Ce que la Grèce peut apprendre de la Lettonie

La Grèce aurait beaucoup à gagner si elle s’inspirait des réformes faites par la Lettonie.

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Grèce Credit RG1033 (Creative Commons)

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Ce que la Grèce peut apprendre de la Lettonie

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 août 2015
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Par Daniel J. Mitchell

Grèce Credit RG1033 (Creative Commons)
Grèce Credit RG1033 (Creative Commons)

J’ai écrit le mois dernier que le fardeau de la dette grecque n’empêchait pas une guérison. Après tout, aussi bien les États-Unis que, plus encore, le Royaume-Uni, avaient des fardeaux de dettes énormes après la deuxième guerre mondiale, et cependant ces records de découverts n’ont pas empêché la croissance.

ukgs_line.phpSortir du trou n’a rien nécessité de miraculeux. Ni les État-Unis, ni le Royaume-Uni n’avaient de grandes politiques économiques dans les décennies d’après-guerre. Ils ne respectaient même pas la « règle de Mitchell » sur la dépense. Mais ces deux pays sont au moins parvenus à réduire le poids relatif de la dette en faisant croître leur secteur privé plus vite que celle-ci. Et pour cela la recette est très simple :

… tout ce qu’il faut c’est un effort à moitié sincère pour éviter les gros déficits, combiné avec une dose à moitié décente de croissance économique. Ce qui est une description acceptable de… la politique entre la deuxième guerre mondiale et les années 1970.

La Grèce pourrait atteindre cet objectif, particulièrement si les politiciens permettaient une croissance plus rapide. L’État pourrait réduire la paperasserie, ce qui serait un bon début, puisque ce pays est classé à une misérable 114ème place concernant la réglementation dans le classement mondial de la liberté économique.

Mais la Grèce pourrait essayer d’inverser les augmentations de taxes et impôts qu’elle a lancées ces dernières années, et qui étouffent l’économie.

Cela pourrait sembler un défi, si l’on tient compte du niveau de découvert, mais une bonne politique fiscale serait possible si l’État grec était plus agressif dans l’amaigrissement de la dépense publique. Et si tel est le but, alors les pays baltes sont un bon modèle à suivre, comme l’a expliqué Anders Aslund dans le Berlin Policy Journal, la Lettonie étant le meilleur élève.

Les politiques d’austérité n’ont pas été essayées de la manière la plus agressive en Grèce : chacun des trois pays baltes a effectué des ajustements fiscaux plus agressifs, surtout la Lettonie. L’État letton a affronté de plein fouet la crise financière mondiale. Il a accompli un ajustement fiscal de 8,8% du PIB en 2009, puis de 5,9% en 2010, soit un ajustement total de 14,7% en deux ans, pour un total de 17,5% du PIB en quatre ans, d’aprés les calculs du FMI. La Grèce a fait le contraire. Toujours d’après le FMI, ses ajustements fiscaux dans l’année du début de la crise en 2010 ont été un mince 2,5% du PIB, et en 2011 seulement 4,1%, un total de seulement 6,6% en deux ans. L’ajustement fiscal total de la Grèce sur quatre ans n’a été que de 11,1% du PIB.

En d’autres termes, la Lettonie, comme les autres pays baltes, a accompli plus de réformes, et les a faites plus vite.

Il est aussi à noter que les réformes ont été la bonne sorte d’austérité, c’est à dire que les engagements de dépenses ont été réduits.

Dan-Mitchell-baltic-cuts

Alors que la Grèce a appliqué quelques réformes des dépenses, mais s’est reposée bien plus sur des augmentations d’impôts et de taxes.

Sans surprise, de meilleures politiques ont entraîné de meilleurs résultats.

De 2008 a 2010, la Lettonie a subi une baisse de 24% de sa production, autant que la Grèce en six ans de 2009 à 2014 inclus. Cependant, grâce à son ajustement fiscal précoce, la Lettonie a été capable de restaurer ses finances publiques au bout de deux ans. Selon Eurostat, le pays a connu de la croissance économique, avec une moyenne de 4,3% sur les années 2011-2014. Les conséquences de la tiédeur de la stabilisation fiscale grecque ont été six années dévastatrices de baisse de la production, alors même que l’économie lettone repartait. En 2013, le PIB de la Lettonie à prix constants était de 4% plus bas qu’en 2008, selon le FMI. Une différence cumulative de 19% du PIB sur six ans ne peut pas être une erreur statistique, c’est une réalité.

Le fond de l’affaire, c’est que la Lettonie et les autres pays baltes avaient la volonté d’endurer davantage de douleur à court terme pour atteindre plus vite un rebond économique.

