« Contre le droit au travail » d’Alexis de Tocqueville

Un discours particulièrement virulent et d’une rare fermeté contre le socialisme et sa prétention à régenter les individus.

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« Contre le droit au travail » d’Alexis de Tocqueville

Publié le 9 août 2023
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Je n’ai jamais compris cette idée totalement illusoire et irréaliste d’un « droit au travail », pourtant si souvent entendue. Malgré toutes les belles intentions, même dans un pays comme le nôtre, particulièrement interventionniste en la matière, le taux de chômage demeure d’ailleurs bien ancré dans la réalité.

Il faut imaginer un monde entièrement régi par le communisme et le collectivisme généralisé pour pouvoir envisager une telle disposition… avec les résultats que l’on sait.

J’ai donc été surpris et stupéfait de découvrir qu’en 1848, au sortir de la révolution, Alexis de Tocqueville avait prononcé un discours incisif sur le sujet, face à un projet d’adjonction d’un article à la nouvelle Constitution alors en débat allant en ce sens, dont il n’hésite pas à qualifier la portée de « fatale ». Une idée récurrente dans le droit fil de tout ce qui contribue aujourd’hui à scléroser notre marché du travail, comme le souligne Pierre Bessard dans la préface de ce livre, aux côtés des « restrictions aux licenciements (donc à l’embauche), salaires minimaux légaux, temps de travail limité, etc. »

 

L’État, grand et unique organisateur du travail ?

Se référant au travail de la Commission de l’Assemblée relatif au projet d’une nouvelle Constitution et à la volonté de celle-ci de consacrer la charité publique, Tocqueville met en cause cet amendement qui viserait à instituer un véritable droit au travail.

« … l’amendement, avec le sens que les paroles qui ont été prononcées et surtout les faits récents lui donnent, l’amendement qui accorde à chaque homme en particulier le droit général, absolu, irrésistible, au travail, cet amendement mène nécessairement à l’une de ces conséquences : ou l’État entreprendra de donner à tous les travailleurs qui se présenteront à lui l’emploi qui leur manque, et alors il est entraîné peu à peu à se faire industriel ; et comme il est l’entrepreneur d’industrie qu’on rencontre partout, le seul qui ne puisse refuser le travail, et celui qui d’ordinaire impose la moindre tâche, il est invinciblement conduit à se faire le principal, et bientôt, en quelque sorte, l’unique entrepreneur de l’industrie. Un fois arrivé là, l’impôt n’est plus le moyen de faire fonctionner la machine du gouvernement, mais le grand moyen d’alimenter l’industrie. Accumulant ainsi dans ses mains tous les capitaux des particuliers, l’État devient enfin le propriétaire unique de toutes choses. Or, cela c’est le communisme.

Si, au contraire, l’État veut échapper à la nécessité fatale dont je viens de parler, s’il veut, non plus par lui-même et par ses propres ressources, donner du travail à tous les ouvriers qui se présentent, mais veiller à ce qu’ils en trouvent toujours chez les particuliers, il est entraîné fatalement à tenter cette réglementation de l’industrie qu’adoptait, si je ne me trompe, dans son système, l’honorable préopinant. Il est obligé de faire en sorte qu’il n’y ait pas de chômage ; cela le mène forcément à distribuer les travailleurs de manière à ce qu’ils ne se fassent pas concurrence, à régler les salaires, tantôt à modérer la production, tantôt à l’accélérer, en un mot, à se faire le grand et unique organisateur du travail. »

 

Qu’est-ce qui se cache derrière la question de cet amendement ?

En définitive, et au-delà de cet amendement lui-même, Alexis de Tocqueville affirme que la question fondamentale à se poser consiste à se demander « si la révolution de février est ou non une révolution socialiste. »

Ou, autrement dit, comme il l’écrit dans ses notes préparatoires à ce discours, cette révolution « doit-elle avoir pour objet d’améliorer, de perfectionner la société que nous connaissons ou d’en faire une autre ? ». Il est intéressant de noter, au passage, qu’il affirme craindre, en ce sens, l’instauration de systèmes tels que l’impôt progressif…

La question est donc d’importance, et l’amendement pas si anodin.

Et voici la définition que, s’adressant aux députés, il donne du socialisme :

«  Si je ne me trompe, messieurs, le premier trait caractéristique de tous les systèmes qui portent le nom de socialisme, est un appel énergique, continu, immodéré, aux passions matérielles de l’homme […] Il y en a un second, c’est une attaque tantôt directe, tantôt indirecte, mais toujours continue, aux principes mêmes de la propriété individuelle [Il en profite pour faire référence, entre autres, à Proudhon à travers son célèbre « la propriété, c’est le vol »]

[…]

Voici le troisième et dernier trait, celui qui caractérise surtout à mes yeux les socialistes de toutes les couleurs, de toutes les écoles, c’est une défiance profonde de la liberté, de la raison humaine ; c’est un profond mépris pour l’individu pris en lui-même, à l’état d’homme ; ce qui les caractérise tous, c’est une tentative continue, variée, incessante, pour mutiler, pour écourter, pour gêner la liberté humaine de toutes les manières ; c’est l’idée que l’État ne doit pas seulement être le directeur de la société, mais doit être, pour ainsi dire, le maître de chaque homme ; que dis-je ! son maître, son précepteur, son pédagogue […] à ce point que, si, en définitive, j’avais à trouver une formule générale pour exprimer ce que m’apparaît le socialisme dans son ensemble, je dirais que c’est une nouvelle formule de la servitude. »

Tocqueville nous éveille aussi au danger du mot « social » (révolution sociale), qui sous-entend la recherche de l’amélioration des conditions, ce qui n’est pas spécifique au socialisme (contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire aujourd’hui encore).

