Par Serge Federbusch.
« J’apaise la France », « Notre pays va mieux » : décidément François Hollande a une incommensurable capacité à nier les évidences. Puisqu’il est intelligent, du moins au sens énarchique et bureaucratique du terme, c’est-à-dire à la fois conformiste et manipulateur, il ne peut évidemment croire à cette fable. Tout son pari consiste donc à espérer que ses adversaires et l’immense cohorte des mécontents finiront par se lasser, accablés par sa bonhomie satisfaite et son mépris rigolard pour les critiques. Une guerre d’attrition en quelque sorte, un culbuto géant installé dans les jardins de l’Élysée.
C’est avec cette méthode qu’il gouverna jadis le parti socialiste et réussit les plus improbables synthèses, en reniant ses promesses et traficotant les résultats des congrès comme s’en plaignait alors Mélenchon. C’est comme cela aussi qu’il amena peu à peu la Corrèze au bord de la faillite.
Las ! La France n’est pas qu’une grande Corrèze, nonobstant l’ambition de ce chef de circonstance. Quand un foyer de mécontentement se calme, un autre démarre. Même les reporters du Monde et de Libération sont obligés d’entendre les huées qui accompagnent chaque déplacement de leur grand dispensateur de subventions. La Seine-Saint-Denis sous perfusion, sa population lui fait désormais un accueil digne des broncas autrefois réservées à Sarkozy.
Autre symbole indubitable d’apaisement, les avocats lillois ont eu droit à leurs premiers coups de matraque. Tout vient d’un malentendu. Jusqu’à présent, seuls les individus violents obtenaient gain de cause. Bonnets rouges, chauffeurs de taxis, paysans, salafistes, Roms : dès qu’un groupe se montre vraiment dangereux, le pouvoir recule. On l’a vu encore hier en Isère où des émeutiers ont eu droit aux gros yeux de Valls qui a beaucoup parlé de fermeté sans qu’aucune interpellation n’ait été faite. Aux Roms qui ont pris l’habitude d’obtenir des permissions de sortie dans les prisons en cassant des équipements publics, le parquet d’Albertville s’empresse de déclarer qu’il va examiner leur demande.
À Lille, la musique est différente. Ferme avec les bourgeois complexés et bien-élevés, comme au moment de la Manif pour tous, le gouvernement a dû considérer que les robins locaux n’oseraient pas se rebiffer et les a fait bousculer par les CRS. Mais ils ont résisté et leur rassemblement a dégénéré.
Là est la vraie menace pour Hollande : si les gentils et les propres-sur-eux finissent par s’énerver et comprendre que seule la force paie, il ne fera plus bon sortir dans la rue en étant membre du gouvernement.
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« il ne fera plus bon sortir dans la rue en étant membre du gouvernement. »
=> On peut rêver !
Si les avocats avaient brûlé quelques voitures, ils n’auraient pas eu droit aux coups de matraque.
S’ils sont malins, ils achètent des épaves, et c’est parti ❗
Chiche ❓
« Si le Prince le veut, l’ordre règnera dans la rue »
Mais le veut-il ? ou le peut-il encore après plus de trente ans de pusillanimité ?
Le criminologue Xavier Rauffer rappelait ainsi les bases du Droit:
Philosophie du droit, premier cours, première heure : la justice est la clé de voute de l’Etat de droit, policé et civilisé. Que cette justice défaille et, partout et toujours, pas d’exception à cette règle, la violence explose…
– Philosophie du droit, premier cours, deuxième heure : ou les lois sont respectées dans leur ensemble, ou l’échafaudage judiciaire s’effondre. Les citoyens prennent d’abord l’habitude de négliger les lois qui les dérangent – et enfin, n’en observent plus aucune. On savait ça déjà du temps de Platon, puis de Cicéron…
Tout cela est connu depuis Platon et Ciceron comme le dit l’auteur et les clercs du Moyen Age, conseillers des rois et des princes, qui les connaissaient le savaient aussi parfaitement.
L’Angleterre, épargnée par la Révolution Française et victorieuse d’elle, a conservé ces bases médiévales dans ses « Common Laws », lois fondamentales qui servent de socle aux législations modernes. La common law qui traite de l’Ordre Public et de la « Paix du Roi » et sur ce point très explicite:
» – en contrepartie de l’allégeance, de taxes, travaux et service militaire, le Souverain garantit au peuple un état de paix et de sécurité appelé « la Paix du Roi ». – toute interruption dans la paix et le bon ordre qui se doivent de prévaloir dans une société civilisée est un attentat contre la paix ».
Bonne police et bonne justice sont bien la clé de voute de la société, la condition de l’allégeance des citoyens à l’Etat. Leur amoindrissement signifie le retour à la féodalité et au Far West, la loi à l’ouest du Pecos.
« Dieu créa les hommes à son image, Samuel Colt les rendit égaux » dit l’adage fameux, allusion à son arme appelée le « Peace keeper », qui contribua à ramener l’état de droit.
Ne confondez pas roms et gitans par contre… En Isère, les roms n’ont rien à voir dans l’histoire.
C’est exactement la remarque que m’a faite un ami roumain.
c’est vrai que la confusion est toujours faite, alors qu’en réalité les » vrais » roms sont très peu nombreux.
En ville en particulier il ‘est pas rare de les confondre avec d’autres comme par exemple les albanais, et à la campagne avec la famille de Jean du Voyage
Quand il s’agit de réseaux de proxénètes ou de violence, en général on dit « Roumains »; pour éviter les fameux et regretables « amalgames »
C’est la chienlit n’en déplaise à Hollande. Comment nommer les choses quand la police bouscule physiquement des avocats et regarde sans intervenir des gens avec des cagoules qui brûlent des dizaines de voitures.
Il y a un gros problème d’autorité de l’Etat dans ce pays, qui peut également expliquer la montée de la catastrophe FN.
Si l’Etat recule face aux violences de rue, c’est inexorable, la situation dégénérera un de ces jours.
Alors oui, les Hollande et cie savent faire des lois liberticides, ils savent détruire l’école et l’économie, ils savent se montrer fermes face aux citoyens ordinaires, qu’ils tondent à coup de PV et d’impôts confiscatoires.
Par contre, lorsqu’il s’agit de faire respecter l’ordre, la sécurité et l’autorité, il n’y a plus personne…
Pitoyable……….
De toutes les manières, c’est là le véritable problème de la France: cela fait des années que nos dirigeants ne font plus dans le régalien, lui préférant le social, beaucoup plus rémunérateur en terme électoral. Qu’avons-nous à attendre d’un gouvernement qui alloue autant de budget à la culture qu’à la justice ?