Attentats à Paris : cette guerre qu’on n’attendait pas

Qui pouvait imaginer que le basculement viendrait de l’intérieur et de l’extérieur, de l’État Islamique et d’actions terroristes sur notre sol ?

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grenade terrorisme credits Israel defense forces (licence creative commons)

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Attentats à Paris : cette guerre qu’on n’attendait pas

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 novembre 2015
- A +

Par Éric Verhaeghe.

grenade terrorisme credits Israel defense forces (licence creative commons)
grenade terrorisme credits Israel defense forces (licence creative commons)

La guerre ! Depuis plusieurs années, beaucoup s’attendaient à une implosion de la société française. Ce lent déclin, ce blocage systématique face à l’histoire, ne pouvait pas durer. Qui pouvait imaginer que le basculement viendrait à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, de l’État Islamique au Moyen-Orient et d’actions terroristes sur notre sol ?

La Révolution qu’il nous faut n’avait probablement pas ce visage hideux dans l’esprit de ceux qui la souhaitaient ou la craignaient.

La guerre après l’angoisse du Grand Soir

Le Grand Soir n’est pas venu.

Il y avait ceux qui le voulaient. Le Front de Gauche, à coup sûr, même si on ne sait plus trop si le Parti Communiste partageait encore cette espérance. Les mouvements révolutionnaires d’extrême gauche.

Il y avait ceux qui le craignaient. Le gouvernement par exemple, obsédé par la transformation de la pétaudière française en champ de foire incontrôlable.

Finalement, les prolétaires français n’ont pas bougé. Ce sont les prolétaires issus de l’immigration, fixés dans les banlieues, qui passent à l’action. Le drapeau vert a vaincu le drapeau rouge.

La guerre et ses grandes peurs

Paris est à cran. Le moindre coup de pétard est comme une ombre projetée sur un mur lointain : il se transforme en canonnade immense, et la foule s’enfuit. On l’a vu place de la République aujourd’hui. La ville bruissait de fantasmes qu’on croyait impossibles de nos jours. La RATP elle-même a fait courir la rumeur de tirs dans le métro.

L’émotion est partout. L’émotion a pris le pouvoir. Tout est désormais possible, même le pire.

La guerre face à une France hébétée

La guerre est dans nos rues, mais personne n’a d’idée claire sur la façon de la gagner. François Hollande décrète l’état d’urgence mais pour quoi faire ? Il laisse les policiers agir. Et après ?

La France reste sur son absurde politique arabe, qui consiste, depuis plusieurs années, à remplacer les régimes laïques par des régimes musulmans sunnites. Nous avons commis cette folie en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie. Nous en payons le prix fort aujourd’hui. Non seulement aucun bilan critique n’est dressé, mais l’inversion complète de logique qu’il faudrait désormais n’est pas prête d’arriver.

La guerre et la dictature

Demain, François Hollande devrait annoncer devant le Congrès son intention de proroger pendant trois mois l’état d’urgence. Il aurait l’intention de changer la loi de 1955 qui lui donne pourtant beaucoup de pouvoir. La tentation autoritaire triomphe, sans aucune idée claire sur la politique à mener.

Il ne vient à l’esprit que de peu de personnes de constater le naufrage de la politique menée depuis les attentats de janvier : la surveillance généralisée des communications n’a servi à rien. Et comme le soulignait le commissaire Marion sur une radio publique, l’enquête avance vite grâce aux méthodes policières traditionnelles. Comme disait les Shadoks : plus on rate, plus on a de chance de réussir.

La guerre contre la majorité

Une fois de plus, la réaction de François Hollande touche la majorité : l’état d’urgence remet en cause les libertés de tous les Français. En revanche, il ne semble pas vouloir s’intéresser aux groupes spécifiques qui servent de terreau au terrorisme. Rien sur la montée de l’islamisme. Rien sur le rappel aux règles dans les quartiers où la haine du pays se transforme en doctrine officielle. Rien sur cette France des faubourgs qui remue aujourd’hui.

