L’or d’accord… mais pourquoi ?

L’étalon-or peut-il être une alternative aux banques centrales d’aujourd’hui ?

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Lingot d'or (Crédits Bullion Vault, licence Creative Commons)

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L’or d’accord… mais pourquoi ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 septembre 2015
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Par Frank Holmes.

Lingot d'or (Crédits Bullion Vault, licence Creative Commons)
Lingot d’or (Crédits Bullion Vault, licence Creative Commons)

Les nombreuses qualités de l’or en font l’un des métaux les plus convoités de la planète. Non seulement il peut être magnifiquement mis en forme et sculpté, mais également il conduit l’électricité, ne se ternit pas et est biocompatible (c’est-à-dire qu’il n’est pas nocif pour nos tissus). Ces qualités en font un métal de choix dans un grand nombre de domaines, entre autres la dentisterie et la médecine, le génie électrique, la construction et l’aérospatiale.

Une autre utilisation importante de l’or est qu’il permet de stabiliser les systèmes monétaires. Pendant des siècles, les pays les plus développés ont reposé sur l’étalon-or, qui empêchait les gouvernements de créer des quantités illimitées d’argent et de s’endetter massivement.

De nombreux incidents à travers l’histoire montrent les conséquences négatives lorsqu’un pays a éliminé l’étalon-or et a adopté un système de monnaie fiduciaire.

L’exemple le plus notable est celui de John Law. De nationalité écossaise, ce joueur invétéré est devenu le chef de la banque centrale de France au début du 18ème siècle. Pour tenter de réduire la dette de Louis XIV, Law se mit à imprimer des billets de banque, et en inonda l’économie.

Son plan fonctionna — un certain temps. Les billets de banques perdirent rapidement de leur valeur, au point de ne valoir pas plus que le papier sur lequel ils étaient imprimés. Law fut séance tenante exilé de France, dont l’économie s’enfonça encore plus dans la crise, préparant le terrain pour la Révolution qui eut lieu plus tard dans le siècle.

Certes, Law est un exemple extrême mais le cas est édifiant.

Les États continuent d’acheter de l’or

Ce lien entre l’étalon-or et la dette gouvernementale est étudié dans le détail dans un article remarquable publié dans notre tout dernier Shareholder Report. Cet article explique clairement :

« L’étalon-or limite le montant de la dette pouvant être émis. Il y a 44 ans, lorsque les États-Unis sont passés à un système de monnaie fiduciaire, le gouvernement fédéral possédait 399 milliards de dollars.

Depuis, la dette a gonflé de 4 411%, jusqu’à atteindre 18 000 milliards de dollars — plus du double de la totalité de l’or dans le monde (près de 7 000 milliards de dollars). De tels niveaux de dette ne peuvent être atteints que dans un système de monnaie fiduciaire, où l’argent est facile, quasiment illimité et sans garantie aucune. »

Aujourd’hui, plus aucun pays n’utilise l’étalon-or. En 1999, la Suisse fut la dernière à l’abandonner. Pourtant, les banques centrales du monde entier continuent de maintenir et même d’augmenter leurs réserves d’or, y compris la Suisse. Avec 1 040 tonnes d’or, elle possède la septième plus grande réserve au monde, juste après la Russie.

En parlant de la Russie, elle a été récemment dépassée par la Chine, qui a annoncé en juillet qu’elle avait augmenté ses réserves d’or de 57% au cours des six dernières années, à plus de 1 658 tonnes. 600 000 onces supplémentaires ont été achetées au cours du même mois.

Pourquoi la Chine agit-elle ainsi ? Comme nous l’avons déjà expliqué, elle souhaite adosser sa monnaie, le renminbi, afin de pouvoir participer au panier de monnaies de réserves spéciales du FMI, au même titre que le dollar américain, la livre britannique, l’euro et le yen.

De même, le Texas est en train d’établir le tout premier dépôt d’or géré par un État US pour concurrencer la Réserve fédérale. En théorie, cela permettra au Texas d’être plus indépendant financièrement et de jouir d’une meilleure stabilité financière.

C’est là une utilisation de l’or aussi bonne qu’une autre.

