La gauche libérale peut-elle renaître ?

Comment définir et faire vivre une pensée libérale de gauche ?

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La gauche libérale peut-elle renaître ?

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Publié le 2 septembre 2015
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Par Alain Cohen-Dumouchel.

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Il n’existe aucune définition de la gauche libérale. Le thème revient pourtant de façon récurrente dans les ouvrages consacrés au libéralisme. On y attache des auteurs tel Yves Guyot, Karl Popper, Luigi Einaudi et bien d’autres, mais sans le moindre fil directeur. La préoccupation sociale semble en être le point de ralliement, mais ce serait faire insulte aux autres libéraux de considérer qu’ils ne s’intéressent pas à la question sociale. Il faut donc trouver une méthode plus systématique pour essayer de caractériser ce que serait aujourd’hui une gauche libérale.

Remarquons tout d’abord que la notion de gauche et de droite ne peut bien évidemment exister que dans une démocratie représentative dotée d’une ou de plusieurs assemblées. La notion de gauche et de droite est donc consubstantielle à un État constitué. Pas de gauche ni de droite dans une société anarcho-capitaliste, c’est-à-dire purement libertarienne. Il faut un État dont les décisions influent sur la vie des gens, c’est à dire une certaine dose de dirigisme, pour que puissent apparaître des tendances politiques de gauche et de droite. La première tâche d’une refondation de la gauche libérale sera donc de justifier l’existence de l’État (ou d’une agence de protection dominante pour reprendre les termes de Nozick) en tant que garant de la propriété privée. Pour se faire il faudra se baser sur des principes libéraux indiscutables pour mettre en évidence les contradictions internes de la théorie libertarienne (anarcho-capitaliste).

D’autre part l’existence et la justification d’une gauche libérale ne peuvent intervenir que si l’on est capable de distinguer philosophiquement une gauche et une droite libérale. Toutes deux doivent être identifiées comme libérales, mais avec des différences qu’il faut expliciter et justifier. Il n’est absolument pas question qu’une gauche libérale soit « moins libérale » que son homologue de droite. À égalité de libéralisme, c’est à dire à égalité des limites fixées au pouvoir de l’État, il doit exister des options de droite et de gauche. Cette remarque suppose que l’on soit capable de trouver un tronc commun, une ligne directrice libérale, qui ne souffrira aucune concession et qui sera commune aux libéraux de droite et de gauche. L’individualisme méthodologique est probablement le grand principe épistémologique qui permet de caractériser la pensée libérale dans son ensemble. Dissipons tout de suite le malentendu qui pourrait laisser croire que la gauche libérale est une espèce de socialisme mâtiné de concessions au libéralisme économique. La gauche libérale n’a aucune vocation à sauver le socialisme, elle veut au contraire le chasser des bancs de la gauche pour occuper sa place.

Pour convenir qu’il peut exister un libéralisme de gauche distinct du libéralisme de droite il faut aussi dégager l’idéal libéral de ses contingences historiques. Le libéralisme est né à gauche. Il y est demeuré pendant près de cent cinquante ans en France. Le libéralisme est initialement la définition même de la gauche. C’est le parti de l’individu. Il lutte contre les privilèges de la droite aristocratique et cléricale qui représente les valeurs collectivistes que sont la famille, la patrie et la religion. Mais à partir de la seconde guerre mondiale, le danger collectiviste bascule à gauche. Politiquement, les faibles forces libérales se retrouvent à droite pour résister cette fois au collectivisme de gauche. Les intellectuels qui se mobilisent pour faire renaître et progresser la science libérale sont classés à droite alors même qu’ils reprennent et prolongent les travaux de ceux qui étaient auparavant classés à gauche.

D’un point de vue politique, la cause est donc claire, les libéraux sont toujours dans le camp de la défense de l’individu face au collectif imposé. Mais d’un point de vue philosophique il en va autrement et les choses sont nettement plus complexes. Notre thèse sera que dès le début de la pensée libérale, il est possible de distinguer différentes interprétations possibles de la nature humaine chère aux libéraux. Donc à partir de la même méthodologie strictement individualiste d’étude et d’interprétation de la nature humaine on peut tirer des conclusions politiques différentes.
Autrement dit les invariants libéraux sont l’individualisme méthodologique et la propriété privée (l’anti-collectivisme en découle naturellement). La variable d’ajustement c’est l’interprétation de la nature humaine. Et là il y a du pain sur la planche car les quatre-vingts ans de cohabitation entre la droite et le libéralisme ont à l’évidence laissé des séquelles.

