Espèces menacées : un caribou plutôt cher !

Est-il raisonnable de sacrifier 31 emplois pour la sauvegarde du caribou ?

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Espèces menacées : un caribou plutôt cher !

Publié le 21 août 2015
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Par Alexandre Moreau et Jasmin Guénette.

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Depuis l’ajout du caribou forestier à la liste des espèces menacées, le gouvernement du Québec a fait des efforts considérables pour protéger son habitat en limitant l’accès des entreprises forestières à la forêt publique1. Les actions prises par le gouvernement ne sont cependant pas suffisantes pour répondre aux revendications des groupes écologistes et aux restrictions que réclament certaines organisations gouvernementales2.

Personne ne conteste la nécessité de mettre en place des mesures de conservation pour protéger la biodiversité, en autant qu’elles ont des effets positifs concrets et que les coûts que cela entraîne ne sont pas disproportionnés par rapport aux objectifs. Ces deux critères ne sont toutefois pas nécessairement respectés lorsqu’il est question du caribou forestier. Considérant l’importance du secteur forestier pour les régions touchées, il est crucial d’analyser les répercussions économiques qu’occasionneraient davantage de contraintes gouvernementales sur l’exploitation forestière.

La population de caribous forestiers au Québec

À travers le temps, l’aire de répartition du caribou forestier a continuellement régressé vers le nord, et ce, dès l’arrivée des premiers colons européens au 17e siècle. Alors qu’on le retrouvait autrefois dans le nord de l’État de New York, dans le Vermont et le New Hampshire, le caribou forestier de l’est du continent ne survit présentement qu’en forêt boréale. La chasse sportive et la transformation de son habitat auraient été les principales causes du déclin des populations3.

D’après les plus récentes estimations, la population de caribous forestiers au Québec atteindrait un peu moins de 7.400 individus et serait répartie dans cinq grands secteurs qui cumulent une superficie totale de 644 000 km2 (voir Figure 1).

Dans le secteur Nord, sur près de 250 000 km2 où il y a très peu d’activités humaines, les 665 caribous forestiers répertoriés partagent une bonne partie de leur territoire avec le caribou migrateur, un type de caribou situé plus au nord du Québec4. Bien qu’ils soient génétiquement distincts, ces deux types de caribous sont difficilement discernables à l’œil nu. Du fait que la chasse au caribou migrateur est permise, il arrive que le caribou forestier soit accidentellement abattu lors de la saison de chasse hivernale5.

Dans les secteurs Centre et Est, qui couvrent une superficie totale de 226 000 km2, les perturbations humaines sont là aussi très limitées et concernent principalement l’activité minière et le développement hydroélectrique. La densité de population dans ces secteurs serait parmi les plus élevées de l’aire de répartition, les effectifs étant estimés respectivement à 2300 et 1650.

Pour ce qui est du secteur Sud, qui s’étend sur une superficie de 165 000 km2 en forêt boréale, c’est là où l’exploitation forestière commerciale est pratiquée avec intensité. On y dénombre tout de même 2.650 caribous forestiers. En dehors de l’aire de répartition continue du caribou, on retrouve aussi les deux populations isolées de Val-d’Or et de Charlevoix dont les effectifs sont respectivement estimés à 20 et à 84 caribous forestiers6. Au total, c’est donc plus de la moitié de la population de caribous forestiers qui fréquenterait des forêts où aucune activité forestière n’a lieu.

Les Plans de rétablissement du caribou forestier

Pour contrer la régression de son aire de répartition, le gouvernement du Canada a désigné le caribou forestier comme espèce menacée en 20037. En vertu de la loi, les ministres responsables aux niveaux fédéral, provincial et territorial doivent préparer des programmes de rétablissement pour garantir la survie de l’espèce8. Cette initiative fédérale n’était pas sans conséquence pour le Québec, dans la mesure où le caribou forestier occupe un territoire où des activités de nature commerciale et touristique ont lieu.

