Par le Parisien libéral.
Pourquoi est-ce si compliqué de saisir les enjeux liés aux élections régionales ? Il y a plusieurs raisons : on ne sait pas ce que font les régions, comment elles le financent, et qui sont les élus régionaux.
Commençons par le budget des régions. En ce qui concerne l’Ile de France1, il s’élevait, pour 2015, à presque 5 milliards d’euros (donc moins que celui de la Ville de Paris, mais deux fois plus que l’aide publique au développement. L’essentiel des dépenses, ce sont les transports (faire rouler des trains et RER) et l’éducation & apprentissage.
Notons le montant astronomique dépensé, en ÃŽle-de-France, en « développement économique, innovation, tourisme », comme si, avec la Défense, la Tour Eiffel, AirBnB, Eurodisney ou le Château de Versailles, il était nécessaire de dépenser de l’argent public pour faire venir des touristes ou des entreprises dans la région.
- Transports : 1,803 milliard d’euros
- Lycées :  704 millions d’euros, hors rémunération des agents des lycées
- Développement économique, innovation, tourisme : 229,64 millions d’euros
- Apprentissage, formation professionnelle, emploi : 689,7 millions d’euros
- Enseignement supérieur, recherche : 129,16 millions
- Logement 163,377 millions d’euros
- Environnement : 153,58 millions d’euros
- Politique de la ville et renouvellement urbain : 45,3 millions d’euros
- Sécurité : 14,3 millions d’euros
- Culture : 99,8 millions d’euros
Là où ça se complique, c’est qu’il n’y a pas directement un impôt régional pour financer tout cela. À la différence de nos voisins allemands, où les Landers perçoivent directement une petite partie des taxes prélevées auprès des contribuables, ici, en France, l’intégralité des ressources, en dehors des cartes grises, provient des dotations de l’État, du reversement par l’État de recettes fiscales nationales et d’emprunt.
Autrement dit, les régions n’ont pas d’autonomie.
En outre, les élus régionaux sont mal connus. On aurait presque tendance à dire qu’ils se cachent. Normal, étant donné qu’ils cumulent presque tous, d’Anne Hidalgo, maire de Paris, à Valérie Pécresse, députée des Yvelines. Est-ce que cela empêche de faire un travail correct ? Pas forcément, puisqu’on aurait tendance à dire que gérer les affaires de la région et celles de sa ville francilienne pourrait sembler complémentaire.
Mais, dans ce cas, on se demande alors pourquoi on ajoute un échelon supplémentaire au mille feuille administratif entre les 2700 communes d’Île-de-France (oui, 2700 !), les départements et la région.
Vous avez entendu parler de la Métropole du Grand Paris, qui arrive en janvier prochain. À quoi servira cette intercommunalité ? Mystère, surtout quand on la compare au Greater London, comme l’a récemment fait Aurélien Véron dans un débat public.
Puisque les candidats aux régionales, faute de levier sur les recettes, ne peuvent pas vraiment discuter du fond, ils auraient au moins pu s’emparer des débats de périmètre, d’autant plus que les régions ont récemment changé.
Mais même là , c’est silence-radio. Pourtant, il y aurait eu des choses à dire sur le fait que l’Oise ne rejoint pas l’Ile-de-France ou que la Loire Atlantique demeure en dehors de la Bretagne.
Quelle logique aux nouvelles régions ? Pas historique, en tout cas |
Mais tout comme Lucette a été briefée par l’Élysée avant d’être interviewée par Hollande, peut-être y a-t-il eu des consignes pour ne pas parler d’autre chose que du seul sujet qui intéresse Valls : lutter, ou faire monter, on ne sait plus, le Front National !
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- Région ÃŽle-de-France Budget  2015. ↩
C’est donc tout à fat normal que les « Français » se désintéressent des régions: on voit bien que tout est décidé au niveau central de l’état qui veut garder la main-mise sur tout et dont les élus, aussi peu connus que les députés européens, et pour qui , le jour venu du non-cumul des fonctions politiques (comme cela se fait de plus en plus, ailleurs mais pas en France!), le choix de la fonction régionale qui éloigne de Paris et de l’échelle ascendante, serait la première abandonnée!
Sans même, évidemment, se rendre compte que la « Région » devient l’unité territoriale de l’avenir européen, qui sera leur ensemble économique dans la compétition de la mondialisation.
On peut refuser cette logique, mais c’est celle qui s’installe doucement et inexorablement et le souverainisme français n’y pourra rien changer.
En fait, votre président a un pouvoir en peau de chagrin: son importance ne fait que diminuer et pourtant tous les Français défendront, dans ce cas-là , leur point de vue après avoir suivi les débats télévisés: c’est paradoxal.
Pourquoi avoir quitter (sauvagement) la monarchie quand tous les monarques européens démocratiques sont, eux, bien plus les monarques asexués politiquement, à la tête honorifique mais sérieusement symbolique et représentative, de leur pays respectif?