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  • Je suis d’accord dans l’absolu.Maintenant un retour total à l’étalon-or est il réaliste? Je pense qu’il serait d’avantage utile de travailler sur l’idée de liberté monétaire…

    • +1: La liberté monétaire permet à chacun d’utiliser la monnaie dont il a besoin. Ceci dit cela risque fort d’aboutir, sur un marché libre, à une situation où l’or chasse les autres monnaies.

      • On a l’exemple de Hong kong, ou pendant longtemps se sont des banques privées qui ont battu monnaie.

      • Il est très improbable que l’or chasse les monnaies bien gérées sous l’effet de l’aiguillon de la concurrence entre émetteurs (situation à ne pas confondre avec la situation actuelle où coexistent des monopoles monétaires). Une monnaie déflationniste est aussi indésirable qu’une monnaie inflationniste. L’or peut être utilisé comme monnaie tant que le rythme de croissance de la quantité d’or disponible est compatible avec le rythme de croissance des richesses produites. Les meilleurs monnaies sont celles qui neutralisent à la fois V et P dans l’équation MV=PT, autrement dit les monnaies qui valident M=T, expression de la stabilité monétaire. L’or n’en fait pas partie.

        Ceci dit, l’or et d’autres biens précieux sont de très bonnes « assurances » pour la gestion de patrimoine, en n’oubliant pas qu’ils n’ont aucun rendement.

    • Je ne vois pas bien la différence entre l’étalon-or et l’idée de « liberté monétaire ».
      L’étalon-or est l’instrument de mesure qui empêche de tricher, exactement comme le kilogramme permet de peser: une garantie de vérité.
      Le despotisme qui n’a jamais supporté la vérité se nourrit de falsifications: la novlangue, la calomnie, l’expulsion des compétences et surtout la contrainte d’une fausse monnaie qui permet de spolier à outrance pour irriguer ses projets obèses et déments. La liberté monétaire est le refus de ce surplus de monnaie fiduciaire émise arbitrairement sans référence à aucun étalon.
      Même si « on » est parvenu à ostraciser les économistes scientifiques qui préconisent le retour à l’étalon-or, celui-ci reviendra par la force des choses, illégalement peut-être, comme l’inévitable vecteur du troc qui seul permettra de survivre au désastre monétaire global. On peut cacher ou nier la vérité un certain temps, elle finit toujours par s’imposer.

    • Dans ma banque, on peut maintenant acheter des pièces d’or et des petits lingots…

  • « L’étalon-or limite le montant de la dette pouvant être émis » de la dette visible et quantifiable oui, mais l’Etalon Or n’a jamais empêché les emballement inflationnistes et les dettes hors de contrôle, bien au contraire : un Etat en déficit et avec une faible réserve plonge rapidement tout le pays dans le chaos (Allemagne après traité de Versailles) ou règle sa dette dans le sang.

    Le système de Law s’est effondré parce que la convertibilité en or et argent était garantie et que les réserves étaient insuffisantes. Mettre la faillite de Law sur le dos de la fabrication monétaire est limite malhonnête : avec un pur système fiduciaire, les détenteur d’assignats auraient été floués et c’est tout, cela n’aurait pas entrainé la banqueroute du trésor.

    C’est assez hallucinant de voir les même soutenir le bitcoin d’un coté, l’étalon or de l’autre et les réserves fractionnaires pour finir… on pourrait juste indexer le bitcoin sur l’or : ça permettrait d’avoir une bonne discussion paradoxale.

    A partir du moment où l’Etat utilise une monnaie régalienne, lui décerner le monopole en l’indexant sur l’or et en légalisant les réserves fractionnaires est le meilleur moyen de faire payer l’incurie des dirigeant par les citoyens au premier grand écart entre réserve et masse monétaire en circulation.

    • Le système de réserve intégrale ne protège pas beaucoup non plus.

      L’intérêt de l’étalon or, c’est que quand on commence à jouer au con, la sanction tombe rapidement. Le système ne met pas 40 ans à s’effondrer. Mine de rien ça peut faire réfléchir les sorciers vaudou de la monnaie qui sont au sommet de l’état.

      Je rappelle que le Franc Germinal indexé sur l’or est resté globalement stable pendant plus d’un siècle. A comparer avec la chute du $ depuis 100 ans.

      Quand au bitcoin, ce que vous dites n’a pas de sens, la stabilité du bitcoin est assurée par d’autres moyens (du moins la résistance au manipulations externes).