C’est dans ce contexte que l’Équipe de rétablissement du caribou forestier a été mandatée par le gouvernement du Québec pour étudier la dynamique des populations et pour assurer la coordination des mesures visant à protéger son habitat. Un premier Plan de rétablissement a été réalisé pour la période 2005–2012 suivi d’un second pour la période 2013–2023, dont l’entrée en vigueur a toutefois été repoussée à 20189. Alors que le premier Plan visait principalement la protection de certaines forêts jugées essentielles à la survie du caribou, le second propose une approche basée sur le respect d’un taux de perturbation fixé à 35 % sur un territoire donné, comme le recommande Environnement Canada10. Ultimement, ce dernier plan vise à accroître et à maintenir la population québécoise de caribou forestier à 11 000 individus sur l’ensemble de son aire de répartition actuelle11.

Présentement, les restrictions en vigueur s’inspirent du premier plan sans toutefois entraîner d’impact significatif sur la récolte forestière12. Cependant, si le gouvernement va de l’avant avec le respect du taux de perturbation de 35 % dans le deuxième Plan, les restrictions seront telles que des milliers d’emplois seront perdus, alors que le secteur se remet à peine d’une crise.

Des régions forestières déjà en difficulté

Depuis le début des années 2000, les régions forestières du Québec ont souffert d’un contexte économique défavorable à l’industrie du bois. La récolte annuelle a diminué de près de 40 % entre 2000 et 201313. En conséquence, le tiers des emplois liés au secteur forestier a disparu durant la même période14. Le nombre d’usines de transformation est passé d’environ 580 à 351 au cours des dix dernières années15.

En dépit de ce déclin, la foresterie demeure un secteur d’activité important dans l’économie québécoise. En 2013, le secteur forestier comptait 60 082 emplois et la valeur de sa production atteignait 6,3 milliards de dollars, soit 2,1 % du PIB québécois16. Dans le Nord-du-Québec, le secteur forestier représentait 43 % des emplois et 26 % de son PIB. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, d’où provient 22 % de la récolte totale au Québec, le secteur forestier équivalait à 10 % des emplois totaux et 14 % du PIB régional17. Ces régions ressources sont donc très sensibles aux variations du niveau de récolte de bois.

Bien que l’on observe une reprise des investissements et des exportations depuis 201218, cette tendance pourrait être de courte durée si le second Plan de rétablissement est mis en œuvre.

L’impact d’une baisse de la possibilité forestière

Le respect d’un taux de perturbation du territoire à seulement 35 % impliquerait une baisse de la possibilité forestière, c’est-à-dire du volume de bois disponible pour couper chaque année, de l’ordre de 3 millions de mètres cubes19.

Cette diminution du volume de bois disponible n’entraînerait toutefois pas nécessairement une diminution équivalente de la récolte forestière. En effet, dans le contexte économique qui perdure depuis le début des années 2000, la forêt publique est sous-exploitée par rapport à sa capacité. Pour la période 2008-2013, la récolte forestière des régions touchées par le Plan ne correspondaient en moyenne qu’à 79 % des volumes totaux attribués par le Forestier en chef. Ces volumes non récoltés permettraient d’absorber en partie ou en totalité, dépendamment de la région, les pertes de volumes disponibles liées à la protection de l’habitat du caribou20.

En comptabilisant les volumes de bois non récoltés, on peut estimer que la mise en place du second Plan de rétablissement entraînerait une baisse potentielle de la récolte de 1,3 million de m3 de bois par année21. Étant donné la répartition régionale des populations de caribous et des volumes de bois non récoltés, seuls le Saguenay—Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord subiraient des pertes d’emplois.

Pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, nous avons estimé qu’il s’agit d’une perte de 2701 emplois et de 339 millions de dollars en contribution au PIB. Cette perte équivaut à 117 emplois et à 14,7 millions de dollars par caribou sauvegardé annuellement. Pour la Côte-Nord, ce coût est moindre (230 emplois et 29 millions de dollars) mais équivaut tout de même à 8 emplois sacrifiés et 0,9 million de dollars par caribou forestier. Le coût serait minime dans les autres régions administratives situées à l’intérieur de l’aire de répartition du Plan.

Si l’on répartit le coût total pour toutes les régions (2931 emplois et 367 millions de dollars) sur le nombre de caribous sauvegardés en forêt sous aménagement, soit 96 caribous par année, la perte est tout de même de 31 emplois et 3,8 millions de dollars par caribou sauvegardé par année (voir Figure 2).