L’un des sujets de divergence identifiable c’est la notion de responsabilité. Les libéraux de droite font du couple liberté, responsabilité, le socle de leur engagement libéral. Mais ne sont-ils pas là dans une forme d’erreur constructiviste ? Les communistes imaginaient un homme sans envie et sans ambition pour lui-même, solidaire du « genre humain ». Ils ont causé les pires catastrophes que l’humanité ait connue. Les libéraux modernes imaginent un Homme totalement responsable de ses actes et de ses choix. Ils ont substitué au « laissez-nous faire » des libéraux classiques un « laissez-les faire ». Pour eux, « laissez-faire » signifie « qu’on les laisse faire ». C’est un principe éducatif. La responsabilité est devenue un programme politique pour les autres et non une revendication personnelle comme au XIXe siècle. Pourtant d’un point de vue jusnaturaliste la recherche par l’Homme d’une responsabilité maximale n’est pas évidente. On peut même affirmer que l’Homme a une nature irresponsable par bien des aspects et une nature responsable dans certains domaines, généralement dans ceux où il est compétent et informé. Il est clair que le citoyen moderne, très spécialisé, recherche l’irresponsabilité dans tous les domaines qu’il ne maîtrise pas et qu’il s’y complaît. Il est même prêt à la payer très cher auprès d’une classe politique de plus en plus inefficace et corrompue. L’échec politique des libéraux de droite ne tient-il pas justement dans cette mauvaise évaluation de la nature humaine ? En proposant aux citoyens assistés et encadrés de nos social-démocraties de devenir des êtres autonomes et responsables en tout, le mouvement politique libéral ne commet-il pas une erreur fondamentale sur leurs penchants naturels ? Car le dogme de la responsabilité totale aboutit à cette aporie libérale de droite : l’individu, présumé capable de choisir au mieux sa protection sociale, son régime de retraite, ses investissements et d’administrer son environnement immédiat (voirie, déchets, eau, énergie), est pourtant incapable de choisir le bon régime politique puisque l’assistanat social-démocrate progresse partout dans le monde au détriment du libéralisme.

La droite libérale a très peu participé au pouvoir et quand elle l’a fait, ailleurs qu’en France, c’est au prix de larges concessions au conservatisme. La droite libérale s’est surtout distinguée par des intellectuels remarquables : les «autrichiens», l’école du public choice, et bien d’autres, qui ont permis de maintenir le flambeau et de renouveler le discours libéral. Dans ce contexte, la renaissance d’un vrai libéralisme de gauche serait un moyen d’enrayer la spirale infernale du socialisme. Car le socialisme ne peut pas perdre électoralement. Sauf accident de parcours il gagne toujours puisqu’il crée des pauvres et que sa base électorale est composée de pauvres (et d’une minorité de riches qui collaborent). Il accroît donc toujours son électorat. Le seul moyen d’enrayer sa progression c’est que les pauvres votent libéral pour devenir moins pauvres. Des riches qui votent libéral, ça ne sert strictement à rien.

À lire aussi : Lecteur de gauche, pourquoi lire Contrepoints ?

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  • difficile de comprendre l’objectif d’un tel parti jusqu’au dernier paragraphe:

    finalement il s’agirait d’un espèce de cheval de Troie libéral pour infiltrer le ps et rompre l’inexorable progression du socialisme.

    Mouais,… ce sera plutôt, les idiots utiles(au ps) pour tenter de ramener des voix libérales à gauche aux prochaines élections.

    • Il est clair, je crois, que ce que vous décrivez pourrait être tenté, « vu l’urgence », en 2017, en étant une solution conjoncturelle, aussi pragmatique qu’embryonnaire, encore fort éloignée du but qui demande encore d’affiner l’étude tant des termes que des lignes directrices pouvant conduire à cette ligne libérale sans exclusion du social.

