Dépasser la démocratie

Faut-il vraiment que la force aille au peuple ? Petite réflexion intempestive de Philippe Bouchat.

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Dépasser la démocratie

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 septembre 2015
- A +

Par Philippe Bouchat.

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DÉMOCRATIE : force du peuple.

Faut-il vraiment que la force aille au peuple ?

Cette question est stupide car elle cache l’essentiel : faut-il qu’un peuple soit gouverné par la force ? Par « force », le lecteur contemporain doit entendre « contrainte ».

Dès lors, la question devient : un peuple doit-il être mené par la contrainte ?

Posée ainsi, la démocratie peut alors se définir comme le régime politique selon lequel un peuple est dirigé par la contrainte émanant de lui-même. Font ainsi partie des régimes démocratiques les démocraties directes où la contrainte émane directement du peuple et les démocraties indirectes où la contrainte est le fait de représentants du peuple et non du peuple lui-même.

Toutes les républiques et monarchies constitutionnelles relèvent de l’un ou de l’autre de ces deux systèmes démocratiques, au sens où je l’ai défini ci-dessus. Il n’est donc pas faux de compter par exemple la Chine parmi les États démocratiques puisque la contrainte est issue de plusieurs représentants du peuple (qu’il s’agisse des députés ou des membres du Politburo du PC chinois n’a ici aucune importance). Formellement différents, les régimes autocratiques et démocratiques ont donc leur essence en commun, à savoir l’imposition de règles contraignantes ! Ceci est rigoureusement implacable.

 

Démocratie et valeurs

Cela vous choque ? Tant mieux ! C’est que vous sentez bien qu’il manque quelque chose de crucial dans cette classification : la présence de valeurs. Mais attention de ne pas vous fourvoyer, ces valeurs essentielles qui sont le ciment d’une communauté de destin ne constituent absolument pas un élément caractéristique du régime démocratique.

Ainsi, au cours de l’Histoire, il y a eu des monarques, donc des autocrates, puissants qui ont agi en s’appuyant sur des valeurs morales, comme par exemple les despotes « éclairés » ; ces monarchies sont-elles pour autant devenues des démocraties ? Non ! Car la contrainte demeurait le fait d’un seul. C’est bien ici la preuve qu’il faut distinguer démocratie et valeurs.

À l’inverse, il y a aujourd’hui de nombreux pays dits démocratiques qui n’agissent pas selon des valeurs. Et pourtant ils demeurent des démocraties car siégeant à l’Assemblée générale de l’ONU et produisant de la contrainte populaire selon le modèle kantien et la pyramide de Kelsen. Démocratie et valeurs sont donc à distinguer.

Résumons-nous. Ce ne sont pas les valeurs qui caractérisent la démocratie, ni l’absence de valeurs qui caractériseraient les régimes autocratiques. Or, les peuples revendiquent qu’ils soient menés en se fondant sur des valeurs.

 

Conclusion

Il faut dépasser la démocratie, régime politique à durée déterminée, ainsi que tous les organismes vivants).

À la question initiale – faut-il qu’un peuple soit gouverné par la contrainte ? -, nous répondons résolument par la négative. On aurait pu se poser la question autrement et tenter de savoir s’il est préférable que la contrainte soit le fait d’un seul ou d’une multitude. La réponse est évidente : ni l’un, ni l’autre ! Car la démocratie n’est jamais que la dictature des lâches, les dictateurs de la majorité avançant masqués …

Restent alors la question de la détermination des valeurs et de ses conséquences pratiques, qui feront l’objet de mes deux prochains articles.

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  • Bonjour,

    J’attends avec une réelle impatience vos deux prochains articles car affirmer le besoin de dépasser la démocratie ne coute rien, c’est de dire comment où réside la difficulté.

  • Oui !

    C’est non seulement un problème de valeurs, mais un problème de libre choix : la démocratie organise la société en la décrivant a priori, en établissant un système normatif qui est sensé reposer sur des valeurs universelles.

    Cela revient à nier le libre arbitre, qui permet à tout un chacun de déterminer ses propres priorités.

    Seul un système qui proposerait le choix, libre et sans contrainte permettrait enfin de sortir du paradoxe de la démocratie qui repose sur le sophisme que le peuple ne pourrait pas se contraindre lui même, sophisme dont on a vu trop de fois les ravages destructeurs.

    La société a réussi à établir ce libre arbitre pour les valeurs économiques, via le marché qui propose le libre choix, pourquoi ne pourrait il pas en être de même pour le reste de la société ?