Des résultats incertains

Bien que l’imposition de ces restrictions implique inévitablement une baisse de la possibilité forestière et des volumes de bois récoltés, il existe un niveau d’incertitude considérable quant à l’évaluation et à l’atteinte des objectifs de conservation.

L’absence d’inventaire du caribou forestier mené de façon systématique et le manque de précision lié aux méthodes d’évaluation font en sorte qu’on peut difficilement connaitre l’état exact des populations. En effet, seulement 30 % de l’aire de répartition du caribou a été répertoriée, un pourcentage qui n’est que de 4 % pour le secteur Nord22.

Même quand les inventaires sont menés de façon systématique, on peut difficilement expliquer les causes des variations de populations, qui incluent la mobilité des troupeaux. Par exemple, en 1999 et 2012, le ministère des Ressources naturelles du Québec a mené des inventaires de population sur le territoire du Saguenay—Lac-Saint-Jean, ce qui a permis de comparer pour la première fois l’état des populations dans le temps sur une même superficie. On a pu constater que la population a plus que doublé entre les deux inventaires en dépit d’un fort taux de perturbation, passant de 115 à 247 individus, sans que des conclusions claires sur les causes ne puissent en être tirées23.

Même si l’on arrêtait complètement l’exploitation forestière dans l’aire de répartition du caribou, il est tout à fait possible que se poursuive la tendance à la baisse des populations à cause de facteurs comme les changements climatiques, les feux de forêt, les épidémies d’insectes et la chasse24. Bref, l’exploitation forestière n’est qu’un facteur parmi plusieurs autres.

Conclusion

Bien que la question soit complexe, « l’examen scientifique mené par Environnement Canada (2008, 2011) souligne que des activités peuvent avoir lieu dans l’habitat du caribou sans menacer l’espèce, tant que leurs effets cumulatifs ne détruisent pas les attributs biologiques et physiques nécessaires à sa survie et à son rétablissement »25. D’autres études ont démontré que le taux de perturbation peut atteindre 66 % sans que la population de caribou soit menacée26. L’objectif de 35 % ne devrait donc pas être considéré comme une limite absolue.

Il serait par conséquent pertinent de tenir compte de l’impact socio-économique des Plans de rétablissement du caribou forestier et de s’assurer que les coûts ne soient pas disproportionnés avant d’imposer davantage de restrictions sur l’exploitation forestière. La Loi sur les espèces en péril exige d’ailleurs que cet aspect soit considéré27. Pourtant, à ce jour, aucune analyse chiffrée des coûts n’a été rendue publique, que ce soit de la part du gouvernement ou des groupes écologistes. Est-il vraiment raisonnable de sacrifier en moyenne 31 emplois et 3,8 millions de dollars pour la sauvegarde incertaine de chaque caribou ?

