Changeons notre regard sur le monde

Notre vision des choses doit changer, s’élargir au fur et à mesure que le monde rétrécit.

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Changeons notre regard sur le monde

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 novembre 2015
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Par Farhat Othman

Mondialisation - Immigration (Public Domain)
Mondialisation – Immigration (Public Domain)

 

Les ignobles attentats de Paris viennent de nouveau dire, s’il en était besoin, qu’il n’existe nulle totale sécurité, le risque zéro étant une illusion.

Mieux, en ces temps d’aggravation des divisions entre minorités de pays riches, anciens seigneurs saigneurs du monde, et une majorité de pays pauvres, aucune frontière, même hermétiquement fermée, ne peut assurer la paix à l’intérieur de son territoire ainsi sanctuarisé supposé garantir la paix quand on le transforme juste en cible idéale aux exclus, les damnés terroristes des damnés de la terre.

L’horreur dans les rues de Paris et de Saint-Denis doit inciter les responsables français et européens à un peu plus d’humilité pour reconnaître la part de responsabilité des politiques occidentales dans l’état actuel de chaos mondial.

Un immeuble planétaire

Car le monde est devenu bien mieux qu’un village, un immeuble planétaire. Il est certes constellé de tribus postmodernes, mais elles sont désormais privées d’espaces larges, étant confinées dans un espace réduit qui exaspère leurs velléités libertaires en limitant leurs élans de liberté.

Comparable à un immeuble, même s’il est planétaire, le monde ne diffère plus du bâtiment connu. Oublions sa taille qui ne modifie en rien à l’essentiel, la saine gestion de l’immeuble composé d’étages, d’appartements, de sous-sols, de parking et de caves. Une telle parabole de l’immeuble planétaire impose que la vision des choses doive changer, s’élargir au fur et à mesure du rétrécissement du monde.

Or, à jouer comme on n’arrête de le faire à attiser les feux dans ce monde livré aux démons des idéologies sanglantes, tout autant religieuses que profanes, Dieu et Mammon, on ne peut que voir l’incendie se propager partout dans l’immeuble, y compris chez soi.

Le monde ancien où l’Occident dictait impunément sa loi n’existe plus ; ce qui impose d’arrêter les vaines politiques de gribouille toujours menées au nom de concepts périmés. Nous en avons eu une illustration avec le dernier sommet à Malte de l’Europe avec l’Afrique où l’on persiste à ignorer le vrai problème de la crise migratoire qui n’est pas l’immigration clandestine, mais la frontière et le visa qui créent le clandestin.

La société civile des pays d’Afrique a dénoncé ce sommet dont elle a été d’ailleurs mise à l’écart, confirmant que la coopération entre le Nord et le Sud ne peut plus et ne doit plus rester « eurocentrée », juste préoccupée par les expulsions et la contribution des pays du Sud au combat de la migration dite irrégulière.

Ouvrir les frontières sous visa biométrique de circulation

Au lieu d’envisager l’inéluctable ouverture des frontières avec l’instauration d’un régime de liberté de mouvement sous visa biométrique de circulation, l’Europe dilapide des sommes faramineuses à bétonner des frontières qui demeureront poreuses.

On le voit bien, l’entêtement sécuritaire européen est incapable à protéger les pays d’Europe et ne fait qu’augmenter les menaces, renforçant les aventuriers dans leur croisade de haine, trouvant dans l’arrogance de l’Europe et son insensibilité à la misère du monde des arguments supplémentaires pour attirer encore plus de munitions humaines.

Pourtant, de toute l’histoire de l’humanité, jamais les migrations humaines n’ont été une menace à la paix, ayant au contraire toujours contribué à soutenir la croissance et la prospérité du Nord, et ce même au détriment de celle des pays d’origine.

Il est temps que l’Union Européenne revoie donc sa dogmatique migratoire à l’occasion de l’élaboration de sa Nouvelle Politique de Voisinage afin d’arrêter d’endeuiller le monde par son actuelle politique porteuse de désastres au lieu d’agir pour un monde d’humanité : une mondianité.
Il est temps de décréter une mobilisation générale pour cette mondianité ! Que l’on stoppe donc les politiques de ségrégation que symbolise la fermeture des frontières. Elles ne mettent nullement en sécurité, mais aggravent les divisions et augmentent les haines, alimentant les terrorismes que n’arrête nulle frontière.

