Par Jean-Pierre Chevallier.
Comme je l’ai expliqué maintes fois, les dirigeants de la BCE ont recours à une bonne grosse cavalerie grâce à laquelle ils espèrent faire repartir la croissance. En effet, ils prêtent aux banques les centaines de milliards d’euros qu’elles y déposent en retour, ce qui aboutit à faire circuler en vain de l’argent entre ces banques et la BCE, ce qui est très clair quand on prend la peine d’examiner les bilans de la BCE.
Ainsi, avant le début du QE en mars 2015, les dirigeants de la BCE prêtaient 600 milliards d’euros aux banques de la zone (rubriques 5 et 6 de l’actif)…
Document 1 :
… et en retour ces banques déposaient 200 milliards d’euros (rubrique 2 du passif)…
Document 2 :
… le trou étant comblé par 1 000 milliards d’euros de billets émis (rubrique 1 du passif) qui permettaient de financer pour 600 milliards de titres (rubriques 7 du passif), ces grandes masses s’équilibrant autour de 1 200 milliards,
Document 3 :
Depuis le démarrage du QE, au dernier bilan publié, le total des titres acquis se monte à 932 milliards d’euros et les dépôts à 593 milliards. L’équilibre de ces grandes masses s’établit maintenant autour de 1 600 milliards.
Tout est simple, à condition d’examiner soigneusement les rubriques des bilans de la BCE et leur évolution au lieu de répéter comme tous les idiots inutiles que la BCE fait marcher la planche à billets pour faire repartir la croissance comme l’a fait la Fed.
N’y a t il pas quelque faute de frappe dans votre texte???
Je lis dans l’actif un total des rubriques 5 et 6 pour 660 Mds et dans le passif, un total de 596 Mds. Soit un delta de 64 Mds supposé être réellement injecté dans l’économie… Je vois bien le scandale de ce médicament efficace à 10% mais perds le sens de votre texte, sinon.
Oui, c’est particulièrement confus. En outre, le totalité de l’actif d’une BC constitue la « planche à billet », peu importe la contrepartie inscrite au passif (billets en circulation ou autres). Tout ce qui sort d’une banque centrale (le passif) vient du néant, tout ce qui entre (l’actif) y retourne. Ainsi, l’or stocké par une banque centrale équivaut à celui stocké au fond d’une mine, pas encore extrait des entrailles de la terre.
Le scandale du bilan de la BCE est à lire dans les points 7, 8 et 9 (pratiquement 50% de l’actif) qui ne sont pas nuls alors qu’ils devraient l’être, strictement. Ici, la BCE ne diffère pas d’une bad bank, diffusant à l’ensemble des détenteurs de l’euro le risque maximal associé notamment aux titres sans valeur émis par les Obèses impécunieux engagés dans une vaste fuite en avant façon Ponzi.
Sans attendre la fin de l’histoire, certains esprits se croyant malins se dépêchent de justifier les politiques discrétionnaires non conventionnelles des BC, en constatant que la planche à billet ne produit pas d’inflation contrairement à ce que la théorie économique prévoit. Mais c’est un raisonnement faible qui les conduit à une telle analyse de la situation. L’inflation apparaît d’ores et déjà de deux manières : d’abord sur les marchés financiers, avec les bulles de valorisation, ensuite sur les marchés du travail, avec le chômage de masse. Puisque l’inflation n’est officiellement mesurée qu’à partir des prix des biens consommations, il est évident qu’elle apparaît d’autant moins que le chômage de masse a un effet déflationniste notoire par attrition de la demande sur ces biens. Chaque fois qu’une BC achète directement ou indirectement des titres publics pour retarder le défaut des Obèses, elle plonge inexorablement dans la misère une nouvelle fournée de la population. Bien sûr, l’endettement des ménages ou les aides sociales ralentissent temporairement la déflation mais on voit bien la limite de la démarche où le serpent se mord la queue. Il n’y a aucune création de richesse dans cette affaire. Il y a juste un transfert de richesse des nouveaux chômeurs vers les Etats obèses, processus collectiviste de pillage mené avec la complicité active des BC.
Et demain, lorsque la confiance s’évaporera quand il sera établi que les Obèses impécunieux ne peuvent décidément rien rembourser et que les monnaies monopolistiques ne valent pas les serveurs sur lesquels elles sont encodées, l’hyperinflation, succédant à la phase déflationniste illusoire, apparaîtra pour de bon, sapant les patrimoines, les investissements et les emplois.