La campagne des régionales ne fait pas recette

Comment interpréter le silence (relatif) autour du scrutin qui se déroulera à moins de quinze jours maintenant ?

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Marine Le Pen à Sciences Po en 2012 (Crédits Rémi Noyon licence Creative Commons)

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La campagne des régionales ne fait pas recette

Publié le 5 novembre 2015
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Par Jacques Garello.

Marine Le Pen à Sciences Po en 2012 (Crédits Rémi Noyon licence Creative Commons)
Marine Le Pen à Sciences Po en 2012 (Crédits Rémi Noyon licence Creative Commons)

Certes, il y a eu l’affaire Pujadas, « Des paroles et des actes », l’émission de France 2 : Marine Le Pen s’est fâchée et à la dernière minute a refusé de participer à cette « mascarade ». De fait, elle n’a été prévenue elle-même qu’à quelques heures de l’émission des corrections de trajectoire exigées par le CSA, sous la pression conjointe de Sarkozy et Cambadélis : il fallait organiser un débat contradictoire et inviter les adversaires de Marine Le Pen dans sa région.

Mais l’actualité a été plutôt faite de la Coupe du Monde de Rugby, de l’enfantement de la COP 21 dans la douleur et surtout, malheureusement, de la catastrophe de Puisseguin.

Comment interpréter le silence (relatif) autour du scrutin qui se déroulera à moins de quinze jours maintenant ? Certains pensent que les jeux sont faits et affichent les résultats : la gauche ne survivrait que dans trois régions (Bretagne, Aquitaine Poitou-Charentes Limousin et peut-être Languedoc Roussillon Midi Pyrénées) la droite raflant le reste, sauf Nord-Pas-de-Calais Picardie, fief de Marine, et PACA où Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen seront au coude à coude.

En fait, le scrutin prendra toute sa dimension et mobilisera peut-être l’électorat au soir du 6 décembre. On sait que, pour les régionales, peuvent se maintenir toutes les listes ayant atteint 10 % au premier tour. Même diminués, les socialistes atteindront le plancher, mais avec des triangulaires, ou éventuellement des quadrangulaires, le Front National pourrait rafler la mise au second tour. Les socialistes prendront-ils le risque ? Ce serait surprenant, d’autant plus que le scrutin donnera la maîtrise totale de l’Assemblée Régionale à la liste arrivée en tête au second tour. Dans ces conditions, il est suicidaire de chercher à grappiller quelques sièges. Le raisonnement vaut aussi pour la droite, mais elle est moins éclatée que la gauche et pourra prétendre battre le Front, même dans des triangulaires.

Ainsi, l’hypothèse la plus plausible est-elle celle où l’un des grands battus du premier tour se retire. Mais à quelles conditions ?

Le schéma classique est celui du Front Républicain : candidats de gauche ou de droite se retirent en faveur de celui des deux le mieux placé au premier tour. C’est ce qui s’est produit à maintes occasions dans le passé, les socialistes pourraient ainsi sauver une région de plus et, de son côté, la droite l’emporterait dans deux régions de plus. Mais, à ce jour, les états-majors des deux camps ont rejeté la formule et refusent de répondre aux journalistes sur la question. Vont-ils changer dans les prochains jours ?

Un autre schéma est celui des fusions. Mais quelles fusions ? Nous avons évoqué le grand rassemblement à gauche, souhaité par les participants au referendum de Pierre Moscovici. C’est là-dessus que comptent les socialistes, offrant quelques strapontins à leurs alliés. Mais d’une part la fusion n’est pas évidente (pourquoi n’est-elle pas intervenue au premier tour ?), d’autre part, les électeurs ne suivront peut-être pas les combinaisons de partis.

Reste une ultime hypothèse : fusion entre droite et gauche, une Union nationale pour faire barrage au Front National. L’arithmétique de cette fusion sera difficile : se fera-t-elle en fonction des résultats du premier tour ? Là encore 2 gauches + 2 droites ne donnent pas nécessairement 4 élus, les électeurs de droite pouvant à tout prendre préférer le FN au PS, et les électeurs de gauche se refusant à voter pour une liste comprenant des candidats de droite.

Ce jeu de chaises musicales peut être amusant et nous n’avons pas échappé à la tentation de nous y livrer. Mais il en découle que, contrairement à ce qui est annoncé, les cartes ne sont pas définitivement données. D’autant plus que le nombre des abstentionnistes au premier tour serait, d’après un sondage effectué par Opinionway, de 55 % (il a été de 53 % en 2010). Que feront-ils au deuxième tour ? Et quid dans les régions où ce seront les électeurs du FN qui pourraient arbitrer au second tour entre droite et gauche (Ile de France et Auvergne Rhône Alpes par exemple) ?