    Reste à imaginer dans le détail le mécanisme politique : choix des services publics, choix des référentiels religieux et societaux, choix des instances de régulation…

    • « La société a réussi à établir ce libre arbitre pour les valeurs économiques, via le marché qui propose le libre choix, pourquoi ne pourrait il pas en être de même pour le reste de la société ? »

      La différence vient peut être du fait que pour l’économie et le marché il y a échange relativement simple de richesses via un média unique la monnaie. Les richesses (une botte de poireaux, un IPad, une voiture, une maison) par elles même ne sont pas porteuses de « valeurs humaines » et donc restent relativement neutres dans les cœurs.
      « Le reste de la société » est composé de multiples désirs, aspirations, volontés de pouvoir, peurs, échelles de valeurs. Il n’est pas certain qu’il puisse exister un « media » pouvant accorder toutes ces différences. Mais attendons les prochains articles de l’auteur.

      • Oui, mais les hommes primitifs, avant d’utiliser des coquillages ou des dents d’animaux pour virtualiser la valeur des choses qu’ils troquaient et ainsi dédramatiser l’échange (passer du vol au marché) devaient penser exactement la même chose …

        Essayer d’échanger avec un gamin de 2 ans : ce n’est pas gagné : la représentation de la valeur sous une forme neutre (non chargée de sens, de sentiments, qui ait du sens dans le temps, etc …) n’est pas évidente.

        Mais oui vous avez raison : attendons la suite !

    • Ce système existe : c’est le libre marché. mais il faut le débarrasser au préalable de toutes les interférences du pouvoir politique.

  • Je viens juste de commencer l’article et je m’étonne : kratein veut dire commander. Est-ce que pour l’auteur force=commander ?????

    • Et, après avoir lu tout l’article, je me demande à quoi est censée mener cette cette « brillante » démonstration nihiliste……

      • Que la démocratie est à l’opposé de la liberté.

        • Notre democratie?
          Ou son origine , c’est à dire la democratie au temps de Platon?

          Car si cette serie d’article est censée nous mener à  » la democratie est à l’opposé de la liberté » , j’imagine qu’elle nous donnera le  » système » qui n’est pas l’opposé de la liberté , non?
          Si vous avez deja une idée de la réponse, je suis preneur.

          • Les deux, celle que Platon illustre dans « la république » présente exactement les mêmes travers que les régimes actuels : le basculement lent et inexorable vers la tyrannie et la démagogie.

            Le pouvoir corrompt plus sûrement que l’eau de mer ne ronge le métal.

      • Pareil.

        C’est franchement en dessous du niveau habituel de CP… Quel gloubi-boulga.

      • En quoi rappeler qu’un système politique vaut d’abord pour les valeurs sur lesquelles il est fondé serait-il nihiliste?

    • C’est toute la subtilité entre « archie » et « cratie » : archon signifie instance suprême, décideur, celui qui tranche en dernier ressort et kratos signifie pouvoir gouvernant, autorité, celui qui agit et exerce le pouvoir.

      Dans un système féodal, le roi a l’archon et le seigneur le kratos.

      La novlangue s’appuie elle sur la définition Hégélienne du pouvoir qui synthétise bien toutes les philosophies matérialistes et qui ne reconnait le « sens » que dans l' »action ». C’est dans cette définition qu’il faut reconnaitre le nihilisme, pas dans ce qu’écrit l’auteur.

      • On pourrait donc décrire la France de plus en plus comme une Archocratie, dans laquelle l’instance suprême agit et exerce le pouvoir. Je me dis que ça fait beaucoup de pouvoir entre les mains des mêmes personnes.

  • lire « dépasser la démocratie »

    de Karsten et Beckman

  • « dictature des laches , les dictateurs de la majorité avançant masqués  »
    Ah bon ? c’ est le contraire !
    je croyais que les INDIVIDUS ont le pouvoir de voter les lois dans ce système politique
    de ce fait ils auront à en discuter avec leur conjoint , voisins , collègues de travail ….., ensuite que cette loi soit acceptée ou refusée il y aura des conséquences profitables ou nuisibles il faudra attendre un peu !
    Concrètement chacun sera devant sa responsabilité , NON masqué justement ! vous saurez que votre épouse ou enfant avait raison et ils SAURONT que vous aviez tort , il faut de l’ humilité pour reconnaitre qu’ on s’est trompé ! je comprend la peur des prétentieux , vaniteux ….qui ne se trompent jamais

    • Ça, c’est la démocratie de Walt Disney, ou les animaux parlent et ou le pouvoir est dans les mains du peuple. Dans la réalité, c’est pas tout à fait ça, en France.