      Je crois, cependant, que c’est une voie intéressante, en France: la « Sécu », par exemple, fait actuellement partie des institutions de quasi tous les pays européens et constitue un des ciments entre les citoyens (qui y sont très attachés), par la solidarité: c’est, je crois, un élément important de la civilisation (du patrimoine?) de notre continent, que le reste du monde nous envie, plus ou moins clairement.

      Cela ne veut dire, en aucun cas, qu’il ne faut pas réformer la sécurité sociale et, entre autres, revoir la main mise (abusive?) de l’état avec ses conséquences règlementaires et administratives compliquées.

      (Il en est sans doute de même des syndicats et de la « concertation sociale », même si, là aussi, le code du travail devrait subir une cure d’amaigrissement drastique, faisant une meilleure place aux engagements contractuels.)

      • Vision fantasmée de la SS. Je n’ai jamais rencontré personne qui la souhaite pour lui-même hors de France. Et je passe 100 jours par hors de France.

      • Pas d’accord, la secu est une monstruosité antidémocratique qui gère un budget énorme supérieur à celui de l’état et pas du tout adapté à la mondialisation et aux mouvements des populations dans et à l’extérieur de l’Europe.

        C’est la première chose à supprimer ce qui n’empêche pas des mécanismes de solidarité par exemple pour les soins: assurances obligatoires? (c’est l’orientation actuelle avec les mutuelles généralisées qui représente une part de plus en plus importante).

        Mais la secu ce n’est pas que cela: c’est aussi les allocs, l’assurance chomage, les retraites…
        Pas toujours très enviable comme système, et en tout cas, il serait de bien séparer tout cela et de ne plus parler du terme fourre tout et trompeur de secu.
        Chirac en son temps avait proposé de sortir la branche famille pour l’intégrer au budget de l’état et à la politique familiale du gouvernement. Dommage, comme toujours, il n’a rien fait.

        Pour finir, peut être que l’idée d’une allocation universelle identique pour tous, prônée par certains, et permettant à chacun de mettre des billes dans la protection qu’il souhaite, serait la solution la plus souple et la mieux adaptée?

        • La sécu est démocratique, c’est d’ailleurs cela le problème : si vous faisiez un référendum demandant au gens de supprimer la sécu, le résultat « non » serait écrasant.

          Elle n’est pas libérale : vous y êtes contraint.

          L’impôt négatif est une bonne alternative parce qu’il remplace le système au lieu de le supprimer : l’Etat prend en charge une protection sociale minimale (un RSA activité généralisé) et le marché développe des offres concurrentes et supplémentaires sous forme d’assurances.

          L’impôt négatif n’est pas une allocation et ne se rajoute pas aux offres privées, les bénéfices apportés par les assurances sont compris dans le revenu déclaré.

          Ce qui est très drôle est que c’est Sarkosy qui a commencé à établir ce système, mais ne l’a pas promu comme étant libéral, de peur sans doute de la levée de boucliers devant le terme.

    • Effectivement,

      vu la phrase : « Car le socialisme ne peut pas perdre électoralement. Sauf accident de parcours il gagne toujours puisqu’il crée des pauvres et que sa base électorale est composée de pauvres (et d’une minorité de riches qui collaborent). Il accroît donc toujours son électorat. »

      Je ne cherche pas à défendre le socialisme,mais pour moi il n’est pas le probleme d’aujourd’hui, la chose que nous devons combattre c’est le capitalisme de connivence. Depuis des décénnies le socialisme n’est plus au pouvoir en france/europe/monde et pourtant ,les pauvres augmentent…

      L’auteur de ne trompe-t-il pas de cible?

      • Faux, la pauvreté n’augmente pas: http://www.inegalites.fr/spip.php?article381

        Le capitalisme de connivence est intimement lié au socialisme et sa quête de l’état providence qui veut s’occuper de tout en particulier en intervenant au sein des entreprises, le plus souvent à des fins politiques, et menant parfois aussi à la corruption.
        Ce n’est pas parceque nos politiques »de droite » étaient (sont?) également socialistes, qu’il faut être indulgent avec cette doctrine viciée à la base, et intrinsèquement antilibérale

        • Ce n’est pas la société Française qui est antiliberale, c’est le hold-up d’une partie de la classe politique (et d’une catégorie de la population) qui a rendu la Fance socialiste.