Sur le web

  1. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, Bilan du plan de rétablissement du caribou forestier (Rangifer tarandus caribou) au Québec — 2005-2012, produit pour le compte du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec, mai 2013, p. v.
  2. Alexandre Shields, « Une nouvelle stratégie édulcorée », Le Devoir, 28 mai 2015; Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, Lignes directrices pour l’aménagement de l’habitat du caribou forestier (Rangifer tarandus caribou), produit pour le compte du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec, mai 2013.
  3. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, Plan de rétablissement du Caribou forestier (Rangifer tarandus caribou) au Québec — 2013-2023, produit pour le compte du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec, mai 2013, p. ix et 1.
  4. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, op. cit., note 3, p. 5 et 58.
  5. Ibid., p. 52.
  6. Ibid., p. 5, 6, 16 et 58.
  7. Décision prise suite à la désignation du caribou des bois (population boréale) comme espèce menacée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2002. Gouvernement du Canada, Registre public des espèces en péril, Caribou Population boréale.
  8. Lorsque le ministre compétent conclut que le rétablissement de l’espèce inscrite est réalisable, il doit déposer un plan de rétablissement dans les deux ans suivant l’inscription comme espèce menacée ou disparue. Gouvernement du Canada, Loi sur les espèces en péril, articles 10, 40 à 42 et annexe 1, décembre 2002.
  9. Louis Tremblay, « Québec reporte le plan à 2018 », Le Quotidien, 17 avril 2015.
  10. Les lignes directrices découlant du Plan 2005-2012 ont été révisées suite au dépôt du nouveau Plan 2013-2023. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, op. cit., note 2, p. 2 et 9.
  11. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Liste des espèces fauniques menacée ou vulnérables au Québec, Caribou des bois, écotype forestier.
  12. Selon nos calculs, la baisse des volumes de bois disponible à la récolte en lien avec l’application des mesures retenues du Plan 2005-2012 est compensée par le fait qu’une part au moins équivalente des volumes disponibles n’est pas récoltée dans les régions touchées. Les mesures sont en vigueur depuis le 1er avril 2015 jusqu’au 31 mars 2018. Communication avec le Bureau du forestier en chef; Daniel Pelletier, Caribou et cerf de Virginie : leur prise en compte dans le calcul des possibilités forestières, Bureau du forestier en chef, 3 décembre 2014, p. 31.
  13. De 42 155 000 m3 en 2000 à 26 119 000 m3 en 2013. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Direction du développement de l’industrie des produits du bois, Ressources et industries forestières : Portrait statistique édition 2015, 2015, p. vii. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Direction du développement de l’industrie des produits du bois, Ressources et industries forestières : Portrait statistique édition 2004, 2005, p. 05.02.01.
  14. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Importance des ressources naturelles dans l’économie québécoise, emplois, mai 2014.
  15. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, « Enquête sur les pertes d’emplois dans l’industrie de transformation du bois et du papier », 15 mai 2015, p. 2. Il s’agit du nombre d’usines possédant un permis d’exploitation d’une usine de transformation du bois qui consomme plus de 2000 m3 de bois par année. Données fournies par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Direction du développement de l’industrie des produits du bois, Registre forestier.
  16. Dollars enchaînés de 2007. Ministère des Forêts, Faune et des Parcs du Québec, Importance des ressources naturelles dans l’économie québécoise, emplois et PIB, mai 2014.
  17. Calcul des auteurs. Voir l’Annexe technique sur le site Web de l’IEDM.
  18. Bureau du forestier en chef, Bilan de l’état de santé des forêts publiques : un aménagement durable pour des forêts en santé, Mise en valeur des ressources, 2 mai 2015.
  19. Conseil de l’industrie forestière du Québec, « La certification forestière FSC doit tenir compte de l’équilibre entre l’environnement, la société et l’économie », Communiqué de presse, 12 février 2014 ; Louis Tremblay, « Caribou forestier : en dessous du cheptel actuel », Le Quotidien, 23 mai 2015.
  20. Il faut aussi tenir compte du fait que la récolte de près de 70 % de ces volumes imposerait des contraintes opérationnelles supplémentaires, parce que la forêt n’est pas suffisamment dense, que le diamètre des arbres est trop petit ou que les arbres se retrouvent sur une pente abrupte. Bureau du forestier en chef, « Volumes non récoltés de la période 2008-2013 potentiellement disponibles à la récolte pour la période 2013-2018 : Détermination finale pour l’ensemble des unités d’aménagement », Décision du forestier en chef, 25 septembre 2014, p. 6-8; Bureau du forestier en chef, Récolte dans les contraintes opérationnelles : Suivi de la recommandation du Forestier en chef de 2006, Avis du Forestier en chef au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (FEC-AVIS-2014-02), 25 juin 2014, p. 9, 10 et 13.
  21. Calculs de l’auteur, voir l’Annexe technique sur le site Web de l’IEDM.
  22. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, op. cit., note 3, p. 15.
  23. Ministère des Ressources naturelles, Direction de l’expertise du Saguenay—Lac Saint-Jean, Inventaire du caribou forestier (Rangifer tanradus) à l’hiver 2012 au Saguenay—Lac Saint-Jean, février 2013, p. 17.
  24. Elston Dzus et al., Caribou and the National Boreal Standard: Report of the FSC Canada Science Panel, préparé pour Forest Stewardship Council, 26 juillet 2010, p. 18-23.
  25. Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec, op. cit., note 3, p. 29.
  26. Ibid.
  27. Gouvernement du Canada, op. cit., note 8, préambule.
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  • Démonstration claire et nette de l’ineptie de l’idéologie écologiste !

