Discours de Hollande : faut-il s’attendre au pire ?

Après les attentats de Paris, les « faucons » mènent la danse.

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François Hollande - Crédits photo Philippe Grangeaud - Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0

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Discours de Hollande : faut-il s’attendre au pire ?

Publié le 18 novembre 2015
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Par le Parisien libéral.

François Hollande - Crédits photo Philippe Grangeaud - Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0
François Hollande – Crédits photo Philippe Grangeaud – Parti Socialiste via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0

 

Lundi après-midi, les parlementaires se sont réunis au Congrès de Versailles : nous nous attendions au pire… et nous n’avons pas été déçu, hélas !

Tout avait commencé par une constatation partagée par de nombreux journalistes, dont Françoise Fressoz, du journal Le Monde : après les attentats de Paris, les « faucons » mènent la danse. Avant même les attentats du 13 novembre, le président Hollande avait proposé l’adoption d’une mesure, le retour des contrôles aux frontières, comme un moyen de lutter contre le risque lié à de possibles actions hostiles pendant la COP 21, reprenant une idée mise en avant par l’extrême droite. C’est drôle, on pensait que ce que proposait le FN, c’était forcément mal.

Tout s’est poursuivi avec la réunion du Congrès, le Sénat et l’Assemblée Nationale, à Versailles. Sur la forme, là encore, il y avait matière à se désoler. En effet, cette disposition qui permet au Président de la République de s’exprimer devant les parlementaires est issue d’une révision constitutionnelle faite de justesse en 2008. La gauche, celle qui est au pouvoir, aujourd’hui en France, avait sévèrement critiqué cette réforme des institutions, qui accroissait selon elle la présidentialisation du régime.

Quant au fond, il est juste pitoyable. Ce week-end, en plus de frappes de représailles à Raqqa (État Islamique en Irak et au Levant) tout comme W. Bush avait lancé des frappes après le 11 septembre, on avait l’annonce de l’état d’urgence, dont on rappellera juste qu’il permet certes de faire des perquisitions à domicile de jour comme de nuit sans le contrôle d’un juge, mais aussi d’interdire des manifestations ou de contrôler la presse.

Hier, nous avons eu droit à un discours que, encore une fois, W. Bush, celui qui a tant été critiqué en France, n’aurait pas renié. Écoutez Hollande dire :

  • « Nous ne sommes pas engagés dans une guerre de civilisation, car ces barbares n’en représentent aucune. »
  • « Le terrorisme, nous le combattons partout là où des États sont menacés pour leur survie même. C’est ce qui a justifié la décision que j’avais prise d’intervenir au Mali et encore en ce moment même la présence de nos militaires au Sahel là où Boko Haram massacre, enlève, viole, tue. »
  • « J’ai demandé au ministre de la Défense de saisir dès demain ses homologues européens au titre de l’article 42-7 du traité de l’Union qui prévoit que lorsqu’un État est agressé, tous les États membres doivent lui apporter solidarité face à cette agression car l’ennemi n’est pas un ennemi de la France, c’est un ennemi de l’Europe. »
  • « J’ai donné l’ordre à dix chasseurs-bombardiers français de larguer leurs bombes sur le fief de Daech à Raqqa. »
  • « J’estime en conscience que nous devons faire évoluer notre Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d’agir, conformément à l’état de droit, contre le terrorisme de guerre. »
  • « Car nous avons prolongé, vous allez prolonger l’état d’urgence au-delà des 12 jours pour trois mois mais après l’état d’urgence, nous devons être pleinement dans un état de droit pour lutter contre le terrorisme. »
  • « Dans ma détermination à combattre le terrorisme, je veux que la France puisse rester elle-même. »
Ce qui se résume de la sorte :

Passons sur l’usage du vocable « civilisation ». Sans tomber dans le relativisme culturel et même en ayant en tête que l’Occident, malgré ses limites, c’est l’égalité hommes-femmes, la presque toujours liberté d’expression ou la rule of law, on peut parier sur le fait que les barbares de l’État Islamique en Irak et au Levant, ou, en tout cas, leurs dirigeants se considèrent comme une civilisation eux-aussi, et supérieurs à nous.

Non, ce qui est frappant, c’est ce mélange de propositions liberticides et de propos contradictoires.

Commençons par les contradictions : Hollande dit qu’il veut que nos partenaires européens se montrent solidaires de la France, militairement parlant, mais il décide seul, sans consulter Federica Mogherini, la ministre européenne des Affaires extérieures, de l’envoi d’avions et de porte-avions en Syrie. Ou alors, il critique la décision de certains pays de rétablir leurs frontières, alors que lui-même le fait.

Quant aux mesures liberticides : nous n’avons que l’embarras du choix. D’abord, notons la contradiction du Parti Socialiste qui nous explique, par la voix de Jean-Jacques Urvoas, que, le 13 novembre, la Loi Renseignement liberticide n’est pas encore totalement appliquée car les décrets n’ont pas été publiés. Pourtant, ce même Urvoas, il y a quelques mois, disait que la Loi Renseignement ne faisait que légaliser des pratiques déjà existantes.