  • Article très intéressant mais qui me pose un problème important.
    Alors d’accord, je suis plutôt « anarcho-capitaliste » qu’autre chose en termes philosophiques et la classification droite gauche peut avoir encore du sens pour moi en termes d’action immédiate. La société libérale anarcap est une « utopia », un objectif asymptotique, et il est clair pour le plus grande nombre de « libertariens » qu’il faut un chemin réaliste dans cette direction, même s’il est probable qu’on n’y arrive jamais. L’Etat est une abomination, une mafia installée que chacun tente de détourner à son avantage et qui ne protège absolument pas mes droits ou ma propriété, mais il est là, et il est impossible de le détruire immédiatement sans causer de catastrophes.
    La positon « droite » ou « gauche » est donc, à mon sens plutôt une description de la façon de converger vers cet idéal libéral utopique. Il se fait je pense sur le choix de « sancturariser » la propriété (outil principal de la liberté quand il y a société), quitte à accepter temporairement des restrictions locales de la liberté, ce qui donnera un « libéral de droite » ou de sanctuariser la liberté (on présentera ça comme « les libertés » d’ailleurs) quitte à accepter que la propriété privée soit subordonnée parfois à des trucs variés.
    Il est bien claire que des deux cotés l’objectif c’est liberté complète (uniquement restreinte par celle des autres individus) et propriété privée absolument intangible….

    Par contre la responsabilité reste une conséquence de la liberté, que l’on le souhaite ou non. Ma liberté n’est pas un truc qu’on peut m’accorder ou pas, la seule chose c’est qu’on peut la respecter, elle m’est consubstantielle et seule une agression délibérée (ou la menace d’une agression) peut la limiter. Il suit que ce que je fais sans subir de coercition directe est de mon fait et de mon fait seul. De ce fait j’ai droit aux positifs (donc à la propriété privée sur les biens résultant de mon action ou de dons… certainement liés à mon action aussi) comme aux aspects négatifs (assumer ma faute quand elle est avérée, payer pour ce qui se rattache à moi… bref, la « responsabilité » telle que vous semblez la comprendre).

    Ces deux dimensions sont inséparables. S’il n’y a pas « responsabilité » pour les trucs « mauvais » alors il n’y a pas non plus responsabilité pour les trucs bons et donc pas de propriété privée logiquement possible. Mais sans propriété privée la liberté n’est pas possible autrement qu’à une échelle très restreinte (c’est vrai même à niveau économique pur, cf « le mystère du capital » de De Soto). Une doctrine politique qui voudrait soulager les gens du poids de la responsabilité tout en gardant la propriété privée ne tiendrait pas longtemps. C’est d’ailleurs un peu l’histoire de ce qui ronge l’occident aujourd’hui. La dérésponsabilisation des individus (souhaitée par eux et par d’autres plus « machiavéliques ») fait que désormais la propriété semble une abomination pour beaucoup, comme le montre la lutte contre les « inégalités de fortune ou de revenus ».

    • Je suis plutôt d’accord avec toi.

      La distinction gauche et droite peut valoir pour l’anarcho-capitaliste aussi dans la manière qu’il imagine les conséquences d’une liberté complète. Un anarcho-capitaliste « de gauche » croit qu’un libre-marché intégral sera à l’avantage des groupes traditionnellement perçus comme dominés. Un anarcho-capitaliste « de droite » croit plutôt que ce sera à l’avantage des groupes dits dominants, qui pourront alors jouir plus librement de leur supériorité. Que l’imagerie accompagnant l’utopie soit l’une ou l’autre, puis motive la personne à l’investir détermine sa localisation sur cet axe.

      En ce qui concerne la responsabilité, je crois qu’il y a confusion entre faute et responsabilité. Fondamentalement, les gens qui font des erreurs ne sont peut-être pas fautifs puisque leurs choix résultent de déterminismes variés. Cependant, la personne demeure responsable dans un sens beaucoup plus béhavioriste. Elle demeure la personne la mieux placer pour tirer les leçons de son erreur, aidé par la peine, qui agit sur elle comme un signal que quelque chose ne fonctionne pas. Déresponsabiliser cette personne équivaut alors à éteindre ce signal et donc à lui nuire.