  • il y a un truc qui m’échappe , il n’y a pas de chasseurs de caribous ni de chasse organisée au Canada ?, c’est pourtant la seule solution pour ne pas faire disparaitre une espèce menacée par son environnement, lui donner une valeur marchande et en faire l’élevage . il ne faut surtout pas compter sur les escrologistes, soient ils canadiens ou pas , leurs sauvetages se font toujours au détriment des hommes.

    • Rien n’est tout blanc ni tout noir, dans la vie!
      Ce n’est pas l’écologie, véritable science jeune et en plein essor, apte à améliorer notre qualité de vie, qu’il faut est s’en prendre mais bien aux non-biologistes et non-scientifiques qui s’en servent à des fins perverses: idéologie, nouvelle doctrine prophétique, parti politique, dont ils sont des gourous aussi sérieux que Al Gore, N.Hulot, Y.Arttus Bertrand, A.Bougrain-Dubourg, et, de façon moins claire, B.Bardot, qui me parait sincèrement mener son combat sans bénéfice particulier, sur ce plan.

      Il y a des faits indéniables qui peuvent nous montrer nos erreurs: il est étonnant, par exemple, que les abeilles meurent par milliers dans les campagnes mais prospèrent et se multiplient en ville!

      2 facteurs sont différents: bizarrement, la bio-diversité urbaine est mieux conservée en ville qu’à la campagne et l’usage des pesticides y est bien moins répandu.

      On sait que l’agriculture extensive qui pratique la monoculture, a supprimé les haies, provoqué plus de ruissellement des eaux de pluie et épuisé les terres des mêmes nutriments, chaque année, au point qu’on est obligé de les apporter, chaque année, en aidant au rendement par la suppression des « plantes sauvages ». Là aussi (comme dit dans la conclusion de l’article), le partage (ou le cumul) de bio-diversité et pesticides n’est pas facile à trancher.

      L’écologie raisonnée, scientifique et raisonnable ne doit pas être un juge prophétique condamnant « les hommes » et leurs activités à tout coup, mais sans doute devenir une conseillère pour une meilleure qualité de vie des hommes et des milieux qui les entourent.

      Quand comprendra-t-on que soit, la « nature » existe et alors nous en faisons intégralement partie, y compris nos activités, soit ce n’est qu’un concept qui correspond à tout ce qui existe, sauf les hommes et leurs activités, hôtes indésirables de ce monde, et alors ces « ennemis » sont une construction d’esprits malades!

  • Quand on aime on ne compte pas !

  • Ca met à peu près le caribou au prix de la vie humaine, puisqu’en France on estime généralement que la limite est vers les 3 millions d’euros de dépense acceptable pour préserver une vie humaine. Toutefois, il paraît qu’au Canada, la vie humaine vaut à peu près le double d’en France, donc 1 homme = 2 caribous (il faudra demander à Madame).

  • Démonstration claire et nette de l’aveuglement libéral !

    Les cariboux, on s’en inquiètera quand y en aura plus.

    La survie de l’espèce humaine à long terme, on se penchera sur le problème quand ça sera trop tard.

    • Si personne n’est prêt à payer avec son propre argent pour les sauver, où est le problème s’ils disparaissent ? Il n’y aura plus que des caribous migrateurs, et les autres ne manqueront à personne. Vous me faites penser à ces nobles qui veulent absolument éviter que leur nom ne s’éteigne…

    • ça fait quand même dans les 25 000 euros le kilo de caribou. De toute façon, la notion d’extinction n’est plus la même qu’il y a 10 ans : le séquençage du génome d’une espèce ne coûte plus grand chose, et on sait stocker de l’adn autant qu’on veut.

      Grâce au vilain progrès, plus aucune espèce n’est vouée à disparaître totalement pour la première fois dans l’histoire (et la préhistoire).

      Et puis bon, on parle d’une sous espèce de caribou, hein, c’est pas comme si tous les caribous allaient disparaître (ce qui est loin d’être le cas).

