La leçon britannique à la France

Tandis que la France rate le TGV de la croissance, la Grande-Bretagne se remet sur pieds.

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David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)

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La leçon britannique à la France

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 septembre 2015
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Par Anthony Escurat.

David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)
David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)

 

Mais quelle mouche a donc piqué David Cameron ? Tout juste auréolé d’une victoire aussi écrasante qu’inattendue aux dernières élections législatives, libérant ainsi son camp de la coalition qu’il avait formée voilà cinq ans avec les libéraux-démocrates, le Premier ministre conservateur a surpris son monde le 8 juillet dernier en annonçant la poursuite de sa politique d’austérité assortie… d’une hausse du salaire minimum ! Une pierre dans le jardin de l’opposition travailliste, un pavé dans la mare française. Retour sur une révolution britannique.

« Cure d’amaigrissement », « thérapie de choc », les qualificatifs sont nombreux pour décrire le plan d’austérité que subit le Royaume-Uni depuis plus de cinq ans. Violemment frappée par la crise, l’île – qui avait vu son PIB se contracter de 5,5% et son taux de chômage presque doubler en moins de deux ans – s’est assignée une série de coupes budgétaires drastiques depuis l’arrivée au pouvoir des  tories en 2010. Au menu : réduction du nombre des fonctionnaires, réduction des dotations aux collectivités locales et réduction des prestations sociales. Symbole de ce lifting des dépenses publiques, les coupes budgétaires opérées dans les ministères britanniques seraient six fois supérieures à celles réalisées en France. Un écart qui laisse songeur quand on connaît le poids de la sphère publique dans l’Hexagone.

À ce régime Dukan de l’État-providence poussé à son paroxysme s’est conjuguée une kyrielle de réformes structurelles : recul de l’âge de départ à la retraite, réforme des systèmes de santé et de protection sociale, transfert de nombreuses missions de l’État vers le secteur privé, etc. Une potion aigre pour les Britanniques certes, mais qui, n’en déplaise aux commentateurs acariâtres, a incontestablement porté ses fruits. Le Royaume-Uni a en effet enregistré en 2014 la meilleure croissance de la zone OCDE avec une augmentation de sa richesse nationale de 2,7%, soit dix fois mieux qu’en France. Sur le front de l’emploi, après s’être envolée en 2008, la courbe du chômage s’est fortement inversée depuis lors, retombant sous la barre des 6% grâce à la création de plus de deux millions d’emplois privés en quatre ans.

Résultat : alors que tous les sondages donnaient les jeux serrés entre conservateurs et travaillistes, les dernières élections législatives britanniques ont couronné de succès la politique menée par David Cameron, offrant même à ce  « père l’austérité » une majorité absolue à la Chambre des Communes. Plus qu’une victoire, un triomphe qui signe la préférence britannique pour les réformes et permet aujourd’hui au Premier ministre de proposer dans le prochain budget 100% conservateur une augmentation inattendue de près de 40% du salaire minimum étalée sur quatre ans. Augmentation qu’il prévoit de coupler, dans un savant dosage, à un nouveau plan d’économies de près de 17 milliards d’euros.

Cette politique du sang et des larmes n’a pas connu son pareil en France. Les errements sur l’allongement de l’âge du départ à la retraite, les atermoiements sur la diminution du train de vie de l’État, les divagations sur la politique de l’offre ou de la demande, les élucubrations sur le millefeuille territorial, les réformes en trompe-l’œil de la Sécurité sociale ou de la fiscalité constituent autant d’occasions manquées par la gauche comme par la droite. Laissant ainsi la France rater le TGV de la croissance emprunté par d’autres.

Les quarante années de procrastination politique, aux conséquences malthusiennes, condamnent dès lors la désormais sixième puissance mondiale (derrière le Royaume-Uni depuis le début de l’année 2015, tout un symbole) à agir sous le couperet menaçant de l’urgence. Ce faisant, pour être à la hauteur des enjeux, les candidats à l’élection présidentielle de 2017 sont condamnés à marcher dans les pas de David Cameron, conjuguant discours de vérité churchilliens et mesures radicales thatchériennes. There is no alternative !