C’était une sage décision, particulièrement quand l’alternative, ainsi que nous l’avons vu en Grèce, semble être la stagnation permanente.

Anders Paalzow du Stockholm School Economics à Riga, sous-entend dans un récent article dans Foreign Affair, que la Lettonie est un bon modèle à suivre.

Le Professeur Paazlow commence par expliquer que la Lettonie profite aujourd’hui d’une bonne croissance après avoir enduré dans la dernière décennie un dramatique cycle d’expansion-récession.

« En 2008, en carburant aux crédits à bas taux, et à l’augmentation des salaires et des prix de l’immobilier, l’économie la plus surchauffée d’Europe est morte. Le PIB a chuté de 20% et le chômage a augmenté de plus de 20%. Mais là où les choses prennent une tournure inattendue, c’est que fin 2010 les premières lueurs de reprise sont apparues. Aujourd’hui, son économie est  l’une des plus florissantes et son PIB est revenu au niveau qu’il avait avant la crise. Alors, comment la Lettonie, héroïne de cette histoire, a-t-elle fait ? »

La première chose qu’il faut comprendre, c’est que la Lettonie était déterminée à intégrer la zone euro, ce qui signifie qu’elle n’allait pas dévaluer sa monnaie dans l’espoir que l’inflation ferait s’envoler ses problèmes. Ce qui signifie que la seule autre option était une « dévaluation interne ».

« La seule véritable option du gouvernement letton était une politique d’ajustement fiscal, dont les détails ont été dévoilés dans son budget complémentaire en 2009 et son budget de 2010. Dans les deux, il y avait de substantielles réductions des avantages sociaux ainsi que des coupes qui n’avaient que trop tardé dans la fonction publique puisque près de 30 % des fonctionnaires ont été licenciés. Ceux qui ont été maintenus ont vu leur salaire baisser de 25 % en moyenne, tandis que les salaires du secteur privé baissèrent en moyenne de 10 %… Les réductions faites durant les années de crise se sont montées à environ 11 % du PIB. La majeure partie de la consolidation fiscale a été faite sur le volet des dépenses publiques… Le programme de consolidation fiscale a continué jusqu’à 2011 et les années suivantes, même si l’économie avait commencé à repartir. »

Et non seulement l’économie repartit mais le gouvernement a aussi été récompensé pour avoir fait des choix difficiles.

« En 2010, le gouvernement responsable de l’austérité a été réélu. »

Mais il y a un défi à relever. Le Professeur Paalzow avertit que les réformes fiscales ne signifieront rien sauf si elles concernent d’une certaine façon le dysfonctionnement chronique du gouvernement grec.

« L’importance du cadre institutionnel ne doit pas être surestimée. Ce serait une course folle d’essayer de liquider les capitaux d’un pays gangrené par la corruption. Plus encore, avec un système légal incapable d’appliquer la législation actuelle et caractérisé par ses lenteurs de procédures judiciaires, ses tribunaux inefficaces, et la faiblesse de la protection des investisseurs, une réforme des lois sera une condition nécessaire à un revirement économique. »

Il suggère ainsi que des réformes fiscales du type letton soient accompagnées de réformes institutionnelles de type nordique.

« La Grèce devrait regarder du côté de la Finlande et de la Suède, qui ont surmonté leurs propres crises au début des années 1990. Pendant les 3 ou 4 années qui ont suivi le désastre économique il y a eu de remarquables réformes institutionnelles, ainsi que des changements significatifs dans les deux systèmes de santé. Les deux pays ont continué les politiques d’austérité, un remède que ces deux nations avaient fréquemment utilisé sans succès dans les années 1970 et 1980. Mais ce qui a fait la différence cette fois ci est que les institutions, donc les racines fondamentales, ont été concernées. »

Même si j’apprécie l’ordonnance de Paalzow, je le suspecte d’être un peu trop optimiste.

On ne peut pas transformer les Grecs en Finlandais ou en Suédois, du moins pas sans que ce soit un chaos énorme.

drachme-Marcus Böckmann-(CC BY-NC-ND 2.0)
drachme-Marcus Böckmann-(CC BY-NC-ND 2.0)

C’est pourquoi la politique que je préfère est celle consistant à cesser le sauvetage, même si cela signifie que la Grèce rejettera sa dette actuelle. Si les Grecs n’ont plus de soutien, cela entraînera immédiatement la fin de leurs dépenses déficitaires (en supposant que le gouvernement n’abandonnera pas l’euro pour financer ses dépenses en imprimant des drachmes).

Et ce serait une expérience de sobriété qui enseignerait aux Grecs qu’il est dangereux de laisser monter trop de gens dans le wagon de la dépendance à l’État.

