Par Max Falque.
Un article de l’Institut Turgot

La Ville Sainte serait-elle mal inspirée ? La nouvelle encyclique Laudato si propose un changement de politique afin de faire face à la pauvreté et à la crise écologique. Ce texte que l’on peut soupçonner d’avoir été Inspiré par la « Théologie de la libération » visant indirectement à réconcilier socialisme et christianisme a, à ce titre, suscité l’enthousiasme des media bien-pensants.
Le Pape est pourtant bien placé pour savoir que l’enfer est pavé de bonnes intentions… fussent de pavés verts, roses ou rouges !
Examinons la réalité :
En ce qui concerne la pauvreté, The Economist du 1er juin 2013 publiait un très important article démontrant que, contrairement à l’opinion dominante, à la croissance démographique attendue d’ici 2030 correspondra une augmentation très sensible du niveau de vie des populations les plus pauvres.
Le taux de pauvreté a d’ailleurs commencé à baisser à partir de la fin du siècle dernier en raison de la croissance économique des pays en voie de développement de l’ordre de 6 % par an. Par exemple la Chine, largement responsable de ce phénomène, a réduit son taux d’extrême pauvreté de 84 % en 1980 à 10 % aujourd’hui.
Tout indique que, sous réserve d’une meilleure gouvernance fondée sur l’État de droit (notamment la suppression de la corruption et d’une diminution des inégalités) l’extrême pauvreté de masse pourrait appartenir au passé.
Bien entendu il ne s’agit que d’une prévision et du prolongement d’une courbe qui est le fruit de la généralisation du capitalisme et du libre-échange. Par ailleurs il faut noter que si l’on a réussi à élever le niveau de vie d’un milliard de personnes en passant de 1,25 $ par jour (en dessous duquel on parle d’extrême pauvreté) à quelque 4 $ par jour ; on est encore loin du niveau de pauvreté des pays développés de l’ordre de 15 $ quotidiens.
Les prévisions de sortie de l’extrême pauvreté sont d’ailleurs fort différentes selon les pays : si l’Extrême-Orient, avec l’exemple de la Chine et de l’Inde, sont dans la bonne voie, l’Afrique (notamment subsaharienne) connaîtra pour longtemps un pourcentage élevé de sa population restant dans l’extrême pauvreté, notamment en raison de l’incertitude concernant la sécurisation des droits de propriété.
À ce point on peut s’interroger sur l’efficacité de l’aide aux pays en voie de développement. Elle a pu jouer un rôle positif dans certaines zones mais il est difficile de prétendre qu’elle a quelque rapport avec la diminution de 50 % de l’extrême pauvreté qui, pour l’essentiel, s’est produite en Chine, et qui n’a rien à voir avec l’aide internationale et les objectifs du millenium développement des Nations unies.
Ces bonnes nouvelles de sortie de la pauvreté sont également favorables à la protection de l’environnement.
Si on en croit l’écologie militante catastrophiste, il faudrait plusieurs planètes pour faire face à la pression d’une consommation croissante des ressources.
À ce point nous devons considérer le modèle proposé par la courbe environnementale de Kuznetz. Bien qu’approximative et contestée, cette courbe, fondée sur l’observation de deux siècles de croissance économique, met en évidence que si, dans un premier temps, à l’augmentation de la richesse correspond une dégradation de l’environnement, la courbe s’inverse dès lors qu’apparaît l’abondance.
Dans la mesure où l’on escompte une sortie massive de la pauvreté il faut donc s’attendre, toutes choses étant égales par ailleurs, à une pression importante sur les ressources environnementales. Ceci est bien illustré par la Chine qui a probablement atteint le point d’inflexion de la courbe environnementale de Kuznetz et commence à se préoccuper des externalités insoutenables liées à sa croissance.
Il est probable que ce phénomène va concerner tous les pays échappant à l’extrême pauvreté. Il faut donc s’attendre au cours des 20 prochaines années à une croissance économique mondiale susceptible de porter atteinte à la qualité environnementale des pays concernés mais aussi de l’ensemble de la planète.
Une autre voie
Si l’on accepte ces hypothèses il est temps d’encourager et de mettre en œuvre des politiques susceptibles de concilier croissance et environnement.
Tout d’abord, puisque l’aide aux pays en voie de développement sous sa forme actuelle est largement inefficace et parfois même contreproductive (corruption), il convient soit de la supprimer soit d’en modifier le contenu. À savoir :
- encourager la responsabilité individuelle par la diffusion des droits propriété privés ou en commun ;
- renforcer l’État de droit (Rule of law) et le pouvoir des citoyens.
En fin de compte, comme le précisait The Economist, dès 2005 « la main invisible verte : les marchés constituent un atout pour l’environnement pour autant que les écologistes puissent apprendre à les aimer ».