Il écrit d’ailleurs : « Si avoir cette idée est être socialiste, je suis socialiste de cette façon. » Mais, toujours selon lui, alors que les socialistes entendent se poser en héritiers de la Révolution française, ils ne font que porter un masque, pour les raisons évoquées plus haut.

À l’inverse, selon lui, ils sont les « corrupteurs » de la Révolution et « nous ramènent vers les institutions qu’elle avait détruites », évoquant notamment le fait que toute la vie publique se trouve concentrée dans les mains de 200 000 personnes.

 

Éloge de la Révolution française

S’en suit un éloge de la Révolution française, qui « a restitué à l’homme sa grandeur individuelle » et joue le rôle de garde-fou contre les attaques à la propriété.

Quant à la liberté, il établit un parallèle entre socialisme et Ancien Régime qui, tous deux, prônent l’idée que « la sagesse seule est dans l’État, que les sujets sont des êtres infirmes et faibles qu’il faut toujours tenir par la main, de peur qu’ils ne tombent ou ne se blessent ». De même qu’ils conduisent tous deux à la compression des libertés individuelles et à la réglementation de l’industrie, ainsi qu’à empêcher la libre concurrence.

Alexis de Tocqueville en profite aussi pour dresser un éloge de la démocratie en Amérique, lieu où la liberté lui semble se trouver la mieux défendue concrètement.

Pour mieux opposer ensuite démocratie et socialisme, qui sont « contraires ». L’un « étend la sphère de l’indépendance », tandis que l’autre, assimilé à une tyrannie, « la resserre ».

« Les socialistes font du citoyen un enfant ; la démocratie un homme. »

« La démocratie et le socialisme ne se tiennent que par un mot, l’égalité ; mais remarquez la différence : la démocratie veut l’égalité dans la liberté, et le socialisme veut l’égalité dans la gêne et dans la servitude. »

D’où son insistance à refuser que la révolution de 1848 entre dans la voie socialiste, s’opposant à l’héritage de Babeuf, dont il décrit alors les menues intentions.

Selon lui, ce qui a donc causé les révolutions, qu’il avait vu venir, n’était pas des causes passagères, mais bien « un dérogation profonde aux principes les plus sacrés que la Révolution française avait répandus dans le monde », qui a abouti à ce que le pouvoir et tous les éléments essentiels qui guident notre vie soient régentés par une seule classe dont même l’aristocratie anglaise n’égalait pas, loin de là, l’influence.

« Je voyais que, dans le sein de cette petite classe privilégiée, il arrivait ce qui arrive toujours à la longue dans les petites aristocraties exclusives, il arrivait que la vie publique s’éteignait, que la corruption gagnait tous les jours, que l’intrigue prenait la place des vertus publiques, que tout s’amoindrissait, se détériorait. »

La suite est, elle aussi, d’une étonnante actualité. Se référant aux moins aisés de la population, les laissés pour compte, en quelque sorte, voilà ce qu’il dit :

« … le peuple vivant, pour ainsi dire, en dehors de tout mouvement officiel, se faisait une vie qui lui était propre : se détachant de plus en plus par l’esprit et par le cœur de ceux qui étaient censés le conduire, il livrait son esprit et son cœur à ceux qui naturellement étaient en rapport avec lui, et beaucoup d’entre ceux-là étaient ces vains utopistes dont nous nous occupions tout à l’heure, ou des démagogues dangereux. »

De là venait cette divergence détonante entre deux mondes radicalement opposés, à la source de la révolution.

 

Réhabiliter l’esprit de la Révolution

Et c’est en ce sens que, par son discours, Alexis de Tocqueville exprime le souhait que la révolution de février s’inscrive dans le prolongement de celle de 1789, pour en consolider les principes fondamentaux, l’idée d’une société sans classe, et aboutir à leur mise en Å“uvre réelle, plutôt que de n’être qu’un épiphénomène stérile, n’ayant pour seul résultat que de déboucher sur d’autres révolutions. Il en va, selon lui, de la liberté et de la sécurité publique.

Et c’est ainsi que, pour en revenir plus strictement à la question de l’amendement sur le droit au travail (qui fut finalement rejeté par 396 voix contre 187), Tocqueville insiste sur le fait que « d’après la rédaction de la Constitution au contraire, le pouvoir social se charge seulement de venir au secours de l’homme qui souffre par manque de travail ou autrement. Il prend l’obligation de le faire vivre quand les moyens d’existence manquent. »

Il s’agit, autrement dit, de secourir l’individu en difficulté, dès lors que la prévoyance individuelle a échoué, et non que l’État s’y substitue.

La fin du volume est ici intéressante. A l’intérieur des notes de travail préparatoire et des esquisses de son discours, on y trouve des considérations sur le socialisme, les « vieilleries socialistes », l’esprit antisocialiste de la Révolution française, sur les rapports entre socialisme et liberté, ainsi qu’une définition de la démocratie, et ceux entre démocratie et République.

