Et pendant que la France s’enfonce, gentiment, dans la crise de mollesse institutionnelle, diplomatique, judiciaire, économique et politique, le monde continue pourtant à tourner et à innover. Nous sommes dimanche, c’est donc une excellente occasion de se plonger dans l’un de ces domaines innovants qui va indubitablement marquer le XXIème siècle : celui des drones.
Et il s’en passe des choses en la matière.
J’avais évoqué dans un précédent billet l’énorme potentiel de ces petits engins volants plus ou moins autonomes dans différents domaines. Régulièrement, à la faveur d’un article sur l’un ou l’autre géant de la distribution de produits divers — Amazon arrivant ici bon premier — on retrouve d’intéressantes analyses sur la possibilité pour ces chaînes de résoudre l’enquiquinant problème des derniers kilomètres : s’il est relativement « simple » logistiquement parlant d’organiser le déplacement des biens et des produits depuis leur lieu de fabrication jusqu’à la région où le client souhaite en disposer, il est généralement plus compliqué de rejoindre ce dernier sans en passer par les solutions traditionnelles de coursiers, de livraison à domicile avec tout ce que cela peut comporter d’aléas (client pas là au moment de la livraison, problèmes routiers divers à commencer par les bouchons et d’éventuelles conditions météos défavorables, optimisation parfois complexe du routage, …) ; cependant, les drones peuvent constituer une solution raisonnable pour cette dernière partie.
En automatisant la prise de paquet et sa livraison au client par des drones comme expliqué ici, Amazon compte réduire notoirement le temps entre le passage de la commande et la livraison au client, tout en s’affranchissant de tierces parties pas toujours fiables (la Poste, anyone ?).
Évidemment, il y a encore loin de la coupe aux lèvres : si c’est théoriquement possible, la technologie devra encore surpasser quelques problèmes dans les années à venir pour que ce mode de distribution soit réellement praticable, notamment en matière de fiabilité et d’indépendance des drones ainsi que de l’autonomie de leurs batteries.
Ça n’empêche pas d’autres domaines de progresser à grands pas. On peut citer notamment celui de l’architecture qui connaissait déjà d’intéressant développements où des groupes de drones se coordonnent pour aider à la construction rudimentaire de structures plus ou moins complexes, en manipulant des briques adaptées.
Dernièrement cependant, les progrès de planification de tâche et de gestion d’essaims (« swarm management ») — on parvient maintenant à faire gérer un groupe de 50 drones par un unique individu — permettent d’envisager de relever des défis de plus en plus complexes. Citons notamment celui de la réalisation d’un pont de cordes par un groupe de drones entièrement autonomes, et qui laisse songeur quant aux applications possibles dans certains lieux où les méthodes traditionnelles sont parfois complexes à mettre en œuvre, ou tout simplement trop dangereuses.
De la même façon et plus proche de l’individu lambda, on ne compte plus les exemples de drones appliqués à la photographie ou la cinématographie aérienne (ou, plus modestement, en hauteur), où ils révolutionnent complètement le rapport de l’homme à son environnement et à l’acquisition de données et d’informations. Ainsi, les drones sont déjà couramment utilisés en agriculture pour établir un état des lieux des cadastres, de l’état des plantations par différents procédés d’imagerie bien moins coûteuses que les photographies aériennes traditionnelles et, à plus forte raison, que l’imagerie satellitaire traditionnelle (notons que pour le moment, il s’agit plus d’une complémentarité que d’un remplacement, mais par extension, on imagine sans mal la baisse de coûts qu’engendre l’arrivée des drones dans le domaine). Et si c’est vrai pour l’agriculture, c’est évidemment vrai pour d’autres domaines (inspection d’engins, de bâtiments, de chantiers, suivant les mêmes procédés).
Bien sûr, ce blog ne serait pas ce qu’il est si tout ce qui vient d’être exposé ici n’était pas mis en perspective pour tenir compte de ce que les autorités en pensent, et des développements qui ne manqueront pas de survenir pour à la fois aller dans le sens de l’innovation technique et dans celui, bien plus sombre, de son utilisation par les sphères étatiques.
À mesure que les drones se répandent dans la société civile, apparaissent aussi des articles et des réflexions pointant les éventuelles dérives et problèmes qu’ils peuvent engendrer. De ce point de vue, il est symptomatique que dans la plupart des démocraties, les gouvernements se sont très vite préoccupés de la prolifération de ces engins. Et plus l’État est présent, plus les autorités auront beau jeu d’insister sur les menaces que peuvent représenter ces technologies.
Par exemple, si on trouve des drones autour des centrales nucléaires, cela est probablement lié à des buts occultes, néfastes ou en tout cas qui ne manqueront pas d’inquiéter les autorités. Pour qui connaît le fonctionnement naturel de ces dernières et des politiciens qui les dirigent, tout ceci est parfaitement logique, et il existe un intérêt évident d’insister lourdement sur les menaces potentielles, afin de restreindre directement l’usage de ces drones dans un cadre bien fixé, bien rigide et surtout très bien contrôlé par l’État.
