Par le Minarchiste, depuis Montréal, Québec.
Beaucoup d’encre a déjà coulé au sujet d’Uber, l’application permettant de mettre en contact les gens qui ont besoin d’être transportés avec des conducteurs prêts à leur rendre ce service contre rémunération. Je ne vais pas tout répéter, mais simplement exprimer ici ma vision des choses, car Uber m’apparaît comme un exemple typique des maux de la règlementation abusive.
Pourquoi tant de protestation contre un service si élémentaire ? Pourquoi ces gens n’utilisent pas simplement les taxis pour se déplacer ? En fait, Uber ne fait que mettre en évidence les multiples problèmes engendrés par la réglementation de l’industrie du taxi. Pour beaucoup, la réglementation gouvernementale est la solution idéale à tous les problèmes de l’humanité. L’exemple d’Uber démontre bien qu’au contraire, elle cause bien plus de problèmes qu’elle n’en règle.
Tout commence par de bonnes intentions : limiter le nombre de permis de taxi pour s’assurer qu’il n’y ait pas trop d’offre et ainsi que les chauffeurs puissent bien gagner leur vie. En théorie, ce système devrait bien fonctionner, mais ce n’est pas le cas en pratique.
Tout d’abord, beaucoup de personnes de faible niveau de compétence aimeraient gagner leur vie dans cette industrie. C’est pourquoi la demande pour les permis excède largement la limite, entraînant l’explosion du prix de revente d’un permis à plus de $200.000 à Montréal (à New York, le prix des médaillons est passé de $1 million à $690.000 depuis un an). Beaucoup ont englouti leur épargne dans ces permis et ont même emprunté pour les acquérir. La venue d’Uber aurait comme effet de les ruiner puisque la valeur de ces permis s’effondrerait, tout comme les revenus potentiels qu’ils permettent de générer.
Puis, vient l’innovation : il n’y a pas de raison pour que les agences montréalaises de taxi n’adoptent pas les technologies qui rendent Uber si pratique et convivial. Mais, en situation de monopole et en l’absence de concurrence, pourquoi ces firmes investiraient-elles dans de tels systèmes ?
Par ailleurs, à Montréal, il n’est pas possible de donner une note ou d’afficher des commentaires sur un chauffeur en particulier. Les chauffeurs n’ont donc aucun incitatif à rendre un bon service.
Ainsi, à Montréal, voici le niveau de service que vous aurez avec un taxi traditionnel :
- La voiture est souvent en mauvais état et son habitacle ne sent pas très bon.
- Le conducteur n’allume pas le climatiseur pour économiser l’essence, même s’il fait très chaud.
- Il se peut qu’il rouspète à la mention de votre destination car pour augmenter ses revenus, il doit maximiser le ratio distance/temps.
- Pour cette même raison, le chauffeur va souvent conduire de manière sportive, occasionnant souvent nausées et bonnes frousses.
- Lorsque vous présentez une carte de crédit, il poussera un soupir et vous regardera comme si vous étiez un extra-terrestre.
- Avant de sortir du véhicule, vous constaterez peut-être que son visage ne correspond pas à la photo de son permis de taxi, ce qui signifie que pour optimiser celui-ci, le propriétaire loue son véhicule à d’autres personnes, ce qui est bien entendu illégal.
- Finalement, pas de réduction de prix hors des heures de pointes.
En revanche, j’ai récemment testé le service d’Uber pour la première fois à Toronto. Quelle expérience formidable ! J’ai pu rester à l’intérieur du restaurant pour discuter jusqu’à ce que je constate, via mon téléphone, que le chauffeur arrivait. Le véhicule était en excellente condition, d’une propreté impeccable et l’habitacle doté d’un éclairage bleuté, créant une ambiance festive. Le chauffeur était sympathique et courtois et conduisait de manière prudente et fluide. À destination, pas besoin de payer, car la course avait été prépayée par carte de crédit. L’application permet les notes et commentaires et le coût est inférieur aux taxis traditionnels. Vive le libre-marché !
Évidemment, sous la pression d’Uber, l’industrie du taxi va s’améliorer un peu (c’est déjà le cas). Mais il n’en demeure pas moins que dans un contexte de réglementation coercitive par l’État, l’innovation est accueillie comme un chien dans un jeu de quilles. La réaction de l’industrie du taxi ne va pas sans rappeler celle des Luddites du 18ème siècle.
Il aura fallu un service dit « illégal » pour réaliser à quel point nous étions mal servis par une industrie sclérosée et figée dans le passé…
Pourtant, l’ancien ministre des Transports, Guy Chevrette (ici), qui représente l’industrie du taxi dans son « combat » contre Uber, a qualifié Uber d’aberrant ! Ce qui est aberrant, c’est la réglementation, pas Uber…
Fait intéressant, un récent article publié dans The Economist démontre qu’en banlieue de Manhattan, la croissance d’Uber n’a pas cannibalisé les taxis traditionnels. En fait, Uber a permis l’expansion du nombre de courses ce qui indique que ce marché était mal servi. En revanche, dans le quartier des affaires, où les taxis jaunes affluent, Uber n’a pas connu beaucoup de croissance, mais 87% de celle-ci s’est faite sur le dos des taxis traditionnels. On constate donc qu’en plus de tous ses avantages énoncés précédemment, Uber a pour mérite d’accroître le marché du taxi en servant des zones que les taxis traditionnels délaissent.
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« Tout commence par de bonnes intentions : limiter le nombre de permis de taxi pour s’assurer qu’il n’y ait pas trop d’offre et ainsi que les chauffeurs puissent bien gagner leur vie. En théorie, ce système devrait bien fonctionner, mais ce n’est pas le cas en pratique. »
J’ai arrêté de lire après ce passage … la pénurie organisée par l’état…
Comme quoi, l’organisation socialiste de la pénurie, ça ne fonctionne pas.
On devrait généraliser ce système merveilleux à tous les métiers : un quota de boulangers, un quota de plombiers, un quota d’ouvriers de l’automobile …
Plus sérieusement il y aurait un quota que j’approuverais : un quota pour les hommes et de femmes politiques.
Je pige pas trop ce que vous reprochez à ce passage. Pratiquement, tous les économistes sérieux reconnaissent que l’économie dirigiste a de graves conséquences néfastes comme la pénurie. Voilà pourquoi les économistes préconisent l’ interventionnisme indirect de la part de l’état(exemple taxes) à l’interventionnisme direct (réglementation des prix,…) qui est néfaste
Je suis d’accord pour la réglementation…Le bureau du taxi est une une perte de temps et d’argent.Ils sont bon pour collecter l’argent des propriétaires et des chauffeurs par biais de cotisations et de permis sans pour autant améliorer l’industrie du taxi en soi…au contraire ce bureau n’est même pas connecter à la réalité du taxi et ne parlons pas de la corruption. Mmmm…bas niveau de compétences ? Savez-vous que 75 % des chauffeurs sont plus diplômé que la plupart des gens au Québec?J’en convient il a des taxis malpropres et des chauffeurs malpolis et qui conduisent mal.Mais ce n’est pas la majorité.Mais soyons honnête il aussi des clients exigeants, désagréables, soûls et agressifs et ne parlons pas de ceux qui ne payent pas.Et pour ce qui est de la conduite sur la route…le 3/4 de la population du Québec conduisent comme des malades…on a une solide réputation en Amérique du Nord.Voiture en mauvais états ? Et nos routes ne le sont pas?Les chauffeurs d’Uber poli et frais….je suis certaines qu’ils na travaillent pas 12 heures par jour pour le même salaire que les taxis.