Le véritable but de la Révolution, nous dit Tocqueville, en substance, était la démocratie, et non le socialisme. Elle n’y a pas abouti.

L’objet de la révolution de février 1848 doit donc être d’y parvenir… et d’aider les plus faibles (c’est sans doute là que réside le malentendu de ceux qui tentent de récupérer Tocqueville dans le giron socialiste alors que nous voyons bien qu’il en rejette radicalement l’esprit ou, en tout état de cause, nient qu’il puisse avoir quelque attache que ce soit avec le libéralisme, au sujet duquel règne aussi un terrible malentendu, les idées reçues tendant à laisser croire que tel ne pourrait être, lui aussi, l’un de ses buts fondamentaux).

 

 

Un article publié initialement le 2 octobre 2015.

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  • Personnellement, je suis en train de m’éloigner des idées libérales à vitesse grand V. Est-ce que c’est la liberté quand, titulaire d’un doctorat, ayant trimé pour les études seules plus de 10 heures par jours (y compris les week-ends et pendant les petites vacances) plusieurs années à l’université, on n’est tout simplement jamais, jamais pris. Nulle part. Et quand pour diverses raisons on n’a pas eu droit à l’allocation chômage, qu’on doit faire la quête chez ses parents à plus de 30 ans, qui d’ailleurs sont en droit de fixer leurs conditions. Quand en principe on ne peut se permettre qu’une soupe aux légumes par jour, ne pas acheter la moindre petite chose qui nous fait plaisir, ne pas faire le moindre petit don là où l’on aurait voulu militer (surtout quand les parents en question militent dans une direction contraire), est-ce cela, la liberté? Est-ce la liberté aussi quand on candidate, candidate, candidate, pour des logements et que dans 90% des cas il n’y a même pas de réponse et dans les 10% restant c’est un refus? Evidemment, quand on a presque une tête de trisomique à cause du syndrome d’Asperger, ça n’aide pas, en entretien. Et quand on souffre d’un trouble obsessionnel compulsif, ça n’aiderait de toute façon pas non plus pendant une période d’essai.

    En Allemagne, je vois des choses incroyables. Quand on est à son propre compte et non salarié, on fait ce que l’on veut (ou peut…) pour toutes les assurances. Certains ne peuvent pas se payer d’assurance pour leur retraite. Quelqu’un m’a dit un jour que si ça continuait comme ça, à l’âge de la retraite il irait se faire euthanasier en Suisse. D’ailleurs ceux qui ont réussi à « cotiser », même beaucoup, peuvent tout perdre du jour au lendemain, s’ils spéculent mal. Résultat : c’est le casino, on aura d’un côté des gens dans misère la plus crasse et de l’autre des gens qui auront décroché le super jackpot. Alors que pour des raisons démographiques l’argent disponible pour les retraites devient rare et qu’il va falloir partager ce peu de la manière la plus rationnelle pour éviter des catastrophes (donc ne surtout pas permettre à certains d’avoir des « jackpots »).

    En Allemagne on voit aussi des publicités avec marqué: « Jamais malade? Changez vite pour telle assurance santé privée! » Comme ça ceux qui ont les bons gènes et qui pourraient payer beaucoup s’en vont, et les autres doivent payer plus. La « liberté » marche-t’elle ou est-il nécessaire et moral de construire un rideau de fer, dans le cas précis autour de la sécurité sociale ? D’ailleurs ceux qui optent pour le privé en Allemagne n’ont plus le droit de revenir dans le public ensuite. Si un jour ils deviennent gravement malade et que leur assurance fait faillite, plus personne ne les prendra, ou alors uniquement pour des prix exorbitant. C’est une bombe à retardement qui se prépare en Allemagne, il y aura des morts.

    • Bonjour,

      Je comprends votre rancoeur. Il y a de quoi être plus que mécontent, et même assez découragé.

      Par contre, il y a un sacré malentendu… Croyez-vous que ce que vous décrivez s’appelle le libéralisme ou en est issu ? C’est justement tout le contraire !
      C’est justement puisque nous vivons dans un système sclérosé que vous constatez tout ce que vous décrivez.

      Quant au système des retraites, il en va de même. Le système par répartition ne cesse de montrer ses insuffisances, contre lesquelles les libéraux ont toujours mis en garde, sans se faire entendre. C’est bien simple : le système par capitalisation ne fait jamais partie des débats (ce serait au moins le minimum).
      Je vous invite à lire, à ce sujet, par exemple la présentation que j’en avais faite en trois volets à partir des ouvrages de Jacques Garello et Georges Lane. Voici le lien du premier de ces trois volets :

      http://www.contrepoints.org/2013/10/11/142113-futur-retraites-tome-1

      Bien à vous.

      • Bonjour, merci pour votre réponse. Oui, certains des problèmes sociaux sont dus ou renforcés par les mesures étatiques, bien qu’elles aient eu l’inverse comme objectif. De même, beaucoup de tragédies qui sont arrivées à des étudiants dans mon entourage en Allemagne, notamment étrangers, étaient dues à l’Etat. Mais ce n’est pas toujours le cas, et parfois ça semble être le cas à première vue mais ça ne l’est pas forcément.