Pour une pensée globale du monde

Dans son dernier livre paru en septembre dernier, Edgar Morin note que la définition de l’humain est trinitaire : elle comporte à la fois l’individu, la société humaine et l’espèce biologique.

Cette multiplicité unitaire ou unité multiple qui fait sa richesse est paradoxalement ignorée à force d’être dramatiquement disjointe. Dans l’éducation, par exemple, nulle discipline n’enseigne la complexité humaine alors que, plus que jamais, il est urgent de penser l’humain dans sa globalité.
La passionnante vision globale de Morin, prolongement de sa pensée complexe, considère l’humain dans sa globalité sous l’angle de l’univers physique, puis celui de l’évolution biologique et dans l’histoire, la mondialisation et l’avenir de l’humanité. Elle commande de répudier la binarité de la pensée actuelle, pensée unique même puisqu’on n’apprend qu’à réduire tout à l’un, la fameuse reductio ad unum d’Auguste Comte, pensant « ou bien » quand il importe et qu’il est parfaitement possible de penser « et ». C’est en quelque sorte le « je est un autre » rimbaldien devenant « je et un autre ».

Critiquant le modèle obsolète de l’économie mondialisée, Morin affirme à juste titre que l’épuisement des ressources de la planète commande de ne plus se concentrer sur la question classique de la croissance opposée à la décroissance parce qu’on ne peut disjoindre les deux, une croissance ne pouvant être scindée d’une décroissance en cycles alternés ou simultanés. C’est d’une synthèse des deux que la bonne pratique politique et économique doit relever. On se doit toujours de considérer le tout et la partie, ne pas écarter l’incertitude, évitant ainsi une rationalité stérile, le dogmatisme ou dogmatisation d’une vérité unique se voulant totale.

Pour Morin comme pour le monde déboussolé, il est plus que temps de sortir de cet âge de fer planétaire, préhistoire de l’esprit humain. L’histoire ne commencera que lorsqu’on prendra compte de ce qui fait le monde, cette évidence humanitaire qu’est le fondement de l’univers humain, pour en faire son monde, une mondianité.

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  • Vision un peu simpliste et presque neo communiste du monde. Briser les portes et les frontieres est un beau reve, mais a moins d’un totalitarisme mondial sanglant (on y arrive doucement cependant), ca ne marchera pas.
    Si la responsabilite occidentale des etats apprentis sorciers dans le chaos du moyen orient est claire, la richesse de l’Europe n’est pas un bien commun que l’homme se doit de partager. La vision globalisee de la lutte des classes internationales ne justifiera jamais ces attentats. Il faut se poser la question: »Et ensuite ? » lorsque les societes Europeennes se seront effondrees, il restera quoi pour les les plus pauvres ? Partageons les richesses futures (education, aide au developpement, maitrise de la demographie) au lieu de partager la misere future et les richesses presentes.
    La repentance a l’envi ne changera rien au probleme. Il faut laisser le passe ou il est et avancer (nous n’allons pas chercher des dedommagements pour les pertes considerables en vies humaines lors de la course Mediterraneenne). Il faut donner aux populations l’envie de l’avenir, et pas la jalousie d’un pretendu magot europeen.

    • « la richesse de l’Europe n’est pas un bien commun que l’homme se doit de partager. »

      @A-L : D’accord avec vous. Mais l’article insinue-t-il le contraire ? Si oui, citez-nous le passage svp.

      C’est très bien de s’opposer aux communistes, mais c’est encore mieux de ne pas tomber dans leur piège en faisant l’erreur de croire que s’opposer aux frontières étatiques (comme le fait l’article) implique forcément de s’opposer à la propriété privée (et donc implique forcément d’être forcé à « partager la richesse de l’Europe »)

      En réalité : on peut être à la fois CONTRE les frontières et POUR le droit des « européens » de refuser d’accueillir chez eux, sur leur propriété ou copropriété, des « non-européens » qu’ils jugent indésirables. Autrement dit : on peut être à la fois CONTRE les frontières et CONTRE le « partage de la richesse de l’Europe ».

      Croire qu’il est nécessaire d’être favorable aux frontières pour que soit respecter la propriété privée revient à faire les mêmes erreurs de raisonnement que les communistes.