Il convient de rappeler qu’entre 1850 et 2015 le prix des matières premières a été divisé par cinq tandis que la population mondiale a été multiplié par 5 et le revenu par habitant multiplié par 10… et tout indique que cette extraordinaire performance se poursuivra au XXIème siècle. Faut-il aussi préciser que les pays placés en tête dans les classements en matière de liberté économique et de revenu par habitant sont également ceux qui disposent du meilleur état écologique, précisément ceux qui ont recours aux institutions dénoncées par l’Encyclique !
Faits et propositions que l’on aurait aimé voir figurer dans une Encyclique, hélas, largement inspirée par John Schellnhuber, climato-malthusien, membre du fameux « Club de Rome » qui parlait déjà en1970 des « Limites à la croissance » et prévoyait lui aussi la catastrophe à court terme… sauf à changer de politique. Certes le monde n’est pas parfait mais les solutions proposées pourraient bien aggraver la pauvreté et l’environnement !
Pour conclure le pessimisme n’est plus de saison et l’espoir est là pour autant que les institutions permettent la liberté et la responsabilité des hommes. La pauvreté et la destruction des ressources environnementales associées à la rareté, peuvent être résolues en recourant aux institutions élaborées et sélectionnées par les hommes au cours des siècles.
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L’ONU est incapable d’imposer la paix dans le monde. Il est donc tout autant incapable d’imposer l’écologie. Ne parlons donc pas de la capacité du Pape à imposer quoi que ce soit, utilisation ou pas du préservatif, abstinence, écologie, partage ou valeurs morales.
En réalité, les pressions écologistes ou simplement environnementales viennent de la base, de même que la limitation de la natalité. C’est un fait avéré mais cela ne se produit que dans les pays ayant atteint un certain niveau de vie. Les intellectuels et les politiques ne sont que l’écho de ce phénomène de masse. Quel que part, on peut se poser des questions sur la gestion des priorités de la part des masses qui préfèrent l’écologie à la paix dans le monde ou la réduction de la pauvreté. Mais on sait que l’homme est loin d’être parfait.
Mais quand il s’agit du Pape ?
@pragmat, le pape n a pas vocation à imposer quoi que ce soit , il ne fait que donner son avis . Avis que je ne partage pas d ailleurs, et c est un chrétien qui parle . Notre croyance nous porte d ailleurs à ne pas suivre le premier berger qui passe même s il porte le nom de pape.
En l’occurance, il ne donne même pas son avis, mais parle d’écologie et de pauvreté dans le monde… En disant en gros (et il prend son temps pour passer ce message) que ces sujets sont des sujets qui requièrent une approche morale et pas politique.
Ça commence a être très énervant ces pseudos libéraux qui défendent la liberté d’opinion, la non ingérence de la politique dans les affaires religieuses et la politisation de l’écologie et qui hurlent au scandale dès que le pape dit quelque chose.
Et qui dénoncent la politisation de l’écologie (dsl)
Le Pape n’a plus le pouvoir d’imposer n’importe quoi comme par le passé, alors il donne son avis comme un philosophe. Avis qui a pour moi autant d’intérêt que celui des artistes qui déclarent leurs opinions politiques, et c’est un humaniste qui parle. La croyance des hommes les porte à suivre le premier berger venu qui passe, qu’il s’appelle Pape, ayatollah, dallai lama ou autre.
@pragmat quand cesserez vous de prendre les croyants pour des ânes ? Excluez – vous ceux ci de l humanisme ? Croyez vous que croyance en dieu implique de suivre un homme ou une organisation sans discernement?
Je me suis contenté de retourner vos affirmations pour en montrer les limites. Les religions sont bien sur humanistes. Mais les “textes sacrés” ont été écrits en d’autres temps. Les religions devraient évoluer pour s’adapter alors qu’elles sont basées sur le conservatisme et qu’il faut “réinterpréter” les textes pour tout changement. Le Pape, les ayatollah et les rabbins ont beaucoup de “réinterprétation” sur la planche.
@pragmat , rassurez vous , ils le font sans cesse , on rêverait que d’autres le fassent aussi
les commentateurs ont-ils lu l’encyclique? Le pape François est un chef d’Etat, certes petit, ainsi que d’une organisation internationale qui bénéficie de privilèges dans certains pays (elle est martyrisée dans d’autres), fait pression, dirige des consciences… Il exprime une vision pessimiste de l’homme, notamment de la science économique, & appelle à appauvrir les “pays riches” pour revenir à une imaginaire harmonie pré-industrielle, par une pression sur les Etats-nations, les démocraties & surtout “le marché”.