Ainsi se trouve confirmée l’opinion que nous avons déjà avancée sur ces régionales : un scrutin opaque pour des électeurs qui ne savent même pas ce que sera la vie de la région et rejettent (un Français sur deux) le charcutage actuel, un scrutin où un tiers des Français manifestera son mécontentement et où une moitié ira à la pèche. Un scrutin par défaut.

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  • ils ne pensent donc qu’ à ça ; garder le pouvoir pour le ps , récupérer un peu de ce pouvoir , pour la droite et faire barrage au fn pour les  » 2 grands parti de france  » ; mouais ….et le citoyen dans tout ça ?

    • Le citoyen, il vote pour n’importe qui puisque de toute façon, c’est égal. Les candidats en lice sont tous d’accord pour mettre en oeuvre la même politique, la même pensée inique. Il n’y aurait qu’un parti et un candidat unique que cela reviendrait strictement au même. Ou alors, il ne vote pas, puisque c’est la seule option qui lui reste pour exprimer un véritable choix. Après, il ferme sa g… pendant quelques années, en n’oubliant pas de faire son virement annuel aux usurpateurs (qui ne vivent pas quand même pas que d’élections et d’eau fraîche). Ou alors, il choisit l’exil intérieur ou l’exil extérieur.

  • Pour les Régionales de Décembre 2015, je ais faire come les soldats russes de 1917 qui , dixit Lénine , votaient avec leur pieds , je vais aller à la pêche …

  • Deux remarques sur cet article, malgré la qualité de de l’auteur:
    – ce scrutin n’est pas à moins de quinze jours, mais aujourd’hui à plus d’un mois encore… formellement. Certes le dépôt des listes (6 novembre) et ce scrutin alambiqué restreignent les hypothèses.
    – « le scrutin donnera la maîtrise totale de l’Assemblée Régionale à la liste arrivée en tête au second tour » cela dépend en fait du nombre de listes présentes au second tour (certes tout est fait pour qu’il n’y en ait que deux ou trois… dès le départ). À quatre par exemple, la liste en tête avec 26 % des voix, n’aurait que 44 % des sièges, si je ne me trompe… donc à la merci d’une coalition adverse.
    Ce scrutin n’est que prétendument proportionnel (comme les municipales), sinon il ne comporterait qu’un tour et se dispenserait de seuils d’élimination et de fusion. C’est un mécanisme tortueux au profit des seules « grandes enseignes » de la politique professionnelle.
    N’insistons pas sur la grotesque exigence d’alternance sexuelle dans chaque section départementale…

  • Pour moi, c’est simple, je ne choisirai pas entre la peste et le choléra. Toute liste qui contient un seul socialiste est définitivement exclue : on ne peut se faire élire sur la base d’un dénigrement mensonger de l’autre et faire croire que l’on a un programme qui en fait n’était qu’une litanie de promesses intenables, basée sur une justice, dite sociale, qui ne profite qu’aux électeurs de son propre camp. Une très simple analyse de la dégradation de la situation le démontre immédiatement. Pour le choléra, le programme économique proposé se rapproche de celui de l’extrême gauche. J’exclus les socialistes, je ne vais pas accepter des marxistes, étatiques convaincu. Mais j’irai voter, car il me reste le vote blanc. Cela peut permettre, même si c’est mineur, que les heureux bénéficiaires des postes à pourvoir ne puissent se draper dans une légitimité qu’ils s’empressent d’afficher alors qu’ils n’ont pas obtenu la majorité des suffrages exprimés…

    • Le vote blanc est un vote actif pour le gagnant.
      Il augmente artificiellement la participation et n’influe pas sur la répartition des sièges.

      Les élus se gobergeront toujours d’être légitimes, même avec une participation ridicule, même sous les 10%, ça leur suffit (or les seuls militants et profiteurs suffisent à atteindre cette barre), tout ce qui est au-dessus les renforce.

      Les seuls votes de protestation (un peu) efficaces sont :
      – Voter pour la liste outsider, dans l’espoir de la faire gagner. Qu’on l’aime ou pas, on veut juste dégommer ceux en place. C’est évidemment le FN en ce moment qui est le N°3.
      – Le vote nul avec message violent explicite, genre un montage photo d’une guillotine avec le politicien le plus haï sous le couperet.

      Faut arrêter d’être gentil et croire que ça va les faire bouger. Faut passer un cran au-dessus, voire plusieurs.

  • Le PS va encore se prendre un branlée et s’en tirera en disant que c’est une élection locale et que donc la politique de Flambouille Morte couille n’est pas sanctionnée par veautants. Ils diront avoir entendu le message, que la politique mise en place n’était pas assez à gauche et tout continuera comme avant.

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