      Caribou ne fait pas partie de la liste chou joujou hibou caillou genou…

      « La survie de l’espèce humaine à long terme, on se penchera sur le problème quand ça sera trop tard. » On parle en ce moment de cloner Néanderthal, je crois que l’Homo sapiens sapiens a encore de beaux jours devant lui.

      • Tout à fait, pour chaque espèce menacée, il faut savoir si cela à un impact sur l’écologie – ce qui est une affaire de scientifiques et pas de bisounours ou de présentateur aventurier pétaradant et médiatisé – (répercussion sur d’autres espèces ou l’environnement).

        Après il y a trois solutions : on laisse s’éteindre une espèce sans intérêt et pas assez vivace, on sauvegarde l’ADN ou on crée des réserves animalières (que chacun peut visiter). Sinon, quel peut être l’intérêt d’une espèce que l’on ne sait même pas dénombrer et distinguer d’une autre et que seuls les grands prêtres de l’écologie auraient droit d’aller admirer à la jumelle ?

        • C’est quoi une espèce « sans intérêt »? Si on parle du moustique, pourquoi pas… mais encore que… qu’est ce qui me prouve à ce jour que la disparition totale des moustiques ne causerait pas un déséquilibre écologique, préjudiciable à la vie ou aux activités humaines? Combien d’espèce peut-on se permettre de supprimer, et combien seraient effectivement sauvegardées, et ce dans l’intérêt de qui, de quoi? de l’économie? on ne garde que les espèces à engraisser en batterie, parce qu’après tout les autres ne « produisent » rien?

          C’est ça votre conception de la vie, fût-elle animale? Quand on commence à traiter le vivant, quel qu’il soit, comme une vulgaire variable d’ajustement comptable, une donnée économique, alors apprêtez-vous à faire partie, tôt ou tard, du même traitement standardisé, eugénisé, mécanisé et déshumanisé.

          Entendons nous bien: entre protéger la vie d’humains et celles de panda, je choisis sans hésiter les humains et sacrifie sans regrets celles des pandas. Mais tant que je peux sauvegarder les 2, dans un rapport équilibré, alors je fais tout ce que je peux pour y arriver.

          Je suis, comme pas mal de commentateurs sur ce site, favorable à un traitement rationnel, factuel et aussi scientifique que possible de ce genre de problématiques, mais pas seulement.

          Tout réduire au seul facteur rationnel, froidement calculateur et dénué de toute considération morale, affective, ou émotionnelle, c’est tomber dans un extrémisme scientiste. Le monde, la nature, les plantes et tous les êtres vivants, animaux ou insectes qui y vivent, sont beau. Il faut préserver cette beauté, dont la diversité fait pleinement partie. Le sentimentalisme grotesque des gens pour les chiens et les chats m’horripile littéralement, mais à tout prendre, je préfère ce grotesque là que celui des rationalistes scientistes, qui ont quelque chose de glaçant.

          Si vous voulez faire oeuvre rationnelle et utilitaire, commencez par interdire la chasse sportive qui, elle, ne sert strictement à rien.

          • Une espèce sans intérêt est effectivement le moustique, les innombrables variantes de toute forme de vie créées par l’évolution, les micro-organismes, les virus … mais en y réfléchissant, toute forme de vie jusqu’à preuve du contraire.

            Par précaution écologique (que j’approuve), on aura plutôt tendance à considérer qu’aucune espèce n’est sans intérêt à-priori, mais :
            – il y a une différence entre supprimer une espèce et la laisser s’éteindre,
            – l’homme a forcément un impact sur la nature, et la nature n’a d’intérêt que si elle permet la survie et l’expansion de l’humanité,
            – les impacts de l’homme doivent être observables et quantifiables scientifiquement pour être pris en compte,
            – l’homme ne peut se prendre pour Dieu et gérer ce qu’il ne connait pas et ne comprend pas, ni continuer à élever au rang de Dieu ce qu’il ne comprend pas.

            Vous dites : « Il faut préserver cette beauté, dont la diversité fait pleinement partie ».

            1) Je ne crois pas que la diversité soit belle, c’est l’uniformité qui est laide et ennuyeuse. Il y a une grande différence car la diversité est infinie et ne peut être appréhendée, alors que l’uniformité est unique. On ne peut regretter les dinosaure que parce que l’on a appris leur existence à l’école ou dans des documentaires. Et c’est pareil pour le caribou forestier en ce qui concerne 99,99% de l’humanité, et c’est le cas pour 100% de l’humanité pour les espèces qui n’ont pas encore été identifiées.