Eh oui, encore une fois, l’État perd lentement mais sûrement la suprématie qu’il avait (spécifiquement ici, dans l’aérien), à la faveur d’un abaissement drastique des coûts d’entrée sur le marché ; encore une fois, et comme pour les autres secteurs où les innovations technologiques avancent bien plus vite que les législations, la disruption pousse dans leurs derniers retranchements l’appareil administratif et les politiciens, systématiquement à la ramasse.
Confrontés au besoin impérieux de ne pas tuer la poule aux œufs d’or (tous ces domaines technologiques produisent de nouveaux emplois, mine de rien, donc des sources de taxation), la nécessité de ne pas mécontenter leur électorat (après tout, les utilisateurs de drones sont bien connectés et votent ; ce serait électoralement idiot de se les mettre à dos spécifiquement), et de vouloir prouver leur nécessité par l’écriture d’une régulation ou autre, ces politiciens sont obligés d’avancer prudemment, et bien sûr masqués.
En outre, l’État ne peut pas tout contrôler et il lui sera plus facile d’interdire purement et simplement ou d’enfouir dans la paperasserie bureaucratique tous ceux qui voudraient se lancer dans des opérations commerciales impliquant des drones, plutôt que contrôler après coup ou s’en remettre au bon sens des citoyens.
Rappelez-vous bien : pour l’État, notamment central, notamment français, notamment jacobin, le citoyen est, par défaut, un être à la fois fragile qu’il faut absolument protéger de tout et surtout de lui-même, et à la fois un séditieux petit terroriste en puissance, cherchant par tous les moyens à saboter l’ordre que l’État s’emploie, dans son immense sagesse et son savoir infini, à mettre en place.
Bref, à chaque bénéfice que pourrait nous apporter les drones, vous pourrez compter sur les hommes d’État pour vous rappeler toutes les dérives potentielles et s’en servir pour réguler lourdement. Pour chaque gain que cette technologie nous amènera, on trouvera sans mal l’un ou l’autre politicien qui, par une loi ou une idée géniale, réduira ce gain ou détournera ces drones pour des usages qu’il aurait interdit à tout citoyen (espionnage et coercition, sous les vivats d’une foule manipulée).
Le XXIème siècle promet un grand nombre de révolutions technologiques. Le XXIème siècle en France, quant à lui, promet une explosion législative à nulle autre pareille.
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Sur le web
Parlons en de la livraison de colis Amazon par drones ! Cette annonce m’a choqué dans le sens où la réaction des Américains et des Français sur les sites d’information a été incroyablement différente et m’a fait prendre conscience du fossé qui sépare actuellement les 2 peuples vis-à-vis de la technologie, des sciences et de l’innovation.
Les commentateurs américains montraient de l’enthousiasme face à la perspective de recevoir des colis plus rapidement, par l’avancée technologique introduite par ces drones et les différentes façons de les utiliser.
Les commentateurs français étaient beaucoup moins enthousiastes avec des « hihi les possesseurs de harpons et grappins vont se faire plaisir
à essayer de chopper ces colis en plein air » « si l’une de ces horreurs passe au-dessus de chez moi je les défonce à coup de carabine »..etc…
J’ai trouvé ça choquant et effrayant, c’est là que j’ai réalisé à quel point la France (et surtout son peuple), était tombé très bas, on parle d’un pays qui, il y a 100 ans, était à la pointe du progrès et avait une admiration de la science et de l’innovation.
Et oui je confirme mon grand pere de 88 ans trouve le progrès magnifique et l innovation sans pareil.
Mon bof fonctionnaire 50 ans ne comprends pas cette innovation et promet de faire greve des l arrivé de ces ptites bêtes.
La france est tombé bien bas je crois pas la nouvelle génération dans 10 années pourraient bien être bien plus agressifs que celle actuel bien passive devant les libertés
En effet…il y a un rejet de plus en plus massif de la technologie ici, si c’est pas un signe de déclin ça…
N’empêche que « les forces de police » pourront les utiliser (les drones) pour fliquer plus encore les chauffeurs candidats à une « prune » détectée par ces engins!
Vite une loi pour les rendre « probants »! Après les « radars » migrants » et « fantômes », rien n’est à négliger pour faire entrer cette nouvelle fiscalité automobile qui ne veut pas dire son nom!
SweepingWave: « on parle d’un pays qui, il y a 100 ans, était à la pointe du progrès et avait une admiration de la science et de l’innovation. »
Clair,
Lavoisier, un des inventeurs majeurs de la chimie et de la science moderne (rigoureuse) a été guillotiné en 1794. S’en est ensuivi une dictature, puis la lente descente ; 1870, 14, 39 ou l’incompétence des élites est devenue une marque de fabrique. De Gaulle a été un bon dirigeant dans le contexte, mais il a aussi inventé la république des privilèges et du corporatisme.
