. Certes, il existe des peines non exécutées. Mais notons que 66 270 personnes étaient incarcérées en France au 1er janvier 2015. La population carcérale est nettement supérieure à ce qu’elle était il y a dix ans, puisque les détenus était 58 231 au 1er janvier 2005, soit environ 8000 de moins.

Au 1er juillet 2015, 66 864 personnes étaient incarcérées en France, ce qui représente une baisse de 2,1 % par rapport au mois de juillet 2014 (68 295). Au 1er juin 2015, 66 674 personnes étaient incarcérées, soit une hausse mensuelle de 0,3 %.
On parle donc de baisse de 2 %, pas de 10 % ou 20 %.

 

L’état des prisons françaises

Au 1er juillet 2015, le parc pénitentiaire comptait 57 759 places opérationnelles ; le taux de densité carcérale est de 115 %. Autrement dit, on manque de prisons. Outre le fait que le nombre de places soit insuffisant, l’insalubrité est le qualificatif qui revient fréquemment dans les rapports des observateurs. Si la mission des prisons est de punir, mais aussi réinsérer les individus après qu’ils aient payé pour leurs erreurs, alors l’état des prisons françaises est un danger pour nous tous.

L’acception générale, en matière de prison, consisterait à dire que c’est bien fait pour les détenus, qu’on ne se retrouve pas en prison par hasard, qu’il faut quand même avoir franchi un certain nombre de limites. C’est vrai. Tout le monde ne vole pas, ou ne se transforme pas en criminel. Mais le fait est que chacun peut être confronté au système carcéral, à moins évidemment de mener une vie parfaitement conforme aux desiderata du pouvoir.

Prenons par exemple Nicolas Bernard-Busse, étudiant, militant de la Manif pour tous, condamné à quatre mois de prison pour faits de rébellion et de refus de prélèvement ADN. Cela ne vous interpelle-t-il pas ?

Si ce jeune est allé en prison, c’est donc bien suite à la combinaison de l’existence de l’orwellien FNAEG, (à l’origine créé par la gauche seulement pour les violeurs, et renforcé et élargi par la droite), du zèle policier qui brandit des outrages à agent à tout bout de champ, et de la justice expéditive en correctionnelle.

Sans aller jusqu’à la prison, combien de Français se sont-ils trouvés un jour face au défi de l’outrage à agent, où la parole du policier pèsera toujours plus lourd que la leur ?

Dans notre pays, seule Sylvie Andrieux, la députée ex-socialiste, a été condamnée à une peine de prison sans être jamais confrontée à la réalité de l’univers carcéral. Pour les autres, le risque est réel.

Dans un pays non pas idéal mais au moins en ligne avec ce qu’on attend de l’État, nos impôts devraient servir à financer l’excellence de l’exécution des missions régaliennes. La plupart des Français, même ceux atteints de manière aiguë par le ras-le-bol fiscal, convient que les impôts doivent servir à financer une police respectueuse et efficace, une justice rapide, une diplomatie promouvant nos valeurs et des prisons dignes.

Est-ce trop demander que de souhaiter que l’exécutif s’empare enfin du sujet des prisons, afin que les détenus soient traités de manière juste, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des Français ? Faut-il rappeler le rôle de la prison dans nombre d’affaires où un ex petit délinquant s’est transformé en criminel ou en terroriste ?

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  • Bonjour
    Il faut noter que la population carcérale s’est modifiée et une partie des personnes incarcérés ont en fait des pathologies psychiatriques.
    On a fermé 50000 lits de psychiatrie.. Ils se retrouvent en prison.

  • Au fil du temps, les gouvernements ont en effet négligé les fonctions régaliennes de l’État au profit de la distribution clientéliste, de l’augmentation du nombre de fonctionnaires et du standing des élus (charité bien ordonnée…). La démocratie malade de l’électoralisme…

  • Tant mieux, la prison est pas censée être le Club Med.

    • On ne peut justifier des traitements inhumains et dégradants.

      • D’autant que n’importe qui peut s’y retrouver, ne serait-ce que pour nous protéger en tant que témoin, ou par erreur de discernement comme dans l’affaire Outreau, ou simplement en attente de jugement quand, innocent, on a la malchance d’être soupçonné.
        Pour ces raisons les prisons doivent être dignes, ce qui se fait dans quelques rares pays.

        • Entièrement d’accord notamment avec l’augmentation de l’activité de l’état…N’importe qui peut se retrouver en prison , il suffit par exemple d’un accident de voiture ou d’une soirée arrosée finissant mal….

    • Akashi: C’est non plus sensé être les ponts de la rivière Kwai. Il y a une grande marge entre la promiscuité ou l’insalubrité et le club med. Mais surtout il faudrait éviter que les prisonniers ne soient des prédateurs les uns envers les autres. Or avec la surpopulation carcérale c’est impossible. Regardez ce que ce mec tueur d’enfant certs, a subi:

      http://www.pausecafein.fr/emouvant/daryell-dickson-meneses-xavier-tueur-enfant.html

      • @Mitch

        Oui, en plus de l’attitude de certains détenus il y a la problématique de l’attitude de certains représentants de l’ordre carcérale qui n’arrange rien entre un laisser faire de la violence entre détenus et/ou de la pratique de violences gratuites de leur part sur les détenus.

        • L’attitude néfaste de ces représentants de l’ordre favorise d’autant plus les récidives que le détenus rejettera les sentiments négatifs issus de ces violences gratuites (donc non justifiés) sur l’ordre établie. Celà ne fera que confirmer sa vision de l’état qu’il avait certainement avant.