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  • No alternative? Ils feront traîner les choses en endettant le pays c’est certain.

    Quand au R-U il avait été récemment passé par la France mais aussi le Brésil, mais grâce à ses réformes le pays a repris sa place bien méritée de 5ème puissance.

  • Admiration totale pour ce pays et David Cameron, qui montre ce qu’un pays européen peut faire quand il favorise l’entrepreneuriat, l’innovation, les impôts en baisse, la baisse des dépenses publiques et l’ouverture à l’immigration : une économie très dynamique qui attire les talents et se développe vite, un taux de chômage bas et une certaine grandeur retrouvée. Le R-U est un phare pour le reste de l’Europe et pour le monde en général, un pays qui se relève toujours plus fort à l’instar de son partenaire américaine.ça force l’admiration tout simplement.

    • le mot austère à aussi pour signification : » simple ».

      Finalement ce que l’auteur appelle une politique d’austérité semble effectivement avoir été assez simple: la mise en œuvre de recommandations connus de beaucoup d’économistes et qui n’ont rien de rigide ou dénué d’agrément (autres synonymes d’austère)

  • La France est peut-être techniquement la 6ème puissance mondiale, mais elle se classe bien mieux, vue de l’extérieur, comme « impuissance mondiale ».

    Un vrai marathon de rétro-pédalage dans la colle, avec l’éternel zeste d’auto-satisfaction qui est le parfum bien français …

  • Au delà des chiffres, ce qui est remarquable pour le RU est d’être dans une croissance forte et soutenue alors que l’Europe le tire vers le bas par la crise. Et ce qui est important car c’est le principal moteur de l’acctivité, c’est que les anglais ont toutes les raisons d’être positifs et de croire en l’avenir alors que les français ont toutes les raisons d’être inquiets.

  • Comment écrire « les coupes budgétaires opérées dans les ministères britanniques seraient six fois supérieures à celles réalisées en France », alors qu’en France il n’y a point eu de coupes, au contraire ?

  • Je ne suis pas certain que la coalition précédente n’ait pas été très bénéfique au RU.
    En effet, les liberal democrat ont adouci les ardeurs de Georges Osborne. Le risque de double dip a ainsi été diminué.
    Quant a la situation actuelle, avec l’opposition en rase campagne, prête a élire un trublion socialiste coincé entre Melenchon et Montebourg, Osborne va beaucoup plus loin que son mandat electoral. Tous les ministères a l’exception de l’education, de l’armée et de la santé, doivent fournir 2 plans de reduction des couts, l’un a -25%, l’autre a -40%.
    Si l’objectif de ramener les dépenses publiques en dessous du seuil de 35% du PNB est fort louable en théorie, politiquement, ce qui est fait ne sera pas perçu comme fair play, et fait courir le risque d’un rejet si tout est fait dans la precipitation et brutalement. L’alternative politique serait alors soit une version très a gauche, liberticide, socialiste du Labour, soit bigote, avec l’UKIP. Wait and see.
    L’autre aspect, qui est souvent neglige en France, c’est que le RU profite a fond des errements de l’EU, en particulier, de la France. Que ce soit en capitaux, en talents, en flux migratoires positifs, la France offre sur un plateau tout ce dont le RU a besoin, a la carte. Prochain exode: les médecins. Tout le mérite ne peut revenir a Cameron seul, n’oubliez pas de saluer l’artiste, j’ai nomme, le Roy Faineant.
    40 ans de renoncement d’une part, 40 ans d’efforts continus d’autre part, et vous avez les Huguenots des années 2000.

    • « Si l’objectif de ramener les dépenses publiques en dessous du seuil de 35% du PNB est fort louable en théorie, politiquement, ce qui est fait ne sera pas perçu comme fair play, et fait courir le risque d’un rejet si tout est fait dans la precipitation et brutalement. »

      Mais de quoi parlez-vous ? Les conservateurs ont dit exactement ce qu’ils allaient faire durant l’élection, ils ne font que tenir leur promesse et ils ont reçu une victoire éclatante qui montre qu’ils ont reçu un mandat pour faire ça. Si l’économie britannique continue comme ça pendant les années à venir les conservateurs gagneront à nouveau les prochaines élections, surtout avec un extrémiste comme Corbin à la tête du Labour. Quand à l’UKIP il baissera si l’économie va encore mieux car c’est le chômage et la crise qui favorise les partis extrémistes.

