Par le Minarchiste, depuis Montréal, Québec
Dans cet article, nous allons analyser l’histoire de quelques pays qui nous apprendront ce qu’est vraiment un pays, dans quelles conditions il se crée, disparaît et peut perdurer pacifiquement.
France : l’État-nation typique ?
La France fait partie des pays qui s’approchent le plus de ce que l’on considère comme un État-nation. La langue française est de très loin la plus parlée entre les frontières de l’Hexagone, mais pourtant, lors de la révolution de 1789, moins de la moitié des habitants du territoire la parlaient.
La France moderne s’est constituée à partir de l’agrégation au domaine royal de divers territoires, certains issus du partage de l’Empire carolingien.
Il en est résulté un assemblage de régions parlant diverses langues romanes (langue d’oïl, langue d’oc, corse), germaniques (alsacien, flamand occidental, francique), ou d’autres origines (breton, basque). Issue du latin dit « vulgaire », le français a subi quantité de changements, surtout pendant l’époque pré-littéraire (IIIe siècle au VIIIe siècle environ). Ces changements ont distingué la langue latine de la langue parlée du peuple, à tel point qu’au VIIIe siècle, on prend conscience du fait que s’est développée une nouvelle langue. Ce n’est qu’avec le début de la littérature en langue populaire que le besoin d’une normalisation de cette nouvelle langue s’impose.
À partir du moment où le roi choisit Paris pour résidence permanente, la ville devient définitivement le centre de la puissance et aussi du commerce, et le dialecte francilien s’impose de plus en plus comme langue de communication, de commerce, de politique et de religion. C’est finalement François Ier qui imposa définitivement le français pour tous les actes juridiques à travers l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539.
Suite à la Révolution de 1789, plusieurs politiques sont mises en place par l’État pour faire reculer les dialectes régionaux, et assurer l’hégémonie du français comme langue nationale. Ces politiques ont engendré une certaine convergence culturelle qui donne aujourd’hui aux Français l’impression de ne former qu’une seule nation relativement homogène.
De nos jours, il serait peu probable qu’une telle consolidation territoriale et culturelle puisse s’opérer. L’identité culturelle française est présentement en dilution, en raison de l’immigration. Néanmoins, l’unité culturelle française n’est certainement pas en cause présentement.
Le Royaume désuni : l’Irlande et l’Écosse
Aux XIIIe et XIVe siècles, l’Angleterre a plusieurs fois tenté d’annexer l’Écosse par la force militaire, sans succès.
En 1603, le roi Jacques VI d’Écosse héritait de la couronne d’Angleterre, faisant en sorte que la maison des Stuart règne sur les deux royaumes, jusqu’à l’Acte d’union de 1707, en vertu duquel les deux nations allaient fusionner pour devenir le Royaume de Grande Bretagne.
L’union était fort contestée par la population écossaise, mais plaisait à l’élite, qui avait investi dans le désastreux projet Darien, une colonie commerciale établie par les Écossais au Panama. Ce projet avait englouti environ 20 % du PIB écossais, et en échange de l’union, l’Angleterre indemniserait les investisseurs. L’union plaisait aussi à l’Angleterre et son monarque, qui allait s’assurer que son voisin du nord ne tombe jamais sous l’influence d’une nation hostile.
Vous conviendrez qu’un pays fondé sur des prétextes si faibles ne peut être solide.
D’ailleurs, les Écossais ont tenu en septembre 2014 un référendum sur leur indépendance du Royaume-Uni. Le clan du Non l’a emporté par une maigre avance. En 1979, un référendum a donné 52% au Oui. Mais le taux de participation de seulement de 64 %, signifiait que seulement 33 % de l’électorat avait voté Oui, alors qu’il fallait 40 %. Un autre référendum en 1997, cette fois pour la création d’un Parlement Écossais, fut un succès.
En plus de vouloir prendre le contrôle de la politique étrangère, les indépendantistes de l’Écosse souhaitent accaparer une plus grande part des revenus pétroliers, ainsi qu’investir davantage dans l’énergie renouvelable (visant une ré-industrialisation dans ce domaine). Ils proclament aussi leur aspiration à contrôler démocratiquement leur propre sort, ainsi que préserver et promouvoir la culture écossaise.