        Par exemple, beaucoup d’entrepreneurs perdent toutes leurs économies de plusieurs dizaines d’années, leur maison, parce qu’ils ont… travaillé ! En France les impôts sont lourds, et certains d’entre eux qui ont fait faillite ne l’auraient pas fait si les impôts avaient été plus bas. D’où l’idée : le problème c’est le socialisme, les impôts trop élevés, et la solution est de faire une part plus grande au libéralisme. Je me souviens d’un article de Contrepoints sur les nombreux suicides de patrons en France. Je pense que si des impôts moins élevés auraient effectivement un peu diminué le nombre de faillites, cela aurait surtout nettement élevé le montant des « jackpots » de ceux qui ont réussi, et pas résolu le problème fondamental de ceux qui travaillent sans être salariés : ils risquent de perdre des sommes considérables, juste parce qu’ils… travaillent ! Est-ce normal ? Il me semble plutôt que tout travail mérite salaire. J’avais lu un article sur un site libéral (je ne sais plus si c’est Contrepoints) où l’auteur était pour la suppression du salariat. Tout le monde serait alors à son compte et vendrait des produits. Tout le monde devrait commencer par s’endetter pour un jour, peut-être, faire du bénéfice. Aucune protection contre le « licenciement » (on ne peut pas forcer un client à acheter un produit), aucune protection sociale (les assurances de responsabilité civile au travail, de santé, de retraite, d’incapacité de travailler peuvent être conclues par l’intéressé s’il le veut, et surtout s’il le peut, et s’il le fait, il aura des coûts plus élevés que ses concurrents qui ne le font pas).

        Il est à la mode actuellement en Allemagne de remplacer les salariés par des « sous-traitants » qui sont officiellement à leur compte. Ils se font engueuler tous les jours par un supérieur de fait, même si sur le papier c’est un « client ». Tout est fait pour faire sortir le plus de monde possible du système de retraite par répartition, même des gens qui en fait auraient dû être des salariés (et, d’après la loi allemande, dépendant alors du système par répartition). Il suffit de trouver une autre entreprise où l’on fait 20% de ses bénéfices et ce n’est pas de la Scheinselbständigkeit (faire semblant d’être à son compte) pour la loi. Il y a quelques années, un reportage d’investigation de Günter Wallraff au sein de l’entreprise GLS a mis à jour ce qui se produisait à cause de cette situation. L’entreprise GLS fait à peu près 150 millions d’euros de bénéfices par ans, mais délègue les risques à des « sous-traitants » au lieu d’embaucher des salariés. Leur travail est horriblement difficile, les conditions de travail peuvent être qualifiées d’inhumaines. Pourtant, beaucoup de ces « sous-traitants » sont considérablement endettés, perdent des dizaines d’années d’économie, parfois leur maison… Parce qu’ils ont… travaillé, et ce dans des conditions horribles de surcroit. En plus, ils auraient dû normalement être des salariés, avec un salaire fixe de l’heure. Est-ce ce que nous voulons ? N’est-ce pas plutôt la Selbständigkeit (être à son compte) qui doit être abolie, et le salariat généralisé ?

        Beaucoup de gauchistes prétendent que la pauvreté serait le résultat d’un « vol ». Les « riches » auraient volé les « pauvres », d’où leur pauvreté. En réalité, la quasi-totalité des vols, qu’ils soient légaux (par l’impôt) ou illégaux, redistribuent l’argent des riches vers les pauvres. Les différences de capacité, d’attractivité, etc…, entre individus sont extrêmes et tels que dans une société libre et sans violence (sans « vol », légal ou illégal), un tiers de l’humanité deviendrait excessivement riche et un tiers mourrait de faim (ce serait le résultat de la « liberté »). Pour des raisons biologiques (si l’on exclue le facteur chance). Cela s’appelle la sélection naturelle. Dans le monde animal aussi (même s’il n’est pas sans violence, sans coercition, sans vol), seuls les individus les plus adaptés survivent, et le manque est naturel (si une abondance survient, les populations augmentent jusqu’à ce que la situation de manque soit atteinte à nouveau) et l’écosystème reste en équilibre par l’horreur (contrairement à la situation décrite dans la Bible dans Matthieu 6 :25-34). Or c’est justement ce terrible sort que nous voulions épargner à l’humain, ou bien ?