Les Français sont géniaux en tant qu’innovateurs, mais ils sont totalement plombés par une aristocratie politique en dessous de tout qui est soutenue par un peuple devenu frileux. (J’ai rajouté ça après avoir vu le message de Delta-00 plus bas 😉 )
Oups, celui de Francky… Désolé Delta !
Tiens, tiens…
Je suis juste un peu moins pessimiste que l’auteur sur la conclusion: ces lois débiles seront contournées, ou ignorées, par les plus jeunes d’entre nous. Concernant les drones, elles le sont déjà.
Par contre, le temps de faire rentrer ça au forceps dans le crâne des législateurs, des acteurs puissants auront émergé dans les pays (plus) libres. Et on pleurera sur les 大箱子, qui seront chinoises et pas françaises, sur la balance commerciale, la fuite des cerveaux…
« ces lois débiles seront contournées, ou ignorées, par les plus jeunes d’entre nous »
Je l’espère.
Pourquoi l esperez vous??? j ai 21 ans et ne suis pas fan des drones. Aucune envie de voir ces bestioles m espionner…
Oui, voilà, 21 ans et déjà très vieux.
Même génération que moi et ça se comporte comme un vieux grincheux, ce pays sérieux….
Non! Et c’est dans l’article (désolé « h16 »!): ces gars ne sont pas des « vieux » grincheux: je ne me considère plus comme « jeune » à « 6x » ans! Mais je n’ai rien perdu de l’enthousiasme technologique euphorique des « sixties » de mes jeunes années!
Ce qu a changé, ce n’est pas le progrès scientifique et technologique, c’est bien, dans certains pays, une envie du pouvoir qui devient d’autant plus « prégnant » qu’il présente pour tous les progrès, les dangers potentiels qu’il se croit seul capable de nous éviter, comme des parents interdisant à des grands adolescents d’utiliser des allumettes quand ils allument tous leur briquet pour une chanson dans un concert: c’est le même degré de ridicule!
Les drones au-dessus des centrales nucléaires: je ne sache pas que les auteurs aient été appréhendés! « Mais que fait la police? »
C’est le même scénario que le « coavionage » qui a vu la réaction négative de la D.G.A.C., ce qui va se reproduire avec les drones: l’administration, non élue, s’allie au politique pour étendre son propre pouvoir quand le « service public » quitte le « service au public » pour devenir un « public au service » de l’administration ».
Je suis dans la vingtaine aussi et je l’espère très fortement, comme toute évolution technologique en général. Au moins une chose est sûre : avec ce rejet des évolutions du monde et des innovations si tôt dans la vie tu vas pas aller très loin !
Moi, j’ai 50 et il me tarde de voir toutes les innovations encore à venir.
Je regrette de ne pas pouvoir voir tout ce qu’on va encore inventer dans 50, 100, 200 ans : révolution énergétique, biologique, robotique…
Chose amusante, dans le futur lointain, la majeure partie de notre internet si vivant, si nouveau aura été écris par des gens morts depuis longtemps. (nous et nos enfants quoi 😉 )
on vit une époque formidable , les couts de production sans cesse baissent mais pas les prix de vente , ce qui fait que chaque progrès technique restreint le nombre de clients solvables possibles..bien entendu on en connait la cause: la gourmandise insatiable de l’état pour eux même et faire du social auprès de tous les gens sans emplois .
mais vive les drones et les tracteurs automatiques..et la baisse de revenu net à l’HA des agriculteurs rendant la concentration obligatoire..et n’allez pas croire que les agriculteurs exclus se retrouveront tous a fabriquer des drones , les robots s’en chargent déjà 😉
pour les drones en zone d’exclusion aérienne il est plutôt simple de le descendre.
il n’y a pas de vie en jeu dans un drone juste du matériel.
Mais pourquoi vous embêter avec les drones alors qu’il y a des voitures plein les rues ?
…
Ah, oui: « Ce pays est foutu ».
je dis juste qu’il n’y a pas besoin de ce prendre la tête avec des lois ou autre alors que l’application de ce qui existe déjà est suffisant.
J’ignore si c’est vrai ou fake, mais j’ai vu un vendeur de munition afficher sur la boite wue c’était idéal pour descendre des drones 😀
En possédant un homemade j’ai pu bien apprécier les progrès fait en la matière. Pour la moitié du prix que j’ai mis à construire le mien on trouve des appareils ready to fly maintenant.
L’armée dépense chaque année des millions de dollars pour faciliter la gestion et la réactivité de ces petites bêtes intrusives, et vous pensez serieusememt qu’ils le finance pour vous livrer plus efficacement votre Iphone 12 ?
Pu*** y en a qui vont tomber de haut. Ou pas.
À propos de l’armée, pourquoi payer un « Rafale » quand un drone est capable du même boulot?
pour les mauvaises solutions à l’absence de problème les us ont trouvé http://www.lesnumeriques.com/robot/etats-unis-drones-devront-bientot-etre-immatricules-n46421.htmltrouvé