Par Éric Verhaeghe.
L’histoire est bien amusante ! Jean-Luc Mélenchon s’est trouvé un point commun avec Adolf Hitler : son éditeur ! Fayard, qui a publié l’an dernier L’Ère du peuple, un énième opus de notre Komsomolsk, devrait publier en 2016 une traduction de Mein Kampf, l’essai qu’Adolf Hitler avait publié durant sa détention, après son coup d’État raté à Munich, en 1923. Mélenchon, qui apparemment trouve les génocides communistes beaucoup moins antipathiques que les génocides nazis, n’apprécie pas la plaisanterie.
Mélenchon voudrait censurer Fayard
Après avoir applaudi des deux mains les violences contre les cadres supérieurs d’Air France, Mélenchon s’est fendu d’une lettre ouverte à son éditeur, publiée sur son blog, pour lui demander de ne pas publier l’ouvrage qui tombe en 2016 dans le domaine public. Le titre de la lettre en dit long sur les modes de raisonnement de notre commissaire politique national : « Non ! Pas « Mein Kampf » quand il y a déjà Le Pen ! »
Le reste du courrier est à l’image de cette approche toute en nuance :
« Rééditer ce livre, c’est le rendre accessible à n’importe qui. Qui a besoin de le lire ? Quelle utilité à faire connaître davantage les délires criminels qu’il affiche ? Qui n’a été assez à l’école ou n’a jamais parlé avec les témoins des générations directement impliquées pour connaître et ressentir au plus profond de soi l’abomination du nazisme et des crimes d’Adolf Hitler annoncés dans Mein Kampf ? »
On mesure toute l’attention que Mélenchon porte aux sciences historiques : pas besoin de se référer aux sources et aux documents d’époque pour connaître l’histoire. Répéter les témoignages triés sur le volet, les doctrines officielles suffit largement à élever le citoyen. On ne le croyait pas, mais il reste un nostalgique de l’école selon Staline : il vit en France et devrait même se présenter à l’élection présidentielle.
Mélenchon et le sacré
Tout l’enjeu de la polémique consiste bien entendu à savoir s’il faut ou non dédiaboliser l’histoire du nazisme pour en faire un objet d’étude critique. Cette question n’est pas de nature différente de la loi Gayssot : est-il interdit d’étudier certaines périodes de l’Histoire en disposant d’une liberté scientifique pour remettre en cause les versions officielles ?
À cette question, on appréciera la réponse d’un chercheur du CNRS publiée par Libération.
« Il faut s’adresser à des lecteurs comme vous, Monsieur, pour les conduire à cesser de rejeter Hitler et Mein Kampf dans le pathologique et la démonologie, pour les conduire à penser en termes historiens et politiques, simplement. Il faut arrêter de croire que Mein Kampf nazifierait les égarés qui tomberaient dessus par accident. C’est un livre qui ne peut convaincre que des convertis. »
Démoniser Hitler ou l’étudier scientifiquement ? Telle est bien la question de notre époque, question que nous n’arrivons guère à dépasser.
La prose de Mélenchon sur le sujet nous montre en tout cas que le combat ne se livre pas entre une gauche de la raison et un nazisme de la folie. Il oppose un Mélenchon Savonarole qui veut purifier l’histoire et une représentation maladive du diable qu’il faudrait interdire. De ce point de vue, le Front de Gauche est beaucoup plus proche qu’il ne le croit d’une vision chrétienne intégriste du monde, à cette différence près que la Sainte Famille y a cédé la place au matérialisme historique.
Faire le deuil d’une époque
Pour l’Occident, l’étude historique du nazisme reste, on le voit avec la sur-réaction mélenchonienne, une étape psychologique difficile à franchir. Alors que personne ne s’offusque, par exemple, de voir l’État subventionner abondamment l’Humanité qui avait consacré sa une à la mort de Staline sous le titre suivant : « Deuil pour tous les peuples qui expriment dans le recueillement leur immense amour pour le grand Staline », éditer les « œuvres » de Hitler fait toujours débat.