          Difficile donc pour lui de changer d’avis et de se remettre en question. En quelque sorte celà lui légitime même le fait de s’opposer à l’état, et la société en général, et de ne pas chercher à y apporter quelque chose de positif.

          Tout le contraire de ce qu’aurait dû être son passage en prison.

  • « l’orwellien FNAEG, (à l’origine créé par la gauche seulement pour les violeurs, et renforcé et élargi par la droite) »

    N’est-ce pas « l’orwellien » FNAEG qui a permis de résoudre de nombreuses affaires?

    Et de sortir quelques innocents de prison?

  • Les infrastructures francaise sont effectivement vetustes et insalubres mais cela est bel et bien de la faute des francais. Combien de gens sont ils heureux que les prisonniers se fassent violer en prison? C’est proprement hallucinant le nombre de gens qui se réjouissent de la dictature des petits caids en prison et des abus proprement scandaleux sont les taulards sont victime. L’absence de video surveillance en prison qui permet aux taulard les plus malsains de laisser libre cours cours à leur imagination sadique sur les plus faibles ou les plus isolés est par exemple assez ubuesque.

  • Il y a un paradoxe avec les prisons. On nous demande des cellules individuelles pour tous et de haut standing. Il faut bien entendu remédier à la surpopulation carcérale (non pas en supprimer des peines et en rétrogradants des crimes en délits comme Taubira) mais en investissant.
    Il faut réhabiliter les prisons par contre arrêtons de vouloir faire en sorte que chaque prisonnier air une cellule individuelle avec la télé l’abonnement à la télé par câble et tout le reste. Une prison doit apporter ce qui est nécessaire et retirer le superflus. On ferait mieux de s’efforcer d’instruire les détenus de les faire lire, réfléchir à ce qu’ils aimeraient faire en sortant et les aider à se réinsérer plutôt que de polémiquer sur l’individualisation des cellules.
    Ils sont en prisons pas au sofitel !!

    • Je crois que justement il faut pas trop s’inquiéter de la ressemblance avec le Sofitel. C’est loin d’etre le danger principal. En revanche je pense surtout qu’il faudrait voir à les habituer à suer un peu. Ca ne me gênerait pas de les voir le long des autoroutes à ramasser les détritus, ou à creuser des tranchées coupe feu en été. En revanche, les enfermer entre délinquants avec des caïds dans des cellules où il n’y a rien d’autre à faire que subir les exaction des plus sombres connards, ça me parait juste inhumain et indigne.

      Non mais lisez ce genre de trucs bordel avant de nous parler du Sofitel!

      http://www.liberation.fr/evenement/1999/10/27/des-mois-de-viol-dans-le-silence-a-laon-k-a-vecu-l-enfer-sous-la-coupe-d-un-autre-detenu_287295

      Le seul rapport avec le Sofitel c’est les histoires de viol de DSK!

      • Sauf que justement pour beaucoup de jeunes de banlieue, la prison est un endroit cool et quasiment un club de vacances!

        • C’est un club de vacances non pas a cause de l’infrastructure trop accueuillante mais justement parce qu’on laisse ces prisons devenir des enfers de torture qui profitent aux bourreaux les racailles. En effet ceux cis n’ont plus qu’a se servir sur les proies qu’on leur sert sur un plateau dans ces infrastructures vetustes.

    • Allez, et puis lis ca aussi avant de me parler du sofitel. Cette racaille est peut etre une belle enflure, mais on ne résout pas la délinquence en infligeant des torture dignes du goulag russe.

    • Justement, est-ce que les détenus veulent des cellules individuelles?

  • Entièrement d’accord avec vous. La réalité carcérale est une honte pour un pays comme la France, mais le sujet étant « politiquement » non porteur, les politiciens n’ont pas le courage d’en parler.

  • D’abord, la France est régulièrement condamnée pour « atteintes aux droits de l’homme » pour le traitement des prisonniers et pour l’état des locaux: ça la fout mal! Pour vous!

    D’autre part, la peine prescrite n’est purement et simplement qu’une « privation de liberté », sans humiliation, sans viol, sans sodomie et sans violence du personnel, hors circonstances de rébellion!

    Pourquoi ne pas accorder l’accès à internet à des peines courtes où une réinsertion peut être raisonnablement espérée à court terme?

    On sait que beaucoup de prisonniers ont moins besoin de prison (inutile) que de soins psychiatriques, y compris la rétention en secteur psychiatrique fermé, au-delà de la durée de la peine. Quand un « psychopathe » ou « sociopathe » a montré qu’il peut passer à l’acte sans aucun remord, hors traitement, il restera incontrôlable et la société a le droit de s’en protéger.

    Mais aucun délinquant ne mérite un traitement pouvant être qualifié d’inhumain: la vengeance n’est pas la vocation de la justice dans une société civilisée, les erreurs judiciaires sont là pour nous le rappeler.

  • Il manque au moins 35 000 places de prison en comptant augmentation phénoménale de la criminalité et des violences ( le gouvernement ne fait strictement rien cela favorise les démagogues de toute sortes).Maintenant les tortures et les sévices sur les détenus sont non seulement injustes mais aussi contre productifs.A par les rendre pires que ce qu’ils sont ou servir de rite de passage sans compter les problèmes que cela peut poser pour la coopération internationale.Les tribunaux dans beaucoup de pays ont à plusieurs reprises condamnés ces pratiques notamment aux USA( voir l’arrêt Brown C/ Plata par exemple ), au Japon, en Thaïlande , Russie, Arabie Saoudite.Pays considérés comme pas particulièrement complaisants envers la criminalité…Pourquoi ne pas faire rénover les prisons par détenus eux mêmes bien entendu en étant correctement formés et encadrés?

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