    •  » Est-ce que c’est la liberté quand, titulaire d’un doctorat, ayant trimé pour les études seules plus de 10 heures par jours (y compris les week-ends et pendant les petites vacances) plusieurs années à l’université, on n’est tout simplement jamais, jamais pris » Le problème du chômage n’est pas causé pas le libéralisme mais par plusieurs facteurs (les principaux étant la rigidité du marché du travail , le coût du travail (taxation,…) et la formation (ou le manque de formation) des travailleurs). Il y a trois types de chômage: le chômage conjoncturel, le chomâge frictionnel et le chomâge structurel. En France (de même dans les pays d’europe du Sud), le chômage massif est un chômage structurel. Pour lutter contre le chomage, il faut réformer l’enseignement en France, libéraliser le marché du travail et baisser le coût du travail. Je comprends pas cette logique: mieux vaut avoir un chomeur qu’un travailleur pauvre. A cause de la protection des travailleurs en France, les jeunes et les personnes non qualifiés n’ont pas accès au marché du travail et sont au chômage. Pour moi, mieux faut être pauvre et travailler qu’être chômeur et pauvre. C’est mieux pour l’ensemble de la société (car le chômage a un coût élevé). Mais aussi pour les personnes concernés car le chômage nuit à la santé mentale et en plus, seul le travail permet à ces gens de monter dans l’échelle social, seul le travail peut leur donner espoir d’améliorer leur condition social. Avec un métier, ils peuvent acquérir nouvelles qualifications ce qui leur permet par après d’avoir un meilleur métier. Dans un situation de plein emploi,les salariés ont plus de pouvoir sur les employeurs. Ils peuvent le quitter facilement sans craindre de se retrouver au chômage. Je connais quelqu’un en GB qui a déjà changé trois fois d’employeurs pour avoir un meilleur salaire. Il est très content de vivre en GB.
      En France, la rigidité du travail crée un chômage de masse et ce chômage de masse donne énormément de pouvoir aux patrons car un travailleur sait que s’il est licencié, il aura peu de chances de retouver un nouvel emploi alors que dans un marché d’emploi flexible, les travailleurs savent que même s’ils sont licenciés, ils pourront trouver facilement n nouvel emploi. Dans un marché d’emploi flexible, vous pouvez quitter votre emploi s’il ne vous plait pas pour en trouver un meilleur. Quand il y a trop de demande par rapport à l’offre (ce qui est le cas en cas de chomage massif), cela donne un grand pouvoir aux offreurs (autrement dit aux employeurs).
      Je remarque juste une chose: les pays avec un marché d’emploi rigide comme le France voit les gens partir vers des pays où le marché d’emploi est bcp plus flexible (Grande Bretagne, Suisse, Australie,…). J’imagine que ces gens sont masos.
      l’assurance chômage est une usine à chômeurs dans le sens où cela désinsiste les chomeurs à trouver un nouvel emploi. Cela est une chose admise par la grande majorité des économistes. Il y a de nombreuses études sur le sujet. Par exemple, il a été montré que lorsqu’un chomeur ne touchait plus d’allocations, la probabilité qu’il retrouve un nouveau travail augmente sensiblement.
      Si les économistes ne sont pas du tout d’accord entre eux pour dire si la suppression de l’assurance chômage aurait un impact positif ou négatif sur le bien être économique, ils sont en général d’accord pour dire que la suppression de l’assurance chômage a un impact positif pour l’emploi.
      Je vous conseille de lire cet article qui propose une piste très intéressante pour réformer l’assurance chômage: https://nudges.wordpress.com/2008/12/10/rethinking-unemployment-insurance-part-i/

      Quand au logement, il y a suffisamment d’articles sur Contrepoints sur le sujet. Les problèmes de logements en france ont été causé par la politique interventionniste de l’état depuis plusieurs décennies. C’est l’état qui est le principal responsable des problèmes du logement et de l’immobilier. Cela n’a rien à voir avec le libéralisme

    • Je vous conseille de lire Gary Becker sur le sujet de la discrimination. Il a démontré que le meilleur moyen de lutter contre la discrimination c’est par le marché libre.
      C’est un non sens économique de parler de discrimination dans une économie de marché, il y en a pasà compétences égales. Une entreprise pratiquant de la discrimination disparaitera au profit d’entreprises ne pratiquant pas la discrimination. les seules facons d’avoir de la discrimination dans une économie de marché c’est soit que les consommateurs soient prêts à payer plus chers pour se fournir auprès d’entreprises qui discriminent soit que la discrimination est imposé par l’état. C’est la base même de l’économie.
      Le meilleur moyen de lutter contre la discrimination s’est par le marché. Si on regarde l’histoire, la plupart des discriminations sont causés par l’État. En israël, Pq y a t il eu une amélioration de la situation des arabes israéliens ? C’est grâce au fait qu’Israël s’est libéralisé. Avant israël était très socialiste, bcp d’entreprises appartenaient à l’État donc forcément elles engageaient plutôt des juifs. Avec la libéralisation, les entreprises sont devenus privées donc elles engagent leurs employés pour leur compétence. Imaginons que les entreprises discriminent les noirs. Ceux ci coûteront moins chers sur le marché de l’emploi donc d’autres entreprises les engageront et disposeront d’un avantage substantiel sur leurs concurrents qui discriminent. Celles ci auront le choix entre arrêter de discriminer ou faire faillite.
      Bien sûr, il faut être réaliste, un marché ne sera jamais totalement libre donc il y aura tjs de la discrimination mais plus un marché est libre moins il y aura de discrimination. Le marché de l’emploi ou le marché du travail du fait de l’interventionnisme étatique sont en france deux marchés peu libre où du fait de l’état, il y a plus de demande que d’offre renforcant le pouvoir des offreurs (proprio et employeurs) ce qui leur donne bcp plus de possibilité de discriminer. Maintenant, il faut pas se mentir même dans un marché libre quelqu’un « ayant une tête de trisomique à cause du syndrome d’Asperger » aura plus difficulté de trouver un travail ou un logement dans un marché. Malheureusement, c’est la nature humaine. Néanmoins, les difficultés grandissent bcp plus si le marché n’est pas libre