Désormais, Hollande veut aller plus loin encore, comme si la réponse au déficit de sécurité résidait dans plus d’État, plus de police, plus de surveillance. Jamais il ne se dit que plus d’implication individuelle dans la protection de chacun, notamment par le biais du port d’armes, pourrait constituer une réponse. Le débat est tabou. Pourtant, chacun peut comprendre que, d’une part, seul un individu armé peut arrêter une personne équipée d’une Kalachnikov, et que, d’autre part, il n’y aura jamais assez de policiers pour surveiller toutes les salles de concert, tous les cafés, toutes les églises, toutes les synagogues, tous les stades.

En ce qui concerne l’état d’urgence, posons-nous simplement la question de savoir si, suite aux événements du 11 mars 2004 à Madrid ou au 7 juillet 2005 à Londres, nos voisins ont adopté des mesures similaires. Pourquoi, au moment où les américains reviennent sur le Patriot Act, faut-il que nous nous engagions sur cette voie ?

Hollande, depuis vendredi, a décidé de s’en tenir à l’adoption de cette rhétorique guerrière qu’il arbore depuis quelques mois. Tous les Français ne sont pas d’accord avec l’idée que la lutte contre le terrorisme soit une guerre.

le parisien libéral

 

On peut même, à l’instar de l’écrivain David Van Reybrouck, se dire « Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège ! ».

Au vu de tous ces éléments, une question demeure, en ce qui concerne cet état d’urgence : jusqu’où aller trop loin ?


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  • soit hollande a l’esprit brouillé , ce qui lui fait dire tout et son contraire , soit il cherche à brouiller l’esprit des français ; dans son désir de remonter dans les sondages , il prendra n’importe quelles décisions qui donneront l’impréssion qu’il s’occupe de la sécurité des citoyens ; l’incompétence et les calculs de ce type sont un danger pour la france ;

  • C’est la stricte vérité: le calamiteux du Palais ne pense qu’à une chose: se faire réelire et il est prêt à tout pour arriver à ses fins.
    Je rappelais hier ce que le théoricien de tous les totalitarismes nous avait légué, il y a plus de deux millénaires (et il s’y connaissait en matière de tyrannie): « ce protecteur du peuple… commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait besoin d’un chef… Et aussi pour que les citoyens, appauvris par les impôts, soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens, et conspirent moins contre lui ». Platon, République, 566c
    Plus ceux qui détiennent le pouvoir sont médiocres, plus ils abusent de « l’autorité »…

  • Les faucons , d accord ! Et les vrai cons ?

  • Hollande fait du Hollande. Que peut on lui demander de plus ?

  • De ce que j’ai compris, les avions français ont remplacé des avions américains pour marquer le coup, donc rien de plus qu’avant.
    Ce ne sont pas trois frappes aériennes avec dix avions qui vont changer grand chose.
    La guerre selon Hollande consiste à embaucher des juges et des douaniers, je vous laisse trouver une explication raisonnable, je n’y arrive pas.
    Il n’a finalement pas déclaré l’état de guerre, il a trouvé une issue en la conditionnant à une modification de la constitution!
    Il a déjà suffisamment de lois pour museler n’importe qui, ce ne sont pas trois lois de plus qui changeront grand chose.
    Il n’a pas eu besoin de l’état d’urgence pour faire écouter l’opposition par des juges.

  • Hollande est la quintescence du politicien de la société bureacratique et soviétoïde qu’est la France, il est de sucroit parfaitement insupportable de fatuité.

  • Très bien tout ça, mais l’auteur de l’article oublie le principal: François Hollande pense surtout à sa réélection.

    Tout ce qu’il dit et envisage de faire est marqué par cet objectif. Sans mettre en doute sa compassion pour les victimes, il prend les événements comme une opportunité pour apparaître légitime, fort, pour embarrasser l’opposition, ou encore pouvoir parler d’autre chose que son bilan.

    La possibilité pour lui d’enterrer le pacte de stabilité , par ex., est une aubaine qui lui permettra aisément de poursuivre à crédit la reconquête des électeurs.

  • Je m’attends au pire depuis le début de l’année. Le type de constitution dans laquelle nous allons débuter 2016 me fait trembler. Autour de moi, une majorité de gens, empêtré dans une peur sourde et l’adrénaline, se laisse porter par le courant. Ils ont perdu le recul de la réflexion avant d’agir.

  • Combien va-t-il s’écouler de semaines avant que ces « barbares » remettent le couvert ?

    Au-delà d’effets d’annonces hautement médiatisés, il restera à vérifier COMMENT va se dérouler la mise en oeuvre de ces « dires creux » émis par un vautour de la vie politicienne (ou si l’on préfère, d’une GIROUETTE opportuniste) !
    Ne comptons pas trop SVP sur des mesurettes de l’U.E. débordée qu’elle est par la complexité de situation à laquelle ses bureaucrates ont profondément contribué à cause de leurs actions aveugles face aux évènements migratoires : absence totale d’anticipation.
    Idem à cause du Conseil de l’Europe qui – en premier lieu – se TAIT à propos des textes & actes irresponsables inscrits dans le marbre des D.F. ne constituant là qu’un dévoiement juridico-politicien des textes D.H. de 1949 . Mais chuuuuuut, il y a des choses dont eux et les médias nous tairons les effets !

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