En Irlande, l’autre portion du Royaume-Uni annexée par l’Angleterre, la situation a dégénéré en un conflit brutal.
L’île était occupée par le peuple gaélique jusqu’en 1177, moment où le roi d’Angleterre Henri II l’a transformée en une seigneurie anglaise par la force. L’influence britannique demeura toutefois limitée et déclina, jusqu’au XVIe siècle, lorsque le roi Henri VIII entreprend de reconquérir l’île, qu’il transformera en royaume assujetti à l’Angleterre en 1542. Cette brutale annexion fut suivie d’une vague d’immigration de Britanniques établissant des colonies dans le nord. En 1801, l’appartenance à la couronne britannique est renforcée par l’Acte d’Union, qui engendre un Royaume-Uni d’Angleterre et d’Irlande.
S’enclenche alors un mouvement politique nationaliste qui progressa tout au long du XIXe siècle et aboutit à la partition de l’Irlande en 1921, suite à une guerre avec l’Angleterre. Le pays est alors séparé : l’Irlande du Sud devint indépendante, et l’Irlande du Nord demeura au sein du Royaume-Uni. La frontière a été dessinée de manière à délimiter les territoires sur lesquels les Anglo-Irlandais sont en majorité. Les sudistes gaéliques sont catholiques, alors que les nordistes sont à majorité anglophones et de religion protestante. À l’époque, suite à de violentes politiques d’assimilation menées sur plusieurs siècles, la langue gaélique n’est plus parlée que par environ 15 % de la population.
Cela dit, la région du nord n’est pas exclusivement anglo/protestante.
Environ 40 % des habitants sont Irlandais/catholiques, ce qui engendre de graves tensions entre les deux nations confinées à l’intérieur de l’Irlande du Nord. Ce conflit entre les républicains irlandais, qui veulent combiner les deux Irlande en un seul pays, et les loyalistes, qui désirent conserver l’union avec le Royaume-Uni, dégénéra en d’immenses manifestations et émeutes, auxquelles le gouvernement a répondu de manière brutale et répressive. Le bras armé des républicains, l’Irish Republican Army (ou IRA), mène des activités terroristes contre le gouvernement, auxquelles répliquent la Ulster Volunteer Force, une sorte de milice loyaliste. Les deux événements les plus dramatiques de ce conflit, surnommé « Les troubles », furent probablement le Bloody Sunday de 1972 et la grève de la faim de 1981.
Le conflit fut apaisé en 1998, suite à la signature de l’Accord du Vendredi Saint, conférant davantage d’autonomie à l’Irlande du Nord, et la reconnaissance de la minorité irlandaise/gaélique au sein de l’Irlande du Nord. Depuis, les principales organisations terroristes dérivées de l’IRA ont rendu les armes. Environ 3500 personnes ont perdu la vie en raison des troubles, qui ont failli dégénérer en une véritable guerre civile.
L’Espagne, la Catalogne et le Portugal
Sur la péninsule ibérique, deux nations ont connu des dénouements différents face à l’Espagne.
D’un côté, la Catalogne, bien qu’autonome, fait toujours partie du Royaume d’Espagne, alors que le Portugal de son côté a conservé son statut de pays indépendant depuis plusieurs siècles.
Qu’est-ce qui explique cette différence de statut, alors que les deux nations parlent une langue foncièrement différente de l’espagnol ?
En fait, quand on consulte l’histoire de la région, on constate que cette différence n’est attribuable qu’à quelques batailles et caprices de princes…
La Principauté de Catalogne a été créée en 1162 par l’union de tous les comtés catalans, qui étaient auparavant sous tutelle franque, mais faisaient toujours partie du royaume d’Aragon (depuis 1134). En 1472, en vertu du mariage de Ferdinand II d’Aragon avec Isabelle Ière de Castille, le royaume d’Aragon est uni avec la Castille pour former l’Espagne. Ces deux souverains chrétiens allaient compléter la Reconquista contre les Maures en 1492. Leur fille Jeanne (la Folle) allait marier un Habsbourg d’Autriche, ce qui amena cette dynastie à la tête du royaume.