      • Je suis entièrement d’accord avec vous, et j’irais même plus loin : la liberté est d’être responsable.

        Un individu ne reconnaissant pas la totale maîtrise de ce qu’il dit ou de ce qu’il fait développe une schizophrènie : c’est bien sa langue qui lui a fait dire ce qu’il a dit, c’est bien son corps qui lui a fait faire ce qu’il a fait.

        Ces actes et paroles peuvent être inconscients, machinaux, mimés … Il n’en demeure pas que dès que l’homme se considère comme un pantin manipulé par autrui (dès qu’il rejette la responsabilité sur autrui) : il n’est pas libre ou plutôt il ment sur sa liberté.

    • Je ne comprend pas très bien pourquoi toujours parler de courants droite/gauche sans ne jamais évoquer la possibilité d’une union de ses mouvements.

      On dirait que l’on pose toujours ce choix antagoniste, ce qui résulte à entrainer les individus à devoir choisir un camps et en oublier qu’il peut y avoir d’autres solutions qu’un choix binaire, donc que la réflexion pour sortir de ce choix binaire est quasiment tué dans l’oeuf.

      Ensuite celui qui sera de droite choisira le camps des dominés et sera donc en opposition avec le camps de gauche et inversement.

      Ne croyais vous pas que si les deux camps se rassemblent et font « affaire » ensemble celà aura pour résultat de sortir de cette opposition qui ne fait que ralentir les choses et permettre d’avancer ensemble (gauche et droite) dans un but commun donc de ne pas ralentir le corps sociale et le progrès ou tout autre chose de positif ?

      De plus si le but est commun pourquoi s’opposer ? En d’autre termes si le but n’est pas commun il ne pourra y avoir que des oppositions donc des tensions qui peuvent aussi aboutir à des « conflits », au delà de juste ralentir l’avancement de l’ensemble.

      Diviser pour mieux régner n’est-elle pas une technique vieille comme le monde ?

      En effet pour ce qui est de la responsabilité, dure de la réaliser sans une éducation adéquat. On dirait même que de nos jours peu de choses nous y aide.

      • Je suis d’accord là-dessus. Votre propos cible bien comment l’axe gauche / droite est un axe antagoniste. Or, une vision du monde où le libre-marché résout ces antagonismes sans faire de perdant est aussi possible. Celle-ci n’est ni de droite, ni de gauche. Quant à moi, je crois qu’il y a antagonisme, mais que ni la droite, ni la gauche n’en saisi la nature. L’antagonisme est entre une classe dépendante du pouvoir et le reste de la population active. Or, cette classe dépendante du pouvoir chevauche la gauche et la droite. La gauche en bonne partie remplit la fonction du clergé dans l’ancien régime, alors qu’une partie de la droite actuelle remplit celle de l’aristocratie. L’opposition entre els deux est aussi factice aujourd’hui qu’elle l’était entre le clergé et l’aristocratie au 16ème siècle.

      • Il ne s’agira jamais que de « sensibilités » de droite ou de gauche, pour un libéral « authentique » (ou intégriste, ou cohérent, ou… ) puisque comme l’auteur le remarque, le point de base est l’individu dans son unicité et sa liberté. Il n’est pas cohérent d’être libéral et de faire ensuite du socialisme en opposant un groupe « de gauche » et un groupe « de droite ».
        Bien évidemment, l’action humaine se faisant largement en termes d’interactions sociales, contrats formels ou informels, et la valeur n’étant mesurable que dans l’échange, il est tout à notre intérêt d’interagir avec des gens d’autres tendances, libéraux de droite, de gauche, du centre… et même avec des socialistes, nationalistes, décroissants, libertaires, anarcho-communistes, etc.

        Nos idées ne pourront jamais se développer si nous ne les échangeons pas, les diffusons pas, les « irriguons » pas avec celles des autres.