Les amateurs de phénoménologie allemande, et notamment de Husserl, et de psychanalyse, y verront des signaux clairs sur la difficulté pour l’Europe de surmonter le traumatisme nazi. La question qui est en suspens consiste bien entendu à savoir, derrière ces censures imposées par nos surmoi collectifs, quels bénéfices secondaires nous retirons collectivement de ces interdits et de ces tabous.
Paradoxalement, il faut saluer la décision prise par Fayard de publier Mein Kampf : près de cent ans après la publication de l’édition originale, l’Occident peut se poser la question de son rapport mal dépassé à une phase de l’histoire qui continue à nous hanter. Ce n’est rien d’autre qu’un travail de deuil qui nous est proposé.
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un seul point commun ?
Les deux sont socialistes et crient fortement en gesticulant du poing lorsqu’ils s’expriment.
Pour faire plus fort. Une seule différence. L’un porte une moustache, l’autre pas.
Mais parfois, on fait plus fort et ça tombe à coté…
Raté !!!!
J’ai déjà lu la version en allemand … ;D)
Peut être que Melenchon a peur qu’on constate qu’il partage beaucoup des idées présentes dans Mein Kampf
Exhorter les communistes à organiser des exterminations de masse était à l’ordre du jour des livres de Marx.
Ah, c’est bien, et quelle page ?
http://communism-explained.blogspot.be/2010/05/did-marx-call-for-extermination-of.html
https://en.wikipedia.org/wiki/On_the_Jewish_Question
« De ce point de vue, le Front de Gauche est beaucoup plus proche qu’il ne le croit d’une vision chrétienne intégriste du monde… »
J’aurais plutôt dit que le Front Gauche est beaucoup plus proche d’une vision puritaine protestante, dans l’obsession maladive de voir le mal et le diable partout.
Mais cette énième attaque allusive contre une religion déjà semi-comateuse aurait pu être mieux dirigée, tout simplement en disant que communisme et nazisme sont bien plus proches qu’ils ne veulent le laisser dire…
Et j’aurais dit à Méchancon que s’il faut empêcher l’édition et la lecture de Mein Kampf, alors il faut faire la même chose avec Das Kapital, ainsi que tout ce que Lénine, Trotski, Staline, Mao (etc) ont dit et écrit. Après tout, le communisme n’a rien à envier au nazisme concernant le degré de tyrannie, le nombre de tués et d’horreurs perpétrés par ces régimes.
Oui c’est un cheveux étonnamment parachuté sur la soupe, on sent que l’auteur a dans son exaltation voulu taper sur un autre truc qu’il n’aime pas.
Oh, merci de cette précision dans le débat. On jette tout l’eau du bain, la baignoire, le robinet…
Et puis comme ça le capitalisme devient l’horizon indépassable du genre humain, et tant pis si ce système détruit tout, du moment qu’on est dans sa petite forteresse européenne ! Non c’est sûr vaut mieux faire dans le raccourci de pensée.
C’est vrai que vous, question raccourcis, vous en connaissez un rayon.
Marianne: A part vous offusquer et faire passer votre mépris pour un argument, vous avez quelque chose à dire?
Le simple fait qu’il compare Hitler et lepen prouve que justement il ferai bien de le lire…
d’ailleurs un témoignage direct reste toujours bien plus parlant d’où l’importance de la rééditions.
la censure à de belles heures à gauche…
Mélenchon glisse sans cesse ; où finira t-il par s’arrêter, sinon dans un égout ?
Glissant d’un PS dévoyé de justes aspirations prolétariennes vers un gauche populiste. De celle-ci vers une forme d’appel à la dictature (qui n’est pas encore clairement apparue aux yeux des abscons qui le soutiennent) ?
Probablement Mélencon (avec un H superfétatoire) a-t-il relu Lénine & Co avant de postillonner son dernier fiel. Crachats vers …l’abject de la réimpression de Mein Kampf (l’un faisant de l’ombre au premier cité ?)… puis une seconde fois vers l’extrême concurrent. Faut-il croire que ceci lui ravit une fraction d’un électorat étroit entre les temples ?
