Par Éric Verhaeghe.
Contrairement aux promesses faites par Pierre Gattaz, le MEDEF a finalement cédé aux pressions syndicales et accepté d’augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises pour sauver le régime des retraites complémentaires.
Une mécanique complexe
Dans la pratique, la réunion qui est tenue ce vendredi 16 octobre a débouché sur un protocole d’accord qui devrait être confirmé le 30 octobre par trois organisations syndicales : la CFDT, qui est à l’origine d’une grande partie des propositions, la CFTC et la CGC.
Cette dernière s’est finalement ralliée à l’accord en échange de l’ouverture, d’ici 2019, d’une négociation sur la notion d’encadrement. Elle valide donc la future fusion entre l’AGIRC et l’ARRCO, point de passage quasi-obligé de l’accord qui prévoit un alignement complet des cotisations du régime cadre et du régime non-cadre.
Le protocole d’accord prévoit pour le reste une profusion de mesures complexes.
Certaines seront appliquées à partir de 2019. À cette date, il faudra cotiser un an supplémentaire pour bénéficier de sa retraite à taux plein, sauf à subir une décote de 10% pendant trois ans. Ceux qui cotiseront au-delà de cette année supplémentaire bénéficieront d’un bonus temporaire.
D’ici 2019, les mesures transitoires décidées en 2013 devraient continuer : revalorisation des pensions inférieure à l’inflation, dégradation du taux de remplacement, augmentation du taux de cotisation des cadres. Enfin, et ce n’est pas passé inaperçu, le taux d’appel des cotisations patronales va augmenter, et la cotisation d’équilibre limitée à 4 plafonds de Sécurité sociale sera déplafonnée. Ces mesures reviennent à augmenter les cotisations sociales des entreprises.
Seconde hausse de cotisations voulue par le MEDEF en un an
Cette hausse des charges qui pèsent sur les entreprises est la seconde décidée en un an par le MEDEF. La mise en place du fonds paritaire pour le dialogue social, qui devrait rapporter plusieurs millions d’euros au MEDEF, s’est en effet soldée par une cotisation nouvelle sur les salaires, d’un montant minime, certes (0,016%), mais symbolique d’un système totalement schizophrénique. D’un côté, les organisations patronales dénoncent la pression qui s’exerce sur les entreprises et la complexité administrative qui les entoure, d’un autre côté, elles participent allègrement à cette complexité.
S’agissant des retraites complémentaires, on peut se demander quel intérêt le MEDEF trouve à perpétuer un système aux dépens des valeurs qu’il prône.
Si le MEDEF accepte une hausse des charges sur les entreprises, c’est en effet pour sauver un système qu’il n’a pas créé et qui s’est transformé en Sécurité sociale bis au tournant des années 2000. Créée en 1947, l’AGIRC était la riposte des cadres à la création du régime général de retraites. Flanquée en 1962, elle a progressivement renoncé à son caractère associatif pour devenir un régime obligatoire sur le modèle de la Sécurité sociale.
Pourquoi, dès lors, le MEDEF se bat-il pour conserver dans son giron un système qui coûte cher aux entreprises et qui se nourrit de multiples entorses à la concurrence ? À titre d’exemple, les caisses de retraites complémentaires ont toutes développé des activités concurrentielles dans le domaine de la prévoyance, qui drainent plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année dans des conditions douteuses de légalité.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir le MEDEF se battre aujourd’hui à rebours des injonctions qu’il a lancées au gouvernement ces derniers mois.
Une défaite personnelle pour Pierre Gattaz ?
Dans ce dossier, on notera en tout cas que Pierre Gattaz semble avoir subi une nouvelle défaite personnelle dans une maison qui agit de façon débandée. Le président du MEDEF avait annoncé qu’en aucun cas il ne donnerait son consentement à des augmentations de cotisation pour les entreprises.
Manifestement, Claude Tendil, président non exécutif de Generali France et chef de file de la délégation patronale dans la négociation, avait reçu un mandat différent. Ces hiatus posent un vrai problème sur la gouvernance patronale, dans la mesure où la posture du président paraît en profond décalage avec la réalité de l’organisation.
À un mois de la réunion de la confédération patronale sur la détermination des règles de représentativité, cette désunion pose question.
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Le MEDEF a tout intérêt à augmenter les charges patronales. Pour la simple raison que le MEDEF représente majoritairement les grands comptes et les ETI.
Ceux là même qui bénéficient des allègements tandis que les PME et TPE, elles, paient réellement ces augmentations.
Enfin, et de façon générale, le MEDEF est un syndicat comme un autre = financement occulte par la Sécurité Sociale.
Ils veulent continuer de se gaver du gâteau jusqu’à la dernière miette et tant pis si dans 5 ans il n’y aura plus la moindre PME ou le moindre indépendant pour payer les charges que les grands comptes ne paient pas.
» le MEDEF est un syndicat comme un autre = financement occulte par la Sécurité Sociale »
là est le problème principal jamais pointé du doigt. Ils se gavent , en particulier grâce à des postes d’administrateurs de centaines de caisses et organismes foireux.
Le jour ou ils seront payés uniquement par la cotisation des adhérents, alors peut-être prendront-ils mieux en compte les intérêts de ces derniers.
Au moins c’est clair , même si j’en doutais pas tous des foireux et autre profiteur du systeme
De toute façons je suis pour plus on augmentera le mammouth plus vite il explosera .
Ça sent la guillotine moi je dis, le bruit de la pierre à affuter me siffle dans les oreilles
« le MEDEF a finalement cédé aux pressions syndicales »
Le MEDEF EST un syndicat, et ces caisses monopolistiques sont un fromage pour lui comme pour ceux d’en face, et tout aussi mal gérées !
Aucun paradoxe pour qui veut ouvrir les yeux.
Les « défaites personnelles » et autres considérations de ce genre sont à ranger dans la catégorie des pantins qu’on agite au cirque pour que le public ne voie pas le changement de décor.
Les faits sont simples: on fait tout un tas d’arguties et promesses, de réunions et de conciliabules obligatoires pour au final:
1. ne pas traiter l’éléphant dans la pièce, à savoir le public
2. ne pas remettre en cause, et au contraire bonifier les particularismes syndicaux qui permettent à travers une mouvance jamais abordée (le nom de ce rapport déjà?) d’administrateurs toujours plus nombreux, de permanences, de financements et de pré-carrés (formation anyone?) de faire bien vivre ces gens dont l’apport en société est nul.
3. de soumettre le privé, et en particulier le privé hors grands groupes, à de nouvelles obligations (comme toujours sous couvert de démocratie, d’égalité et de simplification) facilitant l’écrémage par les détenteurs de monopoles (ou d’oligopoles) via l’état.
On veut sauver le système de retraite par répartition? Pour quoi faire? Pour socialiser l’addition et au final spolier quand même ceux qui recevront cette rente?
Il n’y a pas une mesure qui n’aille dans ce sens.
La notion de « représentativité » a vécue. Pourquoi n’en est-il pas tenu compte? Pourquoi imposer toujours des solutions qui permettent aux mêmes de s’arroger des positions d’écrêmeurs sans apporter la moindre plus valu si ce n’est leur existence? Quelle est cette manie d’imposer par exemple des choix par branche, par négociation paritaire? Que le marché fasse son effet.
Mais non, ce serait trop dur pour la coterie de ceux qui bénéficient de nos largesses par l’entregent de l’état.
Le MEDEF négocie au nom de qui? Il représente quoi? Les seuls emplois que ses membres créent, sont dus aux financements par la collectivité à peu de choses près.