Le souci de François Hollande est-il de contrôler le pays, gens honnêtes compris, ou de gagner la guerre qui s’engage ?

La guerre aux fiches « S »

La question du sort à réserver aux radicaux musulmans marqués du « S » de la surveillance tarde à être discuté. Que faire de ces 3.000 ennemis de l’intérieur qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu dans la crainte d’un nouvel attentat ?

Nicolas Sarkozy propose de leur passer un bracelet électronique et de les assigner chez eux. C’est un début. Tôt ou tard, l’internement, ou la déportation comme pour les communards en 1871, viendra sur le tapis. L’urgence est de nous forger une doctrine du respect des libertés en temps de guerre.

La guerre en Syrie, mais pour quoi ?

Faute d’idée, faute de vision, la France entre dans la guerre en Syrie à reculons et avec un esprit de défaite. Il nous faudrait une idée du Moyen-Orient de demain, une cible à atteindre. En dehors de chasser le dictateur Bachar El-Assad et de mener des frappes aériennes, François Hollande n’en a aucune, semble-t-il.

L’intervention au sol est pourtant inévitable. Rien ne serait pire que de la déclencher avec aussi peu de certitudes sur la conduite à tenir. Il y a quarante ans, la main de la France tremblait moins : nous savions les bienfaits (et les inconvénients) du Baas et des mouvements laïcs en Syrie, en Irak, ou en Égypte. L’excès d’atlantisme nous a égaré sur une mauvaise pente.

La guerre et ses petits secrets

Les attentats de Paris ont eu une vertu : ils ont accéléré l’alliance russo-américaine pour intervenir en Syrie. Tout n’est pas encore réglé, en particulier le sort immédiat de Bachar El-Assad. Mais le reste devrait suivre : il y a aura bien cause commune pour écraser l’État Islamique.

La guerre et la Belgique

Plusieurs terroristes vivaient à Molenbeek, ou avaient des liens avec cette commune de la banlieue bruxelloise. La communauté musulmane y est importante, et relativement coupée du monde. Les services de renseignement belge ne la contrôlent pas. Le grand désordre belge y est à l’œuvre.

Les mois à venir montreront l’imbrication grandissante entre Belgique et sécurité de la France. Il faudra bien réagir tôt ou tard.

Revenir à la vie normale

Dans ce déluge de mauvaises nouvelles, qui rappellent que nous avons mangé notre pain blanc, qui laissent augurer des années noires après soixante-dix ans d’insouciance, il faut essayer de reprendre une vie normale et vaincre la peur de laisser derrière soi les siens qu’on ne reverra peut-être pas le soir venu.

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  • Soixante-dix ans d’insouciance, dites-vous. Parce que nos politiques n’ont pas voulu voir et estimer à leur juste mesure les signes avant-coureurs dans nos banlieues. Aveuglés par l’idéologie et les querelles politiciennes, ils n’ont pas pris les mesures qui s’imposaient. Ils ont laissé se créer les conditions pour que les conflits du moyen-orient se greffent sur notre société. Leurs appels à l’unite nationale sont pathétiques: ils ont failli à leur mission de la maintenir, ou plutôt de la faire vivre.

  • Excellent.

    Cependant 70 ans, c’est faux. Vous oubliez la guerre d’Algérie et d’indochine.

  • Belle mise en oeuvre des idées de Toynbee sur le prolétariat extérieur et intérieur.

  • Cette guerre que l’on n’attendais pas !!!!!! Encore une pirouette journalistique !!!! car il y a très longtemps que les Français se sont préparés à ce qui se passe aujourd’hui.
    Aviez vous la te dans le sable ???

    • Oh vous savez, certaines personnes ne me croient toujours pas quand je leur dis que c’est la guerre…

    • J’ai un peu de mal à comprendre moi aussi.
      On a eu une série d’attentats ratés depuis janvier, il était évident qu’ils y arriveraient.
      Mais je crois que 140 morts, ce n’est pas encore assez.
      Vu les mesurettes très prises, les islamistes auront bon jeu de canarder à qui mieux mieux.