  • Tout l’article est effectivement basé sur une mauvaise traduction de « cratie » qui est « pouvoir » et pas « force ».

    La France devrait d’ailleurs essayer la démocratie, le pouvoir du peuple qui vote les lois comme en Suisse au contraire de la monarchie parlementaire actuelle où c’est une minorité adossée aux corporatismes qui les vote. (plus de 70 par année sans que le peuple ne soit même au courant)

    Une fois la vraie démocratie en place, si ça échoue encore, il sera toujours temps de continuer à se tirer une balle dans le pied critiquer la démocratie.

    • Je reconnais honnetement que les opposants comme Théo ont au moins une bonne raison qui est celle-ci
      Lorsqu’ un référendum ou une loi obtient 51 ou 95 % il est faux ,absurde, méprisant de prétendre que c’ est la volonté DU peuple ! cela sous entend que les 49 ou 5% serait quoi au fait ?

  • Je pense qu’il faut changer de système. Perso, moi, je suis favorable à une monarchie exerçant un pouvoir exécutif fort, décentralisé un maximum selon le principe de subsidiarité, pratiquant la démocratie directe. C’est un peu le système du Lichtenstein. Pour moi, il est important qu’il y ait une certaine séparation des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif voilà pourquoi je suis favorable à ce que le roi ait un réel pouvoir exécutif. De plus, si le roi a un réel pouvoir, il sert de contre-pouvoirs par rapport aux politiciens (qui ont tendance à magouiller et à s’arroger tjs plus de pouvoirs). La monarchie permet d’apporter une stabilité. L’un des problèmes de la démocratie actuel , c’est la tendance court termiste des politiciens au pouvoir. Or, un monarque a tendance à réfléchir sur le plus long terme. Un monarque a tendance à penser en générations et non pas de gagner les prochaines élections. Cependant, aucun système politique n’est parfait pour la simple et bonne raison que les êtres humains sont des êtres imparfaits.
    Aujourd’hui, la monarchie constitutionnelle est supérieur à la république. Tant sur le plan économique: http://www.cnbc.com/2015/08/07/is-having-a-monarchy-better-for-your-economy.html
    que sur le plan démocratique: dans la liste des 10 pays les plus démocratiques au monde, 7 sont des monarchies. dans la liste des 10 pays les moins démocratiques, 9 sont des républiques…..http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie si on enlève les petites principautés comme monaco où l’indice de démocratie n’est pas calculé, toutes monarchies constitutionnelles européennes sont plus démocratiques que la france et sont considérés comme démocratie alors que la france est une démocratie imparfaite

    • Si vous regardez l’histoire humaine dans le monde, vous voyez à travers l’histoire humaine qu’en général la forme de gouvernement qui a dominé c’est les monarchies et non pas républiques. Il ya eu bien sûr des périodes républicaines mais ils étaient généralement plus courte.

      Plus important que le modèle de gouvernement est la question de savoir si une composante à long terme, indépendante des partis politiques, doit être introduit dans le système politique d’un Etat, sous la forme d’une forte monarchie héréditaire (comme par exemple celui de la Principauté de Liechtenstein). Un monarque héréditaire est sans aucune obligation des différentes parties, et il n’a pas à prendre en compte les élections. Au lieu de cela, il peut se concentrer sur le bien-être à long terme de l’Etat et sa population.

  • Quand on critique un système politique et que l’on recherche une alternative, il est important de reconnaitre deux choses:

    Premièrement, il n’existe pas de système politique qui soit parfait pour la simple et bonne raison que la nature humaine n’est pas parfaite.

    Secondement, il n’existe pas de système politique universel, un système politique doit être adapté à la culture, à l’histoire,….du pays. Un système politique qui fonctionne très bien dans un pays peu très bien ne pas marcher dans un autre pays en raison de différences culturelles.
    Plus haut, j’ai donné mon système politique que je considère comme idéal mais je sais parfaitement qu’un tel système ne pourrait pas fonctionner partout.
    Un système politique d’un pays peut très bien être une excellente chose à un moment de l’histoire et devenir une mauvaise chose après dans l’histoire (car la situation du pays a changé).
    Attention, il ne s’agit pas de tomber dans le relativisme total (par exemple en disant qu’un régime totalitaire pourrait être une bonne chose dans une certaine situation donnée) mais il est important de dire qu’il faut adapter le système politique à la culture du pays, à l’économie,….

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