            2) Je crois qu’il n’y a rien à préserver car la diversification est un phénomène naturel : les espèces évoluent et donc de nouvelles espèces se créent. C’est la même chose sur le plan culturel : la pensée ou l’art sont en évolution constante. Mais la « disparition » – qui n’est en général que relative, en tout cas à l’échelle de notre durée de vie – est nécessaire à l’émergence de nouvelles espèces ou de nouvelles cultures. En un sens, la meilleure façon de promouvoir la diversité est de laisser faire et d’archiver.

            Notez bien que la valeur économique (y compris pour raison sentimentale) justifie la préservation de la plupart des espèces supérieures – organisé par l’état ou des entreprises. Mais la « comptabilité » que vous évoquez n’a pas de raison d’être dans un monde libéral.

            • Votre réponse est mesurée, et je suis d’accord sur l’inutilité d’empêcher une espèce de s’éteindre, si c’est naturellement. Cela dit, question: y’a t’il encore des espèces dont l’extinction ne soit pas au moins en partie due aux activités humaines? De plus vous rapportez plusieurs contradictions et contrevérités:

              – l’exemple de l’inutilité des virus. Bien au contraire, sans l’interaction des virus, nombre d’espèces animales, dont l’homme, n’auraient peut être jamais vu le jour, ne serait-ce qu’au niveau des mécanismes d’échanges de matériel génétique.

              http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/et-si-darwin-s-etait-trompe-12-12-2011-1406407_326.php

              Sans parler des micro-organismes qui sont essentiels à toute vie partout (la flore bactérienne sur notre peau, dans nos intestins… sans elles, on ne survit pas!), des « variantes », des sous-espèces endémiques etc, qui constituent justement cette biodiversité qui permet aux espèces de multiplier les chances de survie dans différents écosystèmes, ou si leur écosystème habituel connaît des bouleversements.

              – « de nouvelles espèces se créent »… citez-moi de nouvelles espèces créées dans une période raisonnablement récente… et comparez avec le nombre d’espèces disparues sans contestation possible dans une période également récente… je parle d’espèces viables, créées par la nature, et ne confondons pas création d’espèces avec découverte d’espèces, merci!

              – l’exemple de la raréfaction des caribous, ahem, c’est naturel? vous êtes sûr? l’exploitation forestière, la chasse, et j’en passe, tout cela n’a aucun impact sur leur population? Je crois que vous parlez un peu vite…

              – « la nature n’a d’intérêt que si elle permet la survie… » Dans ce cas, pourquoi les voyages, le tourisme, les randonnées, la photo, les safaris, et tout ce qui en découle, en particulier l’art et la culture qui s’en nourrissent largement? La nature et sa beauté, c’est juste une usine à produire du grain et du bétail pour vous? Voilà ce que je trouve lamentable dans votre propos: cette vision purement utilitariste de la nature, et qui vous conduit à ne voir que la valeur économique des espèces, que vous différenciez de façon absurde à leur « comptabilité ». S’il y a valeur économique, alors c’est comptabilisé, ne jouez pas bêtement sur les mots.

              – « Je ne crois pas que la diversité soit belle, c’est l’uniformité qui est laide et ennuyeuse ». LOL ! Inutile d’en souligner la contradiction! L’uniformité est laide, mais la diversité, eeeeeeh, mmrbbbbffff, mmpffff, bref, l’uniformité est laide! Mort de rire!

              C’est incroyable cette contradiction des libéraux (dont je fais partie), qui piquent une crise face à tout ceux qui prétendent réguler l’économie, brandissant à juste titre le concept de main invisible, mais par contre, pour la nature, objet infiniment plus délicat et plus complexe, allons-y gaiement tout est permis dans le contrôle et la manipulation, on peut tout faire, tout se permettre, pas grave, aucune conséquence. Par contre, pour le climat, ah là on peut pas manipuler ça, pas possible hein!