        • Je n’ai pas parlé de sensibilité, mais de croyances. Tu peux entendre par « libéral authentique » un libéral dont la liberté est une valeur inconditionnelle et absolu relativement à toutes autres considérations, mais ce libéral est une fiction. Dans la réalité, les gens ont plusieurs croyances pesées ensembles dans un jugement. Personnellement, si je croyais que la liberté menait, tel que le décris Marx, à une concentration croissante de la richesse et à un appauvrissement généralisé, je m’y opposerais et choisirais le socialisme. Une des raisons pour lesquelles je crois dans le libéralisme, c’est parce que je crois que ces un système qui, au contraire, favorise l’enrichissement des masses. Suis-je un libéral impur ? Si c’est le cas, la plupart des libéraux réels sont impurs. Des auteurs comme M. Friedman, L. V. Mises ou F. Hayek, par exemple, accordait beaucoup d’importance à démontrer les effets bénéfiques pour l’ensemble du corps de la liberté et ne se contentait pas de dire « la liberté, peu importe le reste ».

          • C’est une approche « utilitariste » qui fut assez courante, en effet, historiquement. Pour moi ça ne fait pas vraiment un « libéral impur »…
            Mais je me sens personnellement plus proche d’un Rothbard (même si je ne suis pas toujours 100% d’accord avec lui) ou d’un Hoppe qui postulent l’inverse, et comme eux je préfère clairement être libre mais pauvre dans un monde difficile qu’être riche dans un monde facile mais où la liberté est traquée.

            Cela dit, je comprends aussi ta position, au contraire d’un Rothbard qui n’avait pas de mots assez durs pour caractériser David Friedman (pourtant bien plus « extrémiste » que son père) du fait de cet « utilitarisme ».

        • @Gabriel Lacoste
           » L’antagonisme est entre une classe dépendante du pouvoir et le reste de la population active. »

          @Franz
           » il est tout à notre intérêt d’interagir avec des gens d’autres tendances, libéraux de droite, de gauche, du centre… et même avec des socialistes, nationalistes, décroissants, libertaires, anarcho-communistes, etc »

          D’accord aussi avec vous là dessus.

      • Je crois que mon point de vue tient compte de vos objections Rtg et Gabriel. Je n’ai pas pu développer car l’article est déjà un peu long.

        J’ai donné comme variable de clivage droite/gauche la responsabilité.
        La gauche, dans mon optique, s’attache à l’irresponsabilité naturelle de l’homme tandis que la droite insiste sur sa nécessaire responsabilité. On retrouve bien là une valeur fondamentale qui sépare les deux « sensibilités ».
        Mais ces deux concepts ne sont pas exclusifs l’un de l’autre. Il y a toujours un mélange des deux dans la société et il faut en permanence trouver le bon équilibre. Il faut de la responsabilité, c’est un principe que même un homme de gauche essaiera d’inculquer à ses enfants. Il faut de la protection et des bulles d’irresponsabilité pour pouvoir se perfectionner et progresser, c’est un principe que même un homme de droite appliquera à ses enfants.

        Cela veut dire que ma conception de la gauche libérale n’est pas méprisante vis à vis de la droite libérale. Contrairement aux socialistes (la gauche dirigiste) qui se présente comme la parti du bien et du bon absolus, les hommes de la gauche libérale n’ont pas de complexe de supériorité et ne souhaitent pas « gagner » définitivement face aux libéraux de droite.

  • Pouah… « … les valeurs collectivistes que sont la famille, la patrie et la religion…. » et « …la responsabilité, une erreur constructiviste… » … Après j’ai buggué…

    • @sam player : Bin allez-y, ne vous gênez surtout pas, expliquez-nous en quoi la famille, la patrie, et la religion ne sont absolument pas des valeurs collectivistes. Expliquez-nous en quoi ce ne sont rien d’autre que des valeurs individualistes vraiment formidables pour les libéraux.

      Par exemple, expliquez-nous en quoi c’est une attitude individualiste, pour une musulmane d’une cité défavorisée, de céder à l’injonction de sa famille conservatrice de ne pas se marier avec un non-musulman et de porter le voile.

      Ensuite, expliquez-nous en quoi c’est une attitude individualiste, pour un allemand des années 40, de céder à la pression de sa patrie de dénoncer ses voisins juifs et homosexuels, et de céder à la pression de sa patrie d’aller faire la guerre contre le reste du continent plutôt que d’être un « traite » conspirant contre le pouvoir.