Puis, suite à la guerre de succession engendrée par la mort du dernier Habsbourg, Charles II, ce furent les Bourbons (de France) qui assujettirent la région catalane en 1714, lors de la capitulation de Barcelone (le 11 septembre allait devenir la fête nationale catalane). La Catalogne fut même annexée à la France par Napoléon I entre 1812 et 1814. Aujourd’hui, c’est toujours la dynastie bourbonnaise qui règne sur l’Espagne sous le roi Philippe VI, qui vient tout juste d’accéder à la couronne, suite à l’abdication de son père Juan Carlos.
Résistant aux politiques centralisatrices de l’Espagne, la Catalogne obtint un statut d’autonomie en 1932, lequel lui sera retiré par le régime de Franco en 1939.
La langue catalane allait aussi être interdite par cette dictature autoritaire, mais ces restrictions allaient graduellement être affaiblies après 1945.
En 1978, la Catalogne récupère son statut de communauté autonome en vertu de la nouvelle Constitution démocratique espagnole, mais ce ne sera pas suffisant pour atténuer le sentiment nationaliste des habitants. Présentement, le parlement catalan est dominé à 55 % par des partis séparatistes. En 2012, d’immenses manifestations pro-sécession ont eu lieu dans les rues de Barcelone. Environ 55 % de la population souhaiterait la sécession de l’Espagne, ce qui pourrait fort probablement se produire au cours des prochaines années, mais le gouvernement espagnol ne reconnaît aucunement le pouvoir d’autodétermination du peuple catalan.
De l’autre côté de la péninsule, l’identité nationale du Portugal a vu le jour suite à la Reconquista de la région aux mains des Maures qui commença en 790.
L’événement fondateur du royaume fut la bataille de Sao Mamede en 1128, qui sépara le Portugal des royaumes de Galice et de Leon (et donc de l’Espagne). Puis, suite à la mort du roi Sébastien, le Portugal a été sous domination espagnole de 1580 à 1640. La région garda une certaine autonomie, jusqu’à ce que Philippe IV tente de le transformer en une véritable province espagnole. Cette politique mena à une guerre d’indépendance contre l’Espagne, jusqu’à son terme en 1668. Le Royaume du Portugal fut alors sous le règne de la dynastie de Bragance, jusqu’à ce que la monarchie y soit renversée en 1910, en faveur de l’établissement d’une république démocratique. La frontière entre les deux pays demeure toutefois contestée, puisqu’elle n’est séparée d’aucune barrière naturelle.
Pour certains historiens, il aurait suffi qu’un noble Portugais soit au goût d’une princesse de Castille pour que le Portugal soit réintégré au royaume espagnol, comme ce fut le cas pour Ferdinand II d’Aragon en Catalogne ! Donc en Ibérie, la création d’un pays ne fut qu’une question d’alliances monarchiques. Ce genre de lien faible entre deux nations d’un même pays (espagnole et catalane) ne peut pas tenir à long terme, surtout lorsque des différences économiques émergent entre les deux territoires. Il est cependant intéressant de noter que le gouvernement espagnol a déjà promis d’ignorer le résultat d’un référendum quant à l’indépendance de la Catalogne…
L’unification de l’Italie
L’Italie était jadis un ensemble fragmenté de Cités-États, sous contrôle austro-hongrois et français.
Puis, le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, décida d’agrandir son royaume en unifiant toutes les nations de la péninsule sous un même pays. Les troupes de Sardaigne ont vaincu les Autrichiens dans le Nord grâce au support des troupes françaises. Puis, le roi envoya Giuseppe Garibaldi et ses hommes conquérir les « Deux Sicile », ce qu’il fit avec succès en 1860. Finalement, la Vénétie fut conquise, expulsant pour de bon les Autrichiens de l’Italie en 1866.
À cette époque, chaque région avait son propre dialecte, seulement 2,5 % de la population parlait l’Italien standard. C’est le dialecte de la Toscane qui allait s’imposer comme langue commune en raison de l’avancement économique de la région. Suite à l’unification, cette langue allait se répandre à travers la péninsule, propulsée par l’école publique obligatoire. Les nouvelles générations allaient par la suite graduellement délaisser leurs dialectes locaux.