      Savoir si une réserve intégrale est préférable à une réserve fractionnaire, c’est un problème qui concerne une banque et ses clients. Je ne vois pas très bien ce que la loi a à faire la-dedans, à part pour assurer le respect des contrats.

      Après, la liberté monétaire est préférable à l’étalon or, c’est évident.

      Néanmoins, vous êtes très malhonnête quand vous faites sans-blanc de ne pas voir d’une part qu’une monnaie étatique fondée sur l’or n’a pas grand chose à voir avec une monnaie dématérialisée et fonctionnant sur un système de peer to peer et que les solutions qui on un sens pour la première n’en ont pas forcément pour la seconde, et d’autre part que contrairement à vous, on est pas sectaire et qu’on est prêt à voir plusieurs systèmes coexister (étalon or + bitcoin ou réserve intégrale et fractionnaire selon le bon vouloir des banques et de leurs clients) tout en reconnaissant que la liberté monétaire totale serait préférable.

      En attendant entre la monnaie actuelle et l’étalon or, mon choix est vite fait.

      Autre chose: « A partir du moment où l’Etat utilise une monnaie régalienne, lui décerner le monopole en l’indexant sur l’or et …)

      Vous en connaissez beaucoup, vous, des monnaies régaliennes sans monopole? Vous voyez sérieusement pas l’oxymore quand vous écrivez ça?

      • Oui la liberté serait mille fois plus préférable : le choix entre monnaies bancaires et monnaie régalienne.

        La monnaie régalienne et la monnaie bancaire sont deux choses complètement différentes : la monnaie régalienne a une obligation envers les citoyens (qui n’ont pas le choix) et la monnaie bancaire a une obligation envers ses clients (qui ont le choix). Le marché régule l’une et pas l’autre.

        La monnaie régalienne n’a pas à être indexée sur quoi que se soit, et n’a pas à servir ensuite de caution a des banques pour légitimer leur création monetaire avec les réserves fractionnaires. Cette caution de l’Etat aux monnaies bancaires est la base du capitalisme de connivence.

        Et ce n’est pas l’or qui réglera le problème bien au contraire : l’or stocké fait monter le cours de l’or disponible et donc augmente la caution.

        Pour les monnaies bancaires, le jeu est complètement différent.

        Ce qu’il faut c’est séparer le deux : que les banques ne décernent plus de crédits en euro mais en brouzoufs (ou en Bitcoins X du nom de la banque) au lieu de créer de la monnaie de singe (des euros créés de nul part) avec la bénédiction de l’Etat…

        • On ne voit pas bien en quoi il serait nécessaire de créer une monnaie régalienne, qualification au demeurant impropre puisque la monnaie est tout sauf une fonction régalienne. S’il s’agit de lever l’impôt, le panier des monnaies en concurrence suffit bien.

          • Principalement pour éviter la connivence liée à un choix restrictif de monnaies bancaires par l’Etat.

            Mais il y a d’autre raisons, dont celle d’établir un barème des changes qui ne soit pas faussé par la détention d’un étalon quelconque comme l’or et éviter les pratiques frauduleuses des banques qui doivent pouvoir couvrir leur bilan en monnaie régalienne (et non en or ce qui figerait complètement le système en rendant la monnaie absolue et non plus relative), également comme établir une monnaie courante d’échange qui simplifie les transactions.

            Comme on ne peut pas empêcher l’Etat de collecter et de dépenser de l’argent, autant mettre en place des mécanismes qui régulent l’Etat et la monnaie régalienne et ceux ci vont a l’opposé des mécanismes de monnaie bancaire.

            Indexer une monnaie sur l’or lui donne un énorme avantage compétitif surtout quand on a les moyens de se payer l’or au frais du contribuable. C’est complètement ridicule de donner cet avantage à l’Etat, de plus sous forme de monopole.

            • « banques qui doivent pouvoir couvrir leur bilan en monnaie régalienne » ??? Pourquoi voulez-vous qu’elles se couvrent alors qu’elles émettent leurs propres monnaies ?

              • Pour éviter les pratiques frauduleuses ou au moins responsabiliser les banques.

                L’inverse (c’est à dire que la banque se couvre elle même avec sa propre monnaie) voudrait dire que la faillite d’une banque ne concernerait que ses clients et que les actionnaires n’en subiraient aucune conséquence.

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