      • Oh on baisse d’un ton hein !
        Privilégier sa famille c’est un choix personnel, individuel sans contrainte et donc ça a tout à voir avec le libéralisme. Pour le reste (religion, patrie) c’est de la liberté d’association guidée par des affinités spirituelles ou d’ethnocentrisme. Et dans tous les cas l’état n’a pas à mettre ses gros doigts dedans pour privilégier une structure familiale ou religieuse ni empêcher les méthodes d’éducation que certains veulent choisir pour leurs enfants tant qu’ils n’ont pas l’âge de s’autodéterminer. Darwin fera le reste.

        Si c’est une association librement consenti il n’y a pas de pression de la patrie. Fail.

        Vous ne comprenez pas que même dans un système libéral des individus peuvent choisir de se regrouper et de privilégier leurs relations même avec un schéma communiste si c’est leur choix.

        • Tout à fait.
          D’ailleurs, je pense que le cadre libéral est le seul dans lequel l’utopie communiste peut avoir des chances d’existence (ponctuelle et courte, mais tout de même) sans tourner au bain de sang. La famille est une association « de type communiste » qui fonctionne très bien dans un cadre de liberté (et d’ailleurs, au vu de la solidité et de l’état des familles dans l’ouest US au XIXe et dans la Russie soviétique ou la France d’aujourd’hui, on peut sans doute estimer qu’elle ne fonctionne bien que dans un cadre de liberté).

  • Cela existe, pour les intéressés regardez ce qu’ont fait les démocrates dans la ville de Houston qu’ils dominent depuis longtemps : dépenses limitées et impôts faibles. L’Etat de Washington dans le même pays est compétitif, a une taxation plutôt modérée et acceptable et accepte parfaitement les entreprises et le monde des affaires; Boeing et Amazon ne s’en plaignent pas.

    • Ces exemples me font penser aux villes industrielles du XXeme tenue par des municipalités communistes, sauf que les bobos du digital roulant en Porsche ont remplacé les ouvriers en bleu de travail.

  • Il y a des bonnes idées, surtout des bonnes remarques sur le côté idéologique et utopiste de nombre de courants libéraux.

    Mais l’auteur n’arrive pas à sortir du dogme de la démocratie, alant même jusqu’à faire un contresens énorme : le clivage gauche droite n’est pas lié à l’Etat, mais à la démocratie

    C’est la nécessité de choisir à priori le pouvoir qui implique un clivage droite gauche : le vote pour un programme et des promesses qui oblige une structuration idéologique. Une fois le pouvoir établit, le monde redevient libéral : le pouvoir devient plus pragmatique et les citoyens plus critiques par rapport a la politique mise en Å“uvre.

    Le libéralisme s’oppose complètement à la démocratie dans le sens que la démocratie induit un choix a priori et le libéralisme un choix a posteriori.

    Et dans le sens du choix a posteriori, le clivage gauche droite n’a aucun sens : chacun étant libre de ses priorités et les mouvements collectifs ne se déterminent que quand ils correspondent à une logique économique : alors nul besoin de se battre pour savoir si il faut plus de social ou plus d’industrie : c’est le libre marché qui régule par lui même la viabilité des actions : si l’action sociale trouve une viabilité économique, elle prospérera d’elle même, progressant et faisant évoluer la société.

    • Yep.
      A l’occasion des 66 de Hoppe, un petite citation de lui:

      « Democracy has nothing to do with freedom. Democracy is a soft variant of communism, and rarely in the history of ideas has it been taken for anything else. »

      in « The paradox of imperialism » (https://mises.org/library/paradox-imperialism)

    • Je ne pense pas que le libéralisme s’oppose à la démocratie.

      Je reprends la définition de Philippe Nemo, inspirée par Hayek : Le contraire de la démocratie c’est la dictature. Le couple démocratie/dictature représente les deux extrêmes du pouvoir dans l’État.
      Le contraire du libéralisme c’est le totalitarisme. Le couple libéralisme/totalitarisme représente les deux extrêmes du pouvoir de l’État.

      On peut donc avoir un régime démocratique totalitaire, c’est un régime dans lequel la majorité impose ses choix dans tous les domaines, sans limitation de pouvoir.
      La dérive de nos social-démocraties dans lesquelles l’État se permet d’intervenir dans tous les domaines pour réglementer et contrôler la vie des gens fait dire à certains libéraux que le libéralisme s’oppose à la démocratie. C’est une phrase abusive et dangereuse parce qu’elle fait confondre le pouvoir dans l’État avec le pouvoir de l’État.