Mélanchon est probablement un chrétien intégriste qui s’ignore, pour lui aussi le repos dominical est de mise…
Sans parler des subventions au « Figaro » proprement mirobolantes !
Surtout pour un ancien canard collaborationniste et pro-hitlérien à l’époque !
Pour information, aides à la presse 2014 :
« Comme en 2013, c’est Le Figaro qui a touché le plus d’aides, avec 15 millions d’euros d’aides totales. Aujourd’hui en France, avec 14M€ d’aides totales, remonte d’une place à la deuxième position, devant Le Monde (13M€)  » – On se pince !
Le Fig touche effectivement d’importantes subventions payées avec notre argent. Mais dire que c’est le journal qui touche le plus d’aides est un mensonge, puisque c’est bel et bien l’Humanité qui est au 1er rang, quand on compte TOUTES les aides, effacements de dettes comprises.
« Surtout pour un ancien canard collaborationniste et pro-hitlérien à l’époque ! »
Ahem! Libération, grand admirateur de Mao, de Staline, publiant des articles pro-pédophilie, et récemment, un article qui n’hésitait pas à dire que tout homme devrait se faire sodomiser au moins une fois dans leur vie (source: http://next.liberation.fr/sexe/2013/08/28/chaque-homme-devrait-se-faire-penetrer-au-moins-une-fois-dans-sa-vie_927641 )
Mais peu importe, ni les journaux de droite, ni ceux de gauche ne valent mieux les uns que les autres. Ils palpent tous des subventions qui sont inacceptables, et qui devraient être interdites dans un pays qui se prétend démocratique.
Après le problème, c’est la vitalité de la vie pluraliste des médias qui est en jeu. Il ne reste plus que les marchands de canon et leur canards à la fin, une seule voix – oui, le problème si il n’y a plus d’aides à la presse, il ne reste plus qu’une seule presse conservatrice qui a les moyens de sa propagande.
Ce qui n’est pas normal, c’est que notre argent renfloue des journaux appartenant déjà à des milliardaires pour la plupart. Sans compter les journaux  » télé  » qui touchent des subventions à l’heure d’internet. C’est vraiment n’importe quoi.
Il faudrait une instance plus démocratique, avec de nouveaux critères pour obtenir telle ou telle aide.
S’il n’y a que la presse conservatrice qui est lue et rentable, cela n’est-il pas le résultat du choix des lecteurs? En admettant que ce que vous dites soit fondé, qui force les gens à lire cette presse plutôt qu’une autre? Réponse: personne, c’est leur liberté.
Et donc, en parfait démocrate que vous êtes, vous voulez qu’on prenne de l’argent aux contribuables pour le donner à des journaux qui ne sont pas lus, et dont toujours plus de lecteurs se détournent? Non, ce qui n’est pas normal, c’est que l’état subventionne des médias qui sont supposés être un contre-pouvoir. C’est au lecteur de choisir quel journal mérite son intérêt, et quel journal représente pour lui un contre-pouvoir.
Et quel rapport entre le fait qu’un journal soit subventionné et le fait qu’il appartienne à un « miyardaire »? Vous croyez que l’argent dont disposent ces journaux, c’est l’argent personnel des milliardaires?
C’est ça votre compréhension de l’entreprise, du capitalisme, et de la liberté? Va falloir lire autre chose que « Le Capital », ou que les manuels d’économie du lycée…
Petite erreur: l Huma est la plus subventionnée par exemplaire.
Oui, j’ai fait un raccourci, mais cela ne signifie t’il pas que proportionnellement, c’est bien le journal le plus subventionné?
Pour un truc trouvable en un clic sur le web, c’est vraiment une polémique à la con !
Peut être a t’il peur que les gens y voient la proximité idéologique avec les communistes …
Il représente rien et représentera plus rien, qu’on le laisse avec ces idées du 20eme, il va s’étouffer tous seul au grand soir de la libération par le numérique des peuples.
Il n’ont aucune notion avec ces camarades pantoufles du malheurs de la population mondiale a part ce regarder le nombril et chercher à touché toute les aides possible et inimaginable , c’est la seule chose qui les intéresse.
Adieu Mr Mélenchon.