Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’IREF-Europe
Notre ministre de l’Économie a fait preuve une nouvelle fois de courage. Il a prononcé quelques mots tabous en France, les fonds de pension, symboles, pour nombreux, de la rapacité capitaliste et de la rentabilité à tout prix. Il aurait pu donner plusieurs explications et, surtout, éviter l’expression « à la française » qui n’augure rien de bon.
Les fonds de pension en général ne sont ni des fonds de pension à l’américaine, ni à la britannique ou à l’allemande. Ce sont tout simplement des fonds de pension qui fonctionnent avec les mêmes règles. M. Macron aurait pu ajouter aussi qu’il existe déjà plusieurs fonds de pension en France pour quelques privilégiés. Les fonctionnaires ont leur propre fonds, la PREFON. Les élus locaux en bénéficient d’un autre, le FONPEL. De même, nos sénateurs bénéficient d’une retraite, bien méritée, par capitalisation. Mais le Français lambda n’a pas le droit de substituer une retraite par capitalisation à sa retraite par répartition. Il dépend des aléas de la répartition et des capacités, de plus en plus mauvaises, des caisses complémentaires. Tandis que les fonctionnaires ont leur retraite principale assurée par l’État, donc par nos impôts. Instaurer des fonds de pension serait déjà une forme de justice sociale.
De même, M. Macron aurait pu dire que pratiquement tous les pays riches et démocratiques ont instauré un pilier capitalisation avec des fonds de pension à côté des autres piliers, par points et/ou répartition (ce dernier est de plus en plus rare) et que les retraites les plus généreuses sont versées… aux Pays-Bas dont les retraites sont très largement par capitalisation. Alors qu’en France, nos retraités voient leurs pensions diminuer, le retraité néerlandais reçoit en moyenne 105,5% de son salaire moyen, après impôts, et part à la retraite à 66 ans. Les dépenses des retraites représentent 5,4% du PIB. Plus de 97% de la population est affiliée à un fonds de pension. Il en existe plus de 600 aux Pays-Bas avec un rendement moyen annuel de 5,35%. Le patrimoine total géré par les fonds de pension représente 700 Mds d’euros ce qui équivaut à 118% du PIB ! La part de la retraite couverte par un fonds de pension représente environ 70% de la pension. Aux Pays-Bas, les actifs des fonds de pension représentent 160% du PIB, aux États-Unis, 75% du PIB contre… 0,33% du PIB en France.
Le ministre pourrait d’ailleurs rassurer les sceptiques. Les fonds de pension sont des investissements à long terme et même pendant les crises, leur rendement ne cesse de croître : même en 2009, ils ont affiché un rendement à 9% ! Les investissements sont soigneusement choisis et fortement diversifiés et, une autre grande caractéristique des fonds de pension, ils apportent du carburant aux entreprises. Dans une étude récente, l’IREF a montré que si les fonds de pension en France étaient aussi dynamiques qu’aux Pays-Bas, investissant alors près de 4 milliards de dollars par an, ils permettraient la création de 300 000 emplois en moins de 3 ans.
Tous les arguments en faveur des fonds de pension sont à la disposition du ministre. Il ne reste qu’une chose à faire : agir au plus vite.
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Oui c’est la solution est bravo à monsieur Macron mais hélas, ça ne passera jamais, je n’ai plus aucun espoir pour la France, il y à des bastion impossible à réformer comme l’éducation nationale, la sécurité sociale, même le ministère de l’inculture…Alors faut pas rêver pour une reforme des retraites.
effectivement, il est bien tard, il est trop tard.
dans 10 ans, quand mes enfants qui sont actuellement au collège et en primaire commenceront à travailler, je les inciterai à commencer leur carrière en suisse et de ne jamais travailler-cotiser dans un système en faillite comme celui de la france.
super , des fonds de pension dans un pays ‘socialiste’ ! c’est impensable , si les salariés deviennent des ‘capitalistes’ , ils ne pourront plus supporter la main mise de l’état sur notre économie , toute une génération d’hommes politiques sangsues disparaitraient …
Indépendamment de l’intérêt ou non de la mesure, ce que j’aime le plus chez les socialistes, c’est que chaque proposition est de la forme suivante: « faire X serait de la justice sociale ». Il suffit d’accoler les mots « justice » et « sociale » à la fin d’une revendication, prétention ou proposition pour qu’elle s’auto-valide. « Justice sociale » c’est le joker qu’ils sortent de la manche comme argument magique quand la main argumentaire n’est pas favorable. Et comme avec les socialistes elle ne l’est jamais, ils utilisent la formule à toutes les sauces, au point que maintenant c’est le complément nécessaire à chaque phrase, à l’instar d’un « quoi » dans les phrases du type « tu vois quoi », « ben oui quoi », etc. C’est pathétique.
Vous avez raison, et il y a tellement d’autres termes comme cela qui sont entièrement dévoyés; solidarité par exemple qui n’est rien d’autre qu’un synonyme pour « taxe ». Et le truc le plus pénible avec les sot ca lisse, c’est leur interprétation si particulière des mots. Avez-vous lu la dernière de Ayrault reprise par Valls: la CSG progressive, c’est un « impôt citoyen », pire un « impot juste ». Spolier les gens plus riches, c’est cela la définition de la justice pour un so ca lisse.
Un couple peut ouvrir 2 PEA (imposés à 15%) soit 300000 euros de versements qui auront facilement doublé une dizaine d’années plus tard. Pas très différent d’un fonds de pension et l’on garde le choix des entreprises dans lesquelles on investit sans s’en remettre à des gestionnaires de caisse de retraite qui peuvent être douteux (infiltrés par des syndicats qui se paient sur la bête) et peu efficaces. L’expérience prouve par ailleurs que sur le long terme même les grosses crises boursières ne sont que des soubresauts ne changeant pas la tendance à la croissance.
Par ailleurs si les retraites par répartition ont des problèmes c’est à cause des pratiques de redistribution excessives, des transfusions vers des régimes spéciaux et des attributions de droits à des personnes n’ayant pas cotisé. S’il n’y avait pas cette déviation, le principe de la répartition est très sain, il s’agit simplement de considérer qu’en moyenne les actifs ont la charge de leurs vieux parents qui eux-même …
J’ajoute que la répartition est presque insensible aux opérations d’euthanasie des rentiers (dévaluations, manipulation des taux d’intérêt…) qui arrivent au moins une fois par génération.
Le PEA pose de gros problèmes vu que c’est une épargne captive à la merci des choix de Bercy. L’imposition contractuelle était nulle à la création, elle est aujourd’hui de 15.5%, pourquoi pas 50% demain, voire 100% des plus-values ?
Et Macron, il a tout à fait raison de s’adjuger un ration doublée des actions du groupe Renault ? Et il a tout à fait raison de traiter par le dédain les actionnaires flouée d’EDF ? Et Macron, s’est il renseigné sur les discours du Parti au pouvoir auquel il émarge ? Ou Ayrault ?
Donc, peu de confiance en ce ministre qui utilise des mots vidés de leur sens sous le contexte français actuel.
Fond de pension « à la française » ? On peut avoir des craintes dés le court terme, c’est dire.
A la française, cela veut peut-être dire dans son esprit, taxables à souhait, limitation du montant des versements, entreprises françaises seulement et un tas de limitations de ce style.
La bête n’est pas repue. Jamais.
Les fonds de pension à la française, ça existe, il suffit de faire une donation au Trésor Public.
Oui, mais cela, c’est un trou … sans fonds … ❗