              Je suis libéral et rationnel en économie comme pour bien d’autres sujets, mais tout limiter aux seuls critères de résultat, d’efficacité productive ou économique dessert définitivement la cause libérale. La beauté, la poésie, l’infini dans l’éphémère, l’unité dans la diversité, l’humain dans l’animal et l’animal dans l’humain, la musique dans la nature et la nature dans la musique, si rien de tout cela n’existait, nul d’entre nous ne pourrait parler ne serait-ce que de la valeur économique des gorilles du Rwanda. La conscience et l’intelligence doivent beaucoup à la beauté de la nature, et la nature n’est pas juste une variable économique.

      • Vous nous la faites façon Jurassic park?

        Comment comptez-vous cloner un caribou à partir de son ADN?

    • Oh, mais par chez moi, les pigeons et surtout les corneilles se portent comme des charmes.
      Le renard tient la route, et d’autres mammifères aussi.
      Les insectes aussi, variés.
      Même les guêpes ne sont pas agressives.

      La faune au contact de l’homme se porte bien.

  • Drôle de civilisation: on laisse les islamistes assassiner en masse et on dépense des sommes folles pour non pas sauver des animaux, mais éviter que leur espèce disparaisse… Si leurs conditions de vie se dégradent, beaucoup d’espèces pourraient s’adapter. L’interventionnisme écolo ressemble à une volonté de dominer la nature, selon ce que eux, ont décidé: telle espèce est à protéger, telle autre est déclarée invasive.

    • Oui, il y a de ça, indubitablement. Dans le même ordre d’idées, il y pas mal de gens, à l’ONF ou ailleurs, qui croient fermement qu’une forêt ne peut pas pousser toute seule.

      • Il faudrait arréter de prendre les personnes pour des idiotes et les fonctionnaires de l ONF la seule grande foret primaire existante est en Pologne En France il ne demeure que quelques hectares eparpillees

        • Non, il y a en Europe d’autres forêts primaires que celle de Pologne, renseignez-vous mieux.

          Je ne prends personne pour des idiots, je me contente de relater un biais de perception humain: à force de se rendre maître de la nature, certains finissent pas croire que la nature ne pourrait se passer de notre intervention. Et c’est selon ce même biais de perception, je pense, que les écolos (et les chasseurs…aussi!) prétendent définir notre rapport à la nature, les espèces à protéger, celles à canarder, etc. Le panda, surprotégé et bichonné amoureusement, aurait probablement disparu tout seul vu son manque total de qualités adaptatives. Mais le WWF et ses supporters béats en ont décidé autrement, et des millions sont engouffrés dans sa reproduction et sa protection.

          D’accord pour les micro-organismes invasifs, vous noterez cependant que, même involontairement, l’homme en est responsable, au moins en partie. En revanche, il est pleinement responsable de l’introduction d’espèces animales, végétales, et d’insectes, ainsi que des perturbations que cela cause sur les écosystèmes. Mais là aussi, on est d’accord, on ne peut en accuser les écolos.

        • Et d’ailleurs, forêt primaire ou pas, quelque soit la forêt, aucune n’a besoin de l’intervention humaine pour pousser!

    • Les espèces invasives n’ont pas besoin des ecolos exemple le frelon asiatique et l’algue en méditerranée la taxifolia caulerpa qui bouffe les posidonies et bien d’autres en autre La bacterie tueuse des oliviers qui vient de prendre pied en Corse xylella Fastidiosa Je vous repondrai que ces bestioles , animalcules sont infiniment plus difficile a éradiquer que les grosses Avec la mondialisation, elles prennent les moyens de transport les plus rapides . Le cout du caribou un cent par rapport au prix du degat de ces gentils envahisseurs . CQFD Les ecolos n’ont rien a voir dans cette affaire

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Jean de Kervasdoué est un excellent connaisseur des controverses entourant l’environnement et la santé, comme son impressionnante bibliographie et ses diverses chroniques l’attestent. Il vient de redoubler ses critiques à l’égard de l’écologie politique telle qu’elle se décline en France et en Europe dans un ouvrage qui vient de paraître[1]. Ceux qui partagent ses points de vue apprécieront cet état des lieux et s’en désespéreront, les autres feraient bien d’en tirer une leçon utile.

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