      • je regarde les vidéos de nigel farage au parlement européen, et je ne voie pas que l’ukip soit un parti extrémiste.
        c’est peut être l’ukip qui est l’aiguillon pour obliger cameron à adopter ce programme…

      • Vous faites erreur: les conservateurs n’ont en aucun cas annoncé de 25 a 40% de coupes budgétaires ET leur victoire éclatante (en sieges) ne reflètent absolument pas le point de vue de la majorité. Elle leur donne un très fort pouvoir pendant 5 ans, a eux de ne pas en abuser, ils seront punis a défaut.

        UKIP est bigot, pas extremiste. Il est la resultante d’une immigration massive et brutale sur une décennie, mal vécue par une majorité des britanniques, mais qui est pourtant un des moteurs de la croissance. Le programme économique de UKIP est libéral (Sorry, ultra libéral, France oblige), le programme politique bigot. L’UKIP est presque autant déformé et caricaturé que le Tea Party aux US. Etonnant de lire cela de votre part.
        Sans l’UKIP, pas de referendum sur l’adhesion au UE. C’est un vrai parti qui influence grandement l’agenda politique du pays.

        Corbyn séduit en dehors de son électorat traditionnel. N’oubliez pas que les jeunes britanniques n’ont pas connu le fond du fond des années 1970. C’est un redoutable populiste, que vous, comme les conservateurs, feraient bien de ne pas sous estimer.

        Voila de quoi je parle.

        • Il est trop à gauche pour la société britannique le Corbyn, Ed a déjà perdu car trop à gauche. Je le sous-estime car il n’est pas adapté à l’époque et les Britanniques auront bien trop peur de tuer la prospérité économique actuelle pour élire un tel gars, quand aux jeunes merci d’arrêter de nous prendre pour des débiles, notre génération a plus de connaissances économiques que les autres et nous savons mieux, généralement, si ce qu’on nous vend est réaliste ou non.

          • « nous savons mieux, généralement, si ce qu’on nous vend est réaliste ou non. »

            Heu … quand je vois ce que je vois, non j’ai pas l’impression que la jeunesse soit notre levier d’espoir.

            • En l’occurence, il s’agit de la jeunesse exclusivement Anglaise dans un contexte historique Anglais. Cette jeunesse la n’a connu que des gouvernements pro business ( A part peut être les années Gordon Brown) et n’a pas du tout la meme perception du socialisme que les plus vieux l’ayant subi, ou les jeunes Français, qui se font royalement b..ser. Concernant ces derniers, de plus en plus d’indices me font penser que la prise de conscience est la, toutes couches sociales confondues, mais c’est un autre sujet, n’est ce pas, SweepingW?

              • Faut voir, beaucoup d’entre eux restent assez naifs pour voter FN et Front de Gauche, mais je sens qu’une prise de conscience se développe aussi, au moins chez les éduqués.

            • Pas la jeunesse française bien sûr, quoique ceux ayant étudié le commerce et la finance savent plutôt bien ce qui est bon pour eux.

  • A cette date, la seule réforme qu’ai mené à bien ce pouvoir politicien est la grande réforme du « Mariage pour Tous », nous attendons toujours les réformes de l’état qui permettrait à ce dernier de faire son boulot, à savoir de s’en tenir à bien gérer les Ministères Régaliens. Malheureusement, il est plus facile de faire de la communication politique Fumante que de gérer les Fonctions Essentielles de l’Etat…

    • Même le mariage pour tous est une demie réforme…

      Il faut juste être cohérent… Un mariage, cela possède un sens : celui de fonder un foyer, d’y accueillir des enfants.