    • L’Allemagne n’est pas un parardis libérale, c’est loin d’être un pays libérale. certes, ce pays est bcp plus libérale que la France mais cela ne fait pas un paradis libérale pour autant. Il faut arrêter de croire que tous les problèmes de l’Allemagne viennent du libéralisme. Si la gauche allemande a entreprise des réformes plutôt libérales ce n’est pas parce qu’elle en avait envie mais qu’elle n’avait pas d’autres choix. L’Allemagne était dans une situation insoutenable économique et comme les allemands sont bcp plus pragmatiques que les francais, ils ont entrepris des réformes libérales. Le principal problème de l’Allemagne s’est sa démographie. C’est la démographie allemande qui mets à mal le système social allemand.
      Je ne suis pas un spécialiste de l’Allemagne mais les échos venant de francais vivant et travaillant dans ce pays sont assez différent des votres. Je remarque quand même que l’Allemagne est un pays qui attire bcp de monde (que ce soit des européens notamment francais ou des migrants extra européens). Il y a quand même bien une raison.
      Le modèle social francais est aussi totalement insoutenable à terme, il est financé par l’endettement. or , il va arrivé un moment où cette dette sera totalement insoutenable. La France risque de finir comme la Grèce si rien ne change (sauf que les choses en france se feront de manière plus lente et progressives). Il faut lire « La France injuste : 1975-2006 : pourquoi le modèle social français ne fonctionne plus » de Timothy Smith qui est social démocrate (donc on ne peut pas l’accuser de biais idéologique), celui ci démontre comment le modèle social francais loin d’être redistributif envers les plus pauvres sert à certaines catégories de personnes (notamment les fonctionnaires). Cet ouvrage démontre, dans une perspective de centre gauche, que le modèle français est : premièrement, de manière générale, non redistributif envers les pauvres ; deuxièmement, il est lui-même la cause principale du chômage ; troisièmement, il est injuste pour les jeunes, les femmes, les immigrés et leurs descendants ; enfin, quatrièmement, il est intenable financièrement.»
      L’économiste Alberto Alesina dans The future of Europe, Reform or Decline a montré que le modèle social européen était intenable et qu’il menait l’europe au déclin. Le socialisme amène à la ruine mais les éléments libérales du modèle européen permettent de retarder la ruine ce qui amène à un déclin lent mais sûr. Le modèle européen c’est la fameuse troisième voie, c’est du socialisme incorporant du libéralisme. Un certain nombre de personnes ont compris que le socialisme ne pouvait pas marché sans un minimum de libéralisme (pour redistribuer, il faut créer de la richesse).
      Les réalités statistiques ne sont pas identiques aux réalités individuelles. L’expérience d’une personne n’est pas spécialement conforme à la réalité globale. Cela ne changera rien à la réalité globale. Il est important de regarder les choses de manière plus globale concernant l’Allemagne et son modèle social. On ne peut pas se contenter dire: oh, la situation des allemands est mauvaise en se basant sur une expérience individuelle, il faut regarder les chiffres (même si les chiffres ne sont pas parfaits, ils ne disent pas tjs tout et peuvent parfois cacher des réalités)

    • Puisque vous souffrez du syndrome d’Asperger, un article intéressant sur le sujet: http://www.contrepoints.org/2015/09/30/223664-etre-autiste-au-pays-des-droits-de-lhomme

      Le lien de votre nom revoit vers un site plutôt contraire aux idées de liberté et de libéralisme. Chacun a la liberté de croire ou non. La liberté religieuse est importante. Or, un site tel qu’anti religion est un site pas très respectueux de la religion. Je me méfie de toutes les formes d’intégrismes religieux. or, l’intégrisme athée est très comparable à l’intégrisme catholique, hindou ou autre. Les athées intégristes comme tous intégristes ont des tendances sectaires et liberticides

      • « un article intéressant sur le sujet » je me permet de mettre un article intéressant sur le sujet

      • Pour le site dont vous parlez : en quoi est-il contraire aux idées de liberté ? Quand on est un ancien chrétien évangélique qui a pris conscience du fait que sa croyance n’est pas « la vérité » comme elle le prétend, que les menaces bibliques envers ceux qui ont une autre croyance (souffrances éternelles après la mort) et le système moral perverse et haineux prôné par ce livre, sont triviaux, il est normal que l’on soit particulièrement motivé à partager ses expériences sur le sujet, à l’image de l’ancien pasteur Dan Barker de la Freedom from Religion Foundation (http://ffrf.org/about/getting-acquainted/dan-barker ). Ainsi, j’apporte des informations qui me semblent extrêmement importantes sur le sujet, mais je n’impose rien à personne.

        Il n’est pas rare de rencontrer des missionnaires chrétiens (et récemment musulmans) dans la rue. Ils distribuent des livres gratuitement (eux ils en ont les moyens), des livres destinés à convaincre, qui, d’après mon expérience, ne sont pas honnêtes, contiennent souvent une désinformation inouïe, mais s’en rendre compte par soi-même demande beaucoup de temps et de recherche, et presque personne ne le fera. N’est-il pas légitime que quelques incroyants prennent la peine de diffuser une réponse parmi la population ? Ils atteignent, de par leurs moyens, de toute façon beaucoup moins de monde. Est-ce être contre la liberté que d’être contre ce monopôle de l’information dont les missionnaires jouissent ? Pour pouvoir être libre de choisir, encore faut-il disposer des informations nécessaires. Ne pas respecter la religion, dénoncer les atrocités rapportées ou ordonnées dans les livres religieux, et laisser ensuite les gens libres de croire ce qu’ils veulent, est-ce être contre la liberté ?