  • La guerre ?

    Juste pour remettre les idées en place la moyenne du nombre de morts militaires Français (uniquement) pendant la première guerre mondiale est de 1 000 morts par jour.

    Il faut arrêter le jeu vidéo ou la méga-production hollywoodienne.

    Même si les événements sont tragiques, ce n’est pas une guerre, mais une conséquence du socialisme qui a parqué des gamins dans des banlieues sans leur offrir le moindre espoir, du socialisme qui a voulu imposer des régimes laïques à des populations qui n’en voulaient pas, du socialisme qui a détruit tout le tissus sociétal de toute une civilisation par pure arrogance, ne se rendant pas compte qu’en apportant son nihilisme il verrait celui-ci revenir un jour chez lui.

  • Mais c’était évident que ça allait péter chez nous au nom de cette religion. Il fallait vivre dans des quartiers bobo pour ne pas s’en apercevoir. Une partie de cette population ne pouvant(ne voulant ?) pas s’intégrer, repli communautaire de leur part déjà avec la langue, puis après les habits, signifiait que les tensions allaient arriver, que certains se réfugieraient dans la religion comme ce fut le cas pour l’Europe il y a longtemps.

    Les revendications en Algérie avec le GIA puis les attentats de 95 montraient que l’abrutissement de certains étaient en cours. Ce n’est uniquement que le prolongement.

  • PS: une grenade sur la photo est française. Or la photo a été prise par les forces armées israéliennes. Que fait elle là-bas ?

  • Il fallait être bien naïf pour croire que les attentats ne prendraient pas d’ampleur. L’afflux des centaines de milliers de « migrants » comporte immanquablement un nombre important de « combattants » fanatisés et très entraînés. Le nier, comme l’ont fait les principaux dirigeants politiques français et plus spécifiquement ceux du gouvernement, c’est simplement faire preuve d’une légèreté bien coupable. Les conséquences sont dramatiques. Ce n’est peut-être que le début d’une nouvelle ère.

  • « Qui pouvait imaginer que le basculement viendrait de l’intérieur et de l’extérieur, de l’État Islamique et d’actions terroristes sur notre sol ? »

    Euh.. tout le monde ?

    Depuis le onze septembre 2001 (il y a bientôt 15ans!) il me semble assez difficile d’avoir échapper au fait qu’il existe une importante menace terroriste islamiste. Depuis l’attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher il est aussi difficile de passer à coté de la menace terroriste visant directement la France. Et Daesh fait parler de lui depuis quelque temps déjà.

    C’est un titre vraiment étrange.

  • Que faire de ces 3.000 ennemis de l’intérieur qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu dans la crainte d’un nouvel attentat ?

    Autrefois, on bannissait les indésirables. Pour quelle raison nous imposer la présence de gens dangereux ❓
    Le monde est assez grand. Ils restent libres d’aller là ou les accepte.

  • C’est une plaisanterie ?
    Combien de philosophes, sociologues, essayistes n’ont ils pas « promis » une guerre civile ?

  • Il semblerait que l’ ennemi publique n°1 ne soit plus le ….ou Le…… ?
    L’ arme atomique est dissuasive mais pas suffisante car ,
    durant ces dernières décennies il y a eut un Désarmement Moral qui a ciblé une grande partie de la population française ce qui rend évidemment la tache des ennemis bien plus facile

  • Il n’y a aucune guerre, les attentats de Paris marquent le début de la fin de notre civilisation, de notre liberté et de notre humanité.

  • Ce serait intéressant de lister ces a ou immoralités ! par ex l’ endettement de l’ Etat et Sécu qui laisse l’ ardoise aux suivants , loi de 1991 : droit de propriété violé ( cas récent à Bègles selon la presse ) , faire payer la cotisation csg et n’ accorder aucun remboursement (ds certains cas ) cette arnaque de l Etat existe depuis la création csg et a été condamnée en 2015 par la Cour Europ Justice , ce serait intéressant aussi de savoir ce qu’ il en est de  » l’ Educ  » sexuelle des jeunes par des fonct de l’ enseign et de médias privés et des conséquences pour certaines jeunes personnes …..

