Par Alan Akakpo et Mahamadou Camara
Une nouvelle étude menée par les analystes d’IMANI Francophone peint une image très négative de la vie démocratique des pays de l’Afrique de l’ouest francophones avec comme tendance majeure la prolifération des formations politiques « inutiles ».
Pistes de solutions pour endiguer la plaisanterie démocratique en Afrique de l’ouest francophone
Cela va faire plus de deux décennies que l’Afrique de l’ouest francophone offre le théâtre d’une prolifération équivoque de partis politiques. Le phénomène est souvent couplé avec celui d’un réel vagabondage politique dont les coupables se retrouvent acteurs au sein de plusieurs partis politiques qu’ils créent suite à des désaccords avec leurs anciens collaborateurs. Le système multipartiste facilitant la création de ces partis politiques est mal ficelé et favorise immanquablement la discorde sociale dans ces pays.
La vaste plaisanterie démocratique orchestrée est caractérisée par des nombres élevés de partis politiques et des candidats qui semblent confondre les élections présidentielles et les élections d’association de quartier. Ces dernières années, l’on pouvait dénombrer entre 14 à 28 candidatures aux élections présidentielles dans ces différents pays dont la moyenne d’électeurs est de 5 millions pour des populations de 6 à 22 millions.
Un système en remplace un autre
La plupart des États francophones ont répondu à l’injonction de l’Occident en adoptant des modèles démocratiques dans les années 1990. Le renouveau politique devait opposer le multipartisme et les alternances politiques aux régimes de partis uniques et d’autoritarisme militaire en vogue à l’époque. La littérature contemporaine abonde de références qui soulignent le contexte ethnocentrique et régionaliste qui régente précisément l’élection des dirigeants Ouest Africains à la tête de leurs pays.
La comédie démocratique et la polarisation des divisions ethniques
Assurément, le multipartisme intégral a tout son sens dans la gestion politique d’un État démocratique. Il permet de donner la possibilité à tous les citoyens de pouvoir briguer à la magistrature suprême en toute égalité de chance. Toutefois, il devient inadapté dans un contexte où il est pratiquement illusoire pour des ressortissants de minorités ethniques de rêver du fauteuil présidentiel. Il apparait évident que des camps ad hoc de rassemblements régionalistes ne garantissent aucune pérennité ni assise des regroupements politiques dans ces pays sur le long terme.
Assurément, le multipartisme intégral a tout son sens dans la gestion politique d’un État démocratique. Il permet de donner la possibilité à tous les citoyens de pouvoir briguer à la magistrature suprême en toute égalité de chance.
Il existe une similarité frappante entre les partis de l’opposition en Afrique francophone occidentale. Que ce soit en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Mali, au Sénégal, au Niger et en Guinée Conakry, les partis politiques sont passés maîtres dans l’organisation de véritables calembours déguisés en alliances politiques. Celles-ci se font et se défont au gré des enjeux électoraux, juste avant leur précipitation mécanique dans une dislocation plus ou moins parfaite.
Mieux, le Togo et le Burkina Faso s’ajoutent aux autres pays francophones de l’Afrique de l’ouest lorsqu’il s’agit des plaintes des partis de l’opposition, victimes constantes des manipulations visant la scission au sein de leurs formations politiques.
Améliorer les mécanismes représentatifs
La solution à l’instrumentalisation des questions ethniques pour accéder au pouvoir se trouve dans des alternatives qui auront pour but de transfigurer les systèmes traditionnels de distraction nationale des citoyens dans leur choix de leaders. Il s’agira de mettre en place des systèmes qui reconnecteront les partis politiques avec leur mission primaire ; celle de constituer des vecteurs d’idéologies axées sur la résolution de problèmes de développement dans un monde bloqué par la complexité d’idéaux socio-politiques et économiques.
L’élection des leaders africains devra répondre à des critères moins catégoriques que la région ou l’ethnie d’appartenance. Des réformes qui conduiront à la création de grandes formations politiques afin d’endiguer les effets pervers du régionalisme, de l’ethnocentrisme et de la division de leurs peuples sont devenues indispensables.
Les outils tels que l’augmentation du montant des cautions de candidatures, l’imposition d’un nombre important de signature de soutien aux candidatures, le régime de multipartisme limité, les accords d’alternance entre régions dans les partis politiques et au pouvoir (etc.) existent pour améliorer la cohésion nationale.
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Bien franchement, qui a dit que la démocratie était la panacée universelle, surtout dans des pays où l’appartenance tribale est prédominante, et où beaucoup d’électeurs sont illettrés ?
La démocratie dans ce cas, est une belle idée théorique, mais une escroquerie ou un drame dans la pratique.
Mieux vaudrait que chacun vote pour son chef tribal, et que le gouvernement s’exerce par un genre de « conseil » les regroupant.
Là, les gens seraient apaisés, et les gouvernements feraient sans doute un travail équilibré et intéressant.
Pourquoi vouloir imposer à l’Afrique un système qui n’est pas si brillant chez nous, et totalement
hors de la logique africaine.
Avant de réformer des pays apprenons à les connaître et aimons-les pour ce qu’ils sont !
Entièrement d’accord. Le refus de reconnaître les différences entre les hommes, au nom d’un antiracisme de pacotille, fait que nous avons imposé à l’Afrique des modèles qui ne lui sont pas adaptés. Nous l’avons fait avec ignorance et suffisance, comme des jardiniers fous voulant greffer des prunes sur un palmier et noyant ensuite le porte-greffe sous les engrais. Nous avons voulu européaniser les Africains, ce qui est un génocide culturel. Il s’est même trouvé un nabot pour leur conter qu’ils n’étaient « pas rentrés dans l’Histoire » !
De quel droit pouvons-nous en effet leur imposer de cesser d’être ce qu’ils sont, pour les sommer d’adopter nos impératifs moraux et comportementaux ? Nous avons enterré l’Afrique sous des prétextes moraux « droit-de-l’hommistes » qui cachent en réalité la volonté de poursuivre la relation de dépendance économique datant de l’ère coloniale.