        D’ailleurs il n’y a pas plus anti-libéral que le contenu des textes religieux, à l’exception, dans une certaine mesure, du Nouveau Testament. Mais l’Ancien Testament par exemple exige à un peuple d’appartenir, sous peine de mort, à une seule religion, « la vraie ». Il ordonne de massacrer les peuples habitant dans un « pays promis », en fait non pour des raisons racistes, mais spirituelles : il ne faut pas que les habitants de cette région influencent le « peuple élu » et l’amènent à croire à une autre religion, « fausse ». Pour la même raison, il interdit de flirter avec des femmes d’un autre peuple (quand cela se produit, « Dieu », dans sa colère, tue des dizaines de milliers d’humains). Il ordonne aussi par exemple les crimes d’honneur (bien que le discours politiquement correct nous répète sans cesse que ça n’a rien de religieux). Il interdit de travailler un jour par semaine, là encore sous peine de mort, quelqu’un se fait lapider pour avoir ramassé des fagots de bois ce jour-là (libéraux, où êtes-vous ?). Il interdit certaines pratiques sexuelles sous peine de mort encore, comme l’homosexualité. Etc… D’ailleurs si l’on compte dans la Bible entière, « Dieu » tue plus de 200000 fois plus de monde que « Satan ».

        Au passage, quand on parle de religion et de libéralisme, j’aimerais attirer l’attention sur la situation dramatique de l’Allemagne sur ce point. La laïcité, c’est un cas particulier du libéralisme, c’est du libéralisme appliqué au domaine religion. Personne n’a à financer une croyance qu’il n’approuve pas. Or en Allemagne, le second employeur après l’Etat, c’est l’Eglise, mais l’Eglise avec l’argent de l’Etat… Il y a notamment une multitude d’hôpitaux, d’écoles, de jardins d’enfant confessionnels, sans compter le social (Diakonie et Caritas) financés à 95% par l’Etat, et par la caisse commune, non par les impôts d’Eglise. Les employés de ces structures sont recrutés et gardés sur critères religieux (la discrimination religieuse est officiellement autorisée dans ce cas). Une femme de ménage dans un hôpital catholique peut être virée si elle est divorcée et remariée. Pour certains des employés, le travail est en partie constitué d’évangélisation. Dans certains domaines, dans certaines régions, les deux églises ont un quasi-monopôle des emplois, et au pôle emploi, on dit aux chômeurs concernés qu’il serait préférable professionnellement pour eux d’être membre de l’Eglise protestante ou de l’Eglise catholique. Et ce alors que l’argent pour financer ces emplois vient à 95% de la caisse commune, même les athées militants sont obligés de payer pour cela.

        Pour le reste, voire la réponse que j’ai donnée à l’auteur de l’article.

        • « Quand on est un ancien chrétien évangélique » cela explique, les évangélistes sont des extrêmistes. Ils ne sont pas très représentatifs des uatres chrétiens. Il y a une méfiance des uatres chrétiens vis à vis de ces gens.
          Tout fondamentalisme et intégrisme (par exemple évangéliste) est mauvais.
          « D’ailleurs il n’y a pas plus anti-libéral que le contenu des textes religieux, à l’exception, dans une certaine mesure, du Nouveau Testament » Il y a eu pas mal d’articles à ce sujet. Perso, je connais pas trop la bible mais d’autres commentateurs ont montré qu’il y avait clairement un lien entre libéralisme et christianisme.A ce sujet, il faut lire les articles (et surtout les commentaires) de contrepoints concernant la religion.
          La Bible il faut l’intepréter, il est idiot de la lire littéralement. C’est d’autant plus absurde qu’à la base, la bible a été traduit dans plusieurs langues. Or traduire c’est déja interpréter.
          Le premier texte libéral c’est un texte de l’ancien testament (je ne sais plus lequel).

        • « Il n’est pas rare de rencontrer des missionnaires chrétiens (et récemment musulmans) dans la rue » perso, j’en ai jamais rencontré. Je ne sais pas où vous vivez.
          L’attitude la plus logique et la plus rationnelle c’est d’être agnostique et non pas athée (vous n’avez pas de preuves que Dieu existe ni de preuves que Dieu n’existe pas). l’athéisme est une croyance religieuse (comme les autres) avec son intégrisme (l’intégrisme athée n’a pas grand chose à envier à l’intégrisme des religions). perso, je suis agnostique mais je me méfie de toutes les formes d’intégrisme ( y compris athée).
          Je connais assez bien l’histoire et je n’apprécie guère le bashing actuelle contre l’église catholique (et contre le Moyen Age de manière plus générale).
          Je me méfie de la laicité francaise. d’accord pour une laicité mais pas à la francaise qui a été fait dans le but de détruire le catholicisme, il y avait un but de remplacer la religion par le socialisme. La laicité francaise est une religion à part entière. La France est une théocratie où Dieu c’est l’état et le clergé les hauts fonctionnaires. L’état aujourd’hui est une forme de religion très répandu en Occident

    • oui c’est dur, mais; on est loin d’un monde libre…et l’atterrissage est difficile, vous devriez en vouloir à l’ednat qui vous affirme que diplôme élevé = DROIT au travail, non rien ne garantit rien; ceci dit, je vous plains , c’est une situation très difficile à vivre ( doctorat en 1993 j’ai connu ça à part que je n’avais que mépris pour mon doctorat..)