      Il peut fort heureusement exister une démocratie libérale, c’est un régime dans lequel le pouvoir dans l’État est décidé à la majorité et dans lequel le pouvoir de l’État est limité.

      • La seule démocratie libérale est une démocratie où le droit de vote ne sert qu’à presque rien… S’il sert à quelque chose alors il impose aux minorités la volonté des majorités (et même plus précisément, impose à tous les individus des compris « à la moyenne » qui ne satisfont jamais complètement que très très peu de gens) et ce n’est pas très libéral.
        Si on a un État « limité » au régalien pur, et qui cherche a être efficace (ce qui est à peu près objectif sur ces points), qu’apporte la désignation par le suffrage universel des « dirigeants » ? L’élection des juges, oui. Celle des diplomates ou des policiers, bien sûr… encore qu’une saine concurrence entre des privés et un marché plutôt qu’un vote assureraient une meilleure flexibilité et représentation de la distribution complète des choix des citoyens et non une moyenne.

      • Je pense que vous mélangez la démocratie en tant que système politique (la désignation du pouvoir par le peuple) et la démocratie en tant que promesse (le pouvoir venant du peuple ne peut asservir celui-ci)

        Le second point est un sophisme : la capacité d’un régime à opprimer son peuple ne vient pas du mode de désignation du pouvoir : une fois le pouvoir désigné, il est trop tard.

        Un souverain autoproclamé ayant tout les jours le couteau sous la gorge de l’acceptation de ce qu’il fait ou non par son peuple conduira à un régime bien plus libre qu’un souverain élu par le peuple qui n’a pas cette contrainte.

        Le libre choix conduit au marché, le choix à priori conduit à la planification, au régime des partis, à l’utopie et aux fausses promesses.

        • @Stéphane Boulot

          « Un souverain autoproclamé ayant tout les jours le couteau sous la gorge de l’acceptation de ce qu’il fait ou non par son peuple conduira à un régime bien plus libre qu’un souverain élu par le peuple qui n’a pas cette contrainte. »

          Un peuple qui met le couteau sous la gorge à son état c’est aussi contre productif qu’un état qui met le couteau sous la gorge à son peuple. On reste dans la « loi du plus fort », la barbarie. Là aussi on reste dans un système d’opposition (état contre peuple ou inversement).

          Actuellement on a les deux, lorsque l’état a le couteau sous la gorge il ne peut pas réformer, l’évolution de la société est bloqué. Et lorsqu’il met le couteau sous la gorge à son peuple il passe les lois en force au détriment du bien du peuple et surement de l’ensemble.

          Peut-être pourquoi, et au contraire de ce que l’on pense, Darwin n’était pas pour la « loi du plus fort » en ce qui concerne l’humanité.

          En revanche s’il y a un dialogue réel entre le gouvernement et le peuple on a plus de chance d’accéder à la civilisation. La loi de la raison, du « ha oui, après réflexion c’est la meilleur solution pour tout le monde ; optons pour celle ci ». Mais sans l’instauration d’un dialogue réel comment y arriver si ce n’est d’avancer à l’aveugle ou d’utiliser la « loi du plus fort ».

          Du coup la démocratie pourrait être vu comme un système ou il y a la possibilité d’avoir un dialogue réel entre état et peuple, d’avoir les institutions adéquats qui permettent ce dialogue et cette réflexion.

          • @Rtg :

            Ce n’est pas l’Etat qui réforme la société, ce problème de « réforme » est un problème socialiste. C’est l’innovation et le marché qui impulsent des changements dans la société.

            J’ai poussé l’exemple aux limites : le « couteau sous la gorge » était excessif. Le libre choix est la meilleure des solutions et le souverain (Etat ou autre) n’a pas à s’octroyer un quelconque monopole.

            Le dialogue est à mon avis utopique et marque une trop grande importance donnée au politique : le périmètre de pouvoir du souverain n’a de sens que si il est (et met) en concurrence et s’il agit en arbitre ultime.

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