@olivier , j ai lu l encyclique je suis arrivé eu ou prou à ce style de conclusions que je trouve atterrante. Mais le pape a tout à fait le droit d exprimer ses vues ; tout comme nous d adhérer ou non…
Non. D’ailleurs, la situation est tellement grave, d’après le pape François, que l’on ne peut se contenter d'”exprimer ses vues”. Le Vatican est un pouvoir politique; l’Eglise catholique s’est occupée & s’occupe, dans de nombreux pays, de l’éducation, des soins etc.; elle est un puissant lobby. & le pape va visiblement mettre tout son poids dans la balance lors de la prochaine conférence sur le climat.
@Olivier , c’est votre point de vue . Je pense personnellement que ce qui va nous arriver dessus à grande vitesse (folies des financiers centraux et politiques , engrenages guerriers en orient) feront passer ces petites lubies climatiques pour des enfantillages. Je suis attéré qu’un pape donne dans ce genre de paneau
“Laudato Si'” évoque des crises & tensions réelles mais apporte de mauvaises réponses du type: “accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties”. Certes, il y a du consumérisme, de l’accaparement, des dégâts environnementaux… mais la solution réside dans l’évolution vers un vrai capitalisme.
sur le consumérisme: http://www.contrepoints.org/2012/11/29/106085-revenir-a-la-sobriete-originelle-du-liberalisme
C’est à ce genre de choses que je pense.
OK pour la responsabilité vis-à -vis de la nature, des pauvres, des faibles, pourquoi pas un réchauffement climatique pervers accentué par l’activité des hommes de l’hémisphère nord, mais les solutions proposées par le pape sont mauvaises, il néglige la science économique, l’intelligence humaine. Le pillage du “Nord” ne va pas rendre la Terre harmonieuse.
Soyons des catholiques rationnels!
J’ai aussi lu l’encyclique et ce n’est pas du tout ce que j’en ai retiré : le Pape cherche à entrer dans le sujet et à lui donner une vision morale.
C’est fait avec grande difficulté et lourdeur, mais il y a largement plus de question que de réponses.
Je comprend que cela énerve qu’un Pape critique le monde actuel et éclaire ce sujet, mais ce sont clairement les écolos et les socialistes qui devraient arrêter d’applaudir bêtement.
Imaginez que Milton Friedman ou Ayn Rand aient publié un article sur la pauvreté et les inégalités de revenu et de niveau de vie dans le monde … Vous en aurez conclu qu’ils étaient devenus communistes ?
« Dans certains cercles on soutient que l’économie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux. De même on affirme, en langage peu académique, que les problèmes de la faim et de la misère dans le monde auront une solution simplement grâce à la croissance du marché. »
Clairement deux façons de lire ce texte :
Soit vous le voyez comme une charge contre le marché
Soit vous le relisez : quel libéral soutiendrait que le capitalisme de connivence et les solutions techniques : renouvelables, nucléaire ou pétrole gaz résoudront les problèmes environnementaux ?
De même, quel libéral soutiendrait que la croissance (financée artificiellement par des politiques keynésiennes) résoudrait les problèmes des pays pauvres ? Quel libéral pourrait soutenir qu’il vaut mieux dépenser des milliards en politiques de croissances complètement inutiles ?
J’ai trouvé toute l’encyclique sur le même registre : en première lecture, ça énerve. En deuxième lecture, ça interroge.
Je vous accorde que je n’ai lu l’encyclique qu’une fois…
Les maux décrits proviennent souvent de l’économie mixte, du keynésianisme, le pape fait un amalgame avec le capitalisme & rejette tout cela pour une forme de socialisme, qui n’est pas exactement le socialisme soviétique avec lequel le Vatican a eu un contentieux…
@Olivier :
Jamais le Pape ne met cela sur le dos du capitalisme (ce mot n’est jamais écrit), c’est bien plus subtil que cela : il dénonce en premier le consumérisme … et le consumérisme est l’argument principal des sociaux démocrates : pouvoir d’achat, relance par la consommation, croissance financière, etc.. et c’est lui qu’il dénonce très violemment :
“La vision consumériste de l’être humain, encouragée par les engrenages de l’économie globalisée actuelle, tend à homogénéiser les cultures et à affaiblir l’immense variété culturelle, qui est un trésor de l’humanité. C’est pourquoi prétendre résoudre toutes les difficultés à travers des réglementations uniformes ou des interventions techniques, conduit à négliger la complexité des problématiques locales qui requièrent l’intervention active des citoyens.”
Essayez de trouver plus libéral ou plus antisocialiste 🙂
Il dénonce également violemment le matérialiste progressiste, je doute qu’un seul écologiste ne soit en accord avec cette phrase :
“On ne peut pas soutenir que les sciences empiriques expliquent complètement la vie, la structure de toutes les créatures et la réalité dans son ensemble. Cela serait outrepasser de façon indue leurs frontières méthodologiques limitées.”