  • C’est important le droit au travail, sauf chez Uber parce que, parce que… parce que?

    C’est comme ca, un point c’est tout.

    -1
  • Lectures complémentaires : Le Paupérisme et la révolution industrielle : les convictions de Tocqueville
    http://www.tocqueville.culture.fr/fr/engagements/e_convi-pauper.html
    Voir aussi son Mémoire sur le Paupérisme de 1835 rédigée pour la Société académique de Cherbourg où il expose ses vues sur la pauvreté et les mesures pour l’éradiquer.
    Disponible à cette adresse : http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/memoire_pauperisme_1/memoire_pauperisme_1_texte.html
    Voir aussi Alexis de Tocqueville : Textes économiques, Coll. Agora Les Classiques Anthologie critique par JL Benoît et E. Keslassy ; de la page 72 à 76 une description de Manchester d’où l’on extrait ce passage :
    « Levez la tête, et tout autour de cette place, vous verrez s’élever les immenses palais de l’industrie. Vous entendez le bruit des fourneaux, les sifflements de la vapeur. Ces vastes demeures empêchent l’air et la lumière de pénétrer dans les demeures humaines qu’elles dominent ; elles les enveloppent d’un perpétuel brouillard ; ici est l’esclave, là est le maître ; là, les richesses de quelques-uns ; ici, la misère du plus grand nombre ; là, les forces organisées d’une multitude produisent, au profit d’un seul, ce que la société n’avait pas encore su donner ; ici, la faiblesse individuelle se montre plus débile et plus dépourvue encore qu’au milieu des déserts ; ici les effets, là les causes.
    Une épaisse et noire fumée couvre la cité. Le soleil paraît au travers comme un disque sans rayons. C’est au milieu de ce jour incomplet que s’agitent sans cesse 300.000 créatures humaines. (…)
    C’est au milieu de ce cloaque infect que le plus grand fleuve de l’industrie humaine prend sa source et va féconder l’univers. De cet égout immonde, l’or pur s’écoule. C’est là que l’esprit humain se perfectionne et s’abrutit ; que la civilisation produit ses merveilles et que l’homme civilisé redevient presque sauvage. »
    Notes rédigées en 1834 : 14 années avant le Manifeste de Marx !
    Tocqueville refusait de « constitutionaliser » le droit AU travail mais espérait de l’état qu’il intervienne pour soulager et éradiquer cette misère ! La question est toujours actuelle.

    • « Tocqueville refusait de « constitutionaliser » le droit AU travail mais espérait de l’état qu’il intervienne pour soulager et éradiquer cette misère » Ce que vous dites est contradictoire avec votre premier lien.

      « Car ce qu’il faut absolument éviter en la matière, d’après lui, c’est de « créer une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrieuse et travaillante ». Aussi est-ce pour cette raison qu’il réfute l’hypothèse de l’organisation d’une « charité légale », garantie par l’État lui-même, qui lui paraît certes constituer une « belle et séduisante théorie » mais dont les effets ne manqueraient pas, comme cela s’est produit en Angleterre, de se révéler néfastes à l’ensemble de la société comme à ses éléments les plus défavorisés. Il admet néanmoins une exception à cette règle proscrivant le recours à la « charité publique », lorsqu’il s’agit de remédier à ces « maux inévitables » que sont à ces yeux « la faiblesse de l’enfance, la caducité de la vieillesse, la maladie, la folie » ou d’ouvrir « des écoles aux enfants des pauvres » pour fournir « gratuitement à l’intelligence les moyens d’acquérir par le travail les biens du corps » »

      En gros, pour faire simple, il s’opposait à l’état providence (avec votre commentaire, on a l’impression qu’il y était favorable) mais acceptait néanmoins qu’il y ait un filet minimal de survie de l’état pour certains catégories de personnes trop faibles pour se prendre elles mêmes en charge

    • Au sujet de la baisse significative de générosité lorsqu’on s’appuie sur l’état pour faire la charité à la place des individus, cette étude très rigoureuse de Stephen Ferris et Edwin West montre exactement les mécanismes à l’œuvre, et comment chaque sou de dépense publique diminue de plus d’un sou la charité privée, mais aussi le résultat net des transferts de richesse. http://link.springer.com/article/10.1023%2FA%3A1024803611758

      On ne peut pas être pour l’état providence et pour la charité privée. L’état providence détruit la vraie solidarité et la philantrophie. Alexis de Tocqueville avait très bien compris cela

  • Merci M. Rivalland, votre texte est très intéressant. Cependant je me demande si, lorsque dans le contexte politique révolutionnaire de 1848, Tocqueville estimant fondamental d’écarter l’amendement instaurant un droit au travail, il ne se sert pas de l’argument Révolution (de 1789) contre Ancien régime uniquement par tactique.

  • Dans nos démocraties occidentales, il n’y a pas plus de socialisme que de beurre en branche.
    Pour en voir, il faut prendre l’avion pour la Chine, Cuba ou la Corée du nord.
    Nous devons nous contenter de l’étatisme.
    Pour les amoureux de la liberté, c’est encore trop.
    On se consolera en observant que pour les passionnés de la contrainte en tout genre – comme on en voit à gauche de l’échiquier politique – c’est bien trop peu.

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