      • la propriété privée a aussi une frontière, elle s’appelle limite cadastrale. le propriétaire d’un immeuble a le droit de fermer sa limite cadastrale, il a le droit de construire une barrière, qu’il ouvre ou qu’il ferme comme il l’entend, ça s’appelle une porte. il peut renforcer sa limite cadastrale avec un digicode, un visiophone, il peut en contrôler les entrées et les sorties

      • Effectivement ma reponse a ete un peu rapide, mais laissez moi expliquer mon raisonnement et ma comparaison.

        Lorsqu’on ouvre des frontieres et qu’on accepte l’installation de populations pauvres, on ne peut pas accepter non plus d’avoir des gens sans ressources (puisqu’ils ont tout laisse derriere eux) mourir de faim. Ainsi il faut les soutenir financierement. La consequence est qu’on voit aujourdh’hui les migrants choisir les pays les plus interessants financierement.
        Or on ne peut pas avoir un systeme social tel que celui qui est le notre actuellement, ET une immigration de masse. La demande pour des allocations financieres sans contrepartie est quasi illimitee, l’offre est dependante de nos taxes. Ainsi nous serons de plus en plus taxes pour soutenir ces personnes. la taxe pour but solidarite a pour assiette notre propriete privee. Voila comment je trouve que l’article insinue une abolition de la propriete privee. Quant a mon accusation de neo communisme, elle vient de ce que l’article appelle la mondianite, qui rappelle une lutte des classes qui devient globale. les populations pauvres se demandent « et pourquoi pas la richesse pour nous aussi ? » C’est tres bien, creez de la richesse, et il faut meme de l’aide despays developpes pour cela. Mais si il s’agit juste de migrer dans un pays plus riche, puis revendiquer une egalite de force, ce n’est plus un partage de richesse, c’est un partage de pauvrete.

        A dire cela je vais sans doute passer pour un sans coeur affreux, mais j’aimerais qu’on reconnaisse la generosite de ceux qui payent leurs taxes, plutot que celle de ceux qui les imposent sans les payer. Si on veut un systeme social qui soit independant des frontieres, il doit etre mis en place de facon globalisee.
        On ne peut pas abolir les frontieres dans un monde avec tant d’inegalites.
        Aussi je suis pour un soutien international et constructif (pas de simple envois de sac de riz Monsanto steriles) des populationsdes pays moins developpes.

  • Autre chose : »Nous en avons eu une illustration avec le dernier sommet à Malte de l’Europe avec l’Afrique où l’on persiste à ignorer le vrai problème de la crise migratoire qui n’est pas l’immigration clandestine, mais la frontière et le visa qui créent le clandestin. »

    Peut on etendre le raisonnement a « C’est la loi qui cree le criminel » ?

    Ce raisonnement ignore totalement la cause principale du probleme des migrations. Maintenir les populations des pays defavorises sans responsabilisation locale, et ainsi entretenir la corruption, le sous developpement, la demotivation, et une demographie irrealiste qu’il faut deverser a l’etranger; voila le vrai probleme.

  • L’horreur dans les rues de Paris et de Saint-Denis doit inciter les responsables français et européens à un peu plus d’humilité pour reconnaître la part de responsabilité des politiques occidentales dans l’état actuel de chaos mondial.

    L’Irak grâce à Bush, la Libye grâce à la France… Pour la Libye , on ne sait ce qui se serait passé, mais à mon avis, il fallait les laisser se débrouiller. Notre action n’a amené que le chaos dans la région.

    • on peut ajouter l’huile sur le feu syrien, le commerce d’armement avec les démocraties du Golfe qui soutiennent des mouvements humanistes que sont l’état islamique…

  • Il nous faut changer notre regard (et nos politiques) sur le monde. Les dominations ont créé des violences.Celles que nous venons de vivre et toutes celles que nous n’entendons pas mais qui sont nombreuses. L’humanité est une et porte en elle ses valeurs. Citoyens et dirigeants nous sommes tous questionnés …pour changer notre monde …pour en faire un monde de paix pour tous.

  • Si les humains se divisent et installent des frontières artificielles ou utilisent des frontières naturelles depuis toujours on doit se poser la question : n’y a t-il pas de bonnes raisons à cela en dehors de toute référence aux idées.

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