La monarchie italienne finit par tomber en 1946, figeant les frontières du pays pour de bon. De nos jours, l’Italie donne l’impression d’être une nation plutôt homogène, mais cette homogénéité a été imposée par l’État et la force depuis 150 ans.
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Cette hétérogénéité historique n’a pas disparu avec le mythe d’une Union Européenne « »fédéralisée » ».
Au contraire, des rivalités à caractère culturel mais surtout d’économie ont prévalu pour que se mette en place une institution additionnelle : « Europe des régions ». Institution marginale ? Pas si peu !
Combien de ces régions l’UE28+ compte t-elle actuellement ? 100 – 200 – 300 ? Autant de disparités empilées, sans qu’il y ait de commun dénominateur capable de satisfaire les centaines d’acteurs !
L’effet historique subsistant se perçoit clairement au travers du double mouvement : celui centrifuge qui se superpose à celui centripète (que tentent d’imposer dogmatiquement les fédéralistes) …
L’avenir ne peut se concevoir contre le vœu des populations qui de plus en plus revendiquent un respect de leurs spécificités « identitaires » et d’exercice de cette subsidiarité (sic) dont ils sont dépouillés pour la grande majorité des matières et décisions.
Une prétendue « démocratie européenne » n’est guère plus effective que ne l’est celle nous imposée par la particratie exerçant ses ravages à tout les étages de nos institutions enchevêtrées !
Qu’on veuille donc me démontrer l’erreur de ce raisonnement : l’avenir ne se vivra pas au travers d’une somme toujours croissance des masses populaires, hormis bien sûr chez les tenants de l’Internationale …socialiste… pour qui le nombre (les masses) importent autant que la surface des « marchés » qu’ils dénoncent dans le même temps !!!
Vous donnez vous-même la réponse à votre défi! Bien sûr, l’Europe a pour mission non pas de devenir une nation fédérale comme les U.S.A. (pour le moment), mas un ensemble de pays et de régions qui, internationalement, prendra les décisions d’une tutelle commune chargée de régler tout conflit dans la paix plutôt que dans la guerre.
Que la France avec son mille-feuille veuille faire croire qu’elle est une nation unie, n’est que le message jacobin des autorités parisiennes, ailleurs, chacun sait qu’il s’occupe de son « pays » quitte à rivaliser avec le village d’à côté comme dans la symbolique « guerre des boutons ». Dire que les Basques, les Corses, les Alsaciens sont les mêmes Français que les Parisiens ou les Lillois, n’est qu’une vue de l’esprit!
L’Europe des nations (Ch.De Gaulle) est clairement dépassée dans les faits et dans l’avenir: l’intervention européenne concerne bien les régions (qu’elle a discrètement suscitées) alors que le conseil européen des chefs d’état et de gouvernement a suffisamment montré son incapacité à décider courageusement en temps et en heure utiles, sans toujours tenir compte des décisions prises, promise, jurées et signées, dans leur propre pays. (La France fait parte du groupe de tête, dans ce domaine).
Et non, la démocratie, en France, est clairement faussée par ce président élu (par une minorité des électeurs potentiels, en fait), clairement partisan, dont le rôle ressemble fort à une monarchie élective et provisoire, très éloignée des régimes monarchiques héréditaires européens (sauf, peut-être Monaco), autrement plus démocratiques!
Il est donc temps que la décision appartienne plus aux députés européens, pouvoir législatif clairement élu démocratiquement, plutôt qu’aux représentants du pouvoir exécutif qui auront marqué la construction européenne de leur empreinte et frileuse et relativement stérile!
On verra : Le 27S, la Catalogne Espagnole se prononce par référendum (2ème fois) pour l’indépendance. Si le OUI gagne : l’indépendance sera effective 8 mois plus tard.
La région ayant sacrifié, l’aide à la pauvreté infantile, l’amélioration des hôpitaux et des pensions à organiser des TV serviles, et à construire des ambassades dans le monde entier.