  • Ne revient on pas à la « normal » historiquement parlant? J’ai 41 ans : mon grand-père paternel a fait Verdun (mon père était âgé quand je suis né), et toutes les générations précédentes ont compté des hommes ayant mené des guerres pour la France.

    Je suis véritablement la première génération à ne pas combattre depuis…toujours de mémoire de français.

    Nous sommes de retour dans l’histoire, et si les européens ont exporté leur violence au XXème siècle, il semble qu’au XXIème ce sera le monde qui exportera la sienne chez nous.

    A ce titre les immigrés africano-arabes amènent avec eux leur civilisation et leur histoire, et nul ne peut plus nier que le choc est rude…

    • Nous sommes toujours ceux exportons le plus notre violence. On ne compte plus le nombre de guerres ou d’interventions militaires déclenché par les pays occidentaux partout sur la planète. Jusqu’à nouvel ordre aucun pays occidental n’a eu à subir de bombardement ou d’occupation par des troupes du reste du monde pour l’instant.

  • Je ne comprends plus rien.

    Il me semble pourtant qu’il y a peu, notre locataire de l’Elysée déclarait maritalement la guerre à Daech et envoyait, tout seul, ses avions bombarder les « positions » djihadistes. Quatre raids effectués d’après les annonces de celui qui se prend pour le ministre des armées.

    Et on s’étonne, aujourd’hui, d’en prendre plein la gueule à Paris?
    Nos gouvernants déclarent la guerre, mais ne savent pas qu’en face ils savent aussi se battre?

    Ce ne sont que des guignols, irrcapables, totalement responsables de ce qui vient d’arriver.
    Sans oublier le cynisme du ministre de l’intérieur rassurant les français en affirment que la France était prête à toute éventualité. Guignol.

    Je trouve l’auteur de cet article complètement en dehors de la plaque.

  • On bombarde allègrement le Moyen -Orient; comme nos bombes ne tuent jamais de civils, c’est bien connu, on ne s’attendait à quoi, à rien ?

  • Vous êtes sérieux, Monsieur ? Nous, Français, ne nous attendions pas à cette guerre ? Mais cela fait de nombreux mois que cette situation réelle de guerre contre « l’état islamique » (et ses terroristes) existe en France et est dénoncée par des « spécialistes » (tels gendarme et militaire, notamment) bien informés en la matière. Il y a eu ces deniers mois et singulièrement depuis « l’affaire Charlie hebdo » des « signes avant-coureurs » tangibles que ce gouvernement idéologue, angélique et incompétent refusait de regarder et de prendre au sérieux. La presse « aux ordres » s’est tue, se rendant complice de cette posture. Le ver est à présent dans le fruit et celui-ci est terriblement atteint, hélas !

    • Il fallait être terriblement aveugle pour imaginer qu’on pouvais faire une guerre sans subir aucun dommage en retour. L’honnêteté aurait été de prévenir les Français, de leur expliquer qu’en période de conflits il était fort probable que nous subissions de pertes. Nous ne somme plus 19 iéme siècle ou au 20 ième il n’est plus possible d’aller foutre le bordel loin de chez nous sans en subir d’une manière ou d’une autre les conséquences et savoir les accepter. Mais comme d’habitudes nos politocards l’on joué « ne vous en faites pas on s’occupe de tout, l’état est là, tout se passera sans douleur ». Mais ils ont raison, les moutons de français non seulement ne demande aucun comptes à ces bonimenteurs mais ils en redemandent. décidément la connerie est vraiment la caractéristiques humaine la mieux partagée au monde.

  • « cette guerre qu’on n’attendait pas ».
    C’est un gag, ou quoi?
    Moi j’appelle ça du f…age de gueule

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