Comme je l’ai écrit, le pape n’est pas stalinien. Mais quand il évoque le “marché”, c’est généralement pour le dénigrer. Il est aussi critique vis-à -vis des écologistes impérialistes, de la deep ecology qui déresponsabilise l’homme, des marchés du carbone… La démocratie parlementaire ne vaut pas non plus grand chose quand ses réalisations ne correspondent pas aux demandes papales. Il évoque rapidement les familles pour ensuite faire part de son espoir en la jeunesse… La “3e voie” du pape François passerait plutôt par des groupes qui feraient pression sur les gouvernements des pays industrialisés pour paupériser ces pays.
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/07/17/31003-20150717ARTFIG00179-thomas-piketty-francois-hollande-hillary-clinton-la-nouvelle-illusion-egalitariste.php
A lire: http://www.ndf.fr/poing-de-vue/29-06-2015/reflexion-sur-lencyclique-laudato-si#.VZEUIfntmko
http://dieuetmoilenul.blogspot.ca/2015/06/lencyclique-il-la-lue-pour-vous-serieux.html
Jésus était libéral: http://www.contrepoints.org/2012/12/24/109123-jesus-ce-liberal http://www.contrepoints.org/2012/11/25/105639-jesus-le-liberal
Le libéralisme vient du christianisme: http://www.contrepoints.org/2014/01/13/153082-les-racines-chretiennes-du-liberalisme http://www.contrepoints.org/2012/05/20/83747-les-racines-theologiques-du-liberalisme http://www.contrepoints.org/2013/11/02/144828-reconcilier-catholicisme-et-liberalisme
Le droit naturel vient du christianisme: http://www.contrepoints.org/2014/12/17/191622-le-droit-naturel-et-la-religion
http://www.barnhardt.biz/2015/07/16/jesus-christ-economist-with-handy-visual-aids-and-a-video-appendix/
le capitalisme a réduit ces dernières années de moitié la pauvreté mondiale. http://loicgonsolin.politicien.fr/2013/07/05/716/ http://www.contrepoints.org/2012/03/22/74166-la-pauvrete-recule-dans-le-monde-grace-a-la-liberte-economique http://www.contrepoints.org/2013/10/13/142447-tout-ce-que-vous-aimez-devoir-au-capitalisme
cela est un fait le capitalisme permet d’améliorer le sort des plus pauvres…..comme disait churchill: » Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère. » intéressez-vous à Muhammad Yunus et à Hernando de Soto Polar : Deux économistes qui ont démontré, de façon expérimental et concrète (avec le micro crédit en Inde pour le premier et dans les favelas pour le second), que seul le capital, le plus petit soit-il, peut permettre de sortir de la pauvreté. A LIRE : « Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! » (Sous-titre : Petites leçons sur l’économie de marché à l’usage de ses détracteurs) de Nicolas Lecaussin, chez FIRST Editions
C’est un livre écrit de façon limpide : tout le monde peut le lire et comprendre. le capitalisme est un sytème parfaitement morale contrairement à ce que disent les anticapitalistes: http://nicomaque.blogspot.fr/2013/02/le-capitalisme-est-il-moral-ce-que-vos.html http://www.contrepoints.org/2012/01/31/66856-le-capitalisme-le-systeme-le-plus-vertueux-jamais-invente
contrairement à une idée recue, le capitalisme ne s’oppose pas à l’écologie au contraire. http://minarchiste.wordpress.com/2010/12/06/est-ce-que-le-capitalisme-implique-la-destruction-de-l%E2%80%99environnement/
http://minarchiste.wordpress.com/2012/06/19/les-grands-mythes-economiques-mythe-8/
http://www.leblogueduql.org/2012/04/celebrer-la-terre-celebrer-le-capitalisme.html
http://www.libreafrique.org/Falque_Environnement_pauvrete_160613
https://www.contrepoints.org/2011/04/16/21586-l%E2%80%99economie-de-marche-est-eco-compatible http://www.contrepoints.org/2011/09/14/45941-comment-gerer-les-ressources-naturelles-la-voix-singuliere-delinor-ostrom#comment-943134
@Henri , merci pour tous ces liens ! take care 😉
http://www.powerlineblog.com/archives/2015/08/global-warming-a-1-5-trillion-industry.php
http://www.steynstore.com/product133.html
Ricardo Haussmann réfute le Pape. http://www.project-syndicate.org/commentary/does-capitalism-cause-poverty-by-ricardo-hausmann-2015-08#RdW5g19UkGWLsDom.99