Cela ne transformera pas les Grecs en Nordiques, mais on peut penser que cela les aidera à comprendre qu’on ne peut pas consommer plus que ce que l’on produit, du moins à long terme.

C’est aussi une leçon que certains politiques américains ont besoin d’apprendre.

PS : je me demande si Paul Krugman critiquera les bonnes réformes de la Lettonie. Quand il s’en est pris à l’Estonie qui avait adopté une politique identique, il a reçu des oeufs sur la figure.

Sur le web. Traduction par Contrepoints de Greek Politicians Should Learn from Latvia.

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  • Avec des communistes au pouvoir toujours soutenus par la population, aucun espoir n’est permis

  • Assez d’accord avec l’article mais il faut quand même prendre des pincettes avec les US et le Royaume-Uni qui ont des dettes privées gigantesques, bien plus élevées que la dette publique. L’auteur pense donc que c’est une mauvaise chose d’avoir un état qui croit grâce à la dette mais qu’il n’y a pas de problème si le secteur privé le fait.

    La Suède a entamé ses réformes après une dévaluation de 20% de sa monnaie, chose que la Grèce ne peut pas faire si elle reste dans l’euro.

    • Désolé mais la dette privée a fortement baissé ces dernières années, son niveau actuel est beaucoup plus soutenable. Les ménages et entreprises américaines ont vraiment fait le ménage, c’est admirable.

    • On s’en fiche de la dette privée… Elle n’est pas « américaine » mais la somme des dettes de certains américains. Qui, contrairement aux gouvernements, ont face à cette dette une capacité productive et qui en remboursant ce qu’ils ont emprunté se contentent d’étaler dans le temps leur consommation au lieu de prendre dans les poches des administrés…

      C’est une arnaque comptable que de mettre dans le même pot la dette publique celle des particuliers et celle des entreprises.

    • Une dette privée est remboursée par son détenteur avant sa mort, on s’en fiche.

      Les politiques endettent au delà des capacités de remboursement des enfants et mêmes des petits enfants de leurs pays pour se payer des voix aux élections sous les applaudissement des socialo-étatiste.

    • Une dette privée est le plus souvent accordée contre une garantie tangible, ce qui n’est pas le cas de l’état qui se pense too big to fail … Exemple : la Grèce, et bientôt … la fRance…

  • 23% de perte de population entre 1991 et aujourd’hui, voici le bilan des Etats baltes.
    Pour des raisons politiques, la peur de la Russie, ils ont non seulement voulu être dans l’UE et l’OTAN mais également dans l’Euroland mais le coût social a été énorme et l’est toujours.
    Rien à voir avec les Etats ex-communistes qui ont préféré sagement ne pas adhérer à l’Euroland – la Pologne, la Hongrie, la république Tchèque ou qui de toutes façons n’avaient pas les conditions requises pour le faire, heureusement pour eux: Roumanie, Bulgarie, Croatie.
    Le premier groupe, qui se méfie maintenant, n’a pas donné de date butoir à son adhésion à l’Euroland.
    Il rejoint ainsi le groupe des eurosceptiques d’origine à savoir le UK, le danemark et la Suède qui ont refusé dès le départ d’adhérer à l’Euroland (la zone deutschmark).
    Le pays baltes ont fait souffrir leur population pour adhérer à l’euromark parce qu’ils ont estimé que leur sécurité militaire valait ce prix, la Grèce aurait du quitter l’Euroland.

    • N’importe quoi mais vraiment!

      La perte de population est dû à 2 choses : Très faible taux de natalité comme partout en Europe de l’Est et parce que ces pays sont dans l’UE et peuvent ainsi faire circuler librement leurs citoyens dans les pays plus développés.
      Ne pas être dans l’Euro n’a pas empêché la Pologne ou la Bulgarie de perdre des habitants,, ni même la Russie et l’Ukraine qui sont même pas dans l’UE

      Segundo : Les pays Baltes ont profité d’une croissance à 2 chiffres jusqu’à 2008, donc leur population n’a pas souffert du tout, au contraire.

      Et pour finir l’entrée dans l’OTAN était 100% justifiée quand on voit à quel point la Russie est aggressive avec les pays Baltes et la Suède. Donc encore heureux qu’ils y sont,l’Ukraine n’y était pas et en a payé le prix.

    • Bref, les anti euros pro-russes sont prêts à raconter les pires salades. Le gouvernement russe et ses partisans sont vraiment les pires menteurs sur cette planète, tout n’est que propagande et désinformation.
      Rendez-vous compte : Le gouvernement russe a dépensé 500 millions de dollars pour répandre sa propagande en Occident, dont une partie pour payer des trolls qui envahissent les commentaires des sites les plus lus et en vogue, d’où leur présence envahissante sur Le Figaro.

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