      Une vraie réforme, c’était à minima mariage pour tous + adoption/pma pour tous + gpa non commerciale

  • L’augmentation à marche forcée du salaire minimum est-elle une bonne idée?

  • Le salaire minimum est un piège, il faudrait laisser les patrons et les employés gérer ce type de relations contractuelles.
    Quand tout va bien, comme en Allemagne proche du plein emploi : le patron est obligé d’accepter les conditions de hauts salaires des employés (contrairement à ce que l’on veut faire croire), si le patron n’accepte pas , les employés cherchent ailleurs.. Et une entreprise sans employés, cela ne sert à rien au patron.
    Il y a bien un salaire minimum, mais personne ne l’accepte, comme en Tchéquie, si le patron veut les payer si bas il ne trouve personne.
    Ou comme dans l’étonnante Espagne où si l’on paye moins de 1 100Euros net, le patron a du mal à trouver des employés pourtant au minimum de 660Euros.

  • Que ni ni … La principale raison de ce succès réside dans la souveraineté monétaire du R-U qui a pu déprécier parallèlement aux autres mesures. La même potion magique appliquée aux pays prisonniers de l’euro n’a pas eu les mêmes résultats pour ne pas dire des résultats contraires.

    • la meme potion magique?

      le RU a reduit la depense publique de 46% a 40% du PIB en 4 ans, et annonce son ambition d’arriver a 36% d’ici 4 ans.

      Pouvez-vous me citer un pays de la zone euro qui depense moins de 40% de son PIB, et qui a reduit sa depense publique de plus 6% du PIB depuis 2010?

      L’euro s’est deprecie de 20% en 2014, on attend toujours les 2.7% de croissance et 6 % de chomage en zone euro…

      • oh et au passage, la ou l' »austerite » brittanique a consiste en une diminution drastique de la depense publique couplee a une BAISSE des impots, la fameuse austerite en zone euro et surtout en France a principalement consiste en augmentations de la depense publique et augmentations encore plus fortes des impots. Meme potion magique?

    • L’euro a bon dos. Concrètement sans l’euro les politiques Français nous auraient concoctés une potion magique à base d’impression de billets autrement plus grave…

  • Passé la semaine dernière dans ce pays, en touriste, pour chercher mon fils en stage pour 2 mois! Hébergé chez l’ habitant avec lequel on a parlé un peu.
    C’ est pas non plus la panacée.
    Une semaine , ça dépayse !!!!!!!!!!!!

    • Ça dépend où vous allez..en dehors de Londres il est vrai que c’est différent.

    • Vous discutez avec des Suisses c’est pas la joie non plus et pourtant 3.5% de chômage, 5000 euro de salaire moyen, état peu endetté.

      Il est vrai que L’Angleterre oscille depuis des décennies entre trop d’état-providence ou plus libéral et ils ont la correction brutale.

      • Bravo c’est bien synthesise. Ma crainte est justement un revirement brutal dans le mauvais sens. Que j’aimerais voir un pays de l’UE montrer la voie avec des depenses publiques qui permettent une vraie croissance. Ce pays dominera, et pour longtemps

  • J’hallucine ! La communication sur les baisses d’impôts en France pour les plus modestes est en fait une véritable imposture …

    En réalité, suite à la non réévaluation des tranches en 2013 et à la suppression d’une tranche en 2014, le nombre de foyers imposable à l’IR a légèrement augmenté (il est passé de 46% à 46.5%). Mais le plus fort c’est que la première tranche est maintenant à 14% et non plus à 5.5%. Dans les faits, ce tour de passe-passe sur 2 ans a donc permis d’augmenter de 10% l’IR des plus modestes. Et le tout en leur faisant croire qu’ils sont privilégiés par le gouvernement grâce à un magnifique deux pas en arrière discret puis un pas en avant très médiatisé. Bravo les artistes !!!

  • Il suffit simplement de regarder la gestion des crises des deux côtés: les anglais sont stupéfaits qu’on laisse le pays (France) être bloqué par des manifestations grèves ou que l’on ne fait rien concernant le problème des migrants qui bloquent l’Eurostar.

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